Par Eric
Ruiz
Je
remarque que beaucoup mélangent les mots et cela fini par brouiller alors leur
conviction.
Il faut
différencier le complot du complotisme.
Comme le
fait d’arrêter de croire au complotisme, ce n’est pas la même chose que d’arrêter
de croire au complot ; car les complots, eux, ont toujours existé.
David
demandait à Dieu : (Psaumes 64 :2) « Mets-moi à l’abri des
complots des méchants, de la troupe bruyante des hommes iniques! ».
Nos manuels scolaires d’histoire, c’est vrai nous montre des complots à
répétition. Ceux qui ont réussis comme ceux qui ont été déjoués. Combien de
rois et d’hommes importants qui ont été assassinés ou qui ont échappé à un
complot qui aurait pu leur être fatal !
Ceux qui
ont les mêmes intérêts pour voir tomber quelqu’un se lie ensemble pour lui
créer une embuscade, un piège. Mais leur stratagème finit toujours par être
démasqué, tôt ou tard.
De nos
jours, les complots qui sautent aux yeux sont différents : La guerre
commerciale au quelle se livre les grands lobbys de ce monde, est façonnée par
des complots pour obtenir la place de leader sur le marché. La jalousie et
l’ambition démesurées sont le moteur principal de leur stratégie d’élimination.
Le
meilleur exemple Biblique, quant à lui, je crois, se situe dès la Genèse avec Joseph,
fils de Jacob et ses neuf frères.
Ses frères,
jaloux de lui, et ambitieux avaient comploté de le tuer. Au lieu de mourir, il
a fini en fin de compte : abandonné dans une citerne du désert et vendu
comme esclave à des marchands Madianites qui passaient par là.
Ce complot
a longtemps été tenu secret, Israël croyait Joseph mort, puis le crime a fini
par être démasqué, par Joseph lui-même, plus de vingt ans après.
D’autres
complots ont mis des siècles à être dévoilés.
Mais,
comme le dit l’Ecclésiaste à la fin de son livre : « Dieu
amènera toute œuvre en jugement (en lumière), au sujet de tout ce qui est
caché, soit bien, soit mal ».
Souvent
notre Dieu permet au mensonge de prendre l’ascenseur, alors que la vérité prend
son temps pour arriver, en prenant marche par marche, l’escalier (sans oublier
aussi que la vérité s’arrête parfois à chaque palier).
Pourquoi ?
Parce le
mensonge sert la cause de tellement de personnes et de tellement d’intérêts
différents.
Mais la
vérité, elle, finit toujours par triompher, car les projets iniques se forment
avec des gens qui n’ont aucun sens moral et qui à un moment donné trahiront
leur pacte pour quelques pièces de monnaies.
Ils
échafaudent une statue au pied de fer et d’argile qui finira toujours par s’effondrer,
car les alliances humaines sont vouées à l’échec.
La vérité
arrive aussi avec la science et la technologie qui s’y mettent ; il aura
fallu attendre le début du XXème siècle pour voir apparaître l’empreinte
digitale, puis c’est au carbone 14 ou l’ADN qui ont déjà permis de résoudre
bien des énigmes.
Et il y a
aussi, et il ne faut pas les oublier : les « rats de
bibliothèque » qui cherchent la vérité en fouinant dans les archives et
les écrits du passé.
Jacques
Génicot pour ne pas
le nommer, (qui n’est pas un historien, mais un passionné d’histoire) a écrit
sous forme de roman une version du complot auquel Jeanne d’Arc aurait été
victime. C’est une version très novatrice et très intéressante.
Jacques
Génicot met simplement en coïncidence des faits historiques connus (et qu’il
cite en référence), pour montrer comment une France sans roi, sans défenseurs
de la nation devenait de plus en plus colonisée est lâche devant l’envahisseur étranger
(puisque la France était presque coupée en deux, avec en plus le duché de
Bourgogne allié aux anglais).
Jeanne d’Arc
(sa virginité, ses voix, sa piété, son appel) fut alors instrumentalisée,
manipulée par son entourage et par des proches du dauphin Charles VII, pour
redonner ce roi légitime à la France, et pour remotiver, troupes, peuple et notables,
et faire reculer les anglais.
Mais le
complot qui avait (en fin de compte au départ une figure légitime et honorable)
vira au cauchemar pour la pucelle d’Orléans, mais aussi pour tout un pays qui
montrait sa fierté, son identité et son indépendance par ses contés, par ses
villages même…Que signifient alors dans le concret ses magnifiques bannières et
ses armoiries uniques dans leur genre ? Où est passé cet esprit chauvin,
bien français ?
Alors quelle
chute ! Puisque le deuxième complot se retourna contre Jeanne d’Arc.
Quand le
naturel qui sert les mauvais intérêts revient au galop… Quand le roi de France
négocie face à la résistance anglaise… Quand les élites religieuses d’un seul
coup changent de discours… Tous ceux qui avaient montré de la solidarité
tournèrent leur cape pour montrer leur vrai nature faite de mensonges, de lâcheté
et de compromis iniques (pour plus de détails, je vous renvoie donc à cette
ouvrage excellent : « Jeanne d’Arc la théorie du complot »).
Alors,
maintenant le complotisme, qu’est-ce que c’est ?...
Le complotisme, lui, c’est un comportement différent, c’est un
comportement systématique dans le fait de s'opposer à la version officielle, ou
la plus reconnue d'un fait, en croyant qu'il y a toujours un complot derrière et qu'on veut nous cacher
la vérité, et que la vérité sert des causes secrètes voire
diaboliques.
Le complotiste croit
que tout est mensonge et que la conspiration est la règle dominante.
(Une certaine vision paranoïaque des choses !)
N’oublions
pas le sens de la conspiration. « Tout ce qui arrive a été voulu par ceux à
qui cela profite ».
Le complotiste
voit des profiteurs partout, qui se rassemblent pour s’accaparer encore plus de
gloire de richesse et de pouvoir.
Et tout ce
qu’il voit coïncider fait office de preuve, même l’absence de preuve devient
une preuve que le complot existe bien.
Sauf que :
le complotiste est dans l’inquiétude ou alors, dans l’action brandissant sa
magnifique bannière de la justice. Il a peur ou il combat, ou encore, il fait
les deux : il combat la peur au ventre.
Pourtant : « L’Éternel renverse les desseins des nations, Il anéantit les projets des peuples; » (Psaumes 33 :10)
C’est Dieu lui-même qui détruit les projets iniques et
démoniaques ;
Alors, pourquoi vouloir prendre sa place en prenant l’épée
de la justice ; Pourquoi chercher à récupérer une lumière qui nous fait
voir en fait… nos ténèbres ?
Et j’irai
même plus loin …ce combat fait changer la lumière en ténèbres, le vrai en faux,
la victime en coupable.
Prenons
encore un exemple dans l’histoire de France : Henri IV a été assassiné par
Ravaillac, un catholique jésuite fanatique.
La théorie
du complot jésuite était facile a annoncée ; et de nos jours, c’est
un peu facile de salir cette congrégation sans preuve.
Or, le
procès de Ravaillac avait prouvé qu’il n’avait reçu ordre de personne ; de
plus les jésuites après avoir été expulsés et après avoir connu soixante années
de lutte avec le pouvoir, venaient officiellement et légalement d’être reconnu
par Henri IV, qui s’était reconverti au catholicisme.
Les
jésuites étaient enfin vainqueurs avec lui…
Les
jésuites soi-disant coupables faisaient plutôt office de victime après
l’assassinat du roi de France.
Le complotisme
remet en cause la logique, comme le bon sens.
Un
complotiste, par exemple, remettrait en cause la bonne foi et le bon sens de
Joseph. Il verrait alors Joseph, non comme une victime, mais comme un
profiteur.
Eh oui,
Joseph a prophétisé, par ses visions, sa propre gloire, sa propre réussite
sociale.
Une fois
en Egypte, il a su séduire Pharaon en lui interprétant ses songes, pour devenir
son bras droit ; il n’a fait qu’atteindre ses buts.
C’est lui
le vrai manipulateur. C’est une victime trop sympathique pour être innocente.
La
preuve : il met sa coupe d’argent dans le sac de son frère pour qu’on
l’accuse de vol et à la fin il garde en otage Benjamin et met toute sa famille
sous son contrôle qui ne peut survivre que par son bon vouloir.
Ce qui est
grave, c’est que : celui qui est
dans cet aveuglement-là est conduit alors à voir les bourreaux comme des
victimes.
Il est
persuadé que les frères de Joseph sont les vraies victimes de l’affaire.
Il ne voit
pas que Joseph ne se venge pas, qu’il ne manipule personne, mais qu’au
contraire, qu’il leur donne à tous, l’occasion de se repentir.
Dans le
livre de la Genèse, l’histoire de Joseph ne fait aucun doute sur son statut de
victime, mais imaginez que l’histoire ne nous soit parvenue que par Jésus, qui
l’aurait raconté en paraboles, en terminant par une question : Qui a
comploté, Joseph ou ses frères?
Eh bien, ne
croyez-vous pas que certains (pour ne pas dire beaucoup) l’auraient analysé
comme le complot de Joseph ?
Je sais,
cette éventualité ferait sauter au plafond tout chrétien qui ne pense pas comme
cela bien-sûr, pourtant…
Combien de
croyants disent la même chose… lorsque nous affirmons que Dieu nous utilise. Lorsque
nous prions même dans ce sens : En priant de cette manière : « Jésus je te prie : que je sois
malléable dans tes mains et que tu m’utilises pour ta plus grande
gloire ! »
N’agit-on
pas là comme des complotistes. C’est sans doute choquant, je vous l’accorde,
mais nous voyons Dieu, alors, comme le verrait un conspirationniste.
Eh oui, Dieu
profiterait-il de ce qui nous arrive de bien ?!! Il profiterait alors de
notre faiblesse, pour nous donner sa force ! Souhaite-t-il un peuple de
sacrificateurs le craignant au plus haut point?
Ce qui
signifierait qu’au moment où nous faisons sa volonté, alors nous devenons de
véritables marionnettes prêtes à obéir aveuglément et à être dociles dans ses
mains, comme téléguidés par lui.
Mais,
c’est oublié une chose essentielle : que Dieu n’est pas un profiteur, et au contraire, qu’il n’a que de bonnes intentions.
C’est lui qui s’est laissé profiter et
abuser de nous ; il s’est laissé mépriser et
abandonner des hommes, maltraiter, humilier, opprimer, nous l’avons traité
comme un malfaiteur, il s’est livré lui-même à la mort pour nous (Esaïe 53).
Si son
intention était de nous manipuler (nous mettre dans sa main), pourquoi se
serait-il abaisser plus bas que terre ? Pourquoi aurait-il souffert, lui,
à ce point, par son fils, sa propre incarnation ?
Cette
prière est un non-sens.
Le but divin
est que son esprit se marie au nôtre, pour ne former qu’un, mais en aucun cas
il viendrait violer notre temple intérieur, notre libre arbitre, en nous
obligeant à le suivre.
Non, notre
prière devrait être plutôt : «Père que je ne te considère pas comme un
objet à mon service, en te priant de faire ma volonté, mais la tienne, Seigneur,
Ta volonté !».
Alors, pourquoi
priez Dieu pour la guérison d’un malade, en se disant que c’est déjà fait ?
Et quant au final le malade reste toujours dans le même état ; pour enfin dire :
c’est la volonté de Dieu !
Ah, alors,
c’est la volonté de Dieu qu’il soit guérit et c’est la volonté de Dieu qu’il ne
le soit pas ?!!!
C’est laisser
croire en fin de compte, que Dieu a d’autres intentions, et qu’elles sont
cachées.
L’idée
complotiste naît (ne l’oublions pas) du fait de la croyance en ce que la vérité
est toujours cachée, dans le but de masquer des intentions…mais des
intentions mauvaises.
Dans un
siècle ténébreux comme le nôtre, où le péché abonde, et où les croyants cachent
leur réelles intentions ; le complotiste a encore de longues heures de
gloire devant lui.
Mais,
alors…ceux qui ne croient pas dans les méga-complots soi-disant sataniques
sont-ils délivrés, eux, de leurs péchés ?
Je ne
crois pas que les choses soient si simples.
Il y a des
croyants, par exemple, qui ne croient pas dans les dogmes véhiculés par la
bien-pensante religion, parce qu’ils pensent que la vérité est toujours cachée
et que la théologie nous ment sans cesse.
Sont-ils
délivrés de leurs péchés pour autant ?
Non !
Parce qu’ils sont pleins de jugement sur les autres.
Le
complotisme cache en fait un autre trouble : « suspecter
toujours le mal » ; Il va jusqu’à suspecter même le bien, l’amour,
comme cachant le mal.
En fait, comme
on ne s’est pas totalement délivré du mal en soi, alors on le voit à répétition
chez les autres.
Dans mon
dernier message sur le complotisme, je parlais de convoitise et de jalousie.
Ces deux tentations nous amènent toujours à voir dans la réussite de l’autre,
des causes suspectes, un début de complot.
Voir le
mal ; être jaloux : ces sentiments grandissent et finissent par nous
brûler (dans tous les sens du terme, consumer physiquement et spirituellement).
Dès que
l’on voit l’autre recevoir les honneurs ou la richesse, ou encore la
reconnaissance, on a une fâcheuse tendance à le soupçonner de tricherie, de
dopage, et même : qu’il ait comploté avec d’autres, sa propre réussite,
comme aussi notre propre échec.
Combien de
sportifs disent avoir été dopés à leur insu ; qu’ils auraient été trompé
par d’autres (qui auraient comploté en versant dans leur boisson une substance
illicite, par exemple).
Combien de
politiques pris la main dans le sac à détourner de l’argent et des fonds publics,
renvoient leurs délits sur les autres qui auraient complotés leur mort
financière et politique.
La convoitise, est très accusatrice:
Elle
renvoie d’un côté comme de l’autre la faute sur une tierce personne ou une
organisation.
Et comme
je le disais aussi ce jugement nous renvoie à notre propre jugement.
Alors,
savoir qui est le plus enterré dans le mal ? Qui est l’homme pervers qui
médite le mal en tout temps : est-ce le
comploteur plus que le complotiste ?
Eh bien, dépenser
son énergie pour trouver une réponse, c’est une recherche inutile.
Car les
deux sont égarés et malfaisants. Le complotiste comme le comploteur est dans le
monde, mais aussi de la même façon, dans l’Eglise hier comme aujourd’hui.
Il ne
s’agit pas de le trouver pour l’exterminer, ou pour le fuir, il s’agit plutôt
de voir si ce caractère n’est pas le nôtre.
Le
prophète Jérémie disait dans le livre des Lamentations : que le peuple réfléchisse
à ses voies (à ses choix), ensuite qu’il les examine (analyse) et qu’il
retourne à Dieu, et enfin, pour finir : qu’il élève ensuite son cœur et
ses mains vers le ciel.
Mais
alors, réfléchir à quoi ? Et analysez quelles choses ?
Réponse :
A ce que
dit Proverbes 6 :16 à 19
« ll y a six choses que hait l’Éternel, Et même sept qu'il a en horreur;
Les yeux hautains, la langue menteuse, Les mains qui répandent le sang innocent,
Le cœur qui médite des projets iniques, Les pieds qui se hâtent de courir au mal,
19 Le faux témoin qui dit des mensonges, Et celui qui excite des querelles entre frères ».
Les yeux hautains, la langue menteuse, Les mains qui répandent le sang innocent,
Le cœur qui médite des projets iniques, Les pieds qui se hâtent de courir au mal,
19 Le faux témoin qui dit des mensonges, Et celui qui excite des querelles entre frères ».
Vous
voyez ces versets 16 et 19 :
16,
rassemble un peuple sanctifié et 19, renvoie au lieu où se juge la loi de
Christ.
Alors
ne complotez pas dans le secret, réfléchissez, analysez et ne commettez pas le
mal ! Vos cœurs et vos mains s’élèveront alors vers le ciel, car votre
louange sera alors véritable.
Amen