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Par Eric Ruiz
Par nature, tout être humain aspire à vivre en
harmonie les uns avec les autres.
Ce n’est donc pas étonnant si l’axe prioritaire des assemblées chrétiennes est la communion fraternelle.
Nous devons comme le souligne fortement Actes 2 :42 « persévérer dans la communion fraternelle » ; bien entendu à la manière des premiers disciples.
En fait, ce n’est pas un devoir ou une
nécessité, c’est d’abord et en premier un besoin, un appel du cœur.
Dès que l’on reçoit le baptême de repentance, le premier élan est très souvent orienté vers les autres et en particulier vers celles et ceux qui ont reçu le même baptême (Attention, je ne parle pas du rite du baptême mais de l’esprit que l’on reçoit par le baptême).
D’ailleurs on le remarque souvent, mais le premier besoin, les premières prières se dirigent dans ce sens : On prie Dieu de nous faire rencontrer des frères et sœurs dans la foi.
Mais n’oublions pas la chose principale dans
la communion fraternelle, c’est qu’elle ne vient pas d’une impulsion venant
d’en bas mais par un chemin guidé d’en haut.
Quand Jésus dit à Pierre et à son frère André : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. », les pêcheurs d’hommes sont rassemblés aujourd’hui par l’Esprit saint qui parle dans les cœurs et prononce les mêmes mots « va et suit-moi ».
Donc, croire que Dieu va répondre à nos prières qui demanderaient de rencontrer que de vrais croyants, fidèles, incorruptibles et intègres, c’est une chimère.
Nous devons plutôt prier dans le sens de rencontrer des croyants… selon la volonté de Dieu.
C’est à Dieu le père de nous établir là où il le souhaite et avec qui il veut.
Alors, c’est vrai, Dieu nous envoie comme une brebis au milieu des loups (de loups, en plus, déguisés en brebis) « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. Mettez-vous en garde contre les hommes; car…ils vous battront de verges dans leurs synagogue» (on peut extrapoler : ils serons violents « dans leurs Églises aussi, car synagogue a le sens général d’assemblées).
Dans les faits, Dieu nous exhorte à ne pas placer trop haut
cette communion fraternelle et à la chérir au point de l’idolâtrer, car
elle va un jour où l’autre nous surprendre, elle va nous décevoir, nous
décourager, nous faire tomber de haut.
La trahison, la tromperie, la calomnie, la corruption y entrera comme elle s’est invitée dans la communion des disciples de Jésus-Christ en son temps.
Alors, je sais, il y en a qui lutte rituellement contre le
diable pour avoir une assemblée pure.
Combien pensent que bénir la coupe, bénir le pain rompu,
cela éloigne les démons de l’assemblée?
Prier que la communion soit bénie en croyant au pouvoir
purificateur des rites… c’est là encore une superstition de plus. Rien à voir
avec un acte de foi.
Bénir le pain et le vin revient à se rappeler qui s’invite dans la communion des saints et quelle doit-être notre attitude.
Par conséquent, le fait que le mal s’invite dans la communion n’a rien à voir avec un échec, ce n’est pas un manque de foi généralisé.
Pour vous donner un exemple parlant : Ce n’est pas parce qu’un chat noir est entré chez vous profitant d’une porte ouverte et qu’il a éventré quelques poubelles que toute votre maison est une poubelle, qu’elle est maudite et qu’elle est bonne à être brûlée. Il suffit juste de refermer la porte et de nettoyer l’intérieur.
Eh oui, cela ne veut pas dire pour autant qu’à cause d’intrus,
Dieu nous livre au diable et au malheur… puisque heureusement, nous pouvons
partager de longs moments très rafraîchissants et très édifiants au milieu de
frères et sœurs.
Mais Dieu sait que le monde, les étrangers (ceux qui se soumettent au mal) entreront dans « le temple » pour y faire de faux sacrifices.
Nous
devons le savoir : c’est comme une fatalité ; Et
le travail du croyant dans l’assemblée est de VEILLER LES UNS SUR LES AUTRES.
Oui,
c’est cela le sens de la cène, du repas pascal ;
Et oui, c’est aussi cela le rôle du pasteur. Et ce rôle n’est pas donné à une seule personne. Nous sommes appelés à le connaitre un jour où l’autre. Ce n’est pas un ministère unique donné à des privilégiés (et là, je vous renvoie à mon message du 2 mai 2021 sur « le pasteur :une imposture »).
VEILLER, c’est bien-sûr avoir le regard posé sur le besoin de l’autre : Le besoin matériel, affectif mais aussi et surtout le besoin spirituel.
Parce que c’est aussi inévitable : le Saint-Esprit au
moment décidé par lui-même mettra la lumière sur les fautes cachées.
Il fera ce qu’il faisait autrefois avec l’urim et le thummim, avec ces pierres qui s’illuminaient sur le pectoral du sacrificateur dévoilant la vérité sur les uns et les autres.
En fait, le sens profond de la dernière cène, du brisement
du pain et du vin : c’est de se rappeler par la prière que le Seigneur
cherche à dévoiler :
-le levain au milieu de l’assemblée, la pâte, la chair qui
se lève ;
-de montrer la coupe impure, le vin qui pique, le faux sacrifice ;
-La main dans le plat, l’intention mauvaise.
Le
salut, la réconciliation avec Dieu commence toujours par dévoiler le mal,
puis par le chasser.
Passons maintenant à la fraternité.
La fraternité chez les croyants est c’est vrai, une espèce de COTERIE au départ.
La coterie, c’est quoi ?
La coterie était historiquement « une communauté de paysans chargée de la mise en valeur des terres d’un seigneur ». C’est aussi plus généralement des personnes qui entretiennent de très étroites relations fondées sur des intérêts communs.
Alors oui, une coterie se remarque au sein de
l’assemblée religieuse. Le seigneur (le faux apôtre) y est identifié par son
rang plus élevé que les autres ; et les adeptes eux aussi se comportent
comme des paysans faisant fructifier les biens de leur seigneur.
Mais cette coterie-là est une perversion de ce
qui se passe au ciel.
Si on suit cette logique, la coterie au ciel existe bien, elle possède la même intention noble : celle de mettre en valeur l’héritage, celui de notre Seigneur Jésus-Christ en ayant tous les mêmes intérêts : le servir lui et lui seul (et non être au service d’un seigneur terrien quelconque).
Par conséquent, quand on y regarde bien, ce n’est pas anecdotique que l’auteur des épîtres de la Bible passe son temps à montrer la différence entre la coterie d’ici-bas (une forme de secte) avec la coterie du ciel.
Mais revenons-en au mal, à ce serpent qui mord le talon d’Ève (Ève symbolisant l’Église). Le mal, le venin s’immisce de manière très subtile dans la communion des saints.
Il ne faut pas grand-chose pour qu’un simple
malentendu entre deux personnes se transforme en séparation, puis en haine.
L’incrédulité commence ainsi. Elle commence par rejeter un frère ou une sœur.
Je connais un frère (je vais l’appeler Kévin)
qui avait un problème avec un autre frère (Gabriel). On ne savait pas pourquoi,
mais tous les deux s’évitaient et se faisaient la tête.
Gabriel très embêté de cette situation parce
qu’il ne comprenait pas ses torts a décidé de prier pour lui et pour Kévin ;
plus encore il a décidé de pardonner les fautes de Kévin sans qu’il le sache.
Il a prié ainsi : « Père, je te prie
de pardonner mes fautes et les fautes de mon frère Kévin, au nom de
Jésus-Christ, amen »
Le résultat fut impressionnant. Le lendemain, Kévin s’est mis à reparler à Gabriel. Il a même reconnu qu’il n’avait aucune raison valable de lui en vouloir ; Kévin a reconnu qu’il était le seul coupable de la situation parce qu’il lui avait prêté de mauvaises intentions.
Le plus important ici, n’est pas de savoir qui
a mieux agi que l’autre.
La gloire : c’est le pardon, c’est lui qui a été à la base de la réconciliation. Et le pardon s’est fait dans la prière, avec le Saint-Esprit au centre.
Le pardon qui amène à la réconciliation : c’est le ciment principal de la communion fraternelle, la barrière contre satan.
Paul, l’apôtre, en donne la raison
glorieuse (2 Corinthiens 2 :10) : « 10Or, à qui vous pardonnez, je pardonne aussi; et ce que j'ai
pardonné, si j'ai pardonné quelque chose, c'est à cause de vous, en présence de
Christ, 11afin de ne pas laisser à Satan l'avantage sur nous, car
nous n'ignorons pas ses desseins.».
Paul explique plus haut aux Corinthiens, que
la séparation avec un frère est mauvaise puisqu’elle attriste son esprit. Ce
frère va alors ouvrir une brèche à un autre esprit : l’esprit satanique.
Paul affirme clairement que plutôt que de
choisir un camp pour donner raison aux uns ou aux autres, il vaut mieux faire
acte d’amour divin.
Il les exhorte alors ainsi :
… « 7vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de
peur qu'il ne soit accablé par une tristesse
excessive ».
Résumons : Le venin qui s’introduit entre deux personnes crée d’abord de l’incompréhension, puis une séparation qui attriste l’esprit, et nous devons rétablir la réconciliation par le pardon, car elle ravive la joie perdue du disciple. Cette joie qu’il détenait de l’esprit divin.
Cette manière de faire n’est pas facultative, Paul l’écrit avec force en précisant : qu’il écrit dans le but de les mettre à l'épreuve, pour savoir s’ils sont obéissants à Dieu, en toutes choses (2 Corinthiens 2 :9).
Donc, plus qu’un simple rite, une communion
saine se doit d’exercer le lavage des pieds.
Eh oui, pardonner les fautes des uns et des autres, c’est laver les
pieds de ses amis.
« Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres » (Jean 13 :14).
La mission d’un croyant c’est la
réconciliation. Et cette réconciliation s’exerce de manière rituelle au
sein de la communion.
Ce rituel réconcilie le croyant avec en premier le Saint-Esprit qui a été attristé par le malentendu, puis en deuxième, avec les personnes concernées.
Doit-on alors laver les pieds comme Jésus le faisait dans la réalité ?
Oui, si la réconciliation est déjà
un rite fraternel ; oui, si la réconciliation s’exerce continuellement…
Sinon cela ne sert à rien ; ou plutôt cela deviendrait une abomination que
de pratiquer un rite qui a perdu tout sens pratique.
Le rite vient toujours pour confirmer la pratique et non l’inverse. Chasser l’incrédulité au sein du groupe se fait ainsi et pas autrement.
Et cette fonction s’exerce par tous.
Et je vais même plus loin, c’est une fonction principale du pasteur.
Pardonner à son frère ou à ses frères, c’est exercer le rôle de pasteur. C’est ainsi que nous sommes tous amenés à être pasteur un jour ou l’autre dans l’Église de Christ.
Mais tous ne le souhaite pas…
Attention, le fait de pardonner va créer un prodige : Il ouvre les yeux des disciples, il chasse leur incrédulité… mais pour un moment.
Pour un moment car : deux
attitudes vont apparaitre à la suite du pardon.
-1ère attitude :
Celui ou celle qui est pardonné ressent un repentir. Il cherche alors à se
réconcilier en voyant ses fautes.
-2ème attitude : Celui ou celle qui est pardonné ressent encore plus d’injustice. Il pense que c’est l’autre le fautif. C’est à lui seul de s’humilier. Il se referme alors sur lui-même et rumine sa rancœur.
-Dans le premier cas, le croyant a le cœur
brisé, son humilité est intact, voir son péché lui fait prendre conscience de
sa faute ; il est utile dans le corps de Christ.
-Dans le deuxième cas, le croyant possède un
cœur hautain, il se croit plus saint que l’autre. Voir son péché l’énerve et il
veut s’en séparer, mais en le rejetant sur l’autre. Il va donc être nuisible au
corps de Christ et va continuer à le diviser.
Que faire pour ce deuxième cas ?
Après avoir exercé le lavage des pieds (comme
on vient de l’expliquer), qui est le pardon manifesté, Jésus nous dit la chose
suivante ; (Matthieu 18 :
15-18) :
« Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. 16Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. 17S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise; et s'il refuse aussi d'écouter l'Eglise, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. 18Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel ».
D’abord, Jésus nous montre ici la fonction du
pasteur. Il reprend son frère qui a péché, puis décide de la suite ; il
cherche des témoins, puis avertit l’Église, puis enfin le laisse à ses démons.
Attention, c’est lui qui le laisse ainsi, pas
les autres. « qu'il soit pour toi
comme un païen et un publicain »
Car c’est lui le pasteur qui cherche à délier son frère qui se bat toujours dans le péché. Et même quand il vient à le considérer comme un païen et un publicain, il continue ainsi à exercer la délivrance sur son frère endurci.
Ce frère endurci qui refuse de délier celui qu’il juge et préfère lier ses propres démons… Eh bien ce frère endurci a reçu son jugement. Il sera à la longue dirigé par des démons méchants, qui le maintiendront dans l’incrédulité ; voilà le sens du verset 18.
Alors, l’amour s’exerce ainsi dans
l’assemblée.
La verge de fer existe pour celles et ceux qui
s’entêtent à ne pas vouloir pardonner.
Comme ils rejettent le fait d’être pasteur pour l’autre, c’est eux qui se coupent de la communion. C’est eux qui boivent une coupe impure, qui brisent un pain rempli de levain. Ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes et non au diable et aux autres.
C’est pourquoi la communion fraternelle est le
baromètre de l’humilité. Et persévérer dans une bonne communion demande de la
simplicité et de la prudence, mais aussi de se sentir responsable des autres.
Mener une vie irréprochable est une nécessité pour les autres, pour pouvoir les aider et couvrir leurs fautes. Pourquoi ?
Car nous sommes tous amenés (frères comme sœurs) à être pasteur ne
l’oublions pas ; Attention, pas en même
temps, bien-sûr, mais un jour ou l’autre, selon ce que l’Esprit nous aura
inspiré à faire et à vivre.
Parce qu’il y a une harmonie dans le corps de
Christ. Sinon ce serait le désordre : tous voudrait être le pasteur de
l’autre.
Non, l’harmonie vient de l’esprit Saint qui insuffle les choix
pour que nous vivions en paix les uns avec les autres.
Cela revient à ce que Paul dit dans
1 Corinthiens 12 :4 « 4Il y a
diversité de dons, mais le même Esprit; 5diversité de ministères, mais le même Seigneur; 6diversité d'opérations, mais le même Dieu qui opère tout en
tous. 7Or, à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour
l'utilité commune… 11Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les
distribuant à chacun en particulier comme il veut. »…et quand il le veut.
Amen
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