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Par Eric Ruiz
1 Thessaloniciens 5 : 12 : « Nous vous prions, frères, d'avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent ».
L’apôtre Paul nous encourage vivement, à travers cette lettre, à avoir
de la déférence vis-à-vis de ceux qui travaillent à notre édification. La
déférence étant un respect plus prononcé. S’agit-il pour autant de les vouvoyez
ou de les considérer comme des pères ?
Je ne le pense pas. Ce serait exagérer
d’en faire des êtres supérieurs. Créer des fossés entre disciples n’est pas
bons.
Alors,
pouvons-nous leur parler d’égal à égal ? Quels avantages avons-nous à
tirer de cette situation ?
N’est-ce pas favoriser encore-là l’hypocrisie ?
La
réalité est que nous devons chacun avoir de la considération pour l’autre et ne
pas avoir seulement du respect par devoir, sous prétexte que c’est moral ou que
c’est écrit dans la Bible, ou parce que sa religion l’exige. Nous ne devons pas
(encore moins) avoir de la considération pour l’autre par intérêt, pour
récupérer sa sympathie et quelques autres avantages.
L’estime, le respect s’intéresser
à l’autre est une première étape, mais qui n’est pas suffisante. Avoir de la
considération, c’est voir l’autre comme étant une personne importante et
peut-être même plus importante que soi-même.
Dieu
nous demande de considérer notre prochain de la même façon qu’il nous considère,
lui.
-Comment
nous considère-t-il ?
-Nous
considère-t-il comme égal à égal ?
Non,
bien-sûr, mais il fait tout pour que cela change. Même si nous nous sommes
éloignés de lui, il nous considère comme des êtres capables d’évoluer.
Pour
ses enfants rebelles et méchants, il leur fait vivre des malheurs pour briser
leur cœur de pierre, il veut qu’au final ils puissent se repentir
vraiment ; pour nous ses enfants repentis, il veut nous élever au rang de
fils. Pour ses serviteurs, il souhaite leur parler comme à des amis.
Et
si nous sommes ses amis, alors il nous parlera dans l’intimité comme à sa
future épouse.
-Mais
pourquoi Dieu a-t-il parfois un ton dur et paternaliste ?
Si
vous remarquez bien, Dieu emploie ce ton avec ceux qui ne comprennent que ce
ton.
Revenons
aux cœurs. Un cœur endurci, use et abuse d’une relation de domination. Il se
rebelle contre toute soumission et ne courbe le dos que lorsque le rapport de
force n’est plus en sa faveur. Il est comme un animal qui se soumet au plus
fort. Il respecte ce qui est plus fort que lui.
Alors
un cœur dur aime et recherche même cette relation dans ses rapports aux autres.
Un
rapport d’autorité le rassurera.
« Tu
dois agir en faisant le bien, en t’éloignant du mal, tu ne dois pas te
comporter de la sorte, etc. ».
Ces
reproches sont justement faits pour que celui qui ne dépend plus de Dieu puisse
s’en rendre compte et qu’il réagisse avant que les douleurs ne l’atteignent.
Les
commandements de Dieu donnés à Moïse sont de cet ordre. Ils sont sur un ton
paternaliste très fort.
Pourquoi ?
Parce
qu’il a à faire à des cœurs endurcis.
Seul
Moïse a eu droit de s’approcher de Dieu. C’est lui qui a transmis les paroles
au peuple.
Dieu ne parle pas de
la même manière avec tous. Sa communication varie en fonction de l’état de notre cœur.
Il a inspiré en fait à Moïse de l’imiter.
Aaron,
Nadab, et Abihu et 70 des anciens d’Israël, se sont prosternés de loin. (Exode
24 :1), tandis que seul Moïse était
très proche de Dieu. Exode 24 :2 : « Moïse s'approchera seul de l'Eternel; les autres ne
s'approcheront pas, et le peuple ne montera point avec lui ».
Le changement de
proximité avec Dieu nous permet de changer l’état de notre relation avec lui.
Ce n’est pas que Dieu
préfère plus les uns aux autres ; c’est (et je pense que vous
l’aurez compris) que Dieu établit une relation selon notre état d’âme. Dieu a
un type de relation avec un impie ou un enfant rebelle, qui n’est pas le même
type de rapport qu’il a avec un enfant repenti ; De même, il n’a pas le
même lien avec un fils adopté, ou encore avec ceux qu’il nomme son épouse).
Eh bien, ce degré-là, c’est
le degré d’intimité, qui nous montre comment agir avec notre entourage.
Mais
avant tout, nous devons considérer chacun avec le même respect.
Considérer : nous
permet une première chose : de ne pas tomber dans un mauvais paternalisme (je le rappelle, qui est une
relation de Père à enfant).
Le
paternalisme fait naître automatiquement une position supérieure : une
position de protecteur. Le ton est alors directif : « Je sais comment
te protéger ! Toi tu ne le sais pas, écoutes-moi et agit comme je te
le dis !» ; et face à cette connaissance celui qui est paternel se
place en haut, il domine l’autre. Il l’infantilise d’une certaine manière et
parfois même en arrive à le mépriser (ce qui est une très mauvaise chose).
Ce
rapport, nous le connaissons bien dans la vie de tous les jours : c’est
celui par exemple qu’exerce un patron directif et autoritaire avec ses
employés.
Mais
aussi d’un point de vue religieux, ce rapport existe fréquemment entre le
pasteur d’une assemblée religieuse et ses ouailles. « Je suis pasteur, j’ai
la connaissance de Dieu pour te protéger, toi tu ne l’as pas et tu as besoin de
m’écouter et de m’obéir ». Cela n’est peut-être pas dit aussi directement
et aussi crument, mais dans la réalité, c’est ce sens qui est véhiculé en
général.
Voilà
le paternalisme récurrent des assemblées chrétiennes. Un ton autoritaire et sûr
de lui qui exerce même une certaine condescendance.
Or être paternaliste
n’est pas mauvais en soi ; cette protection peut-être bonne à condition qu’elle
soit opportune et désintéressée.
Mais
reconnaissez qu’elle ne l’est pas la plupart du temps. Parce qu’il y a un
intérêt ; et cet intérêt réside dans le fait de se placer en haut.
La
religion est faite dans l’amour de cette position-là. Le socle, le fondement tient
sur cette position de dominant-dominé ;
Et la protection, par celui qui a un statut d’enseignant, qui enseigne la
parole, qui connait la parole, lui confère de ce fait une position supérieure.
Alors
à l’opposé, si nous sommes disciple et que notre relation à l’autre est d’ordre
paternel, ce n’est pas pour que nous en tirions un avantage quelconque, mais
c’est pour que l’autre puisse accepter et recevoir notre aide. C’est pour son
édification.
Lorsque
Jésus annonce une série de malheurs aux pharisiens et aux scribes n’est-il pas
dans ce paternalisme dur ? Mathieu chapitre
23 :13 : « Malheur à vous, scribes et
pharisiens hypocrites! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux;
vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent
entrer. ».
Maintenant,
afin de montrer l’évolution des relations, je vais prendre l’exemple de
l’évolution de la relation entre Pharaon, roi d’Égypte et Joseph, fils d’Israël.
Joseph,
quand il arriva en Égypte, après la trahison de ses frères, était esclave de
Potiphar, chef officier de Pharaon. Sa situation ne lui permettait que d’obéir
aux ordres. Quand Pharaon l’appela pour l’interroger sur son songe, Joseph
n’était même pas serviteur, il était étranger et en prison devenu prisonnier à
cause d’un faux témoignage. Il n’avait pas comme la plupart des sujets du roi
une relation d’un serviteur face à un souverain. Sa relation évolua ensuite,
puisqu’il obtint la confiance du roi d’Égypte. Il devint ami de pharaon. Un ami
qui avait de surcroit hérité de toutes ses fonctions et de tous ses pouvoirs… à
part celui d’être sur le trône. « Pharaon lui donna
le commandement de tout le pays d’Égypte. »
(Genèse 41 :43). On se mettait à genoux devant lui comme devant Pharaon.
Pharaon
parlait alors avec Joseph d’égal à égal, puisqu’il était son premier ministre.
Il faut dire que Joseph avait trente ans lorsqu’il devint l’égal de roi d’Égypte,
alors qu’il n’avait que 17 ans lorsqu’il fut esclave de Potiphar. Le changement
de relation ne s’est pas fait en quelques mois.
Pourquoi n’en serait-il pas ainsi des disciples de Christ ? Ils ont besoin de temps pour évoluer.
Car l’objectif d’un
disciple de Dieu, est que son Seigneur lui parle d’égal à égal et que lui-même
trouve des disciples accomplis pour leur parler d’égal à égal.
-Mais
à quel moment sait-on que notre relation peut changer vis-à-vis de Dieu, comme
vis-à-vis de certains frères ou de certaines sœurs ?
C’est souvent dans les actions, dans les aléas de la vie que la vérité prend sa lumière. Et puis, le Saint-Esprit est là pour nous révéler les cœurs, pour nous donner du discernement. La relation fera que la confiance s’ouvre de plus en plus ou au contraire, que des choses restent floues, cachées, et que la communion entre ces personnes restent superficielle. Ce sera le signe qu’il est trop tôt pour changer de relation. La prudence s’imposera alors.
-Doit-on
en conclure qu’il existe une considération plus grande pour certains que pour
d’autres dans le corps de Christ ?
Oui,
parce Dieu en éprouve davantage pour celles et ceux qui font sa volonté que
pour les autres qui font la leur.
Avoir
plus de considération veut dire avoir une relation plus intimiste, plus proche,
plus partagée, mais cela ne veut pas dire plus respectueuse. Chacun mérite le
respect et la dignité qui lui est dû en tant qu’être humain. Mais un homme
proche de Dieu mérite de la part du Seigneur comme de ses frères une attention toute
particulière.
Joseph
qui faisait la volonté de Dieu, même en étant en situation d’esclavage en
Égypte, réussissait tout ce qu’il entreprenait. Plus même, ses maitres étaient
dans la réussite à cause de lui.
« Dès
que Potiphar l'eut établi sur sa maison et sur tout ce qu'il possédait,
l'Eternel bénit la maison de l'Égyptien, à cause de Joseph; et la bénédiction
de l'Eternel fut sur tout ce qui lui appartenait, soit à la maison, soit
aux champs. » (Genèse 39 :5).
Pour Pharaon ce fut la même chose : la famine ne toucha pas son pays et il put même être le pourvoyeur des autres pays touchés par l’épidémie. Pharaon n’eut pas 7 années d’abondance, mais bien quatorze années, puisque Joseph fit d’énormes réserves des récoltes selon ce que l’interprétation du songe lui avait montré.
Ainsi, de la même manière, la loi de Dieu demeure la même pour tous
ceux qui restent intègres et fidèles dans leur foi ; et celles et ceux qui
seront proches des fils de Dieu (leur témoignant de toute leur confiance), auront part eux aussi à de multiples
bénédictions durant de nombreuses années.
Ne perdons jamais de vue que Dieu dit à certains croyants : « Je ne
vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité ».
Ces croyants sentiront alors un terrible sentiment d’abandon et
d’absence de considération. Ils seront, comme il est écrit dans l’Évangile de
Matthieu : « jetés dans les ténèbres du dehors, où il
y aura des pleurs et des grincements de dents.».
En fait, ils seront privés de la considération qu’ils estimaient
recevoir de Dieu. Au final, ils ne partageront pas sa paix. Dieu ne leur
confiera aucun de ses pouvoirs. Ils auront la dernière place; et pour les
autres…. Matthieu 25 :23 : On leur dira « C'est
bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te
confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. ».
La joie de Dieu sera notre joie car nous recevons alors toute la
considération que nous méritons. Et cette considération sera bien visible.
Amen
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