dimanche 29 janvier 2023

LE MECHANT de la BIBLE

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Par Eric Ruiz

 

« Heureux l'homme que Dieu châtie! Ne méprise pas la correction du Tout-Puissant. » Qui ne dirait pas « Amen » à ce verset pris dans le livre de Job 5 :17 ?

Hélas, dans la réalité le mépris de la correction est l’acte le plus répandu, surtout chez le croyant.

Il fuit la réprimande, comme la peste, pensant qu’elle, n’est que pour le méchant. Lui, fait partie des justes, il n’est pas concerné. Quand Dieu le réprimande, il croit à coup sûr à une attaque du diable où alors, il trouve des excuses à son péché.

Remarquez bien que ce n’est pas Job qui a dit les mots de ce verset, c’est Eliphaz de Théman qui, prenant la parole lui dit comment passer du malheur qui lui arrive, au bonheur.

Eliphaz rajoute :« Et maintenant qu'il s'agit de toi, tu faiblis! Maintenant que tu es atteint, tu te troubles! »

Job ne comprend pas ce qui lui arrive.

Vous savez, il y a comme un réflexe chez l’être humain, c’est dans sa nature ; ce réflexe c’est celui de se projeter toujours dans le clan des vainqueurs, avec ceux qui réussissent,  avec ceux qui reçoivent les faveurs de Dieu, bref avec ceux qui sont sauvés.

La contradiction est frappante : on est fiers de témoigner qu’on est sauvé par grâce, mais on prend les versets qui montrent notre mérite à l’être plus que les autres.

Si dans la Bible, il y a des Élus, un peuple béni, des enfants de Dieu et qu’une ouverture s’ouvre pour que soi-même nous puissions en faire partie, alors on cherchera intuitivement tout ce qui ira dans le sens de notre élection.

A l’inverse, on verra toujours les autres comme les insoumis, les païens, les perdus, les méchants.

Psaume 37 :17 : «  Le Seigneur se rit du méchant, car il voit que son jour arrive. ».

Ce psaume se comprend la plupart du temps comme un avertissement pour les autres, jamais pour soi.

C’est comme au cinéma, on s’identifiera toujours au héros, au bon, au justicier et jamais au méchant, au traitre.

Si maintenant on lit le verset suivant le 18 : « Les méchants tirent le glaive, Ils bandent leur arc, Pour faire tomber le malheureux et l'indigent, Pour égorger ceux dont la voie est droite. »

Là aussi, même si on agit mal, on ne voudra surtout pas s’identifier à ce méchant-là qui s’en prend au plus faible et qui maltraite ceux qui agissent en faisant le bien.

Non, on persistera à croire que si à un moment donné on a agi avec violence, s’était pour une bonne raison, pour se protéger du mal. Nous voulions alors rétablir la vérité, le malheureux ne l’était pas, il jouait à l’être. Et l’indigent, lui, ne l’était pas vraiment non plus, il abusait de la situation ; Son mauvais cœur, le rendait fourbe et injuste ; et c’est son ingratitude en notre faveur, qui a montrée alors son véritable visage.

Leur voie n’était pas si droite que cela. Méritent-ils vraiment la grâce du Seigneur ?

Vous voyez, le cœur de l’être humain est suffisamment tortueux et pervers pour lui faire voir l’inverse de la réalité et faire en sorte que malgré tout, on s’en sorte soi-même avec la gloire et les honneurs.

Au verset 18, bander l’arc et tirer le glaive, ce sont des actions guerrières qui peuvent se concevoir comme bonnes ou mauvaises.

C’est comme deux enfants qui se battent sur la cour de l’école : L’un dira, c’est lui qui m’a attaqué en premier, et l’autre justifiera sa violence par le fait qu’il s’est juste protéger des coups. Qui des deux dit la vérité ?

Il m’est arrivé de rencontrer cette situation à maintes reprises en tant qu’enseignant; et si on ne cherche pas à creuser, à interroger des témoins sur ce qu’ils ont vu, on pourrait facilement se tromper et croire que celui dont l’apparence est plus chétive, dont le regard est plus attendrissant, celui qui est le plus décontenancé par ce qui lui arrive, est la vraie victime ; Et s’apercevoir par la suite que tout cela n’était qu’un jeu de dupe, une mise en scène pour que l’autre passe pour le mauvais élève, le méchant.

On se trouve toujours des circonstances atténuantes pour justifier ses mauvais choix et ses actes malfaisants. Et en premier, c’est pour sauver son ego, sa belle image de soi-même.

Donald Trump, ancien président des États-Unis d’Amérique a dit publiquement : « Montrez-moi quelqu’un qui n’a pas d’égo, et je vous montrerai un perdant ».

Voilà encore répétées, les raisons qui amènent la méchanceté à s’accroître, par l’excès d’égo. On ne veut surtout pas passer pour un perdant.

Rappelez-vous mon message sur « les 4 cavaliers de l’Apocalypse ou la course en Christ». Le sceau s’ouvre et dévoile un acte d’authenticité ;

 « Je regardai, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc; une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur et pour vaincre. » Apocalypse 6 :1-2.

le premier sceau dès qu’il s’ouvre, dévoile l’authenticité du mal. Il dévoile un cavalier, qui part, qui court plus vite que les autres, il ne court pas en habit blanc, il galope chevauchant un cheval blanc, c’est toute autre chose. Il court à la sainteté. Il est muni d’un arc, il part au combat avec sa religion, ses certitudes, ses dogmes, son envie excessive d’être le gagnant. Sa couronne montre déjà qu’il s’est autoproclamé victorieux. « il part en vainqueur pour vaincre »

Ce cavalier qui est rempli d’égo veut surtout témoigner du succès qu’il a avec Dieu. Alors, perdre la face, perdre sa dignité, perdre devant des faibles est insupportable.

 C’est cette motivation qui a poussé le roi d’Israël Saül à pourchasser indéfiniment David pour le tuer.

On préfère cette foi qui proclame que Dieu a envoyé son fils unique afin qu’il perdre à notre placeOn aime dire qu’il s’est humilié à notre place pour que nous soyons vainqueurs en tout point. Quel faut évangile prononcé avec tout l’égo qu’un homme ou qu’une femme peut avoir.

On veut bien suivre Jésus, mais porter sa croix, cela demande de le faire à notre manière (c’est ce que pense notre égo).

« Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. »

Là aussi ce beau verset, comment le comprennent-ils ?

Oui, ils se disent prêts à perdre leur vie, mais en contrôlant toutes les difficultés. Et s’ils doivent chuter, ils feront tout pour que leur chute soit moins douloureuse et qu’elle montre surtout un relèvement miraculeux, afin qu’ils puissent comme un phénix renaitre de leur cendre. C’est tellement plus glorieux de se relever plus fort et plus grand.

Pourtant, leur chute sera brutale, les effets négatifs de leurs mauvaises actions seront un jour ou l’autre leur part, leur vécu.

C’est le sens de ce psaume qu’on vient de lire : Le Seigneur voit que le jour du méchant arrive et il s’en réjouit.

Ce jour arrive dans le but de rétablir la vérité, pour réaliser qu’en fin de compte ils se sont bien leurrés sur leurs bonnes intentions soit disant louables. Elles étaient bien honteuses et condamnables. La preuve, c’est qu’ils se retrouvent plongés dans le malheur.

Job 31 :3 « La ruine n'est-elle pas pour le méchant, Et le malheur pour ceux qui commettent l'iniquité? »

En fait, rien de cela ne se serait passé, s’ils n’avaient pas recherché en premier leurs propres intérêts.

C’est encore et toujours leurs mauvais désirs qui les enferment dans le mensonge.

S’ils avaient séparé en eux ce qui est vil de ce qui est saint, le péché ne se coucherait pas à leur porte. Et ils ne seraient toujours pas là à se battre avec lui de cette façon.

Ils ne seraient pas toujours à essayer de se convaincre qu’ils sont justes. « Je ne veux pas être le méchant de l’histoire, je suis une bonne personne ». C’est ce qu’ils se répètent en boucle.

Mais attention : persévérer dans cet état de déni permanent, cela a des conséquences désastreuses.

Le méchant est comme au temps de Jésus, il affirme sa justice, il rend témoignage coûte que coûte de sa bonté, alors qu’en lui grouille les envies d’une bête féroce :

« Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes ». (Matthieu 23 :30)

Or, Jésus leur répond, aussitôt connaissant leur mensonge : « Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. » (Matthieu 23 :31). Oui, vous êtes bien les mêmes meurtriers que vos pères.

Le quatrième sceau est l’accomplissement final de leur pulsion. La pâleur verdâtre du cavalier annonce la mort, la destruction, le crime. « Je regardai, et voici, parut un cheval d'une couleur pâle. Celui qui le montait se nommait la mort et le séjour des morts l'accompagnait. Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par l'épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre. »

Ce cavalier, qui au départ partait pour vaincre en proclamant partout sa sainteté, finit par avoir des envies de crime.

Et le criminel, court toujours se laver les mains après son crime. L’homme qui se voit toujours plus saint que les autres, fait de même. Il lavera toujours aussi ses vêtements de sang. Il ne veut surtout pas que sa méchanceté soit dévoilée.

Ce réflexe, c’est celui de la vieille nature humaine ; cette nature qui a horreur de passer pour la méchante.

L’impie préfèrera souffrir psychiquement et physiquement de son déni plutôt que d’avouer ses fautes et de s’en séparer.

Il hait avant tout l’humilité qui abaisse. Il fuit la blessure qui fait souffrir. Cela nuit trop à son image, à son statut, à son égo. C’est pour cela que la Bible parle de l’insensé comme du méchant selon les mêmes termes ; L’insensé a perdu le sens de la vérité. Il interprète faussement les écritures pour se justifier.

Alors, vouloir reprendre le méchant, ou l’insensé, vouloir l’instruire de ce qu’il est, ne fera que s’attirer ses foudres.

« Celui qui reprend le moqueur s'attire le dédain, Et celui qui corrige le méchant reçoit un outrage. » (Proverbes 9 :7)

Quand Jésus reprenait les pharisiens, nous lisons ensuite que ces religieux complotaient pour le faire tuer.

Jésus ne faisaient rien pour les convaincre de changer. Il montrait simplement leur jugement. Voilà ce qu’il leur disait : « comblez donc la mesure de vos pères ». Dans d’autres traductions : « achevez de remplir la mesure de vos pères…Serpents, race de vipères! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne? ».

Ce que Jésus leur dit, revient à cela : « Mettez aussi votre part à l’œuvre diabolique de vos pères… Faites le mal que vous avez à faire, c’est tout» Ce sont ces paroles que Jésus a dit aussi à Judas Iscariote quand il est venu le livrer aux soldats romains.

Alors à quoi sert tous ces versets sur les méchants, sur les insensés ?

À montrer leur jugement mais aussi à reprendre celles et ceux qui malencontreusement se sont laissés séduire par leur égo, et qui ont besoin de revenir vite vers la vérité. Ils sont peu nombreux, c’est vrai, puisque la majorité s’est tellement endurcie. Au point où ils aiment trop ce qu’ils sont, pour accepter de perdre.

Maintenant Paul dit de n’avoir plus de relation avec le méchant.

« Maintenant, ce que je vous ai écrit, c'est de ne pas avoir des relations avec quelqu'un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme ». (1Corinthiens 5 :11)

Paul souhaite surtout ici protéger ceux qui seraient sous la coupe d’une telle personne se nommant frère ; ou celles qui se laisseraient séduire par leur fausse liberté, leur fausse sainteté ; parce que ces personnes étant à ce point corrompues par leurs désirs charnels, n’auront aucun égard, aucune pitié pour les autres.

« Otez le méchant du milieu de vous » dit Paul aux Corinthiens.

Ce commandement l’est aussi pour ceux qui se sont laissés séduire par les mauvais esprits.

Le méchant en grec, a le sens aussi de la puissance du malin. C’est cet esprit mauvais et puissant qui cherche à vous oppresser, à vous garder sous son contrôle si vous lui avez donné accès.

Cet esprit veut vous rendre sûr de vous-même en recherchant les premières places. Il veut vous faire un chemin pour que vous deveniez un héros, un gagnant, que vous ne vous laissiez écraser ou humilier par personne, car il vous susurre que vous avez un rang royale, une destinée divine.

Voilà, la graine du méchant est plantée et elle ne demandera qu’à croître ; et les révélations de la bible iront toujours pour vous dans ce sens d’ailleurs.

Elles seront votre point d’ancrage le plus fort. Rien ne pourra plus vous déstabiliser.

Pourtant, malgré le fait que la marque de la bête soit visible sur vous, elle ne vous ébranlera pas, parce que vous ne cesserez de la voir chez les autres.

Alors le plus sage, c’est de veiller ; et comment ?

 « N’entre pas dans le sentier des méchants, et ne marche pas dans la voie des hommes mauvais » selon Proverbes 4 :14.

Amen

dimanche 22 janvier 2023

LE SENS DE LA FETE POUR UN CROYANT

 469

Par Eric Ruiz

 

1 Corinthiens 10 :1-8 « Frères, je ne veux pas que vous ignoriez que nos pères ont tous été sous la nuée, qu'ils ont tous passé au travers de la mer, 2qu'ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, 3qu'ils ont tous mangé le même aliment spirituel, 4et qu'ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ. 5Mais la plupart d'entre eux ne furent point agréables à Dieu, puisqu'ils périrent dans le désert.

6Or, ces choses sont arrivées pour nous servir d'exemples, afin que nous n'ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu. 7Ne devenez point idolâtres, comme quelques-uns d'eux, selon qu'il est écrit: Le peuple s'assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour se divertir. 8Ne nous livrons point à l'impudicité, comme quelques-uns d'eux s'y livrèrent, de sorte qu'il en tomba vingt-trois mille en un seul jour. »

 

 Ces versets, montrant ce qu’a traversé le peuple hébreu qui suivait Moïse, devrait nous faire réfléchir et méditer sur l’histoire d’un peuple de croyants, avec à leur tête un grand prophète, et surtout sur les conséquences terribles qu’ils vécurent dans le désert par leur faute.

Un peuple, même aussi vainqueur que celui de Moïse, recevant sa nourriture par la nuée, traversant la mer rouge, recevant le baptême comme celui de Moïse, se nourrissant des mêmes paroles divines que lui (l’aliment spirituel dans le texte) s’abreuvant de la même eau venant directement de Christ ; Eh bien, même avec toutes ces bénédictions exceptionnelles, et toute cette onction, ce peuple ne fut pas le peuple élu.

 

LE MINISCULE PEUPLE ELU

 

Très peu d’entre eux le furent, car très peu persévèrent dans une foi intègre.

La grande majorité, qui pourtant avaient connus prodiges et miracles, qui avaient eu part à la sagesse divine, s’entièdirent au point d’abandonner la foi véritable.

Ils « ne furent point agréables à Dieu, puisqu'ils périrent dans le désert », nous confirme l’apôtre Paul.

L’homme (comme la femme) de foi est faible, influençable au plus haut point. Il ou elle ne tient pas ses engagements, il ou elle se perverti(e) si facilement.

*Dès que l’être humain se sent fort, c’est alors qu’il est faible.

*Dès qu’il se sent rempli de connaissance, c’est alors qu’il en manque le plus.

*Dès qu’il se sent sauvé, c’est alors qu’il est le plus en danger.

*Dès qu’il se met à juger l’autre, c’est alors qu’il se condamne lui-même.

*Dès qu’il se dit libre du péché, c’est alors qu’il vient de succomber à la tentation.


Cette histoire que Paul montre en exemple aux Corinthiens, est un exemple pour tous les siècles et pour nous aussi qui aimons Jésus-Christ.

Verset 11 :« Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. ».

Notre siècle, correspond lui aussi à la fin d’un temps où Christ vient juger son peuple ; et ce n’est pas pour condamner qu’il vient, mais pour voir s’il trouvera la foi sur la terre. 

Donc, nous avons lu, non pas un exemple pour nous effrayer et nous faire baisser les bras en nous rendant compte que la tâche à accomplir est impossible…non, nous avons là un exemple pour nous faire redoubler de vigilance, sur notre soi-disant louange qui n’est sans doute en fin de compte qu’une adoration diabolique et démoniaque.

La question, je sais, qui taraude le plus est : Est-ce que je n’y vais pas un peu fort ?

Ou aussi : Est-ce que l’apôtre Paul n’exagère-t-il pas, (après tout cette Église de Corinthe est vraiment très spéciale, tout comme ce peuple juif, ne l’est-il pas plus encore) ?

Je crois que se poser de telle question c’est entrer dans un déni de réalité. La réalité est trop dure à regarder en face, je le disais dans mon message précédent.

Il se forme une douleur psychique liée à la peur. Cette peur, c’est celle d’y perdre son manteau de sainteté recouvert de protection et de certitude. On s’est auparavant tellement persuadé que la foi est hyper protectrice, que l’on sous-estime complètement sa responsabilité personnelle. L’excès de certitude en soi ou dans ce qu’on croit d’immuable, nous fait perdre pieds.

Nous devons chacun être convaincu qu’il n’y a rien, aucun écrit, aucune lignée, aucun homme, aucune femme, aucun miracle, aucun prodige qui peut nous aider à être un élu.

Seul, nous-mêmes le pouvons. Et comment ?

En mettant des mots sur ces mauvais désirs "afin que nous n'ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu" (verset 6). 

Donc mettre des mots : c’est ouvrir les yeux sur nos tentations, nos convoitises, nos excès, tout ce qui contribue à rechercher notre propre intérêt.

 

LE DON DE LA LIBERTE

 

Tant que notre liberté ne sert que nos intérêts personnels, nous nous égarons et voyons les autres comme des serviteurs à notre service et non comme des hôtes que l’on va servir.

La vérité, c’est que notre liberté n’existe plus quand elle est mise au service des autres. La liberté n’est pas un étendard à brandir, mais un sacrifice à donner.

Je n’ai pas à témoigner en criant : « Je suis libre en Christ ! » mais en mettant ma propre liberté au service de ceux qui en sont privés.

Si notre prochain n’est pas plus important que nous-mêmes, alors la coupe que nous buvons et le pain que nous rompons n’est pas celui de Christ, mais c’est un rite montrant la communion avec un démon.

 

VERSER SON SANG

 

Notre sainte cène, ressemblera à ce que beaucoup témoignent en réalité:

C’est le sang que nous ne voulons pas verser pour l’autre, ou c’est le pain que nous refusons de briser car notre orgueil est trop fort.

Le sang versé signifie littéralement : donner sa vie pour une cause juste. Il y a une notion de douleur qui y est rattachée. On se fait mal pour l’autre. Quand une personne est décidée coute que coute à sauver la vie d’une autre, elle est prête à se sacrifier pour elle. Elle n’est pas dans un état d’esprit où elle calcule l’énergie et la souffrance physique ou mentale qu’elle va dépenser.

Regardez, cette contradiction bien connue : Les gens sont prêts à se sacrifier pour sauver leur pays d’une intrusion étrangère, mais parmi les croyants, bon nombre se mettent à calculer leurs efforts lorsqu’il s’agit du péril d’un des leurs.

Ou encore, sommes-nous ballotés d’un extrême à un autre comme ces partisans prêts à verser leur sang pour leurs gouvernants et quelques temps plus tard, prêts à le verser contre ses mêmes gouvernants ?

Pour verser son sang, il est indispensable d’avoir le pain brisé, c’est-à-dire de n’avoir aucun orgueil, aucun levain qui ferait monter notre pâte charnelle. L’orgueil pousse à se voir toujours en premier.

Comment verser son sang alors pour l’autre avec une telle vision ?

Au verset 7 du chapitre 10, de la  première épitre aux Corinthiens nous avons lu (sans doute sans y mesurer le sens) comment l’idolâtrie s’est révélée :

« Le peuple s'assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour se divertir ».

 

IDOLATRIE & DIVERTISSEMENT

 

Le divertissement, le bruit, les plaisirs personnels, les chants, les cris, les rires, sont devenus plus importants que l’autre. C’est le signe de l’idolâtrie du temps de Moïse :

Se divertir sans se soucier de son prochain.

Et de nos jours, dans les assemblées, lorsque nous faisons une agape, n’y a-t-il pas cet excès qui se réalise dans le plaisir personnel ?

La joie, le bien-être est le baromètre du croyant qui croit régénérer ainsi son onction.

« On a bien mangé, on s’est bien diverti et amusé, il y avait une bonne ambiance, nous avons eu une bonne communion fraternelle».

Pensez-vous qu’un tel bilan soit suffisant pour être juste ?

On va aller plus loin avec ce verbe : « se divertir ».

Au sens biblique, l’hébreu Tchachaq [tsaw-fak]  qui se trouve dans Exode 32 :6 dont Paul fait référence dans l’épitre aux Corinthiens, a le sens de se divertir en se moquant de l’autre, de tourner l’autre en ridicule, de le railler.

Pensez-vous que Christ est le héros d’une telle fête ? C’est son nom pourtant que l’on entend célébrer à tout va. Mais Dieu n’est pas à la fête.

Il voit ce genre de fête comme de la débauche.

Parce que Dieu ne prend pas plaisir aux holocaustes mais au vrai sacrifice fait avec un cœur vrai.

Qui a sacrifié quoi, pour qui, dans cette fête ?

 

LE SANG : LE SENS DE LA FETE

 

Pourtant cette fête était une idée du souverain sacrificateur Aaron, dans le but de raviver la foi du peuple et « en l’honneur de l’Éternel ».

Cette fête, qui, si on se réfère à Exode 32 :5-6, a commencé tôt le matin par des holocaustes, des sacrifices et des actions de grâces pour se terminer ensuite, dans le divertissement.

Il y a toujours une forme de sainteté au départ, mais si vite entachée par des actes impudiques.

Chez l’homme impie, le rituel vient toujours en premier, pour montrer des œuvres justes, mais le charnel ne tarde pas à refaire surface rapidement.

L’animal religieux agit ainsi. Il met très tôt ses habits blancs, alors que d’autres actes dans sa journée ne feront que trahir la noirceur de son cœur.

1 Corinthiens chapitre 10 et au verset 8, nous l’avons lu, nous met en garde : « Ne nous livrons point à l'impudicité, comme quelques-uns d'eux s'y livrèrent, ».

Juste après avoir parlé de divertissement au verset 7, Paul parle d’impudicité au verset 8.  

Il y a une relation bien-sûr entre se divertir et transgresser sans honte. Cette forme d’impudicité n’est pas que d’ordre sexuel, c’est le culte du corps en général qui est dénoncé.

Ce sont l’exaltation de nos sens que l’on recherche.

Mais c’est aussi le corps de l’autre qui est sujet au plaisir et à la convoitise. Cette forme de jouissance par les sens devient un péché quand l’intérêt de l’autre ne se borne plus qu’au plaisir qu’il nous renvoie.

Alors oui, c’est une fête, une célébration, mais elle est au même titre qu’une fête entre païens, car la communion de Christ (le dernier repas, la cène) est d’une tout autre profondeur.

La cène doit nous servir à nous souvenir aussi de ce qu’elle n’est pas. La cène n’est pas un rite païen qui célèbre le corps, mais un rite saint qui célèbre le sacrifice volontaire de son propre corps pour l’autre.

La perversion de la cène va même  jusqu’à voir dans le sang de la coupe, le sang du combat contre l’ennemi, contre un peuple identifié comme « peuple à exterminer ».

C’est le thème du discours d’Adolf Hitler, celui du 12 avril 1922 à Munich : La croix du Christ servait à mobiliser les troupes allemandes pour combattre l’ennemi juif et verser son sang.

L’homme très religieux refusera de verser son sang, il préfèrera que les autres le fasse à sa place. C’est l’autre l’animal à sacrifier pour ses péchés.

La vérité : Ce n’est pas un sang à verser contre l’autre que Christ nous dévoile, mais la cène est bien un sang à verser pour l’autre, ce qui n’a absolument rien à voir.

Pour Christ, le nom de la fête importe peu. Ce n’est pas ce qu’elle célèbre qui en fait une fête sainte. Ce n’est pas non plus si elle tombe un jour plus saint qu’un autre.

Ce n’est pas, encore non plus (nous l’avons vu avec le souverain sacrificateur Aaron dans Exode 32 :5) si un apôtre, un saint illustre, la réclame et en fait la promotion.

J’affirme et je crois par l’Esprit saint que toute fête est juste (même celles qui seraient païenne à l’origine), si et seulement si, les membres qui la compose se soucient des uns et des autres comme de leur propre corps.

C’est ce dernier élément qui touche le cœur de Christ et non les cris de joie et les danses faites pour Dieu et pour s’émouvoir soi-même.

 

LE CORPS, OBJET DE SOUMISSION PLUTOT QUE DE PRESTIGE

 

Là aussi, c’est une idée préconçue de croire qu’aujourd’hui le corps est l’objet de toutes les attentions et de tous les regards, alors qu’on s’en souciait peu avant.

Les fêtes religieuses l’ont toujours mis en avant même quand elle voulait le cacher ou le réprimer.

Le corps a toujours été le lieu privilégié de la réalisation de soi.

Mais la foi change la vision, le corps n’a pas le même sens pour Dieu. Il est comme le sabbat : au service de l’homme et non l’inverse.

-Le corps d’Adam et Ève a servi leur désobéissance, puisqu’ils se sont cachés ; Puis il a servi de rachat lorsque Dieu les a revêtus d’un vêtement de peau d’animal, comme témoin de la purification de leurs fautes.

-Le corps des enfants hébreux, circoncis le huitième jour, montre une douleur et une marque sur sa chair pour nous rappeler qu’elle est la volonté de Dieu et par où passe son alliance avec lui ;

-Le corps du sacrificateur devait être d’une hygiène parfaite, les mains pures, soigneusement lavées sous un vêtement sacerdotal, dans le but de montrer que l’entière soumission à Dieu demande des actes précis pour se purifier.

Quant au corps de Christ, il montre par ses meurtrissures et ses plaies, qu’il sert l’homme, qu’il se sacrifie pour lui.

Le corps a bien une histoire et cette histoire c’est celle d’une humanité tantôt soumise tantôt rebelle à Dieu.

Pour Christ, le corps sert (plutôt que à montrer ses muscles), à montrer sa soumission. Oui, un corps recroquevillé et à genoux.

Voilà ce que fait une personne remplie de sagesse : 1 Corinthiens 9 :27 « Mais je mortifie mon corps, et je me le soumets; de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois trouvé moi-même en quelque sorte non recevable. ».

Paul met en garde chacun, chaque personne, car c’est à elle, c’est sa responsabilité de soumettre son corps. Ce corps devient mort lorsqu’il n’obéit plus à ses pulsions, à ses envies. Il sert alors l’esprit divin qui peut être en harmonie avec lui.

Le corps est important ; d’abord parce qu’il est visible et par conséquent parce qu’il témoigne de ce que nous sommes.

Il n’y a pas trois possibilités mais deux seulement : Être soumis ou être rebelle.

Avons-nous un corps humble correspondant à un esprit simple ou un corps aux multiples habits et au visage masqué dévoilant de multiples détours ?

Ensuite, parce que nous devons le faire mourir (ce corps) en faisant vivre celui de son prochain.

La vie a toujours été dans le don et non dans l’acquisition.

La fête prend alors tout son sens lorsque ceux qui étaient diminués par leur corps en retrouve l’usage normal par la guérison.

Pour conclure, résumons : La fête qui plait à Dieu n’est pas un simple divertissement, ou un jour plus saint qu’un autre, c’est une fête perpétuelle,  parce qu’elle montre de la joie, des chants, des danses, des jeux au milieu des corps mortifiés, soumis, qui font plus que de s’intéresser à l’autre, ils versent leur sang pour sauver ceux qui se retrouvent en danger.

Amen

dimanche 15 janvier 2023

LES DOULEURS QUE DIEU NE GUERIT PAS

468

Par Eric Ruiz


Attention, (je fais référence à mon titre) quand on affirme une chose contraire à « la bien-pensante », on est par principe étiqueté : « suspect ».

Je vous propose de dépasser ce conformisme bêtifiant et qui maintien dans l’aveuglement.

Je le redis pour cette nouvelle année : «  Ne vous conformez pas au siècle présent ».

Je peux en parler pour avoir été si longtemps aveuglé.

« Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées, C'est de nos douleurs qu'il s'est chargé; ».

-Ce verset, tant connu d’Esaïe chapitre 53, pose problème, reconnaissons-le.

Alors qu’au début de notre conversion nous vivons un spectaculaire allégement de nos souffrances, où tout devient léger comme une plume, pourquoi dans la pratique, ensuite, tant de chrétiens sont-ils toujours dans la douleur ou l’épreuve, alors que le fils de Dieu a cette vocation à tout prendre sur lui ?

N’attend-il pas que nous fassions quelque chose de notre part pour que le prodige se produise encore une fois?

Un constat très important dans la vie avec Dieu : Christ semble ne pas enlever tous les obstacles. Il en oublierait certains…volontairement.

En fait, dans la réalité, non, lui n’y est pour rien, il ne nous tente pas.

C’est à cause de notre infidélité, de notre manque d’intégrité que nous succombons à la tentation. C’est nous-mêmes qui dressons des murs et qui nous empêchons d’obtenir sa grâce.

Dieu ne souhaite qu’une seule chose : nous élever, nous amener à sa stature parfaite.

Alors serons-nous délivrer un jour de nos douleurs physiques et mentales qui perdurent, qui s’intensifient parfois même ?

Oui, mais seulement après que nous ayons appris de nos souffrances.

Car un croyant en Christ se doit de prendre l’habitude de surmonter toutes sortes de douleurs.

Je parle en priorité de douleurs psychiques. Celles-ci sont davantage le lot quotidien de la majorité.

La douleur physique elle, loin d’être négligeable est souvent la conséquence de nos douleurs psychiques et puis, naturellement ou biologiquement par les médicaments nous l’atténuons. Et un bon moral permet aussi d’atténuer fortement la douleur.

Alors les douleurs psychiques, les plus récurrentes sont :

-les peurs (toutes les peurs),

-les frustrations (les désirs inassouvis, non satisfaits) qui débouchent souvent sur la colère,

-la tristesse (liées aux échecs répétés, aux incompréhensions, au manque de reconnaissance et d’amour, au deuil aussi).

Ces douleurs chroniques qui finissent par nous tourmenter doivent de moins en moins affecter le croyant ; Çà doit lui passer au-dessus comme on dit.

J’apporte une précision toutefois, je ne parle pas de retomber dans le déni qui consisterait à occulter la douleur et faire que les émotions désagréables et douloureuses n’existent plus ; comme aussi, de fuir les situations difficiles en trouvant des échappatoires, par une activité qui accaparerait toute notre attention ;

Non, je parle bien d’affronter ses propres douleurs, d’accepter de vivre des moments d’épreuves intenses. Et de constater que s’opposant à la logique, leurs effets diminuent en intensité et en durée ; De constater que les mauvaises émotions ont de moins en moins d’emprise sur nous-mêmes, comme aussi de constater que celles d’autrefois qui nous retournaient l’estomac, nous montaient à la tête, ou nous brisaient le cœur glissent maintenant comme de l’huile sur un vêtement de pluie.

Alors je sais, c’est facile à dire mais si difficile à faire ; comme l’écrit le ministre de la guerre de Louis XVI, Louis-Philippe de Ségur :

« On sait que le bonheur est inséparable de la modération, dans les qualités, dans les peines, dans les plaisirs, dans les désirs et dans les sentiments, et cependant chacun exagère ses biens, ses maux, ses haines, ses affections ses critiques, ses volontés, ses espérances, ses frayeurs. ».

Alors, pour faire le bien, il est indispensable de passer par…

(Romains13 :14 Bible Martin) : « Mais soyez revêtus du Seigneur Jésus-Christ; et n'ayez point soin de la chair pour [accomplir] ses convoitises. »

Il est là le vêtement de pluie…D’abord, c’est à nous, à nous seuls de nous revêtir de Christ. Mais comment ?

Le combat est spirituel. Car, il y a un ennemi qui s’oppose directement à ce port de vêtement saint.

Et se revêtir, c’est agir, agir dans un sens.

Être revêtu du Seigneur Jésus-Christ c’est donc marcher comme lui-même a marché….Ce qui suppose de ne pas marcher selon les désirs de la chair. Car marcher ainsi ne fait que d’accroitre nos souffrances.

-D’abord, par désirs charnel, Paul, parle des convoitises, qui sont plus que nourries, elles sont câlinées, cajoler. Mais ce genre d’amour de soi-même se paye cher : il amplifie nos douleurs.

La chair augmente les peurs, les frustrations, ou la tristesse et cause aussi des souffrances corporelles en retour. Puisque de très nombreuses maladies ont leurs origines dans notre psychisme.

Et ces douleurs-là nous plongent dans la morosité au départ, avant de nous maintenir prisonnier de la dépression.

-Ensuite, par désirs de la chair, Paul ne parle pas exclusivement de péchés sexuels.

C’est vrai que notre inconscient a tendance à nous montrer en premier ce vice. Mais je vous rappelle que les historiens (comme jacques Le Goff : « une histoire du corps au Moyen-âge ») montrent que tout le Moyen-âge baignait déjà dans cette fausse interprétation du péché originel affirmant qu’il serait le péché sexuel. Le fruit défendu serait de nature exclusivement sexuelle. (J’en ai parlé dans mes messages précédent, c’est prendre un raccourcit arrangeant).

Les mensonges se transmettent plus facilement que les vérités surtout quand ils servent la cause d’une institution religieuse.

Paul, dans la lettre aux Romains parle ouvertement au verset 13 des excès de l’ivrognerie, des querelles, de la jalousie comme aussi bien-sûr, de la luxure.

Donc, il n’y a pas que le sexe dans la convoitise.

L’impudicité, qui est présent ici aussi, dans le texte biblique, fait appel au sexe, mais pas uniquement. L’impudique : « transgresse (d’une manière générale) sans honte, mais avec fierté ».  Il y a comme le souligne la Bible Ostervald, des impudicités au pluriel.

Jézabel, la reine d’Israël, femme du roi Achab avait cette particule « impudique » reliée à son nom ; et Babylone dans l’apocalypse est représentée par une riche femme prostituée appelée : « la mère des impudiques » ;

Mais le plus grand péché de Jézabel comme de Babylone était d’usurper une place qui n’était pas la sienne, de voler l’héritage d’un peuple et de tuer les prophètes.

Les mauvais esprits de la reine s’exprimaient dans la jouissance qui insuffle de la souffrance (elle aimait faire mal), dans la diffamation et le complot (pas seulement le sexe).

Et puis la Bible Martin emploie le mot « d’insolence » à la place d’impudicité.

Vous voyez, ce sont les excès en général, faits sans honte, qui nous montrent notre inclination en faveur de la chair… et pas seulement le sexe.

Donc, ce n’est pas en flagellant son corps, ou en prônant l’abstinence sexuelle que nos douleurs psychiques vont aller en diminuant.

C’est en étant dans la modération.

Dans les épitres, c’est la maîtrise de soi, la retenue ou encore les mots sobriété ou tempérance (qui n’a rien à voir avec la tiédeur) qui sont employés.

La sobriété, (la retenue dans les plaisirs) pour régler sa conduite en ayant revêtu la cuirasse de la foi et de l’amour. La tempérance parce qu’elle fait partie du fruit de l’esprit ; et que Jésus Christ parle d’intempérance face à l’hypocrisie des scribes et des pharisiens «  ils sont remplis de rapines et d’intempérance »).

 Par conséquent, pour en revenir au corps, la modération induit que le corps doit être ni refoulé, ni glorifié. Il doit être respecté pour ce qu’il est réellement.

Quand nous n’avons plus de retenue pour les plaisirs, nous glorifions le corps. Et quand nous nous refusons à tous plaisirs, nous le refoulons.

L’esprit religieux a cette pensée extrême, soit il le condamne à l’excès, soit le libère à l’excès, puisqu’il cherche avant tout à se débarrasser des émotions désagréables et douloureuses qu’il provoque.

Toujours au Moyen-âge, le christianisme était religion d’État ; et il était commun pour un croyant de fêter Carême, de faire pénitence en pratiquant l’abstinence sexuelle et le jeûne alimentaire ; puis très vite de fêter Carnaval où les excès de tables et de la fête étaient communs.

Les excès de privation comme celles de liberté sont tous deux à bannir pour un disciple.

Et de nos jours, les excès du moyen-âge n’ont pas disparu.

Les longs moments de jeûne sont toujours entrecoupés de moment d’excès de table. Ce qui est sacrifié d’un côté est multiplié de l’autre. On met à part de l’argent pour soutenir son assemblée, mais on est intraitable pour un de ses proches dans le besoin, sous prétexte qu’il n’a pas la foi.

On ne peut que constater une chose importante: que tous les excès se rejoignent.

Aristote a écrit « Qui chérit à l’excès c’est haïr à l’excès. ».

Par conséquent, l’excès attise le péché et le péché pousse à l’excès. Ce qui dépasse la normalité est par essence suspect parce que ce qui est douteux touche au délit.

Les progrès technologiques et matériels qui sont devenus excessifs n’ont fait que de masquer, puis de dévoiler (dans un deuxième temps) cette corruption spirituelle.

La société elle aussi est en souffrance ; elle se débat dans d’affreuses douleurs.

Cette société moderne de l’excès, bien que montrer du doigt, est devenue un édifice de lieux communs.

Il y a les jeunes hyper actifs, les hyper névrosés, les hyper parents hyper protecteurs de leurs enfants.

Sur un autre registre, on parle fréquemment de la ville de tous les excès (comme Sodome et Gomorrhe), du pays de tous les excès (comme Babylone), de la personne de tous les excès (Jézabel en étant la figure Biblique), de la religion de tous les excès (quand elle est radicalisée et dure.

Sur un plan plus large, il y a l’hyper individualisme, l’hyper consommation, la surabondance de produits et de biens, l’hyper gaspillage alimentaire. Tout cela créé à la fois une obésité mortelle des corps et des esprits, dans nos sociétés riches, comme une malnutrition mortelle dans les autres sociétés.

Le dérèglement climatique montre lui aussi cet excès et cette débâcle. Les étés sont devenus brûlants et la pluie, la neige ou le vent, un véritable fléau.

Un proverbe dit : « ce n’est pas la charge, mais l’excès de charge qui tue la bête».

Les conséquences ne sont pas légères : la destruction, le désastre, l’impudicité provient de ce genre de pratique qui se résume ainsi : « On a rajouté de l’excès à l’excès… »

Pourquoi je vous parle de tout cela et de cet hyper excès ?

Parce que nous vivons un temps où la chair et ses désirs n’ont jamais pris une dimension comme aujourd’hui. Cette dimension est planétaire, mondialisée, gigantesque par ses écarts et elle touche n’importe quel individu.

Le nombre de la bête, le 666 se révèle à chaque coin de rue, dans toutes les villes et villages.

« Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de ne pas tomber! »

Se voir saint, parce que modéré dans ses propos et son attitude masque peut-être des désirs refoulés mais qui ne demandent qu’à s’exprimer. Prions pour que Dieu nous ouvre les yeux.

Car, dans sa fidélité, il a prévu un moyen de nous séparer de cette addiction liée à l’excès.

Soyons vigilent pour que nous nous emparions chacun de notre bouée de sauvetage, qui vient nous sauver. Car, marcher selon le fils de Dieu, ou marcher selon la vérité c’est marcher dans la modération.

C’est cette modération, cette tempérance à toute épreuve, qui nous permettra de surmonter toutes les douleurs que nous avons et que nous aurons.

Ce commandement d’être modéré en tout point, n’en est pas un pour le disciple, il l’est seulement pour celui qui marche par lui-même, selon ses propres voies.

Le disciple, lui, sera guidé par sa nouvelle nature qui déteste (rappelons-le) les choses du monde.

Amen