dimanche 15 janvier 2023

LES DOULEURS QUE DIEU NE GUERIT PAS

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Par Eric Ruiz


Attention, (je fais référence à mon titre) quand on affirme une chose contraire à « la bien-pensante », on est par principe étiqueté : « suspect ».

Je vous propose de dépasser ce conformisme bêtifiant et qui maintien dans l’aveuglement.

Je le redis pour cette nouvelle année : «  Ne vous conformez pas au siècle présent ».

Je peux en parler pour avoir été si longtemps aveuglé.

« Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées, C'est de nos douleurs qu'il s'est chargé; ».

-Ce verset, tant connu d’Esaïe chapitre 53, pose problème, reconnaissons-le.

Alors qu’au début de notre conversion nous vivons un spectaculaire allégement de nos souffrances, où tout devient léger comme une plume, pourquoi dans la pratique, ensuite, tant de chrétiens sont-ils toujours dans la douleur ou l’épreuve, alors que le fils de Dieu a cette vocation à tout prendre sur lui ?

N’attend-il pas que nous fassions quelque chose de notre part pour que le prodige se produise encore une fois?

Un constat très important dans la vie avec Dieu : Christ semble ne pas enlever tous les obstacles. Il en oublierait certains…volontairement.

En fait, dans la réalité, non, lui n’y est pour rien, il ne nous tente pas.

C’est à cause de notre infidélité, de notre manque d’intégrité que nous succombons à la tentation. C’est nous-mêmes qui dressons des murs et qui nous empêchons d’obtenir sa grâce.

Dieu ne souhaite qu’une seule chose : nous élever, nous amener à sa stature parfaite.

Alors serons-nous délivrer un jour de nos douleurs physiques et mentales qui perdurent, qui s’intensifient parfois même ?

Oui, mais seulement après que nous ayons appris de nos souffrances.

Car un croyant en Christ se doit de prendre l’habitude de surmonter toutes sortes de douleurs.

Je parle en priorité de douleurs psychiques. Celles-ci sont davantage le lot quotidien de la majorité.

La douleur physique elle, loin d’être négligeable est souvent la conséquence de nos douleurs psychiques et puis, naturellement ou biologiquement par les médicaments nous l’atténuons. Et un bon moral permet aussi d’atténuer fortement la douleur.

Alors les douleurs psychiques, les plus récurrentes sont :

-les peurs (toutes les peurs),

-les frustrations (les désirs inassouvis, non satisfaits) qui débouchent souvent sur la colère,

-la tristesse (liées aux échecs répétés, aux incompréhensions, au manque de reconnaissance et d’amour, au deuil aussi).

Ces douleurs chroniques qui finissent par nous tourmenter doivent de moins en moins affecter le croyant ; Çà doit lui passer au-dessus comme on dit.

J’apporte une précision toutefois, je ne parle pas de retomber dans le déni qui consisterait à occulter la douleur et faire que les émotions désagréables et douloureuses n’existent plus ; comme aussi, de fuir les situations difficiles en trouvant des échappatoires, par une activité qui accaparerait toute notre attention ;

Non, je parle bien d’affronter ses propres douleurs, d’accepter de vivre des moments d’épreuves intenses. Et de constater que s’opposant à la logique, leurs effets diminuent en intensité et en durée ; De constater que les mauvaises émotions ont de moins en moins d’emprise sur nous-mêmes, comme aussi de constater que celles d’autrefois qui nous retournaient l’estomac, nous montaient à la tête, ou nous brisaient le cœur glissent maintenant comme de l’huile sur un vêtement de pluie.

Alors je sais, c’est facile à dire mais si difficile à faire ; comme l’écrit le ministre de la guerre de Louis XVI, Louis-Philippe de Ségur :

« On sait que le bonheur est inséparable de la modération, dans les qualités, dans les peines, dans les plaisirs, dans les désirs et dans les sentiments, et cependant chacun exagère ses biens, ses maux, ses haines, ses affections ses critiques, ses volontés, ses espérances, ses frayeurs. ».

Alors, pour faire le bien, il est indispensable de passer par…

(Romains13 :14 Bible Martin) : « Mais soyez revêtus du Seigneur Jésus-Christ; et n'ayez point soin de la chair pour [accomplir] ses convoitises. »

Il est là le vêtement de pluie…D’abord, c’est à nous, à nous seuls de nous revêtir de Christ. Mais comment ?

Le combat est spirituel. Car, il y a un ennemi qui s’oppose directement à ce port de vêtement saint.

Et se revêtir, c’est agir, agir dans un sens.

Être revêtu du Seigneur Jésus-Christ c’est donc marcher comme lui-même a marché….Ce qui suppose de ne pas marcher selon les désirs de la chair. Car marcher ainsi ne fait que d’accroitre nos souffrances.

-D’abord, par désirs charnel, Paul, parle des convoitises, qui sont plus que nourries, elles sont câlinées, cajoler. Mais ce genre d’amour de soi-même se paye cher : il amplifie nos douleurs.

La chair augmente les peurs, les frustrations, ou la tristesse et cause aussi des souffrances corporelles en retour. Puisque de très nombreuses maladies ont leurs origines dans notre psychisme.

Et ces douleurs-là nous plongent dans la morosité au départ, avant de nous maintenir prisonnier de la dépression.

-Ensuite, par désirs de la chair, Paul ne parle pas exclusivement de péchés sexuels.

C’est vrai que notre inconscient a tendance à nous montrer en premier ce vice. Mais je vous rappelle que les historiens (comme jacques Le Goff : « une histoire du corps au Moyen-âge ») montrent que tout le Moyen-âge baignait déjà dans cette fausse interprétation du péché originel affirmant qu’il serait le péché sexuel. Le fruit défendu serait de nature exclusivement sexuelle. (J’en ai parlé dans mes messages précédent, c’est prendre un raccourcit arrangeant).

Les mensonges se transmettent plus facilement que les vérités surtout quand ils servent la cause d’une institution religieuse.

Paul, dans la lettre aux Romains parle ouvertement au verset 13 des excès de l’ivrognerie, des querelles, de la jalousie comme aussi bien-sûr, de la luxure.

Donc, il n’y a pas que le sexe dans la convoitise.

L’impudicité, qui est présent ici aussi, dans le texte biblique, fait appel au sexe, mais pas uniquement. L’impudique : « transgresse (d’une manière générale) sans honte, mais avec fierté ».  Il y a comme le souligne la Bible Ostervald, des impudicités au pluriel.

Jézabel, la reine d’Israël, femme du roi Achab avait cette particule « impudique » reliée à son nom ; et Babylone dans l’apocalypse est représentée par une riche femme prostituée appelée : « la mère des impudiques » ;

Mais le plus grand péché de Jézabel comme de Babylone était d’usurper une place qui n’était pas la sienne, de voler l’héritage d’un peuple et de tuer les prophètes.

Les mauvais esprits de la reine s’exprimaient dans la jouissance qui insuffle de la souffrance (elle aimait faire mal), dans la diffamation et le complot (pas seulement le sexe).

Et puis la Bible Martin emploie le mot « d’insolence » à la place d’impudicité.

Vous voyez, ce sont les excès en général, faits sans honte, qui nous montrent notre inclination en faveur de la chair… et pas seulement le sexe.

Donc, ce n’est pas en flagellant son corps, ou en prônant l’abstinence sexuelle que nos douleurs psychiques vont aller en diminuant.

C’est en étant dans la modération.

Dans les épitres, c’est la maîtrise de soi, la retenue ou encore les mots sobriété ou tempérance (qui n’a rien à voir avec la tiédeur) qui sont employés.

La sobriété, (la retenue dans les plaisirs) pour régler sa conduite en ayant revêtu la cuirasse de la foi et de l’amour. La tempérance parce qu’elle fait partie du fruit de l’esprit ; et que Jésus Christ parle d’intempérance face à l’hypocrisie des scribes et des pharisiens «  ils sont remplis de rapines et d’intempérance »).

 Par conséquent, pour en revenir au corps, la modération induit que le corps doit être ni refoulé, ni glorifié. Il doit être respecté pour ce qu’il est réellement.

Quand nous n’avons plus de retenue pour les plaisirs, nous glorifions le corps. Et quand nous nous refusons à tous plaisirs, nous le refoulons.

L’esprit religieux a cette pensée extrême, soit il le condamne à l’excès, soit le libère à l’excès, puisqu’il cherche avant tout à se débarrasser des émotions désagréables et douloureuses qu’il provoque.

Toujours au Moyen-âge, le christianisme était religion d’État ; et il était commun pour un croyant de fêter Carême, de faire pénitence en pratiquant l’abstinence sexuelle et le jeûne alimentaire ; puis très vite de fêter Carnaval où les excès de tables et de la fête étaient communs.

Les excès de privation comme celles de liberté sont tous deux à bannir pour un disciple.

Et de nos jours, les excès du moyen-âge n’ont pas disparu.

Les longs moments de jeûne sont toujours entrecoupés de moment d’excès de table. Ce qui est sacrifié d’un côté est multiplié de l’autre. On met à part de l’argent pour soutenir son assemblée, mais on est intraitable pour un de ses proches dans le besoin, sous prétexte qu’il n’a pas la foi.

On ne peut que constater une chose importante: que tous les excès se rejoignent.

Aristote a écrit « Qui chérit à l’excès c’est haïr à l’excès. ».

Par conséquent, l’excès attise le péché et le péché pousse à l’excès. Ce qui dépasse la normalité est par essence suspect parce que ce qui est douteux touche au délit.

Les progrès technologiques et matériels qui sont devenus excessifs n’ont fait que de masquer, puis de dévoiler (dans un deuxième temps) cette corruption spirituelle.

La société elle aussi est en souffrance ; elle se débat dans d’affreuses douleurs.

Cette société moderne de l’excès, bien que montrer du doigt, est devenue un édifice de lieux communs.

Il y a les jeunes hyper actifs, les hyper névrosés, les hyper parents hyper protecteurs de leurs enfants.

Sur un autre registre, on parle fréquemment de la ville de tous les excès (comme Sodome et Gomorrhe), du pays de tous les excès (comme Babylone), de la personne de tous les excès (Jézabel en étant la figure Biblique), de la religion de tous les excès (quand elle est radicalisée et dure.

Sur un plan plus large, il y a l’hyper individualisme, l’hyper consommation, la surabondance de produits et de biens, l’hyper gaspillage alimentaire. Tout cela créé à la fois une obésité mortelle des corps et des esprits, dans nos sociétés riches, comme une malnutrition mortelle dans les autres sociétés.

Le dérèglement climatique montre lui aussi cet excès et cette débâcle. Les étés sont devenus brûlants et la pluie, la neige ou le vent, un véritable fléau.

Un proverbe dit : « ce n’est pas la charge, mais l’excès de charge qui tue la bête».

Les conséquences ne sont pas légères : la destruction, le désastre, l’impudicité provient de ce genre de pratique qui se résume ainsi : « On a rajouté de l’excès à l’excès… »

Pourquoi je vous parle de tout cela et de cet hyper excès ?

Parce que nous vivons un temps où la chair et ses désirs n’ont jamais pris une dimension comme aujourd’hui. Cette dimension est planétaire, mondialisée, gigantesque par ses écarts et elle touche n’importe quel individu.

Le nombre de la bête, le 666 se révèle à chaque coin de rue, dans toutes les villes et villages.

« Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de ne pas tomber! »

Se voir saint, parce que modéré dans ses propos et son attitude masque peut-être des désirs refoulés mais qui ne demandent qu’à s’exprimer. Prions pour que Dieu nous ouvre les yeux.

Car, dans sa fidélité, il a prévu un moyen de nous séparer de cette addiction liée à l’excès.

Soyons vigilent pour que nous nous emparions chacun de notre bouée de sauvetage, qui vient nous sauver. Car, marcher selon le fils de Dieu, ou marcher selon la vérité c’est marcher dans la modération.

C’est cette modération, cette tempérance à toute épreuve, qui nous permettra de surmonter toutes les douleurs que nous avons et que nous aurons.

Ce commandement d’être modéré en tout point, n’en est pas un pour le disciple, il l’est seulement pour celui qui marche par lui-même, selon ses propres voies.

Le disciple, lui, sera guidé par sa nouvelle nature qui déteste (rappelons-le) les choses du monde.

Amen

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