534
Par Eric Ruiz
L’être humain est réputé par son éternelle habitude à émettre des
préjugés sur tout.
Et il se fait avoir sur bien des cas. En suivant cette citation : « rien n’est plus trompeur qu’une apparence d’humilité ».
Alors parlons de l’apparence de la piété.
Sur cette apparence trompeuse, on pourrait tellement prendre
d’exemples à droite et à gauche, dans la société, parmi toutes les
religions ; On pourrait tellement dénigrer d’hommes et de femmes qui se
prêtent à cet exercice commun : celui de se faire passer pour ce qu’ils ne
sont pas.
L’être humain empreint de religiosité est passé maître dans cette
discipline. Maitre pour se montrer plus saint qu’il n’est, plus intelligent et
lucide que les autres, plus aimant et repentant que nous l’avions
imaginé ; Car l’ambition d’un petit faussaire n’est pas de rester dans sa
condition de petit : c’est de devenir un grand faussaire ; Parce que
tous ces faussaires rêvent d’un public. Un public de sympathisants de plus en
plus nombreux se laissant impressionner et séduire par eux (eux, des êtres
lumineux).
Le mal : c’est que cette parure du mensonge se transforme en
outil, un outil qui chasse la vérité.
Alors, un disciple de Christ doit-il pour autant se transformer en
chasseur du mal, en chasseur de mensonges ? Doit-il être ce cavalier
justicier déchirant le masque du mensonge de ces êtres vils qui pullulent sur toute
la planète (un « balance ton porc chrétien ») ?
Paul, dans son épitre a Timothée, lui, dit la chose
suivante : 2 Timothée 3 : 1 à 5 (version Martin de 1744) « Or sache ceci, qu'aux derniers jours il surviendra des
temps fâcheux. Car les hommes seront idolâtres
d'eux-mêmes, avares, vains, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissants à
leurs pères et à leurs mères, ingrats, profanes; 3Sans affection naturelle,
sans fidélité, calomniateurs, incontinents (sans modération), cruels, haïssant
les gens de bien; 4Traîtres, téméraires, enflés [d'orgueil], amateurs des voluptés
(des plaisirs), plutôt que de Dieu. 5Ayant l'apparence de la piété, mais en ayant renié la force : éloigne-toi
donc de telles gens».
Éloigne-toi de ces gens-là. Le conseil de Paul, d’abord est sans
détour. C’est même un commandement : Éloigne-toi !
Il ne dit pas : «Aie de moins en moins
de fréquentation avec eux » ou « N’accepte pas toutes leurs
invitations », ou « Essaye de les convaincre par la vérité qu’ils se
trompent eux-mêmes et qu’ils doivent se repentir » ou encore « Écris-leurs
une lettre qui dénoncent et prouvent qu’ils agissent sous l’emprise d’un démon,
qu’ils sont pour eux-mêmes, leur propre idole » ou enfin : « Envoie
vers eux des frères qui pourront avoir plus d’écoute et d’attention de leur
part pour qu’ils se détournent du mal » .
Non, Paul est ferme, son commandement est
sans nuance : Éloigne-toi !
Fuis-les !
Il y a non seulement un détachement spatial,
en s’éloignent de leur lieu de vie mais aussi un éloignement spirituel en
n’ayant plus aucune pensée à leur égard, ni remords, ni prière.
Le Saint-Esprit nous dit : « Laisse
les, car ils sont livrés à leurs abominables penchants qui seront leur perte.
Ils périront par ce qu’ils aiment le plus ».
Paul ne donne aucun nom dans ce passage. Il
dénonce un usage, un caractère répandu, pas une personne particulièrement. Mais
son commandement est clair : Ignore-les et passe ton chemin.
Le verbe grec « Apotrepo »
désigne une fuite, un évitement ou encore un détournement, un changement de
chemin. C’est comme rencontrer quelqu’un sur le trottoir de droite traverser et
prendre le trottoir de gauche en sens inverse.
Paul le dit de la même manière à Tite son
frère grec bien aimé, Tite 3 :10 : » Eloigne de toi,
après un premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions, » et il l’explique afin d’éviter les folles discussions
avec lui qui mènent aux disputes.
Je me dois d’aller en profondeur dans l’explication
de cet acte de justice, pour ne pas laisser de place au moindre agissement
contraire, ou de se laisser aller à une pitié malvenue;
La tentation serait néanmoins d’agir d’une
certaine façon pour essayer quand même d’en sauver quelques-uns.
Mais comme je l’ai déjà dit dans un précédent
message, agir ainsi serait contraire à Christ. Ce serait même agir en
antichrist.
Oui, en antichrist parce que le mal a une
fonction. Dieu laisse le mal agir jusqu’à sa limite. Et la limite ne nous
appartient pas, elle appartient à Dieu seul.
Leur aveuglement est total pour un but :
qu’ils aillent au bout de leur folie, pour que cette folie les embrase
totalement.
Beaucoup n’auront d’expiation et de repentir
que dans la perte de tous ce qu’ils adorent et ils ne crieront à Dieu que dans
l’humiliation la plus grande, qu’après la perte de leur santé, de leur proche,
de leurs biens, ou de leur raison de vivre.
Oui, me direz-vous d’accord pour eux, mais
pour les gens qui les suivent, nous pouvons essayer par tous les moyens de les
sauver de cet emprise maléfique.
Eh bien, les exemples des Évangiles nous
prouvent l’inverse. Ce n’est pas à nous, qui sommes éclairés et lucides,
d’aller vers eux, mais à eux désirant retrouver la vue de venir
vers nous. De la même
façon que les aveugles venaient comme il le pouvait vers Jésus ; comme cet
homme nommé Bartimée qui a l’entrée de Jéricho entendit que Jésus passait et
« se mit à crier Fils de David, Jésus aie pitié de moi! ». Malgré le fait qu’on essayait de le faire taire, il
criait toujours plus fort que Jésus ait pitié de lui.
Il est a noté, sans ironie, que de nos jours, ce sont les
prédicateurs de l’évangile qui crient forts pour que les aveugles viennent vers
eux. Et personne n’est là pour leur dire que leurs
cris sont gênants et qu’ils devraient se taire et que c’est aux malvoyants de
faire l’effort.
Quant à l’aveugle Bartimée, il est déterminé
à aller vers Jésus, il s’emploie avec toutes ses forces.
Dans l’Évangile de Marc chapitre 10 au verset 50 nous
lisons : « L'aveugle jeta son
manteau, et, se levant d'un bond, vint vers Jésus ».
J’aimerai attirer votre attention sur le
premier fait : « l’aveugle jeta son
manteau ». Le manteau est lié à l’identité d’un croyant. Le manteau
qu’avait Elie et qu’il laissa à Élisée symbolise ce caractère bien trempé du
prophète. Eh bien, ce mendiant aveugle
avait lui aussi une identité propre qu’il s’empressa de jeter pour venir à
Jésus. C’était un vêtement d’apparence.
Le bond qu’il fit ensuite pour se lever et
aller vers le fils de Dieu est caractéristique d’une absence de raisonnement,
d’une volonté rapide d’être délivrer.
Alors, pour en revenir à ceux qui suivent
aveuglément des leaders ayant l’apparence de la piété, ces suiveurs doivent
jeter en premier leur manteau ; donc ils ne doivent plus être disciples de
leur secte, pour venir à vous. Ils doivent se détourner en premier de leur
fausse identité religieuse, de leur fausse sainteté.
En refusant ou en faisant semblant de le
faire, ils prolongent aussi leur temps d’expiation. L’imposteur qui les rend captif restera alors
encore utile à leur croissance (comme l’ivraie protège le blé).
Oui, j’insiste toujours sur ce
point crucial : pour se consacrer, il faut obligatoirement avoir terminé
sa mise à l’épreuve.
Et sans cette mise à l’épreuve,
l’abandon de cette fausse identité n’est pas possible et aucune consécration
n’est alors elle aussi possible.
Revêtir Christ nécessite de se
dévêtir de soi, d’ôter ses affaires charnelles, de se libérer de ses idoles.
Je m’arrête encore une fois sur cet
acte d’abandon, car sans cela, beaucoup essaieront de venir à vous (vous
disciple converti) en ayant de mauvaises intentions. Ils auront gardé leur
manteau d’idoles. Ils crieront à Christ et à la délivrance comme
Bartimée ; Mais en ne voulant pas retrouver la vue, tout simplement parce
qu’ils croiront n’avoir jamais été totalement aveuglé.
Ensuite, il y a une spontanéité à
vouloir suivre un disciple de Christ. Une spontanéité dévoilant un empressement
qui n’a rien à voir avec un long raisonnement. Ce n’est surtout pas comme un
début de relation où l’on se propose de se laisser un peu de temps :
« je ne vous connais à peine, laissez-moi du temps pour mieux vous
connaître et savoir si nous pouvons faire un peu de chemin ensemble ;
venez nous voir une fois par semaine, le dimanche par exemple pour la messe, le
culte, ou lors d’une journée de prière, puis par la suite un peu plus souvent».
Non la spontanéité de la foi répond
à l’urgence. C’est ce même bond qu’a fait Lot fuyant Sodome lorsque les anges
lui ont dit : « Lève-toi prend ta
femme et tes deux filles qui se trouvent ici de peur que tu ne périsses dans la
ruine de la ville » (Genèse 19 :15).
Alors, je reviens sur les œuvres de
piété qui nous suivent. Vous savez, ces œuvres faites, après que Jésus nous a
dans un premier temps examiné, et qu’il trouva très bon cet examen en nous
désignant comme une de ses brebis ; Eh bien ces œuvres que nous faisons
alors, ne sont en aucun cas animées du vœu (d’apparence pieu) de gagner des
âmes.
Notre vœu profond est d’agir en
Christ, d’être animé du seul désir de servir Christ.
Et à l’encontre de tout réflexe
chrétien traditionnel, nous devons face à des croyants enflés d’orgueil,
blasphémateurs, ou idolâtres d’eux-mêmes, les fuir en acte et en esprit. Ne plus
s’intéresser à leur devenir, ne plus les suivre dans leur folie et même
plus : ne plus chercher à avoir des nouvelles d’eux. Ils suivent leur
mauvaise voie, point.
Cet
acte n’est en aucune manière un manque de compassion ou de courage, mais c’est
un acte de foi. La foi de faire confiance à la justice de Dieu.
Il
est vrai que la foi se voit dans nos actes, et ici Paul animé du Saint-Esprit
nous commande de fuir ou de nous détourner. C’est l’inverse des traditions
religieuses. Ces traditions qui insistent sur une évangélisation forcée, sur
une loi permanente qui nous oblige à reprendre constamment celui qui pèche. Ou
pire un flegme qui fait passer notre complaisance pour de la grâce. Un retour à
ce faux évangile de l’indulgence.
C’est
pourquoi la vérité est si difficile à admettre, parce qu’elle casse avec les
traditions religieuses, qui elles, sont déjà bien ancrées dans l’inconscient
collectif. Le mensonge est alors facile à faire passer. Parce que c’est un
mensonge dont les racines sont traditionnelles.
Notre
devoir n’est pas, par tous les moyens d’essayer de sauver l’autre de sa
folie ; notre devoir est d’être soumis à Christ qui lui-seul sauve. En le fuyant, nous
sauvons celui qui se perd. Il y a trois sortes de fuyards :
celui qui fuit parce qu’il a peur ou se sent étranger, celui qui fuit parce
qu’il a le diable au corps et celui qui fuit parce l’Esprit saint l’incite à le
faire ainsi.
Seule
cette dernière raison est contre nature. Seule cette raison provient d’hommes
et de femmes animées par la vérité.
La
vérité est bien souvent ce que Luc 1 :34 dit : « Mais ils ne comprirent rien à cela; c'était pour eux un
langage caché, des paroles dont ils ne saisissaient pas le sens. ».
Travailler dans la vigne du Seigneur
nécessite tellement d’actes pouvant s’opposer et se contredire. D’un côté on
donnera tout ce que l’on a pour aider son prochain dans le manque, on veillera
sur lui et d’un autre côté on se détournera de celui qui viendra à nous en se
vantant d’être sage alors que son péché divise.
Mais face à l’adversaire, face au diable qui
est un menteur, un falsificateur, se cachant derrière un masque de sainteté, le
Saint-Esprit seul inspire l’acte juste.
Au final les habitants du royaume de Dieu seront
celles et ceux qui auront une apparence conforme aux reflets de leur âme. Une
âme semblable à un jeune agneau de sacrifice sans défaut et sans tâche.
Amen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire