dimanche 26 février 2023

« Agneau » A majuscule ou « agneau » a minuscule ?

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Par Eric Ruiz

 

Je vais répondre à cette question que je pensais au départ moins importante qu’elle en a l’air. En fait,  elle est d’une importance essentielle.

Ce mot « essentiel » n’est pas choisi au hasard.

L’essence d’une chose c’est sa nature, c’est d’où elle tire ses racines. Et ici, il ne s’agit pas de savoir qui est le meilleur copiste des Écritures Bibliques, mais il s’agit bien de savoir de quelle nature est l’agneau ; donc de quel agneau on parle (un animal, un être divin ou autre chose ?).

 

Mais auparavant, nous devons reconsidérer (là aussi c’est essentiel) comment un disciple se comporte face au péché de l’autre.

Je lisais un post récemment sur un groupe chrétien qui disait que : « celui qui pèche, c’est celui qui va en boite de nuit le samedi soir et qui vient au culte le dimanche matin ». D’autres disaient à peu près la même chose au sujet des fêtes. « Celui qui participe à une fête païenne est un pécheur ». Que de réactions affirmatives ensuite, avec « Amen »  ou le pouce levé !!!…

Comme si le péché coulait de source avec un acte contraire à la morale chrétienne.

La morale chrétienne, comme toute morale juge à l’apparence. Et c’est pour cela qu’elle condamne. Et elle condamne le juste comme l’injuste.

Parce qu’elle dit que celui qui va voir une prostituée est forcément un pécheur, celui qui ne respecte pas les fêtes sacrées comme le sabbat l’ait aussi. Donc, selon ce principe, Jésus de Nazareth était pécheur, car il fréquentait les prostituées, les gens de mauvaise vie, et il ne respectait pas le sabbat.

Où se trouve la vérité ?

Est-ce dans de tels jugements hâtifs et aléatoires, ou bien dans les intentions souvent cachées de chaque personne ?

Laissons Dieu juger lui-même des intentions bonnes ou mauvaises des gens de foi. Laissons-le mettre en lumière ce qui est caché. Et, arrêtons de voir dans un symbole, dans une image, dans un acte, ou dans un mot, le fruit du péché.

 « Celui qui me juge, (dit Paul) c’est le seigneur…ne jugez de rien avant le temps, jusqu'à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due.»(1Corinthiens 4 :5)

Paul serait-il au-dessus des autres, ne pouvant être jugé ?

Non bien-sûr, Paul ne se place ni en maître, ni en plus saint que les autres, mais il affirme que le temps n’est pas à le juger. Et que pour les autres, il est nécessaire d’en faire autant, de ne pas se juger les uns les autres. Le temps du jugement n’est pas encore arrivé.

Que celui qui se souille se souille encore, que celui qui se garde saint le fasse aussi, car le jugement est rendu à notre Seigneur qui a prédestiné un jour pour cela.

Ce jour l’a déjà été pour nos frères anciens et il est si proche de chacun de nous aujourd’hui.

Tu te fais du souci pour un de tes frères qui te semble avoir de mauvaises fréquentations, c’est bien. Va le voir, fais lui part de tes doutes et demande lui s’il peut s’expliquer entre toi et lui.

S’il accepte et que tu lui ouvre les yeux tu auras gagné ton frère. Mais ne le condamne pas sur un fait discutable. Ne fais rien précipitamment et par habitude.

Ne le montre pas du doigt devant l’assemblée car son jugement sera aussi le tien. Agis avec retenu, tact et respect comme si tu te dévoilais toi-même.

 

Prenons exemple sur le récit du jardin d’Eden.

Dieu n’accusa personne ; ni Adam, ni Ève au sujet de leur péché. Il leur posa simplement plusieurs questions. Genèse 3 :11 : « Et l'Eternel Dieu dit: Qui t'a appris que tu es nu? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger?  Et verset 13  « Et l'Eternel Dieu dit à la femme: Pourquoi as-tu fait cela?». Dieu attend leur réponse, il attend patiemment que chacun, Adam comme Ève se justifie. Il n’agit pas dans la précipitation et au regard de ce qu’il a vu, car des indices, il en avait, et il en avait même plus qu’il n’en faut.

Pourquoi, alors tant de croyants agissent à l’opposé avec leurs frères et sœurs ?

Pourquoi les condamnent-ils avant de les avoir écouté ? Pourquoi sont-ils si intransigeant avec eux, avant même qu’ils aient pu s’expliquer sur leur choix, ou leurs actes ?

 

Rappelons-nous qui ouvre les sceaux de l’Apocalypse ?

Est-ce l’homme pécheur qui voit le péché chez son frère ? Non, c’est l’agneau qui le fait, lui seul est trouvé digne de dévoiler le péché.

Avant de continuer, revenons sur les sceaux. Le mystère des sceaux correspond à ce que l’homme irrégénéré cache.

C’est le mal caché, qui est dévoilé alors. Il ne s’agit pas d’un mystère que Dieu garderait juste pour la fin des temps et qui nous révèlerai une nouvelle facette de son identité, jusqu’alors inconnue.

Ce mystère : C’est le mal, caché chez les uns et les autres, qui se révèle à la fin d’un temps, au bout d’un long moment d’obscurantisme, après que Dieu est averti plusieurs fois…Et les sentences tombent.

« Je regardai, quand l'agneau ouvrit un des sept sceaux. ». (Apocalypse 6 :1)

Alors « agneau », ici, s’écrit comment, avec ou sans A majuscule ?

Le A majuscule limite cet être vivant à un seul et même être : Jésus-Christ ; alors que l’écrire en minuscule rend possible d’autres êtres vivants, d’autres possibles.

Les manuscrits bibliques sont très partagés ; ils l’écrivent soit d’une façon soit de l’autre, selon les traducteurs.

Cela traduit encore une fois ce que le scribe comprend et veut comprendre…et non la réalité.

 

Pour les uns, l’Agneau (A majuscule) est le grand Pasteur venu en chair sur cette terre. Lui seul a ce pouvoir d’ouvrir les sceaux.

Pour d’autres, l’agneau (a minuscule) ne serait-il pas ce disciple qui est devenu comme son maître ?


Faisons un petit détour par l’histoire de France.

L’historien a rencontré la même problématique avec une grande figure de l’histoire de France : Vercingétorix, le grand chef militaire gaulois qui a combattu Jules César.

Ce personnage (écrit avec un V majuscule puisque c’est un nom propre) a été largement mis en avant sous Napoléon III, et si peu, voire pas du tout dans les siècles précédents. Pourquoi ?

-D’abord et sans doute parce Napoléon III, premier président de la République française cherchait à restaurer la puissance de la France en Europe, et qu’il lui fallait un héros légendaire comme point d’appui (et républicain oblige, un héros laïque). Le laïque Vercingétorix formait alors le symbole parfait de la lutte pour l’indépendance de la France.

-Ensuite, parce que des historiens comme Philippe Delorme mettent en doute l’existence même de Vercingétorix, désignant plutôt une appellation collective comme son nom l’indique : « le chef suprême des armées ».

Ce colosse à l’impressionnante crinière rousse et aux moustaches tombantes a suscité bien des phantasmes, poussé sans doute, par la volonté de trouver un héros libérateur.

-L’empereur Jules César, lui aussi a donné sa version dans ses écrits. Il préférait parler, plutôt que d’un quelconque adversaire, d’un magnifique héros pour mener la révolte gauloise.  Rappelons-nous que l’histoire est écrite par les vainqueurs ;  Par conséquent, la victoire de Rome contre Vercingétorix est encore plus glorieuse, surtout quand un tel chef gaulois vient déposer ses armes aux pieds de César, à Alésia.

Pierre Corneille le dit si bien : « À vaincre sans péril on triomphe sans gloire. ».

 

Ce qui est intéressant, pour nous croyants, avec l’histoire des Gaulles, ce sont les différentes stratégies qui sont mises en avant pour se servir de l’Histoire à des fins politiques.

La politique se sert bien souvent d’un évènement historique passé pour en faire le symbole d’une grande cause présente.

Et à ce titre toutes les tromperies sont possibles, pourvue qu’elles semblent vraies.

La Bible, grand recueil des mémoires du passé, n’échappe surement pas à de telles stratégies.

Jésus-Christ incarne le grand héros des croyants. L’histoire de la religion chrétienne le place seul en capacité de nous libérer du mal.

Or, Christ est venu pour créer son Église, pour transmettre sa foi, diffuser ce qu’il est à un peuple, c’est tout le sens de sa résurrection.

Il est venu pour que nous ne soyons pas contemplatifs et dépendants d’un roi, mais pour que nous trouvions notre liberté à travers l’agneau, un agneau immolé, sacrifié.

À ce titre, il est le premier agneau immolé de son armée.

Or, nous n’avons pas à nous arrêter sur le chef suprême des armées, qu’il est lui.

Dans les faits, l’agneau (a minuscule) n’est-il pas lui aussi une armée de fils de Dieu, plutôt qu’un seul chef, un seul fils, héroïsé comme l’a été Vercingétorix ?

Et dans ce cas, faut-il continuer d’accepter « l’agneau » écrit avec un A majuscule ?

Car l’agneau, si on en croit la mission de Jésus de Nazareth, c’est n’importe quel être humain qui aurait été appelé puis élu par le Saint-Esprit. «  il vaut mieux pour vous que je m'en aille », dit Jésus.

Nous rencontrons le même problème aussi, avec d’autres versets comme celui d’Apocalypse 7 :10 : « Et ils criaient d'une voix forte, en disant: Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l'agneau ».

La problématique de la majuscule ou de la minuscule ne fera que de s’éterniser tant que l’on considérera Dieu et l’agneau comme deux êtres, deux entités à part.

Or, l’agneau est différencié du Père et pour cause, il est comme un greffon sur un arbre ;

Et c’est vrai qu’il aurait pu être écrit au pluriel,(les agneaux) puisque Christ a de nombreux frères grâce à sa résurrection.

Or, l’Esprit saint a toujours insisté dans toutes les épitres sur un et un seul caractère (le sien).

Il n’a pas insisté sur un être, mais sur un caractère, un attribut, une nature.

Alors « le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à sa nature », à ceux qui l’auront reçu et développé par leur persévérance dans la foi.

L’agneau représente bien ce caractère unique venant de Dieu et manifesté pas un petit nombre appelé son « épouse ».

Mais là aussi, qui est l’épouse, qui est l’agneau (on s’y perd) ?

Plus du tout maintenant. Lisons Apocalypse 19 : 6-8 :

« Car le Seigneur notre Dieu tout-puissant est entré dans son règne.
7Réjouissons-nous et soyons dans l'allégresse, et donnons-lui gloire; car les noces de l'agneau sont venues, et son épouse s'est préparée,  et il lui a été donné de se revêtir d'un fin lin, éclatant, pur. Car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints. »

Avec ce que nous avons compris de l’agneau et de son caractère divin qui l’identifie, nous ne lisons plus ces versets comme avant. Puisque je le répète, il n’y a pas deux entités, mais une seule.

Il n’y a pas l’épouse et l’agneau. L’épouse de l’agneau, ce sont les huamins qui ont épousé le caractère, les attributs de l’agneau, la nature de Dieu.

Les élus se sont préparés pour épouser l’agneau, c’est-à-dire ?

Ils ont acquis la nature divine en pratiquant ses œuvres justes.

Alors on peut le dire ainsi, sans écorché la vérité : l’épouse-agneau que nous serons devenus grâce au caractère divin se voit par le vêtement de nos œuvres (fait de fin lin).

Les noces de l’agneau représentent alors cette fusion parfaite en Christ.  Parce que les noces témoignent là aussi d’un mariage, d’une union sacrée où l’épouse et l’époux ne font plus qu’un.

L’agneau qui est en Dieu (le caractère) est maintenant dans le nouvel homme, dans sa nouvelle nature, dans ses nouveaux attributs divins.

Or, comment savoir si nous sommes bien devenus agneau de Dieu ?

Eh bien, ce n’est pas à nous, de nous désigner ainsi (agneau de Dieu), mais seulement à Christ de le faire parce qu’il l’a reçu du Père.

Ne prenons pas une place qui n’est pas la nôtre, en nous prétendant justes.

Les imposteurs sont nombreux et ils se dévoilent en montrant souvent qu’ils sont reconnus de leurs pères et de leurs (pairs).

Il y a un prix à payer pour cet agneau que beaucoup ne veulent pas payer.

Ils n’ont pas mesuré pleinement le sacrifice que Dieu demande à ses enfants pour devenir ses fils, ses héritiers.

Alors, ils préfèrent en rester à la morale chrétienne ; A cette morale qui juge, qui condamne leur frère, mais qui place Christ comme l’Agneau rédempteur, cette nature de Dieu rédemptrice qu’ils n’ont pas, eux.

Parce qu’ils se voient plus purs, plus sanctifiés et par conséquent plus aptes à recevoir les récompenses divines.

Bref, ils pensent avoir acquis la nature divine, mais leurs œuvres prouvent le contraire.

Je le disais dans un précédent message, regarder toujours le fils de Dieu comme l’inaccessible ou le souverain inégalé fait de nous des êtres, loin, très loin de l’agneau, très loin de sa nature.

Dieu n’a finalement comme seule représentation de lui sur terre que cet agneau écrit avec un a minuscule. C’est son caractère qui se voit et lui seul, c’est lui le visage de Dieu.

L’agneau est le ciment qui unit Père, fils et Saint-Esprit.

 Mais derrière cette nature qu’il partage et qu’il fait don, comme une offrande merveilleuse….Quelle armée de fils de Dieu, de sacrificateurs de Dieu encore voilée, qui passera de l’invisible au visible…après leur résurrection, en suivant les mêmes traces que Jésus-Christ a faites.

Amen

dimanche 19 février 2023

DIEU ou MAMMON : DIRE LA VERITE OU CONVAINCRE ?

 473

Par Eric Ruiz


Pourquoi, lorsqu’on témoigne en disant Jésus-Christ est la vérité, certains n’en n’ont rien à faire ?

La vérité ne les intéresse pas.

Un grand patron de la grande distribution, dont les profits se chiffrent en dizaine de milliards d’euros a dit (en aparté) dans une interview : «  ce n’est pas la vérité le plus important c’est de convaincre ».

Cette grande idée de convaincre est beaucoup plus réjouissante pour ne pas dire jouissive que de dire la vérité.

Dans le verbe convaincre, il y a vaincre, l’idée de gagner un combat sur l’autre.

Comment ne pas faire référence au premier cavalier de l’Apocalypse qui « part en vainqueur et pour vaincre » (Apocalypse 6 :2).

Ce cavalier a déjà reçu une couronne. On compte sur lui pour répandre ses idées comme le ferait un bon propagandiste.

Il ne part pas pour apprendre, recevoir des autres, mais pour diriger, transmettre, influencer, convaincre ; bref se vendre comme le ferai une prostituée. C’est lui qui sait. Son cheval est blanc, c’est lui la sagesse.

Son combat : c’est de faire adopter ses propres idées. Ce n’est pas qu’elles soient justes, c’est qu’elles soient les meilleures. Quelles soient justes ou fausses, n’est pas le plus important ; ce qui importe pour lui, c’est que ses idées deviennent maintenant les nôtres.

Il se dit en lui-même : « Si je retrouve mes idées chez l’autre, j’aurai comme enfanté, engendré quelque chose de vivant qui se duplique de moi. Je me sentirai plus fort ».

Cette mentalité de guerrier, d’influenceur (c’est le néologisme de notre époque) c’est la mentalité qui règne dans ce monde pour réussir. Toutes les méthodes de pensées positives passent par cet incontournable : Comment convaincre

Plus qu’un manuel de commerce, c’est un manuel de la réussite sociale, politique, religieuse (mais aussi et surtout un manuel du développement personnel que l’on retrouve actuellement dans le New Age).

Cette forme de pensée, c’est elle qui se propage parmi les élites. Et c’est elle qui forge le ciment des élites. Une personne faisant partie d’une élite sait convaincre avant tout, elle sait transmettre ses vérités.

La bonne foi, la compétence, la vérité ne comptent pas vraiment. Ce qui compte c’est ce que l’on dit de c’qu’on fait, comment on le dit ; ce sont les arguments que l’on avance pour toucher l’autre, lui faire naitre une émotion ; l’amener à croire en vous ; parce que croire ce qu’on dit revient à faire croire en soi. Voilà la victoire !

Dans les faits, vous avez si bien parlé que votre auditeur croit en votre bonne foi.

La couronne de gloire du monde se traduit donc dans ce grand étalon qui est de convaincre, de créer la conviction chez l’autre.

« Qui a tu convaincu et je te dirai si tu as la foi » ?

Voilà un verset satanique annoncé par un si grand nombre de croyants aujourd’hui.

Parce que tout artifice est bon pour convaincre :

1- faire croire à l’autre qu’il est notre intérêt premier.

2- Faire croire à l’autre que toutes nos intentions sont généreuses, bonnes et louables.

3-faire croire même à l’autre que nous sommes prêts à perdre, à nous sacrifier pour la vérité. Le leitmotiv c’est : faire croire.

Adopter une telle mentalité, poussera toujours celui qui cherche à avoir raison, à mentir, à se renier même, pour se sauver la face, pour gagner le débat.


Le fils du monde ou le prince de ce monde (satan) est venu pour convaincre et par conséquent faire croire qu’il n’a que de bonnes intentions. Or, « Le fils de l’homme (Christ) est venu dans ce monde pour un jugement » (Jean 9 :39) : pour révéler la vérité en dévoilant le mensonge.

Prêcher l’Évangile ne devrait pas avoir comme but de convaincre, mais d’amener la vérité ; De dévoiler ce qui est ténèbres, de mettre en lumière la stratégie du mensonge (en montrant de quelle façon il se cache et se propage).

D’ailleurs le premier sens de convaincre quelqu’un se trouve dans le sens juridique. Convaincre quelqu’un est : « amener la preuve irréfutable de son crime ou de son délit ». Par exemple : il est convaincu de meurtre par des preuves accablantes.

Et, c’est dans ce sens aussi que l’Esprit saint convainc de péché, de justice et de jugement (Jean 16 :8). L’esprit Saint amène la preuve de notre péché, de notre justice et de notre jugement.

Convaincre, dans le sens d’amener des preuves de sa bonne foi n’est pas dans la nature divine. C’est plutôt dans la nature humaine.

 

Quand Pilate demande à Jésus s’il est le roi des juifs, il s’attend à une réponse convaincante, avec des preuves à l’appui.

Or, il ne reçoit en échange que cette réponse de Jésus : « tu le dis toi-même ».

Dans l’Évangile de Jean, nous avons une précision supplémentaire : « Jésus répondit: Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix ».

Pilate sans alla restant sur sa faim et sur sa dernière question sans réponse : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Plutôt que de convaincre, Jésus ne parla pas, il montrait la vérité, comme si elle ne venait mystérieusement qu’à travers une écoute attentive de ce qu’il dit.

Toujours cette opposition entre deux richesses : convaincre et se mettre à la disposition de la vérité.

Et Hérode interrogea lui aussi longuement Jésus en s’attendant à voir enfin des preuves par des miracles. Mais Jésus ne lui répondit rien.

Christ voile la vérité, parce que l’impur ne peut la connaître. Il doit changer d’état. Et c’est au « grand jour de l’Éternel » qu’elle se révèle à tous comme une évidence.


Si on prend le ministère de Jésus de Nazareth, sur le plan de la conviction, il n’a pas été un maître. Seulement douze disciples l’ont suivi… et encore l’un d’entre eux l’a trahit. Les autres, l’ont tous bien avant, abandonné.

Le fils de Dieu n’a jamais cherché à prouver, à démontrer son identité.

Lorsqu’on lui demanda de faire des miracles, il refusa et répondit qu’ils n’auront de miracles que celui de Jonas.

Et, sur la croix, les passants l’insultaient et lui disaient : « Hé! toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, en descendant de la croix!  Les principaux sacrificateurs aussi, avec les scribes, se moquaient entre eux, et disaient: Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même! Que le Christ, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions! Ceux qui étaient crucifiés avec lui l'insultaient aussi » (Marc 15 :30-32).

Ses trois années passées à annoncer le royaume de Dieu semblaient un échec. Jésus aurait échoué dans sa mission de bâtir son Église parce qu’il n’a pas convaincu la majorité, et surtout qu’il n’a pas convaincu ceux qui détenaient le pouvoir religieux.

Par contre les chefs religieux, eux, eurent une grande influence sur la foule lorsqu’elle décida d’élire le brigand Barabbas à la place de Jésus pour être libéré, par Ponce Pilate.

Une preuve encore que le mal agit à ses dépens. La conviction de toute une foule a servi Christ dans sa mission de mourir sur la croix et de ressusciter.

Et, face à toute cette propagande religieuse, Jésus-Christ n’a pas manqué sa cible pour autant. Il n’avait pas à prouver quoique ce soit. C’était bien aux autres de prouver leur intégrité, de démontrer leur foi ;

De démontrer par leurs paroles et leurs actes en qui ils croyaient réellement.

Jésus-Christ voulait surtout montrer que la foi n’a rien à voir avec une conviction intellectuelle mais qu’elle s’adresse au cœur. Et que, seul, le Père attire à lui qui il veut pour le faire naitre de son esprit.

La foi semble injuste, parce que ceux qui en sont touchés n’ont pas forcément parcouru un long chemin pour l’acquérir et qu’elle réclame un esprit simple et non supérieur. La foi trouble parce que ceux qui portent l’habit saint ne sont pas ceux forcément qui nous veulent du bien.

Convaincre se voit, s’écoute, se prouve. Tout à l’opposé de la foi qui est invisible, indicible, improuvable.

La foi agit dans l’ombre. Elle agit comme la lumière, elle surprend. Elle parait là où les ténèbres régnaient depuis toujours.

Bizarre… bizarre quand même cet esprit humain, il a besoin d’être convaincu et de convaincre alors que le cœur ne réclame, lui, que la vérité.

L’être humain, au bout du compte se fatigue, s’épuise en voulant toujours avoir raison sur l’autre. Il met toutes ses forces dans la bataille. Et lorsqu’il a utilisé tous ses atouts, toutes ses ruses et ses stratagèmes, puis qu’il constate son influence périr, il lâche prise, pire il se fait emporter par la colère, il renie, insulte et maudit parfois au point de passer même au crime.

Regardez les trois hommes qui répondaient à Job pour le convaincre de son péché. Ils cessèrent de lui parler. Le texte nous dit : « parce que Job se regardait comme juste. » Job 32 :1

Convaincre : c’est se placer en connaisseur, en donneur de leçons, mais quand le combat est perdu à un moment donné, on abandonne son auditeur.

Abandonner : c’est condamner. C’est comme dire à l’autre « tu es trop buté et inculte pour que tu comprennes ce que je te dis. Tu n’as pas assez de sagesse pour comprendre la mienne ».

Face à l’abandon de Job par ses trois amis qui étaient venus le convaincre, Elihu prit la parole.

Job 32 :12 : « Je vous ai suivis attentivement, pas un de vous n’a convaincu Job» verset 13 : « C’est Dieu qui peut le confondre, ce n’est pas un homme » C’est ce que répondit le tout jeune prophète Elihu.

Mais Elihu, lui aussi ne l’a pas convaincu.

Au chapitre 38, c’est Dieu qui parle lui-même au milieu de la tempête ; c’est lui et lui seul qui finira par le convaincre. Job dira : « Oui j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles qui me dépassent,… c’est pourquoi je me condamne et je me repens… ».

La grandeur de Dieu n’est pas dans celle des hommes. Dieu détruit les desseins des hommes qui cherchent toujours à avoir raison et il béni ceux qui célèbrent son nom, celui de sauveur. Car c’est lui qui les sauvent en ouvrant leurs yeux pour qu’ils comprennent.

Aimer convaincre, c’est aimer Mammon (qui a le sens de richesses opposées à Dieu) : Convaincre devient alors un idéal, une idolâtrie comme le dit la Bible. C’est une richesse car elle place la persuasion, cet intérêt intellectuel, au-dessus des savoirs et le pire, elle provoque une malédiction.

Proverbes 11 :28 : » Celui qui se confie dans ses richesses, tombera ».

Nous sommes dans le siècle où la richesse intellectuelle est portée aux nues. Elle se dresse comme une capacité capitale, majeure, indispensable pour réussir.

Tout va dans le sens de développer l’art d’avoir toujours raison.

Le philosophe Schopenhauer  en affirmant que cette vanité est innée et qu’elle montre la médiocrité de l’être humain, a au passage recensé 38 stratagèmes, (des façons différentes d’élaborer des stratégies pour convaincre et battre l’adversaire).

Une autre preuve de cette richesse décadente, c’est cette nouvelle épreuve au baccalauréat coefficient 10.

Ce fameux « grand oral », où l’on demande au jury d’évaluer en premier la capacité de l’élève à convaincre par un discours bien structuré.

Adorer ce pouvoir de l’esprit n’amènera que corruption et mensonge.

Nous devons au contraire : aimer les conseils de Dieu, qui aime la vérité plus que tout. Confions-nous dans ses richesses éternelles et non les nôtres.

Proverbes (du roi Salomon fils de David) 1 :30-33 « Parce qu'ils n'ont point aimé mes conseils,(donc mes richesses) Et qu'ils ont dédaigné toutes mes réprimandes, 31Ils se nourriront du fruit de leur voie, Et ils se rassasieront de leurs propres conseils, (de leurs richesses) 32Car la résistance des stupides les tue, Et la sécurité des insensés les perd; Mais celui qui m'écoute reposera avec assurance, Il vivra tranquille et sans craindre aucun mal. ».

Le stupide, l’insensé c’est celui qui a acquis de l’intelligence pour se convaincre et convaincre les autres qu’il a raison.

Son sort ne sera que dans la perdition. L’intelligeant, lui, c’est celui qui écoute son Père, le laisse agir dans sa vie et dans ses relations. Il n’a pas peur de perdre et sait se taire dans les joutes d’opinion.

 Quand le témoin fidèle et véritable frappe à notre porte (Apocalypse 3 :14), il nous demande de vaincre : « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône ».

Les mots clés de ce passage sont « comme moi j’ai vaincu ».

Celui qui vaincra n’est pas celui qui aura convaincu par sa foi.

C’est celui ou celle qui se laissera convaincre par l’esprit de Christ, de péché, de justice et de jugement.

Car le vrai combat du disciple est d’avancer non pas sur un cheval de course vers la victoire, mais d’avancer lentement sur un âne comme l’a fait Jésus entrant dans Jérusalem, en toute humilité, en toute simplicité. S’il se fait accepter ou rejeter dans la ville c’est parce qu’il aura témoigné de la vérité et non de sa vérité. Seul ce disciple connaitra la première résurrection.

Amen.

dimanche 12 février 2023

FAUSSE & VRAIE HOSPITALITE

 472

Par Eric Ruiz

 

Le chrétien aujourd’hui, n’a pas les mêmes réactions que le disciple du temps des apôtres.

Qui me fait être si affirmatif ?

Ce qui me fait dire cela, c’est d’abord que les premiers disciples n’avaient pas tous les écrits d’Esaïe avec eux, et encore moins les autres anciens livres de la Bible ; et aussi, que les Évangiles n’étaient pas encore écrits. Quant aux apôtres, ils ne passaient pas leur temps avec les croyants, en restant là disponible pour répondre à toutes leurs questions.

Comment faisaient-ils alors pour s’édifier ? Comment faisaient-ils pour trouver des réponses lorsque la peur, l’angoisse les saisissait ?

De nos jours la Bible est présente dans tous les foyers chrétiens. La réaction est donc de se tourner vers sa Bible pour méditer.

D’ailleurs, on trouve facilement toute une liste de versets à lire et à méditer pour de multiples cas. Qui n’a pas ses versets clés qu’il relit lorsqu’il est dans la peur et la crainte ? Qui n’a pas ses versets pour être dans la joie ? Ceux pour être béni ? Ceux encore pour être guéri, etc ?

Ne sommes-nous pas étourdis avec toute cette connaissance aussi merveilleuse soit elle ?

Nous devons rétablir ce qui est vrai.

Je devrais en choquer plus d’un au passage, mais lire la Bible, la méditer ne sert à rien dans ces cas-là. Pourquoi ?

Parce qu’on trouvera toujours des versets pour s’apaiser momentanément. Mais cette paix ne sera que provisoire.

C’est comme si on mettait un petit pansement sur une grande plaie, où l’hémorragie nécessiterait plutôt d’ôter les corps étrangers, d’abord, de désinfecter abondamment, ensuite, avant de faire plusieurs points de suture.

Alors que faire ?

Les premiers disciples, eux, mettaient en pratique ce que l’Esprit Saint leur montrait. Il ne leur montrait pas une connaissance nouvelle. Il leur montrait leur péché tout simplement.

Parce qu’il n’y a que le péché qui met une séparation entre nous et Dieu.  Le péché, c’est ce corps étranger qui est entré en nous et qui doit être ôté, sans quoi tout le corps va s’infecter et sombrer dans la maladie.

Cette connaissance à elle seule suffit à s’édifier.

Si nous avons péché, le réflexe tout simple, nous le connaissons, nous nous éloignons de lui après l’avoir confessé, sachant que Jésus-Christ nous purifie en retour.

Mais il y a aussi l’action. Les actes sont notre témoignage et ils sont aussi importants que de voir son péché.

L’amour, nous le savons aussi couvre une multitude de péchés. Les premiers disciples le savaient sans qu’on le leur enseigne forcément ; et ils le pratiquaient.

Mais quand l’amour se refroidissait parmi plusieurs membres, alors les apôtres rappelaient ce que tous avaient exercé avec passion dans leur début. Ils exerçaient ce que l’apôtre Pierre nomme une « ardente charité » (1Pierre 4 :8)

En quoi consistait cette ardente charité ?

A exercer l’hospitalité.

Ils s’accueillaient entre frères.

« (1Pierre 4 :9) Exercez l'hospitalité les uns envers les autres, sans murmures. ».

Pourtant l’hospitalité se fait envers n’importe qui, croyants d’abord puis non croyants ensuite. Et, philoxenos en grec, montre une grande générosité envers ceux que l’on accueil).

 

Mais Pierre rappelle et insiste sur une forme d’hospitalité particulière, ici.

Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir sa porte et d’offrir le gite et le couvert à des frères et sœurs ; mais aussi de le faire à ceux qui n’ont pas forcément l’attitude que nous attendons d’eux.

Quand Pierre demande de le faire « sans murmures », sans vous plaindre, dit la version Semeur, sans récriminer (ressentir du mécontentement empreint d’amertume) dit la version Bible liturgique.

Pierre montre bien qu’il y a de la crainte, une sorte de grognement sourd, de mécontentement caché derrière cette hospitalité.

Une hospitalité qu’on dirait presque forcée. On fronce les sourcils, on hausse les yeux, on parle à voix basse, dès que l’on invoque certains frères ou certaines sœurs.

On n’a pas trop envie de les voir se pointer devant le palier de notre porte.

Donc, l’hospitalité reste toujours une loi dans le cœur de beaucoup. On l’exerce parce que c’est écrit dans la loi de Dieu, dans la Bible.

Or, si le croyant se force à la pratiquer pour se faire juste à ses yeux, la grâce qu’il a reçu de Christ est vaine, inutile.

Il se forcera à ouvrir sa porte espérant recevoir une bénédiction spéciale, une prospérité qui lui apportera une maison plus grande, une assemblée plus nombreuse.

J’en ai pour preuve que la prophétie d’Esaïe 54 s’est répandue dans le monde hébraïque comme aussi dans le monde chrétien. Lisons-la :

« Les fils de la délaissée seront plus nombreux…Elargis l'espace de ta tente; Qu'on déploie les couvertures de ta demeure: Ne retiens pas! Allonge tes cordages, Et affermis tes pieux!
3Car tu te répandras à droite et à gauche; Ta postérité envahira des nations, Et peuplera des villes désertes » (Esaïe 54 :1-3)

Quel croyant ne souhaite pas faire partie de cette grande famille de la foi, parce qu’il aura contribué à ouvrir la porte de sa demeure à d’autres croyants?

(aujourd’hui, on a laissé cette hospitalité à l’église, c’est plutôt ouvrir la porte du bâtiment de son église. Non le contexte c’est bien notre chez soi dont il est question).

Les juifs ont cette réputation d’être hospitalier. En tous les cas c’est aussi l’image que nous renvoient d’autres peuples du monde.

Des païens l’exercent par tradition, ou pour conserver une bonne image d’eux-mêmes. D’autres le font aussi, mais avec certains groupe de personnes. Il y a des conditions pour exercer l’hospitalité. On ne peut le faire avec tous, ce serait aller au-devant des difficultés et parfois même, se mettre en danger.

Cette vision est la même chez beaucoup de chrétiens. Ils sont réticents parce qu’il y en a parmi eux qui sont peu aimables, c’est vrai, un peu casse-pieds, certains accaparants, d’autres bourrées de manies ; et ceux qui sont toujours à se plaindre, et ceux qui sont réputés pour se vanter sans cesse de leur bénédictions et d’autres encore qui abusent et profitent de la situation d’invité (les pique assiettes, les sans gènes, les culottés…). Et puis il y en a d’autres qui auraient un don, un enseignement à partager qui ne nous réjouis pas forcément.

Sommes-nous dans le monde pour y exercer leur mode de vie satanique ou sommes-nous dans le monde pour y faire régner Christ ? Et dans ce cas-là, répondre à notre prière : « Père que ton règne vienne  » ?

Ne soyons donc pas dans le jugement pour trouver des conditions à notre accueil et pour refouler certains, en les retranchant de notre communion, sous prétexte que leur fréquentation ne nous emballe pas forcément.

Pierre dit : « que chacun de vous mette au service des autres le don qu'il a reçu, ».

Pierre montre que le partage est bien au-dessus de nos valeurs. Et que ce que nous avons reçu par la grâce est bien supérieur à ce que nous montrons de notre personnalité.

L’hospitalier se doit d’agir « comme un bon dispensateur des diverses grâces de Dieu » nous dit toujours la première épitre de Pierre.

Le bon dispensateur dépasse tous ces petits inconvénients pour ne se centrer que sur l’essentiel : le partage avec l’autre qui l’édifie.

Les grâces de Dieu en notre faveur  devraient nous montrer son infinie clémence qui ne s’embarrasse pas de nos petites bizarreries ou de nos anomalies de caractère.

Nous devons, dans les faits, dépasser nos idées sur l’accueil. Notre manière de penser ne doit pas être façonnée par ce que fait le monde, mais par le Saint-Esprit, qui met tous, petits et grands, fréquentables ou non fréquentables sur le même pied d’égalité.

Qui mérite d’être laissé sur le bord du chemin ? Est-ce à nous disciple de le savoir ? Non, c’est à Christ de le gérer. Et l’hospitalité qu’il nous propose est parfaite parce qu’elle est inconditionnelle.

Car « si nous aimons seulement ceux qui nous aiment » que fait-on d’extraordinaire, les païens en font autant, et Jésus rajoute : « les pécheurs aussi agissent de même » (Luc 6 :32).

Jésus termine sa pensée en affirmant : « Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux ».

Alors, Dieu nous sonde, il examine nos intentions, il sonde nos reins. Que fait-il dans la réalité avec ces organes particuliers ?

Nos reins sont l’organe par excellence qui filtre les toxines et les déchets de l’organisme. Nous croyants, sommes invités à brûler, à détruire ce qui nous domine.

Donc Dieu pèse, évalue la valeur de notre sacrifice par nos reins. 

En clair, pour en revenir à l’accueil : si nous sommes soumis à nos idées sur l’hospitalité, nous ne montrons que notre soumission à la chair ; et  nous prouvons ainsi que nos reins ne sacrifient rien, qu’ils sont inutiles, qu’ils ne fonctionnent pas.

Le rein c’est le baromètre de nos sacrifices et de notre renoncement pour Dieu.

Si par motif d’intérêt personnel nous discriminons ceux que nous accueillons, où se trouve notre sacrifice ? (et l’accueil se fait de nos jours en priorité dans l’église)

Alors tournons nos regards vers ceux qui ont besoin de nous, d’abord vers nos proches.

Renonçons à nos idées sur la bienveillance ou sur la bonté qui nous renvoie toujours sur les imperfections des autres et sur notre état forcément meilleur.

Certains ont trouvé un subterfuge avec une forme de « garde alternée ».  Ici, il ne s’agit pas d’une garde d’enfants, mais d’une pratique un peu perverse.

La garde alternée consiste à ne pas se séparer des indésirables pour ne pas ressentir de la culpabilité.  Pour cela certains ont institué une forme d’accueil provisoire chez les uns et chez les autres. On supporte les cas difficiles par moment seulement (une fois par mois ou à certaines occasions comme lors de fêtes).

C’est hélas encore là, agir comme dans le monde.

Car notre paix ne reviendra qu’avec une affection profonde manifestée pour les autres.

L’apôtre Pierre quand il prend le mot philoxenos (traduit dans nos Bibles par hospitalité), parle d’avoir une grande générosité envers ses hôtes. La relation est loin d’être superficielle et elle n’attend rien de l’invité en retour.

Ce n’est pas juste ouvrir sa porte. Notre attitude bienveillante serait bien plus importante encore.

Ne soyons pas tournés sans cesse vers nous-mêmes. Mais soyons conséquent et exerçons l’amour divin envers tous, sans condition.

D’autant que Christ nous demande d’aller plus loin, de mettre le comble à notre amour.

Accepter l’hôte qui a un comportement pas toujours simple, nous permet aussi de lui laver les pieds, comme Jésus la fait à ses disciples.

C’est-à-dire, plus que d’exercer un rite, il s’agit de pardonner ses fautes, surtout si nous avons ressenti une offense de sa part. Et lui, par la même occasion constatant une offense de notre part, pourra faire de même, pardonner nos fautes. 

Mettre le comble à son amour, c’est aussi accueillir le casse-pied de la même façon que s’il était un hôte très important, une sorte de prince d’Israël. Nous n’avons pas à lui faire la morale ou à lui mettre des conditions comme : « si tu continues à te servir et à te resservir sans cesse à table, tu ne reviendras plus partager le repas chez nous ».

Ce genre de réaction nous place comme étant les seuls juges du mérite à accorder à l’accueil.

Laissons-le au contraire faire ce qu’il a à cœur de faire. Prions plutôt afin qu’il se rende compte que vous avez sacrifié votre repas et qu’il prive certains d’aliments.

C’est votre sacrifice ou ceux des autres qui doit lui faire honte pour qu’il convertisse sa position.

Mais attention, ne tombons pas dans un autre jugement qui consisterait à tout faire pour qu’il se rende compte de son état ; ne provoquons rien de négatif ou d’implicite qui le rendrait redevable envers nous, comme un petit pic du genre : « on voit bien que c’est pas toi qui paye » 

Sinon, nous rentrons dans le même jugement. Et la pensée suivante est si commune : « C’est un égoïste qui ne pense qu’à lui et à son ventre ».

Mais qui sait s’il n’a peut-être pas une boulimie liée à un manque affectif, ou un autre problème ?

Alors, si nous pouvons faire autre chose que des pâtes jambon (c’est un exemple), mais agrémenter les plats le mieux possible faisons-le, sans émettre de conditions et sans attendre de retours. N’oublions pas ce que l’auteur de la lettre aux Hébreux nous recommande fortement:

«.N'oubliez pas l'hospitalité; car, en l'exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir » (Hébreux 13:2)

Si nous savons que nous accueillons des anges de Dieu, quelle serait notre réaction ?

Nous ne nous mettrions pas en quatre pour les accueillir comme des princes ?

Christ ne nous demande pas de surestimer les autres, comme il ne nous demande pas de les sous-estimer non plus. Là aussi soyons sobres, modérés, tout en étant généreux dans nos relations.

Pour résumer :

Exercer l’hospitalité, même à grande échelle ne nous libère pas forcément de nos peurs et de nos angoisses. Pourquoi ?

Parce que si l’hospitalité n’est pas réalisée dans l’amour fraternel, elle ne sert à rien.

Dieu ne peut pardonner nos fautes parce que nous ne les pardonnons pas aux casse-pieds qui viennent nous visiter. Nous tenons rigueur de leur manque de savoir-vivre, nous les jugeons et nous attirons sur nous alors le même jugement, la même condamnation.

Par contre, un accueil fait sans condition, sans attendre de bénédiction en retour, en mettant toute son énergie pour le confort et le bonheur de nos hôtes, couvrira une multitude de péchés et nous libéra bien mieux que de lire et méditer mille versets bibliques.

Amen