dimanche 18 février 2024

La CONSIDERATION DE DIEU & DE SES DISCIPLES

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Par Eric Ruiz

1 Thessaloniciens 5 : 12 : « Nous vous prions, frères, d'avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent ».


L’apôtre Paul nous encourage vivement, à travers cette lettre, à avoir de la déférence vis-à-vis de ceux qui travaillent à notre édification. La déférence étant un respect plus prononcé. S’agit-il pour autant de les vouvoyez ou de les considérer comme des pères ?

Je ne le pense pas. Ce serait  exagérer d’en faire des êtres supérieurs. Créer des fossés entre disciples n’est pas bons.

Alors, pouvons-nous leur parler d’égal à égal ? Quels avantages avons-nous à tirer de cette situation ?

N’est-ce pas favoriser encore-là l’hypocrisie ?

La réalité est que nous devons chacun avoir de la considération pour l’autre et ne pas avoir seulement du respect par devoir, sous prétexte que c’est moral ou que c’est écrit dans la Bible, ou parce que sa religion l’exige. Nous ne devons pas (encore moins) avoir de la considération pour l’autre par intérêt, pour récupérer sa sympathie et quelques autres avantages. 

L’estime, le respect s’intéresser à l’autre est une première étape, mais qui n’est pas suffisante. Avoir de la considération, c’est voir l’autre comme étant une personne importante et peut-être même plus importante que soi-même.

Dieu nous demande de considérer notre prochain de la même façon qu’il nous considère, lui.

-Comment nous considère-t-il ?

-Nous considère-t-il comme égal à égal ?

Non, bien-sûr, mais il fait tout pour que cela change. Même si nous nous sommes éloignés de lui, il nous considère comme des êtres capables d’évoluer.

Pour ses enfants rebelles et méchants, il leur fait vivre des malheurs pour briser leur cœur de pierre, il veut qu’au final ils puissent se repentir vraiment ; pour nous ses enfants repentis, il veut nous élever au rang de fils. Pour ses serviteurs, il souhaite leur parler comme à des amis.

Et si nous sommes ses amis, alors il nous parlera dans l’intimité comme à sa future épouse.

-Mais pourquoi Dieu a-t-il parfois un ton dur et paternaliste ?

Si vous remarquez bien, Dieu emploie ce ton avec ceux qui ne comprennent que ce ton.

Revenons aux cœurs. Un cœur endurci, use et abuse d’une relation de domination. Il se rebelle contre toute soumission et ne courbe le dos que lorsque le rapport de force n’est plus en sa faveur. Il est comme un animal qui se soumet au plus fort. Il respecte ce qui est plus fort que lui.

Alors un cœur dur aime et recherche même cette relation dans ses rapports aux autres.

Un rapport d’autorité le rassurera.

« Tu dois agir en faisant le bien, en t’éloignant du mal, tu ne dois pas te comporter de la sorte, etc. ».

Ces reproches sont justement faits pour que celui qui ne dépend plus de Dieu puisse s’en rendre compte et qu’il réagisse avant que les douleurs ne l’atteignent.

Les commandements de Dieu donnés à Moïse sont de cet ordre. Ils sont sur un ton paternaliste très fort.

Pourquoi ?

Parce qu’il a à faire à des cœurs endurcis.

Seul Moïse a eu droit de s’approcher de Dieu. C’est lui qui a transmis les paroles au peuple.

Dieu ne parle pas de la même manière avec tous. Sa communication varie en fonction de l’état de notre cœur. Il a inspiré en fait à Moïse de l’imiter.

Aaron, Nadab, et Abihu et 70 des anciens d’Israël, se sont prosternés de loin. (Exode 24 :1), tandis que seul Moïse  était très proche de Dieu. Exode 24 :2 : « Moïse s'approchera seul de l'Eternel; les autres ne s'approcheront pas, et le peuple ne montera point avec lui ».

Le changement de proximité avec Dieu nous permet de changer l’état de notre relation avec lui.

Ce n’est pas que Dieu préfère plus les uns aux autres ; c’est (et je pense que vous l’aurez compris) que Dieu établit une relation selon notre état d’âme. Dieu a un type de relation avec un impie ou un enfant rebelle, qui n’est pas le même type de rapport qu’il a avec un enfant repenti ; De même, il n’a pas le même lien avec un fils adopté, ou encore avec ceux qu’il nomme son épouse).

Eh bien, ce degré-là, c’est le degré d’intimité, qui nous montre comment agir avec notre entourage.

Mais avant tout, nous devons considérer chacun avec le même respect.

Considérer : nous permet une première chose : de ne pas tomber dans un mauvais paternalisme (je le rappelle, qui est une relation de Père à enfant).

Le paternalisme fait naître automatiquement une position supérieure : une position de protecteur. Le ton est alors directif : « Je sais comment te protéger ! Toi tu ne le sais pas, écoutes-moi et agit comme je te le dis !» ; et face à cette connaissance celui qui est paternel se place en haut, il domine l’autre. Il l’infantilise d’une certaine manière et parfois même en arrive à le mépriser (ce qui est une très mauvaise chose).

Ce rapport, nous le connaissons bien dans la vie de tous les jours : c’est celui par exemple qu’exerce un patron directif et autoritaire avec ses employés.

Mais aussi d’un point de vue religieux, ce rapport existe fréquemment entre le pasteur d’une assemblée religieuse et ses ouailles. « Je suis pasteur, j’ai la connaissance de Dieu pour te protéger, toi tu ne l’as pas et tu as besoin de m’écouter et de m’obéir ». Cela n’est peut-être pas dit aussi directement et aussi crument, mais dans la réalité, c’est ce sens qui est véhiculé en général.

Voilà le paternalisme récurrent des assemblées chrétiennes. Un ton autoritaire et sûr de lui qui exerce même une certaine condescendance.

Or être paternaliste n’est pas mauvais en soi ; cette protection peut-être bonne à condition qu’elle soit opportune et désintéressée.

Mais reconnaissez qu’elle ne l’est pas la plupart du temps. Parce qu’il y a un intérêt ; et cet intérêt réside dans le fait de se placer en haut.

La religion est faite dans l’amour de cette position-là. Le socle, le fondement tient sur cette position de dominant-dominé ; Et la protection, par celui qui a un statut d’enseignant, qui enseigne la parole, qui connait la parole, lui confère de ce fait une position supérieure.

Alors à l’opposé, si nous sommes disciple et que notre relation à l’autre est d’ordre paternel, ce n’est pas pour que nous en tirions un avantage quelconque, mais c’est pour que l’autre puisse accepter et recevoir notre aide. C’est pour son édification.

Lorsque Jésus annonce une série de malheurs aux pharisiens et aux scribes n’est-il pas dans ce paternalisme dur ? Mathieu chapitre 23 :13 : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. ».

Maintenant, afin de montrer l’évolution des relations, je vais prendre l’exemple de l’évolution de la relation entre Pharaon, roi d’Égypte et Joseph, fils d’Israël.

Joseph, quand il arriva en Égypte, après la trahison de ses frères, était esclave de Potiphar, chef officier de Pharaon. Sa situation ne lui permettait que d’obéir aux ordres. Quand Pharaon l’appela pour l’interroger sur son songe, Joseph n’était même pas serviteur, il était étranger et en prison devenu prisonnier à cause d’un faux témoignage. Il n’avait pas comme la plupart des sujets du roi une relation d’un serviteur face à un souverain. Sa relation évolua ensuite, puisqu’il obtint la confiance du roi d’Égypte. Il devint ami de pharaon. Un ami qui avait de surcroit hérité de toutes ses fonctions et de tous ses pouvoirs… à part celui d’être sur le trône. « Pharaon lui donna le commandement de tout le pays d’Égypte. » (Genèse 41 :43). On se mettait à genoux devant lui comme devant Pharaon.

Pharaon parlait alors avec Joseph d’égal à égal, puisqu’il était son premier ministre. Il faut dire que Joseph avait trente ans lorsqu’il devint l’égal de roi d’Égypte, alors qu’il n’avait que 17 ans lorsqu’il fut esclave de Potiphar. Le changement de relation ne s’est pas fait en quelques mois.

Pourquoi n’en serait-il pas ainsi des disciples de Christ ? Ils ont besoin de temps pour évoluer.

Car l’objectif d’un disciple de Dieu, est que son Seigneur lui parle d’égal à égal et que lui-même trouve des disciples accomplis pour leur parler d’égal à égal.

-Mais à quel moment sait-on que notre relation peut changer vis-à-vis de Dieu, comme vis-à-vis de certains frères ou de certaines sœurs ?

C’est souvent dans les actions, dans les aléas de la vie que la vérité prend sa lumière. Et puis, le Saint-Esprit est là pour nous révéler les cœurs, pour nous donner du discernement. La relation fera que la confiance s’ouvre de plus en plus ou au contraire, que des choses restent floues, cachées, et que la communion entre ces personnes restent superficielle. Ce sera le signe qu’il est trop tôt pour changer de relation. La prudence s’imposera alors.

-Doit-on en conclure qu’il existe une considération plus grande pour certains que pour d’autres dans le corps de Christ ?

Oui, parce Dieu en éprouve davantage pour celles et ceux qui font sa volonté que pour les autres qui font la leur.

Avoir plus de considération veut dire avoir une relation plus intimiste, plus proche, plus partagée, mais cela ne veut pas dire plus respectueuse. Chacun mérite le respect et la dignité qui lui est dû en tant qu’être humain. Mais un homme proche de Dieu mérite de la part du Seigneur comme de ses frères une attention toute particulière.

Joseph qui faisait la volonté de Dieu, même en étant en situation d’esclavage en Égypte, réussissait tout ce qu’il entreprenait. Plus même, ses maitres étaient dans la réussite à cause de lui.

« Dès que Potiphar l'eut établi sur sa maison et sur tout ce qu'il possédait, l'Eternel bénit la maison de l'Égyptien, à cause de Joseph; et la bénédiction de l'Eternel fut sur tout ce qui lui appartenait, soit à la maison, soit aux champs. » (Genèse 39 :5).

Pour Pharaon ce fut la même chose : la famine ne toucha pas son pays et il put même être le pourvoyeur des autres pays touchés par l’épidémie. Pharaon n’eut pas 7 années d’abondance, mais bien quatorze années, puisque Joseph fit d’énormes réserves des récoltes selon ce que l’interprétation du songe lui avait montré.

Ainsi, de la même manière, la loi de Dieu demeure la même pour tous ceux qui restent intègres et fidèles dans leur foi ; et celles et ceux qui seront proches des fils de Dieu (leur témoignant de toute leur confiance),  auront part eux aussi à de multiples bénédictions durant de nombreuses années.

Ne perdons jamais de vue que Dieu dit à certains croyants : « Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité ».  

Ces croyants sentiront alors un terrible sentiment d’abandon et d’absence de considération.  Ils seront,  comme il est écrit dans l’Évangile de Matthieu : « jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.».

En fait, ils seront privés de la considération qu’ils estimaient recevoir de Dieu. Au final, ils ne partageront pas sa paix. Dieu ne leur confiera aucun de ses pouvoirs. Ils auront la dernière place; et pour les autres…. Matthieu 25 :23 : On leur dira « C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. ».

La joie de Dieu sera notre joie car nous recevons alors toute la considération que nous méritons. Et cette considération sera bien visible.

Amen

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