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Par Éric
Ruiz
LE RITE TIEDE DU PAIN
Et je me suis dit : La nourriture est un don de Dieu. C’est lui qui se charge de nourrir ses enfants. Et ce don est à double sens : un sens pratique : la nourriture pour nos corps et un sens spirituel, la nourriture pour notre esprit et notre âme. « L’homme ne vivra pas de pain seulement mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu. ».
Et
je me suis dit que la nourriture pour nos corps, est devenue tellement répandue
sur cette terre, si facile à trouver dans nos sociétés modernes ou règne même un
véritable gâchis avec cette surproduction, et cette surconsommation des
produits alimentaires.
On y mange
trop, beaucoup trop, et surtout avec une
baisse de la qualité des denrées extrêmement inquiétante.
Alors, cette
prière a virée au fil du temps comme un remerciement, comme une louange devant
une assiette bien remplie : «Père, merci pour cette nourriture »,
C’est donc un rite qui a perdu son sens d’origine où le manger et le boire
pouvait être difficile à obtenir et les famines, des évènements tellement
probables.
Un côté de
la planète remercie notre Père de façon systématique pour la nourriture qu’ils acquièrent
sans difficulté, tandis qu’un autre côté de la planète, des humains prient
« Donne nous notre pain… »,
dans l’espoir d’avoir de quoi manger chaque jour pour soi et ses enfants.
Deux
mondes bien distinct ; Un monde où la prière est devenue sans grand
intérêt, tiède, un peu comme remercier Dieu pour l’air qu’on respire. Un autre
monde où cette prière est brûlante parce qu’elle a vraiment du sens. Alors les
premiers se culpabilisant sans doute de manger à leur faim, ont rajouté
« Père béni ceux qui n’en n’ont pas » en parlant de nourriture.
Et là
aussi je pense que dans les faits, les choses vont de pair spirituellement.
Celui qui est rassasié chaque jour, ou de façon très régulière, de versets, de
messages prophétiques ou qui
médite à partir de sermons, ou d’études bibliques déjà entendus, remercie de
manière rituelle Dieu de lui donner tant de nourriture, et dans les faits de
manger si gras. Mais au fond de lui ne ressent-il pas ce manque que produit une
nourriture qui ne le fortifie pas assez et qui le rend même faible, malade, et
impotent ?
Tandis que
celle ou celui qui ne mange pas à sa faim, spirituellement, va être plus dans
une relation de survie. Il compte sur Dieu pour lui donner des solutions
vitales. Il n’est plus dans la recherche d’un bien-être mais dans l’urgence de
survivre.
Alors où trouver la nourriture qui rassasie vraiment ?
LE PAIN DE VIE : C’EST MANGER CHRIST
Est-ce un
hasard si ce verset 11 évoquant le pain, est placé après le verset 10 ; « que ta volonté soit faite sur la
terre comme au ciel ».
La première volonté de Dieu c’est que nous ayons du pain,
de la nourriture. Jésus a dit « Je suis le pain de vie ». Plus
précisément il a dit : « Je suis le pain vivant qui est descendu
du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que
je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. ».
Jésus de Nazareth s’est placé comme la seule nourriture nous permettant de
vivre éternellement. Manger
Jésus c’est la prière « donne nous notre pain quotidien ». Donne-nous un peu du fils de Dieu à manger chaque
jour. Donne-nous de lui pour que nous devenions comme lui est.
La nourriture sert à la vie et à la croissance. Ce dont un chrétien a besoin
c’est de vivre en Christ et de croitre
en lui. Et cette nourriture n’en déplaise aux scribes, ce n’est pas la Bible, ce ne sont pas des versets bibliques que l’on consulte chaque jour, pensant qu’ils suffiront à nous changer. La nourriture qui descend du ciel, elle, ne produit pas de l’auto satisfaction ou du bien-être, non elle produit un caractère qui se dessine et se voit.
Et cette croissance, cette volonté divine se voit comment
chez le disciple ?
La croissance se voit comme avec le verset suivant le
verset 12 l’évoque: « pardonne-nous nos offenses, comme nous
aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; ». La volonté de Dieu se
voit dans nos actes. Manger Christ se voit dans un disciple qui a pardonné ceux
qui l’on offensé ou qui a remis sa dette à ses débiteurs.
Le verset
13, lui aussi fait appel à nos actes, en priant « Que nous ne succombions
pas à la tentation et au mal. »
Le mal n’a
plus d’emprise sur nous, si Christ est notre nourriture. Manger Christ se voit
au travers de nos relations. Nous sommes remplis alors de conciliance, de paix,
de compassion envers autrui ; la débauche, les mensonges, les querelles,
les colères, les moqueries, les calomnies ne font plus parti de notre pratique.
Nous n’aimons pas exercer le mal et fuyons ce genre de relations.
MAIS, DIEU DONNE-T-IL A TOUS LE PAIN DE
VIE ?
Dieu donne à qui lui demande. Mais pour certains le pain de vie restera
sur leur estomac, ils ne le digèreront pas. Pourquoi ?
Parce que leur digestion les trahiront ; parce qu’il sortira de leur
bouche des paroles accusatrices ou mensongères. Dieu espère d’ailleurs
que son peuple se rendra compte que ce n’est pas du pain de vie mais du pain
qui mène à la mort qu’il régurgite, puisque ce pain sera surtout moralisateur
et plein de lois.
Mais
attention, pas de condamnation. Dieu ne nous blâme pas pour nos erreurs, il
nous blâme lorsque nous persistons dans nos erreurs, alors qu’il nous donne le
pain de vie. Il
blâme un peuple qui a reçu sa grâce et qui malgré elle revient incessamment vers
la loi.
Or, combien
d’entre nous avions remercié le ciel pour la nourriture, pour ce pain de mort
que la religion nous donnait à manger ? Et, n’avions-nous pas toujours eu
autant soif et faim de vérité après l’avoir digéré ?
Dieu
répond à nos prières et nous envoie le pain de vie. Or ce pain est doux à la bouche mais amer dans
les entrailles. C’est-à-dire
que ce pain dans un premier temps, nous réjouis fortement, il nous comble de
bonheur… puis il nous fait mal au ventre parce qu’il attire à nous la
persécution, la division, la haine, la moquerie. C’est une nourriture de
sacrifice. Nous pouvons être amené à nous dépouiller, à nous séparer de nos
habits. Cette nourriture doit nous amener à ne plus en aimer une autre ou à ne
plus être attaché à nos habitudes. C’est le sens même de la cène. Rompre le
pain et boire le sang de Jésus, c’est participer avec lui aux mépris, aux
rejets des autres frères et sœurs à notre égard. Ce pain coûte cher. Il nous
met malgré nous en péril.
Alors, malheureusement comme ce pain fait mal au ventre, et qu’il brise le coeur beaucoup ont des regrets et préfèrent revenir à leur nourriture pleine de levain, où la chaire est magnifiée et idolâtrée. Regardez ce qui s’est passé avec la rébellion des hébreux dans le désert, ils murmuraient au sujet de la manne qui venait du ciel et venaient à préférer leur vie d’esclave.
ALORS, COMMENT RECONNAITRE LE BON PAIN
DU MAUVAIS ?
Une
question d’un chrétien : « Dans mon assemblée on prêche sur la
repentance, on a des messages d’exhortation sur la sanctification sans qui, nul
ne verra le Seigneur, on ne prêche pas sur l’argent, et on réfute
systématiquement les dogmes venant des religions ; Comment alors savoir si
c’est une mauvaise nourriture ? Est-ce le pain de vie que l’on y
mange ? »
La bonne ou mauvaise nourriture ne
s’examine pas avec ce qu’elle montre en apparence, mais à ce qu’elle produit,
ce qu’elle manifeste…d’abord en soi, puis à l’extérieur de soi. On peut prêcher vrai et vivre faux.
C’est le pain de Balaam. Le prophète Balaam n’est pas venu au-devant des
enfants d’Israël avec du pain et de l’eau mais avec une doctrine. Il se moquait
de savoir si ce peuple avait des besoins alimentaires. Il avait d’autres
projets qu’il considérait plus importants : Faire trébucher le peuple de Moïse
par sa doctrine ; Faire trébucher : c’est amener à ce que les
croyants ne produisent pas de fruit de l’esprit. C’est semer la discorde, la
zizanie pour que les regards et les cœurs se tournent vers un seul homme, une
seule personne lumineuse qui amène la loi juste. Et c’est les pousser donc à
l’idolâtrie.
« Ce n'est pas ce qui entre dans la
bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de la bouche, c'est ce qui souille
l'homme. » dit Jésus de Nazareth.
Le pain
change donc de propriété avec ce qu’on a dans le cœur. Le pain de vie devient mort, et rempli de
levain avec un cœur mauvais, mais il devient vivant et éternel avec un cœur
contrit et repentant.
Pourquoi j’affirme
que le pain mauvais est-il si souvent partagé entre chrétiens ?
Regardez aujourd’hui,
avec les réseaux sociaux, l’idolâtrie se véhicule à une vitesse comme jamais
auparavant. Certaines assemblées chrétiennes, toujours assoiffées par le nombre,
sont passées maître dans la diffusion multimédia de leur culte et leurs
prédicateurs sont adulés comme des Christ vivants. Ces prédicateurs multiplient
les clips vidéo où, ils apparaissent pour donner une réplique de quelques
secondes ou pour présenter un court extrait de leur message. Ils fonctionnent
comme les clips publicitaires. Ils arrivent sans crier gare sur l’écran de
votre smartphone. Ces prédicateurs savent qu’à force de les entendre et de les
voir, ils vont susciter le besoin de les voir à nouveaux, de les entendre plus
longtemps et de prendre en considération ce qu’ils disent. Leur but : Faire
des dons aux pauvres ? Pas du tout.
Le salut des âmes ? Encore moins. Leur but c’est quoi ? N’est-il pas de nous attacher à
eux pour faire de nous, leurs nouveaux disciples ?
Apocalypse
2 :14 nous dit : « J’ai quelque chose
contre toi, c’est que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam
qui enseignait à Balak à mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël,
afin qu’ils mangeassent des viandes
sacrifiées aux idoles ».
Toutes
ces nouvelles techniques publicitaires et technologiques sont de la nourriture
qui a pour but de faire des idoles. On ne se sacrifie plus pour Christ et pour ceux
qui ont des besoins immédiats, mais on se sacrifie pour l’idole, pour la
personne idolâtrée. Cette doctrine de Balaam est la plus répandue à notre
époque. C’est la nourriture la plus consommée par les croyants sur la planète.
Ils donnent leur temps leur argents, leur prières pour faire la publicité de
celui ou de celle qu’ils ont élu dans leur cœur : leur nouveau Christ. En
se sacrifiant pour ce nouveau christ,
ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles.
LE PAIN MIRACULEUX
Maintenant
si nous nous sacrifions pour Christ, nous manifestons un amour transparent
comme le verre pour notre prochain… cet amour est visible, translucide;
Et
ce pain que Dieu nous donne est en tout point miraculeux. Miraculeux parce que
d’un côté Christ donne la nourriture aux affamés ; et Miraculeux parce que
spirituellement Christ fait croître sa nouvelle création. Le pain miraculeux, c’est une parole que nous recevons et qui nous
change
pour que nous soyons inspirés à manifester l’amour de Christ et sa justice.
Derrière ces mots « pain miraculeux » qui paraissent c’est vrai
peut-être un peu facile et neuneu, comme issus d’un monde merveilleux
bisounours ; Ce n’est pas une fée sortant d’un conte pour enfants qui
vient nous changer en bienfaiteur. C’est le sang de Christ qui nous change. Un
sang qui coule encore, pour que nos péchés soient purifiés. Mais il y a aussi un
pain miraculeux par le fait que le corps de Christ est brisé comme le pain. Et
ce pain brisé n’est pas rien, il n’est pas facile à vivre parce que la souffrance
n’a pas été supprimée. En fait, cette souffrance sera sublimée en Christ. Le
pain rassis devient goutu et savoureux pour ses fils. Tout ce que nous vivons
est alors enveloppé par la joie et la paix de Dieu. Dieu transforme la
brutalité en douceur pour ses biens aimés : il transforme la chaleur, en une
pluie rafraichissante.
Même
pendant la famine, le pain, la nourriture céleste continue de tomber du ciel.
Luc
17 :37 nous donne la vision juste de ce corps brisé et mort pour
nous : « Et eux (les disciples) répondant lui dirent : où [sera-ce] Seigneur? et il leur
dit : en quelque lieu que sera le corps [mort], là aussi s'assembleront les
aigles. » (Version Martin)
Il n’y a pas un lieu défini, où souffrir pour Christ
rassemble ses élus. Mais le rassemblement en Christ se fait bien partout où le
corps mort, le pain de vie brisé, sera mangé et manifesté.
Alors pour
terminer je résumerai en disant que ce n’est pas ce que nous mangeons comme
pain qui est important, c’est comment nous le digérons. Si nous avons des
réactions négatives, que nous accusons les autres de nos maux ou de notre sort
par exemple, c’est que le pain que nous avons mangé est devenu mauvais en nous,
à cause de notre cœur. Si Christ est notre pain, c’est que nous pensons et
agissons comme lui.
Prions pour que chaque jour nous
fassions sa volonté en ne cessant de manger Christ, le seul et unique pain de
vie.
Amen