dimanche 25 février 2024

TRAVAILLER À SON SALUT (avec crainte et tremblement)

526


Par Eric Ruiz

Philippiens 2 :12 : « travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, ».

Je sais que pour certains croyants, travailler à son salut avec crainte et tremblement se concrétise par le fait de se contraindre à faire des efforts continus. Sans se plaindre pour autant, ils font un travail fatiguant qu’ils ne trouvent pas toujours aisé pour Dieu.

Pourquoi ?

Parce qu’ils voient leur salut comme un salaire. Et un salaire vient toujours à la suite d’un travail.

-Alors les voilà redoublant d’œuvres d’évangélisation ; les voilà semant leur témoignage partout où ils vont ;

-les voilà se mettant en quatre pour le service à l’Église. Ils se forcent à être aimables et généreux avec tous. Ils endurent des injustices en s’efforçant à ne pas répliquer. Parce qu’ils estiment leurs souffrances du moment, comme la condition nécessaire pour mériter ce salaire.

Le problème n’est-il pas dans le fait de voir son salut comme le fruit d’un labeur épuisant, pesant, parce que le fardeau est lourd à porter ? Faut-il nécessairement que la piété rime avec sueur, lassitude ou contrecœur ?

L’exemple de ces croyants (dont je faisais partie aussi) me rappelle les ouvriers de la onzième heure. Cette parabole de Jésus que l’on trouve dans Matthieu au chapitre 20, où tous les ouvriers sont payés un denier, qu’ils aient travaillé  toute la journée ou une seule heure dans sa vigne. Ceux qui avaient travaillé plus longtemps trouvèrent injustes d’être payé comme les autres. Eh bien ces ouvriers qui crient à l’injustice sont comme ces croyants qui pensent que tout ce qu’ils font pour Dieu aura du poids pour leur salut ; qu’ils seront mieux considérés que les autres parce qu’ils font moins qu’eux.

Ils ont beau crié que le salut s’acquiert par la foi et non par les œuvres, n’empêche qu’ils redoublent d’œuvres en tout genre pensant qu’elles ont néanmoins un rôle pour leur éternité.

Rappelons-nous les 12 fils de Jacob et plus précisément son neuvième fils : Issacar  qui signifie : « accorder un salaire, donner une récompense ».

Léa, première épouse de Jacob reçoit ce fils Issacar comme un salaire.  Léa avait arrêtée d’accoucher. Sa servante Zilpa avait pris le relais. Mais sa sœur Rachel toujours stérile, convoitait les mandragores qu’elle avait (au passage les mandragores sont des plantes médicinales qui avaient la réputation de favoriser la fertilité) ;

Alors, Léa offrit généreusement ses mandragores à Rachel, qui lui donna en retour, l’autorisation de faire un  autre enfant avec son mari Jacob. Issacar fut donc reçu comme une récompense, comme le fils mérité à cause de la générosité de Léa envers sa sœur stérile.

Il faut bien comprendre cette anecdote biblique pour saisir la suite qui va dans le même sens d’une récompense accordée par mérite.

Maintenant, le salaire est souvent associé à l’ouvrier dans la Bible.

L’ouvrier attend son salaire nous dit Job 7 :2. Le  croyant est comme l’ouvrier lui-aussi il attend son salaire. Et son salaire c’est le salut. Mais n’oublions pas que la Bible nous met en garde contre les ouvriers d’iniquité qui reçoivent eux aussi un salaire. Donc, ne nous trompons pas de travail.

Et comment ne pas se tromper ?

Alors revenons à Issacar. La prophétie de Jacob dans Genèse 49 : 14-15 dit : « Issacar est un âne robuste, Qui se couche dans les étables. 15 Il voit que le lieu où il repose est agréable, et que la contrée est magnifique; Et il courbe son épaule sous le fardeau, il s'assujettit à un tribut. ».

Pourquoi Jacob compare son fils Issacar à un âne robuste, d’abord ?

L’âne, c’est vrai, représente l’humilité chez l’homme. Jésus entra dans Jérusalem, assis sur le dos d’un âne.

Mais l’âne robuste, a une fonction supplémentaire : il porte des charges lourdes, des fardeaux ; et ils se déplacent avec eux. C’est une bête ouvrière qui travaille pour son maitre. Et si l’âne couche dans les étables : C’est qu’il est bien traité, qu’il est bien considéré par ses maitres. 

Quel est le croyant aujourd’hui qui n’est pas considéré, respecté et même loué pour le temps et l’énergie qu’il passe à faire des œuvres pour l’Église, donc pour Dieu ? Son travail généreux lui donne la position d’humilité. Ses actes sont alors pointés en exemple.

Ce croyant se sent d’autant plus dans la vérité qu’il voit partout autour de lui la bénédiction.

Verset15 : « Il voit que le lieu où il repose est agréable, Et que la contrée est magnifique ».

C’est une réalité qu’il met sous le compte du salaire lié à ses œuvres de piété. Il est satisfait de là où il demeure et la quantité de ses récoltes sont pour lui, le fruit d’un salaire mérité par son travail.

 

Maintenant, la prophétie de Jacob nous dévoile de quel type est ce travail : Et il courbe son épaule sous le fardeau, Il s'assujettit à un tribut ».

Courber son épaule nous renvoie à la pénibilité du travail. Cette pénibilité qui donne au travail toute sa valeur.

Et le verbe s’assujettir nous renvoie au fait que l’ouvrier ici aime se donner des œuvres pénibles à faire. Il aime se rendre esclave de certaines pratiques.

D’autant qu’un tribut se traduit aussi de l’hébreu par une corvée.

Le croyant se donne volontairement des corvées à faire, ou les accepte volontiers (donc il s’engage pour des actions qu’ils n’aiment pas faire, mais qu’il fait par obligation).

Il se soumet à des obligations qui deviennent des habitudes, des rites.

Un tribut : c’est aussi un impôt.  Croire que sa liberté en Christ s’achète à prix d’argent en s’acquittant de dimes et d’offrandes, n’est-ce pas aussi se rendre esclave de certaines pratiques ?

Où est la liberté de donner s’il y a un impôt obligatoire pour l’Église ?

La question est alors : Devons-nous faire des œuvres pénibles, que nous n’aimons pas, pour nous rendre agréables à Dieu ?

(Comme s’efforcer de pardonner, se forcer à aider certaines personnes, faire des efforts pour des choses que l’on n’aime pas au fond de soi, ou participer à des offrandes forcées ?)

Je trouve que l’âne est bien trouvé. Cet animal à la réputation d’être obstiné, têtu.  Ce caractère montre bien en parallèle celui du croyant qui met sa confiance dans ses propres œuvres. Il le fait de manière obstinée. Malgré les remarques ou les conseils pour qu’il arrête ou du moins qu’il réduise son activité, ce croyant continue de s’obstiner dans cette forme de piété rude et austère (qu’on appelle ascétique : une vie ascétique). Il voit une vertu exemplaire dans les efforts qu’il fait pour Dieu. Il pense qu’en se forçant à bien faire, et à faire beaucoup, il crucifie ainsi sa chair qui lui hurle de faire le contraire.

Mais où voit-on que les commandements de Dieu sont pénibles ?

C’est 1 Jean 5 :3 qui nous répond : « Car l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles ».

Alors maintenant, dans le livre de la Genèse toujours au chapitre 49, il y a une prophétie attribuée au cinquième fils de Léa… à Juda.

Pour Juda, l’âne est pris aussi comme référence. Mais contrairement à Issacar, Juda ne se soumet pas à une corvée ou à un impôt.

Lisons au verset 11 : « Il attache à la vigne son âne, et au meilleur cep le petit de son ânesse; ».

Juda n’est pas un âne robuste, parce qu’il n’œuvre pas dans la douleur. Juda est un jeune lion (verset 9).

«  Il se couche comme un lion, comme une lionne: qui le fera lever? », nous dit le texte de la Genèse. Juda est libre d’agir. Il n’a pas d’œuvres obligatoires à faire. Il se lève et se couche quand il en a envie.

Ce n’est pas lui qui est de corvée ; mais son âne. Cet animal domestique représente celui qui travaille pour lui, c’est son ouvrier ; et son ouvrier n’est pas considéré comme un esclave. Il est même honoré. Il mange lui et sa famille les meilleurs fruits de la vigne.

En fait, vous l’aurez sans doute compris, l’âne robuste n’est pas une figure de Christ. Christ est humble comme l’âne, oui, mais il pratique les œuvres de son Père céleste. Les œuvres à pratiquer c’est : avoir le caractère de Dieu, le caractère de l’agneau immolé, et non celui d’un âne buté. « Le salut est à notre Dieu… et à l’agneau » (Apocalypse 7 :10).

Le caractère de l’agneau immolé nait par le Saint-Esprit. Ses œuvres consistent alors à nous garder du mal pour que l’esprit divin grandisse en nous et qu’il fasse grandir l’agneau.

Par conséquent, pour notre Père céleste, c’est lui qui porte nos fardeaux. C’est lui qui prend le rôle de l’âne pour ses fils. C’est lui qui fait les œuvres pénibles.

« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. 29Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. 30Car mon joug est doux, et mon fardeau léger (Matthieu 11 :29-30) ».

Un vrai disciple est doux et humble de cœur comme un agneau et il agit dans le repos. A l’inverse, si nous faisons des œuvres pour être humble ou pour montrer notre humilité, nous serons comme un âne : fatigués et chargés, parce nous portons à ce moment-là des charges que Dieu ne souhaite pas que nous portions.

Issacar portait des charges inutiles. Issacar se fatiguait beaucoup. Dieu lui en a-t-il voulu ?

L’a-t-il blâmé et maudit à jamais ?

Ceux qui ressemblent à Issacar ont tous la possibilité de revenir à Dieu, comme ce fut le cas au temps du roi Ézéchias.

Lisons ce passage dans 2 Chronique 30 à partir du verset 18 :

« Une grande partie du peuple, beaucoup de ceux d'Ephraïm, de Manassé, d'Issacar et de Zabulon, ne s'étaient pas purifiés, et ils mangèrent la Pâque sans se conformer à ce qui est écrit. Mais Ézéchias pria pour eux, en disant: Veuille l'Eternel, qui est bon, pardonner 19tous ceux qui ont appliqué leur cœur à chercher Dieu, l'Eternel, le Dieu de leurs pères, quoiqu'ils n'aient pas pratiqué la sainte purification! 20L'Eternel exauça Ezéchias, et il pardonna au peuple ».

Donc, avec un cœur qui cherche Dieu, la repentance est possible pour tous ceux qui comme Issacar se fatiguent dans des œuvres inutiles, qui ne sont pas inscrites dans la loi de Christ.

Et si nous voyons des proches porter des charges lourdes, en se fatigant. Notre rôle n’est-il pas de les aider à les porter, pour les soulager (Même si nous savons qu’ils se fatiguent inutilement) ?

Ne les jugeons pas, ne les prenons pas de haut ; Galates 6 :2 : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ. »

La loi que l’on trouve dans le livre d’Exode 23 :5 devrait naturellement se trouver dans le cœur de chaque croyant ; car même si ton ennemi souffre et que tu peux le soulager, tu l’aideras : « Si tu vois l'âne de ton ennemi succombant sous sa charge, et que tu hésites à le décharger, tu l'aideras à le décharger. ».

Alors, n’ayons pas honte d’avoir été un âne robuste pour soi parce qu’on se sentait ainsi mieux aimé et mieux considéré des autres. N’ayons pas honte non plus en ayant été un âne robuste pour les autres. Je dis pour les autres aussi, car ne soyons pas dupes, beaucoup de serviteurs de Dieu paresseux et méchants aiment s’entourer d’ânes pour les contraindre à porter des fardeaux lourds et pénibles qu’eux ne porteraient jamais. C’est Jésus de Nazareth qui le dit : Luc 11 :46

«  Malheur à vous aussi, docteurs de la loi! Parce que vous chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, et que vous ne touchez pas vous-mêmes de l'un de vos doigts. ».

-Travailler à son salut nécessite de porter aucun lourd fardeau, de n’être sous le joug d’aucune obligation aussi pieuse soit-elle.

-Travailler à son salut nécessite de garder la parole que nous avons reçue. Car garder la parole de Dieu c’est faire sa volonté. Une volonté qui n’a rien de pénible puisqu’elle est guidée par l’amour, l’amour de l’autre, par son besoin ; et non pas par une obligation légaliste.

-Travailler à son salut avec crainte et tremblement nécessite donc  (comme le verset suivant le dit) de décider que c'est « Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir ».

Amen

 

 

 

dimanche 18 février 2024

La CONSIDERATION DE DIEU & DE SES DISCIPLES

525


Par Eric Ruiz

1 Thessaloniciens 5 : 12 : « Nous vous prions, frères, d'avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent ».


L’apôtre Paul nous encourage vivement, à travers cette lettre, à avoir de la déférence vis-à-vis de ceux qui travaillent à notre édification. La déférence étant un respect plus prononcé. S’agit-il pour autant de les vouvoyez ou de les considérer comme des pères ?

Je ne le pense pas. Ce serait  exagérer d’en faire des êtres supérieurs. Créer des fossés entre disciples n’est pas bons.

Alors, pouvons-nous leur parler d’égal à égal ? Quels avantages avons-nous à tirer de cette situation ?

N’est-ce pas favoriser encore-là l’hypocrisie ?

La réalité est que nous devons chacun avoir de la considération pour l’autre et ne pas avoir seulement du respect par devoir, sous prétexte que c’est moral ou que c’est écrit dans la Bible, ou parce que sa religion l’exige. Nous ne devons pas (encore moins) avoir de la considération pour l’autre par intérêt, pour récupérer sa sympathie et quelques autres avantages. 

L’estime, le respect s’intéresser à l’autre est une première étape, mais qui n’est pas suffisante. Avoir de la considération, c’est voir l’autre comme étant une personne importante et peut-être même plus importante que soi-même.

Dieu nous demande de considérer notre prochain de la même façon qu’il nous considère, lui.

-Comment nous considère-t-il ?

-Nous considère-t-il comme égal à égal ?

Non, bien-sûr, mais il fait tout pour que cela change. Même si nous nous sommes éloignés de lui, il nous considère comme des êtres capables d’évoluer.

Pour ses enfants rebelles et méchants, il leur fait vivre des malheurs pour briser leur cœur de pierre, il veut qu’au final ils puissent se repentir vraiment ; pour nous ses enfants repentis, il veut nous élever au rang de fils. Pour ses serviteurs, il souhaite leur parler comme à des amis.

Et si nous sommes ses amis, alors il nous parlera dans l’intimité comme à sa future épouse.

-Mais pourquoi Dieu a-t-il parfois un ton dur et paternaliste ?

Si vous remarquez bien, Dieu emploie ce ton avec ceux qui ne comprennent que ce ton.

Revenons aux cœurs. Un cœur endurci, use et abuse d’une relation de domination. Il se rebelle contre toute soumission et ne courbe le dos que lorsque le rapport de force n’est plus en sa faveur. Il est comme un animal qui se soumet au plus fort. Il respecte ce qui est plus fort que lui.

Alors un cœur dur aime et recherche même cette relation dans ses rapports aux autres.

Un rapport d’autorité le rassurera.

« Tu dois agir en faisant le bien, en t’éloignant du mal, tu ne dois pas te comporter de la sorte, etc. ».

Ces reproches sont justement faits pour que celui qui ne dépend plus de Dieu puisse s’en rendre compte et qu’il réagisse avant que les douleurs ne l’atteignent.

Les commandements de Dieu donnés à Moïse sont de cet ordre. Ils sont sur un ton paternaliste très fort.

Pourquoi ?

Parce qu’il a à faire à des cœurs endurcis.

Seul Moïse a eu droit de s’approcher de Dieu. C’est lui qui a transmis les paroles au peuple.

Dieu ne parle pas de la même manière avec tous. Sa communication varie en fonction de l’état de notre cœur. Il a inspiré en fait à Moïse de l’imiter.

Aaron, Nadab, et Abihu et 70 des anciens d’Israël, se sont prosternés de loin. (Exode 24 :1), tandis que seul Moïse  était très proche de Dieu. Exode 24 :2 : « Moïse s'approchera seul de l'Eternel; les autres ne s'approcheront pas, et le peuple ne montera point avec lui ».

Le changement de proximité avec Dieu nous permet de changer l’état de notre relation avec lui.

Ce n’est pas que Dieu préfère plus les uns aux autres ; c’est (et je pense que vous l’aurez compris) que Dieu établit une relation selon notre état d’âme. Dieu a un type de relation avec un impie ou un enfant rebelle, qui n’est pas le même type de rapport qu’il a avec un enfant repenti ; De même, il n’a pas le même lien avec un fils adopté, ou encore avec ceux qu’il nomme son épouse).

Eh bien, ce degré-là, c’est le degré d’intimité, qui nous montre comment agir avec notre entourage.

Mais avant tout, nous devons considérer chacun avec le même respect.

Considérer : nous permet une première chose : de ne pas tomber dans un mauvais paternalisme (je le rappelle, qui est une relation de Père à enfant).

Le paternalisme fait naître automatiquement une position supérieure : une position de protecteur. Le ton est alors directif : « Je sais comment te protéger ! Toi tu ne le sais pas, écoutes-moi et agit comme je te le dis !» ; et face à cette connaissance celui qui est paternel se place en haut, il domine l’autre. Il l’infantilise d’une certaine manière et parfois même en arrive à le mépriser (ce qui est une très mauvaise chose).

Ce rapport, nous le connaissons bien dans la vie de tous les jours : c’est celui par exemple qu’exerce un patron directif et autoritaire avec ses employés.

Mais aussi d’un point de vue religieux, ce rapport existe fréquemment entre le pasteur d’une assemblée religieuse et ses ouailles. « Je suis pasteur, j’ai la connaissance de Dieu pour te protéger, toi tu ne l’as pas et tu as besoin de m’écouter et de m’obéir ». Cela n’est peut-être pas dit aussi directement et aussi crument, mais dans la réalité, c’est ce sens qui est véhiculé en général.

Voilà le paternalisme récurrent des assemblées chrétiennes. Un ton autoritaire et sûr de lui qui exerce même une certaine condescendance.

Or être paternaliste n’est pas mauvais en soi ; cette protection peut-être bonne à condition qu’elle soit opportune et désintéressée.

Mais reconnaissez qu’elle ne l’est pas la plupart du temps. Parce qu’il y a un intérêt ; et cet intérêt réside dans le fait de se placer en haut.

La religion est faite dans l’amour de cette position-là. Le socle, le fondement tient sur cette position de dominant-dominé ; Et la protection, par celui qui a un statut d’enseignant, qui enseigne la parole, qui connait la parole, lui confère de ce fait une position supérieure.

Alors à l’opposé, si nous sommes disciple et que notre relation à l’autre est d’ordre paternel, ce n’est pas pour que nous en tirions un avantage quelconque, mais c’est pour que l’autre puisse accepter et recevoir notre aide. C’est pour son édification.

Lorsque Jésus annonce une série de malheurs aux pharisiens et aux scribes n’est-il pas dans ce paternalisme dur ? Mathieu chapitre 23 :13 : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. ».

Maintenant, afin de montrer l’évolution des relations, je vais prendre l’exemple de l’évolution de la relation entre Pharaon, roi d’Égypte et Joseph, fils d’Israël.

Joseph, quand il arriva en Égypte, après la trahison de ses frères, était esclave de Potiphar, chef officier de Pharaon. Sa situation ne lui permettait que d’obéir aux ordres. Quand Pharaon l’appela pour l’interroger sur son songe, Joseph n’était même pas serviteur, il était étranger et en prison devenu prisonnier à cause d’un faux témoignage. Il n’avait pas comme la plupart des sujets du roi une relation d’un serviteur face à un souverain. Sa relation évolua ensuite, puisqu’il obtint la confiance du roi d’Égypte. Il devint ami de pharaon. Un ami qui avait de surcroit hérité de toutes ses fonctions et de tous ses pouvoirs… à part celui d’être sur le trône. « Pharaon lui donna le commandement de tout le pays d’Égypte. » (Genèse 41 :43). On se mettait à genoux devant lui comme devant Pharaon.

Pharaon parlait alors avec Joseph d’égal à égal, puisqu’il était son premier ministre. Il faut dire que Joseph avait trente ans lorsqu’il devint l’égal de roi d’Égypte, alors qu’il n’avait que 17 ans lorsqu’il fut esclave de Potiphar. Le changement de relation ne s’est pas fait en quelques mois.

Pourquoi n’en serait-il pas ainsi des disciples de Christ ? Ils ont besoin de temps pour évoluer.

Car l’objectif d’un disciple de Dieu, est que son Seigneur lui parle d’égal à égal et que lui-même trouve des disciples accomplis pour leur parler d’égal à égal.

-Mais à quel moment sait-on que notre relation peut changer vis-à-vis de Dieu, comme vis-à-vis de certains frères ou de certaines sœurs ?

C’est souvent dans les actions, dans les aléas de la vie que la vérité prend sa lumière. Et puis, le Saint-Esprit est là pour nous révéler les cœurs, pour nous donner du discernement. La relation fera que la confiance s’ouvre de plus en plus ou au contraire, que des choses restent floues, cachées, et que la communion entre ces personnes restent superficielle. Ce sera le signe qu’il est trop tôt pour changer de relation. La prudence s’imposera alors.

-Doit-on en conclure qu’il existe une considération plus grande pour certains que pour d’autres dans le corps de Christ ?

Oui, parce Dieu en éprouve davantage pour celles et ceux qui font sa volonté que pour les autres qui font la leur.

Avoir plus de considération veut dire avoir une relation plus intimiste, plus proche, plus partagée, mais cela ne veut pas dire plus respectueuse. Chacun mérite le respect et la dignité qui lui est dû en tant qu’être humain. Mais un homme proche de Dieu mérite de la part du Seigneur comme de ses frères une attention toute particulière.

Joseph qui faisait la volonté de Dieu, même en étant en situation d’esclavage en Égypte, réussissait tout ce qu’il entreprenait. Plus même, ses maitres étaient dans la réussite à cause de lui.

« Dès que Potiphar l'eut établi sur sa maison et sur tout ce qu'il possédait, l'Eternel bénit la maison de l'Égyptien, à cause de Joseph; et la bénédiction de l'Eternel fut sur tout ce qui lui appartenait, soit à la maison, soit aux champs. » (Genèse 39 :5).

Pour Pharaon ce fut la même chose : la famine ne toucha pas son pays et il put même être le pourvoyeur des autres pays touchés par l’épidémie. Pharaon n’eut pas 7 années d’abondance, mais bien quatorze années, puisque Joseph fit d’énormes réserves des récoltes selon ce que l’interprétation du songe lui avait montré.

Ainsi, de la même manière, la loi de Dieu demeure la même pour tous ceux qui restent intègres et fidèles dans leur foi ; et celles et ceux qui seront proches des fils de Dieu (leur témoignant de toute leur confiance),  auront part eux aussi à de multiples bénédictions durant de nombreuses années.

Ne perdons jamais de vue que Dieu dit à certains croyants : « Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité ».  

Ces croyants sentiront alors un terrible sentiment d’abandon et d’absence de considération.  Ils seront,  comme il est écrit dans l’Évangile de Matthieu : « jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.».

En fait, ils seront privés de la considération qu’ils estimaient recevoir de Dieu. Au final, ils ne partageront pas sa paix. Dieu ne leur confiera aucun de ses pouvoirs. Ils auront la dernière place; et pour les autres…. Matthieu 25 :23 : On leur dira « C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. ».

La joie de Dieu sera notre joie car nous recevons alors toute la considération que nous méritons. Et cette considération sera bien visible.

Amen

dimanche 11 février 2024

LE COEUR DE L'EGLISE OU EGLISE DANS LES COEURS

524


Par Eric Ruiz

Nous devons chercher premièrement le royaume de Dieu (Matthieu 6 :33). Et cette recherche commence en premier par le cœur.

Il est coutume d’entendre dire qu’il y a deux sortes de cœur : le bon et le mauvais.

Celui qui a bon cœur,  a le cœur sur la main, il rend service, il aime son prochain, il pardonne facilement et celui qui a mauvais cœur a un cœur de pierre, c’est celui qui est insensible, rancunier, qui ne s’intéresse qu’à lui-même, qui n’agit que par intérêt.

Le livre des Psaumes nous montrent que connaitre ces deux cœurs dans le détail est très important puisque 132 fois ce mot apparaît dans les versets. Pourtant, les Psaumes donnent un éclairage qui n’est pas tranché de la même façon. Les Psaumes nous dévoilent la vérité.

D’abord le cœur n’est pas juste bon ou mauvais : il est droit ou pervers.

Psaumes 125 :4 : « Eternel, répands tes bienfaits sur les bons, et sur ceux dont le cœur est droit! »

Psaumes 101 :4 : Psaume de David : « Le cœur pervers s'éloignera de moi; Je ne veux pas connaître le méchant. »

Mais pour l’insensé quand est-il ? Doit-on en faire une catégorie supplémentaire ?

« L’insensé, c’est celui qui dit en son cœur : il n’y a point de Dieu » (Psaume 14 :1) ; et on pourrait s’arrêter là et faire une doctrine de ce verset : Ceux qui croient en Dieu ont un cœur droit et les autres ont un cœur pervers.

Mais, ce serait très réducteur, simpliste et par conséquent faux.

Parce que le cœur n’est pas ce que prononcent les lèvres et les paroles. Vous aurez beau dire que vous aimez Dieu de tout votre cœur, cela ne montrera pas forcément votre cœur.

Jésus est sans nuance devant les religieux les traitants d’hypocrites : « Ce peuple m'honore des lèvres, Mais son cœur est éloigné de moi ».

Ce que le cœur cache souvent c’est un fond intérieur qui est plein de rapines (comme le dit Jésus de Nazareth aux pharisiens) tandis que l’extérieur laisse entrevoir une sainteté et un dévouement exemplaire.

La rapine, est un vieux mot français qui veut dire : choses volées, pillées ou une personne qui manifeste un comportement de prédateur, qui utilise tromperies et fraude)

Le psalmiste a raison : « les lèvres sont flatteuses…. on parle avec un cœur double ».

Et cela traduit tellement le cœur humain tordu, hypocrite, pervers, que l’on croit en Dieu ou pas d’ailleurs.

À maintes reprises le psalmiste parle d’une sorte de croyant qui se sent invulnérable. Il se sent gracié et au-dessus des lois.

« Le méchant (celui qui pèche, qui est coupable) dit dans son cœur avec arrogance, Dieu ne punis pas (Psaumes 10 :6) je suis protégé du malheur » ; « il dit en son cœur : Dieu oublie il cache sa face, il ne regarde jamais. » (Psaumes 10 :11)

Vous voyez déjà là on sait que le méchant est une personne croyante parce qu’elle pense que Dieu agirait d’une certaine manière avec certains et qu’il agirait d’une autre manière avec les autres. Bref, il a ses chouchous avec qui il ferme les yeux sur leurs méfaits. Oh, il ne le dira pas ainsi, mais il le pensera très fort.

Sa religion le protège, ses rites le purifient. L’exaucement de ses prières démontre sa droiture.

Il pense même au fond de lui que Dieu n’a plus besoin de  sonder son cœur, car il le voit pur du sang de Christ ; Par conséquent ses actes sont tous justes et droits.

Et les choses se compliquent encore plus, quand il croit que la prière de David du Psaume 26 :2 ne lui est plus destinée : « Sonde-moi, Éternel! Éprouve-moi, Fais passer au creuset mes reins et mon cœur; »

Pourtant, passer au creuset, sonder et éprouver son cœur, rentrent dans une prière que nous qui sommes croyants, devons faire régulièrement pour nous laver de nos impuretés. Cette prière est loin d’être à dénigrer, elle est fondamentale.

Si elle est répétée plusieurs fois dans les Psaumes, ce n’est pas par hasard, sa répétition doit aussi être notre coutume.

Psaume 7:9 : « affermis le juste, toi qui sondes les cœurs et les reins, Dieu juste! ».

Psaume 17 :3 : « Si tu sondes mon cœur, si tu le visites la nuit, Si tu m'éprouves, tu ne trouveras rien: Ma pensée n'est pas autre que ce qui sort de ma bouche. ».

Psaume 139 :23 : » Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur! Eprouve-moi, et connais mes pensées!… ».

L’apôtre Simon Pierre a sans doute dû avoir la réponse à sa prière (éprouve moi connait mes pensées) après que Jésus lui ait dit que ses pensées étaient du diable.

D’ailleurs, qui serait assez humble pour réagir positivement en entendant Dieu lui dire « arrière de moi satan » ? C’est pourtant ce que Jésus a répondu à Simon Pierre.

 

Alors les Psaumes qui nous renvoient systématiquement à ces 2 cœurs l’un droit et l’autre pervers, montrent-ils la réalité de nos assemblées ? Y-a-t-il des cœurs droits mélangés avec des cœurs pervers ?

Croire que dans une assemblée il n’existe que des cœurs humbles et purs n’est-ce pas une lubie ou un déni?

Les disciples de Jésus n’avaient pas tous un cœur bien disposé. De 70 disciples il n’en resta que 12 et sur les 12 que 11(si l’on retire Judas Iscariote) ; et nous ne savons pas si ceux qui restaient, étaient tous animés d’un cœur agréable à Dieu. Thomas, n’était sans doute pas dans une bonne disposition lorsqu’il voulut voir de ses propres yeux les marques de la crucifixion.

Je crois que la diversité des psaumes sert à nous révéler que les assemblées qui utilisent les psaumes trop pour la louange, doivent aussi l’utiliser en signe d’avertissement. La trahison est une véritable épée de Damoclès. Ceux qui vivront pieusement seront persécutés, d’abord au sein même de leur propre assemblée, par leur propre frère ; comme Caïn l’était contre son frère Abel.

David, lorsqu’il évoque ses ennemis, parlait surtout de ses proches, de ses frères israélites qui en voulaient à sa vie ; il parlait de tous ceux qui suivaient le roi Saül.

 

Et dans les assemblés, beaucoup ont le cou raide.

« Ils ferment leur cœur endurci ; leur bouche parle avec fierté »  (Psaumes 17 :10, version Ostervald).

« Ils parlent de paix avec leur prochain, quoiqu’ils aient la malice dans leur cœur » (Psaumes 28 :7 version Ostervald)

On ne doit pas se méfier de ses frères c’est vrai, mais on ne doit pas non plus idéaliser un peuple parce qu’il croit le même Dieu et qu’il fait partie de nos proches. La prudence est à mettre à ce niveau-là.

Le cœur dans l’Église reste un problème qui n’a jamais cessé d’exister au-delà des siècles. Cela reste le thème de base des lettres, des épitres des disciples.

Pour exemple : La première lettre aux Romains écrite par Paul, fait référence dès le premier chapitre  à ceux qui ont gardé la vérité captive alors qu’ils se vantent d’être sages.

Pour les Corinthiens, la première épitre au premier chapitre évoque des disputes et des divisions.

Pour les Galates, ce sont des croyants  qui viennent annoncer un autre évangile. Pour les Philippiens c’est un esprit de dispute qui vient troubler l’assemblée.

A Timothée au début de sa lettre, Paul reprend le but de la loi, parce que quelques-uns convoitent le ministère de docteur. Le but de la loi, Paul le réaffirme : il provient d’un amour venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère.

A Tite, Paul le met en garde sur certains juifs convertis qui manifestent leur rébellion et qui poussent des familles entières à la rébellion par des beaux discours pour des gains honteux.

De plus, lors de la première épitre de Jean, ce dernier met en garde quiconque dit qu’il n’a pas de péché, parce qu’il se séduit lui-même, et que la vérité n'est pas en lui ; que c’est par la confession de ses fautes que Dieu qui est fidèle et juste, nous pardonnera.

Enfin l’apôtre Simon Pierre met en garde ses lecteurs qu’il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et qu’il y aura par conséquent « parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d'eux ».

Quant au psalmiste, il ne dit rien de différent des disciples de Christ. Les exhortations d’autrefois sont les mêmes :

Psaumes 62 :11 : « Ne vous confiez pas dans la violence, Et ne soyez pas séduits par la rapine; Si les richesses abondent, n'y mettez pas votre cœur. »

Donc le cœur dans l’Église  demande sans cesse à être dévoilé, éprouvé, brisé pour être purifié.

Par contre, et là j’en viens au titre de ma chaine YouTube : « Église dans les cœurs »

L’Église doit être dans le cœur de chacun comme Christ l’a inspiré.

Nous la lisons dans l’épitre aux Éphésiens 5 :27 : «  faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride,… sainte et irrépréhensible ».

À ce moment-là ; le cœur pourra avoir sa vraie place et tenir un rôle juste.

Le cœur de toute façon gouverne la raison. C’est lui qui dicte sa loi. Combien de gens désirant ardemment faire le bien en arrive à faire le mal ?

C’est bien leur cœur qui les a poussé à mal agir.

Mais, un cœur pur dicte la loi d’amour à la raison.

Par exemple : lorsque Jésus dit que l’homme est maitre du sabbat et que l’homme n’est pas fait pour être dominé par le sabbat, il voulait montrer qu’un cœur droit dicte la loi de Dieu : Le cœur voit le besoin pendant que la pensée se noie dans la connaissance. La pensée se perd en voulant rationnaliser les choses, en voulant être juste à l’excès.

Le cœur de Jésus voit une femme adultère qui a besoin de soutien et de repentance alors que le cœur des religieux voit une femme pécheresse qui a brisé la loi et qui a besoin d’être châtié et puni sévèrement pour son infidélité.

De même, le cœur de Jésus voit ses disciples avoir faim après leur travail, alors que les religieux ne voient qu’une violation du sabbat. 

« J’ai pris tes témoignages pour héritages perpétuels, car ils sont la joie de mon cœur » (Psaumes 119 :111).

Ce que Jésus et ses disciples manifestent sert de témoignage. Cela ne procure que joie et non interrogation.

La joie, c’est celle de participer à la délivrance, et elle n’a aucune commune mesure avec l’application stricte d’une règle. Les témoignages qui vont dans ce sens sont à tout jamais vivants.

Dans quels sens vont les témoignages ?

Le dernier Psaume qui parle du cœur dit ceci ; Psaumes 147 :3 : « Louez l’Eternel qui guérit ceux qui ont le cœur brisé et qui bande leurs plaies ».

Ce commandement en faveur de l’adoration n’est pas pour tout le monde. Ceux qui ont purifié leur cœur peuvent adorer Dieu en esprit et en vérité, les autres ne le font qu’avec leur bouche.

Ceux qui ont contrit leur cœur exercent une sainte louange. Ceux qui ont ce cœur, bâtissent Jérusalem, cette nouvelle Jérusalem. Ils rassemblent les fidèles par leurs actes spontanés d’amour, puisqu’ils délivrent le malheureux avec Dieu. C’est ce que nous dit le verset précédent, le 2. « C’est l’Eternel qui bâtit Jérusalem, qui rassemble les dispersés d’Israël ».

Voilà cette Église vivante dans les cœurs. Cette Épouse fidèle qui délivre le malheureux, elle s’attache aux besoins, elle va bien au-delà des lois écrites.

Tout devient naturel, saint et glorieux avec un cœur pur Mais la vue, la connaissance, les actes resteront toujours pervertis avec un cœur perverti.

Alors, si ton cœur s’est perverti d’une manière ou d’une autre, reviens à Dieu en priant qu’il sonde ton cœur, qu’il l’éprouve, qu’il le brise afin de retrouver un cœur droit, ce cœur unique qui montrera à Dieu et à ses anges que son Église est bien en toi ; que cette Église commence avec toi ou bien qu’elle continue à vivre par toi.

Amen

dimanche 4 février 2024

ENSEIGNE-MOI TES STATUTS !

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Par Eric Ruiz

 

 

La Bible est un ensemble de livres qui n’a pas fini de nous étonner. Combien de mots et de versets sont lus et relus et médités sans y voir la lumière qui en émane !

« Les statuts » (à ne pas confondre avec la statue(e), un ouvrage sculpté souvent dans la pierre) : ce mot pluriel est mentionné 24 fois dans la Bible. 24, comme pour nous dire qu’ils sont du niveau des prophètes. « Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète » affirme Jésus de Nazareth.

La question est : les statuts sont-ils un moyen qui permet de recevoir un prophète comme il se doit ?

Alors, statuts au pluriel est un mot sans doute plus important qu’il n’y parait au premier plan ; Et puis, ce mot se retrouve dans un psaume en particulier le Psaume 119. 

19, un nombre qui sépare ce qui est saint de ce qui est vil.

Dès le verset 5 nous avons cette prière faite par David : « Puissent mes actions être bien réglées, Afin que je garde tes statuts! ».

D’emblée, la sainteté saute aux yeux : garder les statuts nécessite de bien régler ses actes, d’agir en faisant le bien. Il ne s’agit donc pas d’une simple conviction, ou d’une obéissance passive à une loi.

Parce qu’on trouve souvent les statuts associés à d’autres mots, comme les lois, les préceptes ou les commandements ; Et je l’avoue personnellement n’avoir jamais vraiment prêté attention aux statuts. L’enseignement théologique nous montre des termes synonymes les uns des autres. Alors, je me disais : c’est un peu comme les lois et les commandements. Cela fait partie des choses que l’on connaît et que l’on doit appliquer venant de Dieu, sans y voir de sens spécial.

Abraham d’ailleurs, observe et obéit aux statuts de Dieu comme à ses lois, à ses ordres, à ses commandements (Genèse 26 :5).

 

Pourtant David semble, lui, prêter une attention toute particulière : Psaume 119 verset  8 : « je veux garder tes statuts...verset 16 « Je fais mes délices de tes statuts, Ils sont le sujet de mes cantiques, verset 54 Ton serviteur médite tes statuts ; que je n’oublie point tes statuts, verset 83que je garde tes statuts! » verset 145.

 

Je le répète, ces statuts ne sont pas des lois même si les théologiens disent dans les commentaires bibliques que  (je cite) : « ce sont les règles qui s’appliquent à son peuple tant sur le plan individuel que collectif »… En fait, c’est tout autre chose.

 

Au verset 64, David nous donne un indice fort : « La terre, ô Éternel! Est pleine de ta bonté; Enseigne-moi tes statuts! » ;  La bonté de Dieu fait partie de ses statuts. Elle se voit manifestée dans la nature. C’est plus qu’une loi ou une règle, c’est un caractère.

Un caractère, bien-sûr qui nait avec le respect, et plus encore : l’amour de la loi.

La loi dit par exemple : Exode 22 : 21 : « Tu ne maltraiteras pas l’étranger et tu ne l’opprimeras pas, car vous avez été étranger dans le pays d’Egypte ». Eh bien les statuts montrent la bonté qui vient d’un cœur qui ne cherche à maltraiter personne. Un bon cœur n’envisage d’opprimer aucune personne, qu’elle soit étrangère ou non.

 

Les statuts sont un trait de caractère, cela fait partie ou non de notre propre identité.

David (toujours au psaume 119), verset 68 parle de bienfaisance en relation avec les statuts; au verset 71 il parle d’humiliation : « Il m'est bon d'être humilié » (dit-il) ; au verset 80 il est question de la sincérité du cœur ; aux versets 112 et 117, le psalmiste insiste sur la persévérance à incliner son cœur ; au verset 145 : à invoquer Dieu de tout son cœur ; à aimer ses commandements au verset 48.

Maintenant, si on regarde de près la signification du mot pluriel « statuts », le sens suit celui que les versets nous donne dans ses psaumes. Les statuts font références à l’identité même d’une personne physique comme d’une personne morale, puisque l’on parlera d’une société, d’une entreprise pour qualifier ses statuts.

Les statuts sont des obligations légales ; elles montrent alors ce qu’est la société : c’est son nom, ses objectifs, sa fonction, ses actions, comment elle gère l’argent, ce qu’elle dépense et comment elle investit ; à qui elle s’adresse, sans oublier le type de relation que doivent avoir les membres qui la constitue.

J’insiste sur ce dernier point parce que la relation montre de manière frappante les statuts, c’est-à-dire l’identité.

Les  relations entre croyants sont des relations d’égal à égal et respectueuses. Elles sont sans levain, sans qu’une âme veuille s’élever parmi les autres. Les pains de proposition qui étaient offerts chaque matin pour mettre sur la table du lieu saint étaient tous de même proportion, sinon l’offrande était considérée comme impure.

Alors, qui a le pouvoir sur l’autre, qui est supérieur à l’autre ? Nous ne sommes pas dans une entreprise avec des dirigeants, des actionnaires, des cadres supérieurs, des ouvriers. Et en cela déjà le royaume de Dieu est bien différent d’une société humaine.

En fait les statuts sont ce qu’il y a de plus important dans cet impressionnant psaume 119, qui reste le plus long de la bible avec ses 176 versets.

Les statuts ont un prix supérieur aux lois et aux ordonnances ; Pourquoi ? Parce que les statuts montrent l’identité du serviteur de Dieu : est-il vraiment disciple ? Ou imite-t-il la sainteté en se formalisant aux traditions ?

Il est facile d’imiter l’obéissance à la loi et aux ordonnances en pratiquant des rites religieux ; mais pour ce qui est des statuts, cela est beaucoup plus dur.

Pour David, il prie 22 fois dans ce sens puisque 22 versets du psaume parlent des statuts.

 

 Au verset 135 David prie Dieu de la manière suivante : « Fais luire ta face sur ton serviteur, Et enseigne-moi tes statuts! ».

David prie pour que le témoignage de Dieu se remarque sur son visage, qu’il luise sur sa figure. Les statuts se voient, ils sont beaucoup plus visibles que les lois et les ordonnances, qui, elles ne changent pas forcément la face du serviteur.

Les statuts, en fait sont les marques de caractère de Dieu et ces marques-là, se voient chez un disciple accompli. Nous les avons lus dans les versets parlant des statuts (bonté, amour de la loi, bienfaisance, sincérité du cœur, acceptation et même réjouissance dans l’humiliation...)

David fait des statuts divins ses délices. Nous devons nous aussi être ce même disciple qui cherche constamment à chérir ces marques de qualité indispensables. Ces marques nous relient à Dieu directement et elles nous montrent que nous sommes faits à sa ressemblance. Que nous sommes du même acabit, du même métal précieux.

« Le salut est loin des méchants, car ils ne recherchent pas tes statuts. » (Psaumes 119 :155).

Celle ou celui qui s’oppose à Dieu ne peut manifester les statuts de Dieu. Tôt ou tard ses imitations seront démasquées. Il pourra montrer un semblant de bonté mais très vite il sera repris par son naturel. D’ailleurs, j’ai toujours été choqué de voir des serviteurs de Dieu dire à leurs frères de faire attention à ne pas être trop gentil avec tous, car les autres en profiteront ; ou de ne pas montrer trop de bonté, car il faut savoir être bon avec ceux qui méritent de le recevoir. Vous voyez toujours ce frein mis sur le caractère divin. Toujours penser que la gentillesse est une faiblesse qu’il faut par moment la laisser endormie. On aime en parler ; on loue la douceur de l’agneau immolé et en même temps on redoute ce qu’il pourrait occasionner comme effets négatifs. N’entend-on pas encore dans les assemblées de croyants : « Ne soyez pas bon à l’excès ; usez de discernement pour savoir à qui vous avez à faire » ?

Ce commandement : où est-il écrit ?

Si ce commandement existe, pourquoi David dit qu’il se plait à être humilié ?

« Il m'est bon d'être humilié, Afin que j'apprenne tes statuts. » verset 71.

Quel verset tant redouté de ceux qui haïssent être humiliés ; et pourtant c’est là que l’on apprend vraiment le caractère divin. C’est dans l’humiliation que l’on vit ce que Dieu est au plus profond de lui.

Quel prophète de la Bible n’a pas été humilié ?

-Joseph, humilié par ses frères de sang, l’abandonnant dans le désert, le livrant comme esclave à des étrangers

-Moïse, remis en cause par un peuple qui murmure sur lui, puis par Marie et son frère Aaron ;

-Elie le Tischbite perdu dans le désert sans nourriture ni eau, parce que traité de prophète de malheur par le roi d’Israël et pourchassé à mort par ses soldats.

-Sans parler de Jésus de Nazareth, obligé de fuir devant la haine des religieux, ou de subir la souffrance et les crachats de tout un peuple préférant au final sauver un brigand plutôt que le fils de Dieu.

-Tous, ont été meurtris par différentes humiliations ; tous, sauf ceux qui ont désobéit aux commandements de Dieu.

A-t-on un exemple biblique ?

-Oui, Jonas a refusé d’être humilié. Il a refusé d’aller à Ninive pour assister à la repentance d’un peuple qu’il haïssait.

Il a préféré partir à Tarsis au bout du monde pour se cacher loin de la face de Dieu.

Combien de prophètes contemporains mettent en avant leur fidélité alors qu’ils ont refusé d’obéir à Dieu ? Ce sont d’ailleurs souvent ceux qui font mille reproches aux autres sur leur manque de bonté et de générosité.

Lorsqu’on a perdu les statuts de Dieu, on s’invente d’autres statuts.

Alors, pour revenir à ce nombre 24 des 24 versets bibliques sur les statuts. Oui, garder ses statuts : c’est une consécration de prophète qui permet d’accueillir un prophète comme il se doit . Garder ses statuts montre que l’on garde les commandements divins. C’est la démonstration en actes que les commandements de Dieu sont incarnés dans une personne précise.

C’est la consécration parfaite dont Jésus parle dans Jean 14 :21 : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai, et je me ferai connaître à lui. ».

Les statuts ; c’est l’amour agapè, cet amour sacrificiel, parfois humilié que seul Dieu peut faire naitre chez le croyant authentique. « Je l’aimerai et me ferai connaitre à lui » : Dieu passe une alliance avec nous en nous faisant connaître ses statuts.

L’amour de Dieu se voit. L’amour se manifeste au travers d’actes authentiques. Celui qui garde ses statuts possède ses commandements et son amour divin. Il est authentifié par des actes véritables qui durent dans le temps. 

Les statuts, en fait, sont ce qui durera éternellement.

Le psaume 119 en est l’illustration parfaite. C’est d’ailleurs un psaume appelé « alphabétique » parce qu’il reprend les 22 lettres de l’alphabet hébreu. Ce psaume est divisé en 22 paragraphes, chacun intitulé par une lettre de l’alphabet hébreu.

Toutes ces sections ont chacune 8 versets (8 comme pour symboliser la concrétisation de la grâce divine).

Enfin, toutes les lettres de l’alphabet, Aleph, beth, gimel daleth ... qui se succèdent montre un recueil exhaustif de connaissance avec un commencement et une fin, un Aleph et un Tav (en Hébreu);  un Alpha et un Omega (en grec). Jésus-Christ est l’Alpha et l’Omega. Ce psaume décidément illustre la grâce et la permanence éternelle des lois de Dieu. Une permanence dans ses statuts, dans sa loi d’amour parfaite associée à sa grâce.

D’ailleurs, le Psaume commence par le verset 1 : « heureux ceux qui sont intègres dans leur voie, qui marchent selon la loi de l’Eternel ! » et le dernier verset le 176 est encore une louange au salut et à la grâce: «  Je suis errant comme une brebis perdue : cherche ton serviteur, car je n’oublie point tes commandements ».

Du début à la fin, il y a cette permanence inscrite dans le cœur, comme un fil rouge: la loi parfaite de Dieu.

22 fois « statuts » est employé, aussi pour nous faire comprendre que les anges sont là pour nous fortifier et nous aider à nous accomplir spirituellement, en vivant avec persévérance la loi de l’amour.

Celles et ceux qui marchent intégralement avec cette loi gardent ses statuts, et ils ont ce sceau sur eux qui en font des élus.

Amen