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Par Eric Ruiz
6Or, ces choses sont arrivées pour nous servir d'exemples, afin que nous n'ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu. 7Ne devenez point idolâtres, comme quelques-uns d'eux, selon qu'il est écrit: Le peuple s'assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour se divertir. 8Ne nous livrons point à l'impudicité, comme quelques-uns d'eux s'y livrèrent, de sorte qu'il en tomba vingt-trois mille en un seul jour. »
Ces
versets, montrant ce qu’a traversé le peuple hébreu qui suivait Moïse, devrait
nous faire réfléchir et méditer sur l’histoire d’un peuple de croyants, avec à
leur tête un grand prophète, et surtout sur les conséquences terribles qu’ils
vécurent dans le désert par leur faute.
Un peuple, même aussi vainqueur que celui de
Moïse, recevant sa nourriture par la nuée, traversant la mer rouge, recevant le
baptême comme celui de Moïse, se nourrissant des mêmes paroles divines que lui
(l’aliment spirituel dans le texte) s’abreuvant de la même eau venant
directement de Christ ; Eh bien, même avec toutes ces bénédictions
exceptionnelles, et toute cette onction, ce peuple ne fut pas le peuple élu.
LE
MINISCULE PEUPLE ELU
Très peu d’entre eux le furent, car très peu persévèrent
dans une foi intègre.
La grande majorité, qui pourtant avaient
connus prodiges et miracles, qui avaient eu part à la sagesse divine,
s’entièdirent au point d’abandonner la foi véritable.
Ils « ne furent point agréables à Dieu, puisqu'ils périrent dans le désert », nous confirme l’apôtre Paul.
L’homme (comme la femme) de foi est faible,
influençable au plus haut point. Il ou elle ne tient pas ses engagements, il ou
elle se perverti(e) si facilement.
*Dès que l’être humain se sent fort, c’est alors qu’il est
faible.
*Dès qu’il se sent rempli de connaissance, c’est alors qu’il
en manque le plus.
*Dès qu’il se sent sauvé, c’est alors qu’il est le plus en
danger.
*Dès qu’il se met à juger l’autre, c’est alors qu’il se
condamne lui-même.
*Dès qu’il se dit libre du péché, c’est alors qu’il vient de succomber à la tentation.
Cette histoire que Paul montre en exemple aux
Corinthiens, est un exemple pour tous les siècles et pour nous aussi qui
aimons Jésus-Christ.
Verset 11 :« Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. ».
Notre siècle, correspond lui aussi à la fin d’un temps où
Christ vient juger son peuple ; et ce n’est pas pour condamner qu’il vient,
mais pour voir s’il trouvera la foi sur la terre.
Donc, nous avons lu, non pas un exemple pour
nous effrayer et nous faire baisser les bras en nous rendant compte que la
tâche à accomplir est impossible…non, nous avons là un exemple pour nous faire
redoubler de vigilance, sur notre soi-disant louange qui n’est sans doute en
fin de compte qu’une adoration diabolique et démoniaque.
La question, je sais, qui taraude le plus est :
Est-ce que je n’y vais pas un peu fort ?
Ou aussi : Est-ce que l’apôtre Paul
n’exagère-t-il pas, (après tout cette Église de Corinthe est vraiment très
spéciale, tout comme ce peuple juif, ne l’est-il pas plus encore) ?
Je crois que se poser de telle question c’est entrer dans un déni de réalité. La réalité est trop dure à regarder en face, je le disais dans mon message précédent.
Il se forme une douleur psychique liée à la peur. Cette peur, c’est celle d’y perdre son manteau de sainteté recouvert de protection et de certitude. On s’est auparavant tellement persuadé que la foi est hyper protectrice, que l’on sous-estime complètement sa responsabilité personnelle. L’excès de certitude en soi ou dans ce qu’on croit d’immuable, nous fait perdre pieds.
Nous devons chacun être convaincu qu’il n’y a
rien, aucun écrit, aucune lignée, aucun homme, aucune femme, aucun miracle,
aucun prodige qui peut nous aider à être un élu.
Seul, nous-mêmes le pouvons. Et comment ?
En mettant des mots sur ces mauvais désirs "afin que nous n'ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu" (verset 6).
Donc mettre
des mots : c’est ouvrir les yeux sur nos tentations, nos convoitises, nos
excès, tout ce qui contribue à rechercher notre propre intérêt.
LE
DON DE LA LIBERTE
Tant que notre liberté ne sert que nos
intérêts personnels, nous nous égarons et voyons les autres comme des
serviteurs à notre service et non comme des hôtes que l’on va servir.
La vérité, c’est que notre liberté n’existe
plus quand elle est mise au service des autres. La liberté n’est pas un étendard à brandir, mais un sacrifice à donner.
Je n’ai pas à témoigner en criant : « Je suis libre en Christ ! » mais en mettant ma propre liberté au service de ceux qui en sont privés.
Si notre prochain n’est pas plus important
que nous-mêmes, alors la coupe que nous buvons et le pain que nous rompons
n’est pas celui de Christ, mais c’est un rite montrant la communion avec un
démon.
VERSER
SON SANG
Notre sainte cène, ressemblera à ce que
beaucoup témoignent en réalité:
C’est le sang que nous ne voulons pas verser pour l’autre, ou c’est le pain que nous refusons de briser car notre orgueil est trop fort.
Le sang versé signifie littéralement :
donner sa vie pour une cause juste. Il y a une notion de douleur qui y est
rattachée. On se fait mal pour l’autre. Quand une personne est décidée coute
que coute à sauver la vie d’une autre, elle est prête à se sacrifier pour elle.
Elle n’est pas dans un état d’esprit où elle calcule l’énergie et la souffrance
physique ou mentale qu’elle va dépenser.
Regardez, cette contradiction bien connue : Les gens sont prêts à se sacrifier pour sauver leur pays d’une intrusion étrangère, mais parmi les croyants, bon nombre se mettent à calculer leurs efforts lorsqu’il s’agit du péril d’un des leurs.
Ou encore, sommes-nous ballotés d’un extrême à un autre comme ces partisans prêts à verser leur sang pour leurs gouvernants et quelques temps plus tard, prêts à le verser contre ses mêmes gouvernants ?
Pour verser son sang, il est indispensable
d’avoir le pain brisé, c’est-à-dire de n’avoir aucun orgueil, aucun levain qui
ferait monter notre pâte charnelle. L’orgueil pousse à se voir toujours en
premier.
Comment verser son sang alors pour l’autre avec une telle vision ?
Au verset 7 du chapitre 10, de la première épitre aux Corinthiens nous avons lu (sans doute sans y mesurer le sens) comment l’idolâtrie s’est révélée :
« Le peuple s'assit pour manger et pour boire; puis ils se
levèrent pour se divertir ».
IDOLATRIE & DIVERTISSEMENT
Le
divertissement, le
bruit, les plaisirs personnels, les chants, les cris, les rires, sont devenus
plus importants que l’autre. C’est le signe de l’idolâtrie du temps de Moïse :
Se divertir sans se soucier de son prochain.
Et de nos jours, dans les assemblées, lorsque nous faisons
une agape, n’y a-t-il pas cet excès qui se réalise dans le plaisir personnel ?
La joie, le bien-être est le baromètre du croyant qui croit
régénérer ainsi son onction.
« On a bien mangé, on s’est bien diverti et amusé, il
y avait une bonne ambiance, nous avons eu une bonne communion fraternelle».
Pensez-vous qu’un tel bilan soit suffisant pour être juste ?
On va aller plus loin avec ce verbe : « se
divertir ».
Au sens biblique, l’hébreu Tchachaq [tsaw-fak] qui se trouve dans Exode 32 :6 dont Paul
fait référence dans l’épitre aux Corinthiens, a le sens de se divertir en se
moquant de l’autre, de tourner l’autre en ridicule, de le railler.
Pensez-vous que Christ est le héros d’une telle fête ?
C’est son nom pourtant que l’on entend célébrer à tout va. Mais Dieu n’est pas
à la fête.
Il voit ce genre de fête comme de la débauche.
Parce que Dieu ne prend pas plaisir aux holocaustes mais au
vrai sacrifice fait avec un cœur vrai.
Qui a
sacrifié quoi, pour qui, dans cette fête ?
LE SANG : LE
SENS DE LA FETE
Pourtant cette fête était une idée du souverain
sacrificateur Aaron, dans le but de raviver la foi du peuple et « en l’honneur de l’Éternel ».
Cette fête, qui, si on se réfère à Exode 32 :5-6, a
commencé tôt le matin par des holocaustes, des sacrifices et des actions de
grâces pour se terminer ensuite, dans le divertissement.
Il y a toujours une forme de sainteté au départ, mais si
vite entachée par des actes impudiques.
Chez l’homme impie, le rituel vient toujours en premier,
pour montrer des œuvres justes, mais le charnel ne tarde pas à refaire surface
rapidement.
L’animal religieux agit ainsi. Il met très tôt ses habits blancs, alors que d’autres actes dans sa journée ne feront que trahir la noirceur de son cœur.
1 Corinthiens chapitre 10 et au verset 8, nous l’avons lu, nous met en garde : « Ne nous livrons point à l'impudicité, comme quelques-uns d'eux s'y livrèrent, ».
Juste après avoir parlé de divertissement au verset 7, Paul
parle d’impudicité au verset 8.
Il y a une relation bien-sûr entre se divertir et
transgresser sans honte. Cette forme d’impudicité n’est pas que d’ordre sexuel,
c’est le culte du corps en général
qui est dénoncé.
Ce sont l’exaltation de nos sens que l’on recherche.
Mais c’est aussi le corps de l’autre qui est sujet au
plaisir et à la convoitise. Cette forme de jouissance par les sens devient un
péché quand l’intérêt de l’autre ne se borne plus qu’au plaisir qu’il nous
renvoie.
Alors oui, c’est une fête, une célébration, mais elle est au même titre qu’une fête entre païens, car la communion de Christ (le dernier repas, la cène) est d’une tout autre profondeur.
La cène doit nous servir à nous souvenir aussi de ce
qu’elle n’est pas. La cène n’est pas un rite païen qui célèbre le corps, mais un
rite saint qui célèbre le sacrifice volontaire de son propre corps pour l’autre.
La perversion de la cène va même jusqu’à voir dans le sang de la coupe, le sang
du combat contre l’ennemi, contre un peuple identifié comme « peuple à
exterminer ».
C’est le thème du discours d’Adolf Hitler, celui du 12
avril 1922 à Munich : La croix du Christ servait à mobiliser les troupes
allemandes pour combattre l’ennemi juif et verser son sang.
L’homme très religieux refusera de verser son sang, il préfèrera que les autres le fasse à sa place. C’est l’autre l’animal à sacrifier pour ses péchés.
La vérité : Ce n’est pas un sang à verser contre l’autre que Christ nous dévoile, mais la cène est bien un sang à verser pour l’autre, ce qui n’a absolument rien à voir.
Pour Christ, le nom de la fête importe peu. Ce n’est pas ce
qu’elle célèbre qui en fait une fête sainte. Ce n’est pas non plus si elle
tombe un jour plus saint qu’un autre.
Ce n’est pas, encore non plus (nous l’avons vu avec le souverain sacrificateur Aaron dans Exode 32 :5) si un apôtre, un saint illustre, la réclame et en fait la promotion.
J’affirme et je crois par l’Esprit saint que toute fête est
juste (même celles qui seraient païenne à l’origine), si et seulement si, les membres qui la
compose se soucient des uns et des autres comme de leur propre corps.
C’est ce dernier élément qui touche le cœur de Christ et
non les cris de joie et les danses faites pour Dieu et pour s’émouvoir
soi-même.
LE CORPS, OBJET DE
SOUMISSION PLUTOT QUE DE PRESTIGE
Là aussi, c’est une idée préconçue de croire qu’aujourd’hui
le corps est l’objet de toutes les attentions et de tous les regards, alors
qu’on s’en souciait peu avant.
Les fêtes religieuses l’ont toujours mis en avant même
quand elle voulait le cacher ou le réprimer.
Le corps a toujours été le lieu privilégié de la réalisation de soi.
Mais la foi change la vision, le corps n’a pas le même sens
pour Dieu. Il est comme le sabbat : au service de l’homme et non
l’inverse.
-Le corps d’Adam et Ève a servi leur désobéissance, puisqu’ils
se sont cachés ; Puis il a servi de rachat lorsque Dieu les a revêtus d’un
vêtement de peau d’animal, comme témoin de la purification de leurs fautes.
-Le corps des enfants hébreux, circoncis le huitième jour, montre
une douleur et une marque sur sa chair pour nous rappeler
qu’elle est la volonté de Dieu et par où passe son alliance avec lui ;
-Le corps du sacrificateur devait être d’une hygiène
parfaite, les mains pures, soigneusement lavées sous un vêtement sacerdotal,
dans le but de montrer que l’entière soumission à Dieu demande des actes précis pour se purifier.
Quant au corps de Christ, il montre par ses meurtrissures
et ses plaies, qu’il sert l’homme, qu’il
se sacrifie pour lui.
Le corps a bien une histoire et cette histoire c’est celle
d’une humanité tantôt soumise tantôt rebelle à Dieu.
Pour Christ, le corps sert (plutôt que à montrer ses muscles), à montrer sa soumission. Oui, un corps recroquevillé et à genoux.
Voilà ce que fait une personne remplie de sagesse : 1 Corinthiens 9 :27 « Mais je mortifie mon corps, et je me le soumets; de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois trouvé moi-même en quelque sorte non recevable. ».
Paul met en garde chacun, chaque personne, car c’est à elle,
c’est sa responsabilité de soumettre son corps. Ce corps devient
mort lorsqu’il n’obéit plus à ses pulsions, à ses envies. Il sert alors l’esprit
divin qui peut être en harmonie avec lui.
Le corps est important ; d’abord parce qu’il est
visible et par conséquent parce qu’il témoigne de ce que nous sommes.
Il n’y a pas trois possibilités mais deux seulement : Être
soumis ou être rebelle.
Avons-nous un corps humble correspondant à un esprit simple
ou un corps aux multiples habits et au visage masqué dévoilant de multiples
détours ?
Ensuite, parce que nous devons le faire mourir (ce corps)
en faisant vivre celui de son prochain.
La vie a toujours
été dans le don et non dans l’acquisition.
La fête prend alors tout son sens lorsque ceux qui étaient diminués par leur corps en retrouve l’usage normal par la guérison.
Pour conclure, résumons : La fête qui plait à Dieu n’est
pas un simple divertissement, ou un jour plus saint qu’un autre, c’est une fête
perpétuelle, parce qu’elle montre de la
joie, des chants, des danses, des jeux au milieu des corps mortifiés, soumis,
qui font plus que de s’intéresser à l’autre, ils versent leur sang pour sauver
ceux qui se retrouvent en danger.
Amen
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