dimanche 16 juillet 2023

TROIS ATTITUDES FACE À LA GRANDE TRIBULATION

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Par Eric RUIZ

 

L’actualité est riche en faits divers ces temps-ci. Un flot continue de violences humaines non maitrisées a entrainé la mort de différentes personnes et différentes générations (un jeune de 17 ans tué par balle par un policier, une personne âgée tuée devant chez elle parce qu’elle demandait de faire moins de bruit, un enfant de 2 ans disparu…),


des émeutes se sont propagées sur tout le territoire national, détruisant n’importe quels biens au passage) ; et presque simultanément, on assiste à des phénomènes climatiques incontrôlables, comme des grêlons gros comme des boules de pétanque détruisant les toitures des habitations ; ou encore par endroits, des températures extrêmes de 40° frôlant la survie.

Et comme si cela ne suffisait pas, les médias français en rajoute avec un nouveau record de faillites pour les entreprises qui vient d’être battu au 1er trimestre de 2023 ; Et devant les larmes d’un entrepreneur qui a tout perdu, un présentateur de la télé nous souhaite de passer de bonnes vacances, en veillant à ne pas mettre n’importe quelle crème solaire, car un grand nombre d’entre elles sont fortement cancérigènes.

Alors, n’y a-t-il pas là sérieusement matière à s’inquiéter ?

 

En fait, face au chaos, il y a deux sortes de personnes. Celles qui ont peur des grandes épreuves, qui y voient un fatalisme désastreux. Elles pensent au fond d’elles-mêmes ne pas être en mesure de les affronter et d’en sortir victorieuses.

Elles se voient alors en luttes perpétuelles avec leurs angoisses et font tout pour ne pas perdre le moral face aux conséquences fatales qu’elles risquent de vivre. (Parmi ces personnes, des croyants nombreux prient pour que leur enlèvement ait lieu avant que cela soit trop dur à vivre) ;

Et puis, il y a l’autre catégorie de personnes, ce sont les optimistes. Elles le sont en apparence. Elles préfèrent enfouir leur peur et se convaincre qu’une bonne étoile veille sur elles et que Dieu ne détruira ni la planète ni les personnes pieuses. Elles se raccrochent au fait que l’homme a toujours trouvé les solutions pour se sortir de tous les pièges et au final progresser.

Et puis dans cette catégorie, il y a celles qui ont peur, mais qui transcendent cette peur ainsi : Elles ont appris à aimer les grandes épreuves, pas forcément parce qu’elles sont optimistes, mais parce qu’elles croient que les épreuves sont le moyen de se mesurer à elles. C’est le moment de démontrer leur supériorité, et celle de leur groupe d’influence, d’étaler au plus haut leurs connaissances, leurs capacités et leurs puissances. Elles se persuadent qu’un nouveau règne arrive et qu’ils en seront les principaux instigateurs. Ces personnes-là font le pari fou que les épreuves les feront encore gravir les échelons du succès et de la gloire. 

Elles ont ce fameux adage à la bouche : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ».

Molière disait aussi : « plus grand est l’obstacle, et plus grande est la gloire de le surmonter ».

 

Mais j’oubliais qu’il existe une troisième sorte de personnes qui n’attend rien de l’épreuve. Qui n’espère rien d’elle et qui ne la redoute pas non plus. (1Thessaloniciens 3:3) « Que personne ne fût ébranlé au milieu des tribulations présentes; car vous savez vous-mêmes que nous sommes destinés à cela ».

Destinés aux tribulations :

Ouah, le destin d’un croyant, son sort est comme celui du croyant de ce port grec de Thessalonique, c’est celui de vivre des tribulations !

Quelle est cette sorte de personne de nos jours qui croit dans ce destin sans être dans un état dépressif ?

Combien de chrétiens pensent que les tribulations sont bénéfiques, et qu’elles arrivent parce que c’est leur sort à eux ? Bien peu.

Je vous parlais dans mon dernier message du fatalisme. Un croyant n’a pas une foi fataliste.

C’est vrai, il doit sans cesse veiller à ne pas tomber. Et s’il commet des fautes, se laver d’elles rapidement pour garder son vêtement propre.

Son travail de réconciliation est une réalité quotidienne.

Mais, le fatalisme s’exerce néanmoins dans ce domaine si peu enviable que sont les fortes épreuves.

Où est cette sorte rare de personne fataliste qui a placé sa foi en Dieu, où est-elle ?

J’ai bien dit rare, parce que la paix que ressentent ces croyants ne vient pas d’eux mais de l’Esprit saint.

 

Cette troisième catégorie de personnes n’est pas convaincue intellectuellement qu’agir de la sorte est le meilleur comportement.

Non, elle est calme, sereine et confiante parce qu’elle ne redoute pas la tribulation. Elle sait que la grande épreuve est pour elle aussi. Actes 20:23 : « L’Esprit-Saint m'avertit que des liens et des tribulations m'attendent ».

Mais cela va plus loin encore, ce disciple sait au fond de lui-même comme l’apôtre Paul, que ce n’est pas l’épreuve le plus important.

Alors qu’est-ce qui est le plus important ?

Eh bien, c’est ma réaction au moment où la tribulation me touche, sans que je m’y sois préparée, sans que je ne l’ai vu venir frapper à ma porte, parce qu’elle arrive, sans crier gare.

Regardons la réaction de Paul.

« Et vous-mêmes, vous avez été mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup de tribulations, avec la joie du Saint Esprit, »

Paul ne parle pas de perte dans la tribulation, il ne parle pas de la détresse non plus,  mais de joie, de la joie du Saint-Esprit.

Il fait référence tout simplement au fruit de l’Esprit. Ce fruit qui se voit pendant la tribulation.

Paul nous donne la saison de la récolte, celle ou le fruit se voit mûr, prés à la consommation. Cette saison c’est celle de la tribulation, de la grande épreuve.

À un autre moment avec les Corinthiens il dira : « Mais nous nous rendons à tous égards recommandables, comme serviteurs de Dieu, par beaucoup de patience dans les tribulations, dans les calamités, dans les détresses, » (2 Corinthiens 6 :4)

Les vrais serviteurs de Dieu ne se proclament pas ainsi, ils se révèlent comme Paul. On les recommande pendant la saison de la grande tribulation. On va les chercher, on court leur demander conseils.

Rappelez-vous Paul au chapitre 27 du livre des Actes, est pris au milieu de la mer dans une tempête qui semblait fatal à tout l’équipage. C’est lui qui annonça sa vision par un ange de Dieu et on est venu le chercher pour qu’ils leur disent comment faire pour échapper à une fin tragique. Ils devaient tous périr en mer.

Quant aux autres parties du fruit, quant à la bienveillance, la bonté et l’amour… lisons ce que dit l’auteur de l’Épitre aux Hébreux ; « Souvenez-vous de ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat au milieu des souffrances, 33d'une part, exposés comme en spectacle aux opprobres et aux tribulations, et de l'autre, vous associant à ceux dont la position était la même. 34En effet, vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté avec joie l'enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours » (Hébreux 10 :33-34).

-S’associer à ceux qui sont éprouvés,

-avoir de la compassion pour les prisonniers,

-ne rien voir comme une perte, même quand ses propres biens sont pris et enlevés…Ce fruit de l’esprit ne s’imite pas. Il ne peut s’exprimer en jouant un rôle qui n’est pas le sien. La tribulation fait que, personne ne peut continuer à tricher. Le naturel revient au galop, et sauver sa peau est alors le réflexe numéro 1 de ceux qui se sont proclamés : le dieu de leur vie.

Jésus dit une chose bizarre dans Jean 16 :33 « Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. ».

Jésus, d’abord ne dit pas à ses disciples qu’ils échapperont aux tribulations. Il ne leur dit pas qu’il éloignera la tempête au moment venu. Il leur fait comprendre que la tempête est plus en eux qu’à l’extérieur.  Il leur dit que ces tribulations sont déjà vaincues et que le plus important est d’avoir la paix en lui. C’est avec cette paix en lui qu’on traversera les grandes épreuves de la vie.

Jésus donc, tout comme Paul, ne fait que de décrire ce fruit tant recherché par les croyants : Galates 5 :22-24 «… le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, 23la douceur, la tempérance; la loi n'est pas contre ces choses. 24Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs ».

Alors, je sais qu’il existe un courant de pensée qui rejette ce sort attribué à l’Épouse de Christ.

Ils refusent l’idée que l’Époux qui est Amour, puisse faire passer celle qu’il aime par de grandes épreuves.

Aucun bon mari ne voudrait faire du mal à sa propre femme. Au contraire il lui ôterait les obstacles, s’il le pouvait. Comment croire dans ce cas que Dieu nous abandonnerait à ce mauvais sort.

Mais, posons-nous les vrais questions : Pourquoi Dieu qui nous donne la vie Éternelle ne nous l’a donne pas à l’instant en supprimant la mort à ses saints ? Pourquoi la mort doit être considérée comme un gain, une porte obligatoire pour la résurrection ?

Dieu ne change pas cette fatalité, elle est pour tout être humain sans exception. Alors pourquoi devrait-il diminuer les épreuves des saints, les enlever même?

Dans le même esprit :

Pourquoi Dieu a-t-il laissé alors Abraham prendre son fils et l’amener jusqu’au sommet du mont Moriah pour le sacrifier ?

A-t-il ôté les épreuves de Joseph fils d’Israël, l’a-t-il protégé de la trahison de ses frères, l’a-t-il empêché d’être vendu comme esclave en Égypte ?

A-t-il empêché le peuple Hébreu de se révolter contre Moïse dans le désert ?...etc.

Toutes ces tribulations ont été traversées par des hommes de Dieu selon le cœur de Dieu. Ils ont été au bout de leur foi.

 

Là aussi, la crainte de la tribulation rend aveugle et fait perdre le but de la foi qui est d’être parfait comme notre Père céleste est parfait ».

Ceux qui pensent que Dieu ne laissera pas ses fils traverser les grandes tribulations pensent ainsi, car… ils n’ont pas crucifié leur chair. Ils ne prient pas « Père que ta volonté soit faite » mais ils prient en eux : « que cette coupe s’éloigne de moi si c’est possible».

Ils en sont encore à l’étape où leurs désirs sont les vrais bergers de leur existence.

 

Seul, la nouvelle naissance, celle d’en haut, peut nous faire traverser les terribles épreuves, comme, lui, Jésus-Christ l’a fait avant nous, en nous montrant un chemin de gloire.

La gloire de l’Épouse ne peut se différencier de la gloire du Fils de Dieu.

Et c’est dans la souffrance que cette gloire prend vie. C’est lorsque notre sang est sur le point de couler que notre valeur de disciple se révèle en plein jour. Le nier c’est encore renier le sacrifice divin ; c’est ne pas vouloir marcher dans les pas de Christ.

C’est comme dire : « lui l’a fait, aussi nous n’avons pas à le refaire ».

Or, comment pourrons-nous être semblable à lui ; Comment le Père peut-il adopter un fils qui ne renonce pas à lui-même jusqu’à accepter toute épreuve venant de lui ?

Il n’y a pas une épreuve qui n’ait été permise sans que notre Père le sache :

1 Corinthiens 10:13 « Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter.»

Dans les faits, nous pouvons être éprouvés au-delà de nos forces humaines, mais pas au-dessus de nos forces spirituelles.

Ces dernières, d’ailleurs nous permettent de sortir de l’épreuve ; alors que si nous nous fions qu’à nos forces humaines nous succombons fatalement.

Jésus, lui-même  fut fortifié par un ange du ciel alors que la tentation arrivait (Luc 22 :43).

 

Quels sont ces forces humaines qui nous précipitent vers le bas ?

-L’idolâtrie.

Le verset suivant dit : « C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie. ».

« Les œuvres de la chair sont manifestes…l’idolâtrie » (Galates 5 :20).

Tout nous ramène à ce démon de l’idolâtrie, celui qui nous fait voir plus haut que les autres, ou qui nous fait voir nos dirigeants plus inspirés que la moyenne des autres.

Ce démon fait partie de la marque de la bête. Cette marque du mal est sur la main droite et le front.

Pourquoi le front, car le front élevé témoigne de notre insoumission, de notre indépendance, de cette arrogance à affirmer être riche d’esprit et ne manquer de rien.

Le constat c’est vrai est toujours le même et je me répète comme les écrits Bibliques ne cessent de le faire aussi : Mais tant que nous resterons fidèles à notre chair, nous ne trouverons jamais le moyen de sortir des épreuves.

Nous ne devons jamais perdre de vue que nos pires épreuves sont des moments de gloire partagés, si et seulement si : le fruit de l’esprit nous accompagne.

Amen

 

dimanche 9 juillet 2023

UN CROYANT DOIT-IL AVOIR UNE FOI FATALISTE ?

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Par Eric RUIZ

 

Bon nombre de croyants pensent à tort que la foi va naturellement avec le fatalisme. C’est-à-dire que la foi est providentielle. Elle entraine avec elle que des événements positifs : une vie pleine de bénédictions et au final, la vie Éternelle. Ce destin heureux apaise et disons-le rend parfois arrogants vis-à-vis des non croyants qui eux se destinent à un avenir sombre et tragique.


C’est pourquoi le fatalisme chrétien procure tant d’adhésions.

Alors, un fataliste c’est quoi ?

Un fataliste, c’est quelqu’un qui s’abandonne complètement aux évènements. Quoi qu’il se passe, il est passif et résigné.

Le fataliste pense même que faire le bien ou le mal ne changera rien aux évènements qui vont se produire malgré lui.

Par exemple : À quoi sert de s’acharner à faire du bien aux autres, de toute manière leur avenir comme le mien est déjà tout tracé ; Car la destinée de chacun de nous est fixée à l’avance de manière surnaturelle.

Certains croient que des anges veillent sur eux continuellement ; pour d’autres que leur prières, ou celles des autres les protègent, ou bien que leurs médaillons, leurs objets fétiches sont des portes bonheurs.

Cette manière de penser entretient bien-sûr de l’irresponsabilité, mais aussi elle va loin, puisqu’elle considère que nos actes n’ont pas d’influence sur notre destinée finale. Ce n’est pas parce que nous allons tout faire pour obtenir le salut que nous le recevrons pour autant.

Ils sont obnubilés par le fait que « Tout est dans la main de Dieu ». Ce qui n’est pas faux, mais ce qui les amène par contre à penser que :

S’ils sont prédestinés à la vie Éternelle, tout ce qu’ils feront ira dans le sens du bien ; même le mal qu’ils font, ne pourra les toucher et les nuire. Ce mal sera provisoire, et il ne changera pas leur avenir. Parce que, s’ils sont enfant de Dieu ce don du salut leur est donné gratuitement par la grâce de Dieu… et qui pourrait le leur  retirer.

Tandis qu’une personne prédestinée à être fils du diable, même si elle fait de bonnes actions, son avenir sera toujours le même, elle est perdue d’avance, quoi qu’elle fasse.

Ce genre de croyance pousse à penser qu’évangéliser ne servira qu’à révéler celles et ceux qui sont déjà croyants sans ne l’avoir jamais su. Ils sont nés enfants de Dieu.

Alors toujours dans le même esprit, face à la maladie, avoir une foi fataliste fera accepter tout, sans broncher comme étant la volonté de Dieu.

Or, je ne cesse de le répéter dans mes messages, mais ce n’est pas parce que

1-on prie souvent,

2-que l’on fait confiance à la Bible ou à ses saints

3-que l’on est assidu à une assemblée de croyants et à ses coutumes, et

4-qu’on se force à faire de bonnes actions, qu’automatiquement la bénédiction coule d’elle-même.

Il y a un grand danger à être un chrétien fataliste. Ce grand danger : c’est de ne plus voir, quand Dieu nous montre un autre chemin, et d’être insensible quand il nous reprend et nous châtie.

Tout ce qu’un croyant vit n’est pas automatiquement la volonté de Dieu. Et la passivité face aux évènements n’est pas toujours la bonne attitude.

 

Mais la vérité semble si proche et à la fois si éloignée.

Jean 13 :13; Est-ce un verset fataliste ? Pourtant à le lire, qui en douterait ?

 « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. »

Est-ce un verset qui, quoi qu’il arrive aboutira à la même réalité : l’exaucement de la prière?

Est-ce que n’importe qu’elle personne qui croit en Dieu peut obtenir tout ce qu’elle demande ?

Dans l’absolu de la foi : oui. Mais les trois mots clés sont en mon nom, au nom du fils. Quel fils ? Jésus-Christ.

Il ne s’agit pas bien-sûr de prononcer son nom à tout bout de champs comme une formule magique (abracadabra), mais il s’agit d’agir comme lui agit ; c’est-à-dire, d’être complètement en Christ, d’avoir ses propres désirs qui sont bien contraire à ce que nous désirons à l’habitude. Au chapitre 15 verset 7 de l’Évangile de Jean, nous avons cette même clé de compréhension:

« Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé ».

 

Ici, il n’y a aucun fatalisme mais une volonté de suivre les paroles du fils de Dieu, de demeurer en lui, jusqu’à rajouter nos souffrances aux souffrances de Christ.

 

La foi ne se contente pas d’une adoration passive, elle se veut toujours empreinte d’esprit, d’action et de vérité, puisque nous devons travailler à la gloire de Dieu.

L’épitre aux Colossiens nous révèle beaucoup de choses sur la vérité du fatalisme.

 « Christ en vous l’espérance de la gloire » (Colossiens 1 : 27) ;

Paul n’a pas dit «  Christ en vous l’assurance de la gloire ». Il a dit : L’espérance de la gloire; et l’espérance nous amène à travailler pour un but qui n’est pas encore atteint ; alors que l’assurance nous rendrait passif, parce que tout serait déjà fait et le but serait accompli. 

Déjà, sans l’esprit de Dieu en soi, la piété est inutile et c’est une perte de temps que de s’y consacrer. En fait, avec le Saint-Esprit, le travail, (la piété) consiste à multiplier la force de Dieu en soi ; C’est encore Paul qui nous donne  cette orientation pour ce travail (toujours dans le premier chapitre de Colossiens au verset 28 « C'est lui (Christ) que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ. 29C'est à quoi je travaille, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi. ».

Donc la foi est loin du fatalisme, car c’est un travail quotidien en Christ ; un travail qui fait grandir la foi pour nous amener à la maturité d’un disciple accompli, parfait.

 

Dans cette lettre Paul dit aux Colossiens de « racheter le temps » ; nous l’avons vu précédemment, cela signifie se racheter une conduite, changer radicalement avec un mauvais comportement qui consistait à toujours se plaindre des autres.  Alors, cela peut paraître d’ailleurs complètement fou, puisque travailler en Christ, c’est se reposer en lui.  Et se reposer ne veut pas dire : ne rien faire,  « car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Philippiens 2 :13). Elle se situe là la force de Dieu : dans le fait de se laisser conduire.

Mais si nous sommes vraiment ressuscités avec Christ, alors, notre nouvelle nature nous fait rechercher les choses d’en haut (Colossiens 3 :1). C’est comme une fatalité.

Quoiqu’il arrive dans notre vie, nous aimons ce que Christ aime. S’il y a un fatalisme, il devrait se trouver bien dans l’amour et ses actes.

En fait, oui, il existe bien un fatalisme divin. Et gloire à Dieu pour cela.

Et ce fatalisme se retrouve encore sous la plume de l’apôtre Paul qui écrit aux Colossiens chapitre 1:16 « Car en lui (Christ) ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui ». Mais toutes ces créations sont faites dans quels buts ? Pour quel objectif final ? On lit ce but à partir du verset 19 :

« 19Car Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui; 20il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix ».

Donc au final, Dieu à la volonté de réunir en lui tout ce qu’il a créé. Mais attention de le réunir après que chacun se soit réconcilié avec lui.

Il y a bien dans ce déterminisme, un travail personnel visant à se réconcilier pleinement avec lui.

Et ce travail de réconciliation n’est pas du tout le même pour chacun.

Pour nous disciples, nous devons aussi « travailler notre salut avec crainte et tremblement, sans murmurer, sans hésitations » C’est là que nous plaçons nos différences. J’ai bien dit « nous plaçons », car il s’agit bien, de nos choix à nous personnellement.

Parce que c’est nous qui rajoutons du temps, de la souffrance, de la détresse, des ténèbres à nos vies. En pensant que notre salut est acquis ; c’est nous qui prolongeons la durée et l’intensité de nos épreuves, par notre mauvais cœur, par notre endurcissement, par notre folie à vouloir nous aimer plus que Dieu.

Il n’y a aucun fatalisme ici. Ce n’est qu’une mauvaise moisson dû à une mauvaise semence ou à une mauvaise terre mal fertilisée. La fleur séchée qui est mise au feu demandera de nouvelles saisons pour éclore à nouveau et produire de meilleurs fruits.

Jean 15 :6 ; « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent ».

Pour certains c’est un recommencement, pour d’autres, c’est un éternel recommencement, tandis que pour un petit groupe, en qui la parole de Dieu demeure, c’est l’accomplissement dans la première résurrection. (et là je vous renvoie sur un message du 10 décembre 2017 : « Il n’y a donc pas une résurrection mais deux résurrection »)

 

Le fatalisme est lié à nos actes, directement à nos actes.

 

Lisons Jérémie 13 à partir du verset 23 : « Vous qui êtes accoutumés à faire le mal…
24Je (vous) disperserai, comme la paille emportée Par le vent du désert.
25Voilà ton sort, la part que je te mesure, Dit l'Éternel, Parce que tu m'as oublié, Et que tu as mis ta confiance dans le mensonge.
26Je relèverai tes pans jusque sur ton visage, Afin qu'on voie ta honte ».

 Ça, c’est ce qui arrive fatalement à ceux qui pratiquent le mensonge. Ce sont des soi-disant croyants. Ils n’ont pas fait qu’oublier l’Éternel, ils se sont élever par l’orgueil. Verset 9 :

« Ainsi parle l'Eternel: C'est ainsi que je détruirai l'orgueil de Juda Et l'orgueil immense de Jérusalem. 10Ce méchant peuple, qui refuse d'écouter mes paroles, Qui suit les penchants de son cœur, Et qui va après d'autres dieux, Pour les servir et se prosterner devant eux ».

Ce triste constat de ruine envers un peuple oublieux, infidèle et menteur, Jésus faisait exactement le même bilan pour ceux de son époque. Leur sentence est fatale. C’est l’orgueil qui assombrit notre avenir. Mais quand Dieu vient à notre secours pour le briser, notre avenir prend alors une toute autre destinée.

Et il y a une sentence pour ceux qui persévèrent dans la loi parfaite de Christ, puisqu’ils entreront dans la gloire de Dieu.

 

Pour résumer :

Le fatalisme existe bien en Christ, mais il ne s’arrête pas avec la grâce de Dieu. Recevoir sa grâce est une bénédiction sans pareil, mais c’est une étape, pas un aboutissement. Avoir la foi n’est pas un aboutissement c’est un nouveau commencement.

Dieu à la fin rassemblera tout en lui, c’est une certitude ; mais notre sort dépend de nos actes, de nos choix, du combat que nous menons. Job disait que « Le sort de l’homme sur la terre est celui d’un soldat » (Job 7 :1)

Nous devons sans cesse, chaque jour recommander notre sors à l’Éternel, remettre notre sort entre ses mains comme le dit le psalmiste.

Ce sort est très important, car notre vie terrestre révèle la place que nous aurons au ciel.

 

Un autre fatalisme : Les derniers seront les premiers et inversement les premiers seront les derniers. La justice de Dieu s’exerce sur terre comme au ciel, et elle s’exerce comme une fatalité. Ce qui tombe comme un couperet fatal : c’est la justice de Dieu.

Elle sépare et rassemble. Elle uni les uns et désunis les autres.

 

Alors connaissant ces lois fatales, nous avons à agir, à prendre des décisions, car elles ont des conséquences, (de grandes conséquences) c’est vrai, sur notre vie future.

Je préfère cet avenir que Jacques nous dévoile en Christ : « celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n'étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l'œuvre, celui-là sera heureux dans son activité » (Jacques 1 :25).

Amen

dimanche 2 juillet 2023

LE VOUVOIEMENT, une forme de piété supérieure ?

492

Par Eric RUIZ

 

Il n’existe pas de détails insignifiants avec Dieu. Il n’y a rien à mépriser. La vérité se loge dans les petits détails du quotidien.

Matthieu 23 : 8-11, en est l’exemple parfait.

« Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. 9Et n'appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. 10Ne vous faites pas appeler directeurs; car un seul est votre Directeur, le Christ. 11Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».

Maitre, pères, directeurs, ce sont des titres honorifiques, qui au premier regard n’impliquent pas grand-chose d’important. Mais en y regardant mieux, ils sont néanmoins lourds de conséquences, car ce sont des titres de distinction, de supériorité, qui changent le rapport d’égalité entre un individu et un autre.

Jésus est très directif et affirmatif vis-à-vis de ces mots-là.

À la suite de ces versets, il dit que si vous nommez les autres ainsi, vous les élevez ; si d’autres vous nomment par ces titres, on vous élève et quiconque sera élevé sera abaissé. Le malheur sera alors aux portes de ceux qui élèvent ou qui se sont élevés.

 

Jésus donc emploie des exemples communs de titres honorifiques. Il aurait pu, tout aussi logiquement, nous prévenir de ne pas nous faire appeler apôtre, pasteur, prophète, docteur, révérend ; on peut continuer la liste…Son altesse, sa seigneurie, son excellence, son éminence (je fais là, référence aux évêques, aux archevêques, comme aux grands rabbins), mais aussi : sa sainteté (pour le pape) etc.

 

Je vais aller plus loin, il y a une forme grammaticale qui est devenue culturelle dans de très nombreux pays: le vouvoiement.  Le vouvoiement ne ferait-il pas partie de la liste lui-aussi ?

Et pourquoi pas?

 

Jésus, j’en suis certain, aurait pu mettre en garde les croyants d’aujourd’hui en disant : « Ne vous faites pas vouvoyer personnellement, et ne vouvoyer pas votre prochain ».

Parce que lui, Jésus ne s’embarrassait pas du vouvoiement dans ses relations.

Face à Ponce Pilate, grand gouverneur romain de la Judée, il n’était pas question de vouvoiement. Pilate tutoies Jésus : « Es-tu le roi des juif ? » et Jésus le tutoies en retour : « Tu le dis toi-même » Matthieu 27 :11.

Il n’existe pas de forme de vouvoiement dans le Grec ancien, l’Araméen ou le vieil Hébreu.

Et puis, Jésus sans se plier devant les puissants, ne se montre pas condescendant, ni supérieur, vis-à-vis de son interlocuteur.

Le respect divin ne se situe pas à ce niveau du langage.

De la même manière lorsqu’on s’adresse à Dieu le Père, on le tutoie dans la prière. On est dans sa sphère intime : «  Que ton règne vienne, Que ta volonté soit faite ».

Abraham dans le livre de la Genèse tutoie Dieu : « Abram répondit: Seigneur Éternel, que me donneras-tu? Je m'en vais sans enfants; et l'héritier de ma maison, c'est Eliézer de Damas.» (Genèse 15 :2)

Moïse fait de même en Exode 5 :22-23 « Moïse retourna vers l'Éternel, et dit: Seigneur, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple? Pourquoi m'as-tu envoyé? Depuis que je suis allé vers Pharaon pour parler en ton nom, il fait du mal à ce peuple, et tu n'as point délivré ton peuple. ».

Pour Jacob le père des 12 tribus d’Israël, il en est de même : Jacob supplia Dieu ainsi : « Délivre-moi, je te prie de la main de mon frère, de la main d’Ésaü ».

Dans tous ces cas, le serviteur n’est pas plus grand que le maitre ; et surtout le maitre se fait serviteur en se laissant tutoyer.

 

Alors ce vouvoiement est-il légitime ?

 

Et disons-le, l’homme aurait-il droit à des égards que Dieu n’exige pas envers lui-même ? Vanité des vanités répondrait l’Ecclésiaste.

Le texte biblique, quant à lui ne laisse aucun doute. Il n’y a qu’un seul Dieu. Le vouvoiement est alors une injure, il laisserait la possibilité d’invoquer plusieurs divinités.

Examinons de plus près, la première réplique du premier homme fait à l’image de Dieu : Adam

(Genèse 3 :10) « J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. ».

Le premier tutoiement montre une proximité certes, entre Dieu et l’homme mais qui très vite n’existe plus ensuite.

« Je me suis caché » est pire qu’un vouvoiement. Ce comportement montre d’emblée que les faits dévoilent plus que les mots.

Le vouvoiement met de la distance. Or, le fait d’être caché rajoute une volonté de disparaitre même de la vue de Dieu. La honte a rajouté de la distance.

Le fait de dire « vous », comme donner des titres honorifiques, c’est donc placer l’autre à un même niveau supérieur. D’ailleurs où se trouve la frontière entre le titre honorifique et le-vouvoiement ? Le vous italien Lei, a ses origines dans Vostra Eccellenza ou Vostra Signoria ; alors que le vous espagnol : Usted provient de Votre Grâce.

La frontière est quasi inexistante.

Le-vous, en plus, est un pluriel. Et, dans les faits quand on demande à l’autre de dire : Vous, on se place au moins comme deux personnes. On compte pour deux, vis-à-vis de l’autre que l’on tutoie. Serait-on alors deux fois plus important ?

Si on répond : « Mais qui êtes-vous pour me tutoyer ? », on place une verticalité dans la relation qui n’est plus sur le même niveau ; on place un mur de protection entre deux personnes. La relation est d’emblée limitée.

Il y a une mise à distance par le vouvoiement, comme si l’un avait droit à un respect supérieur à l’autre, une mise à distance par l’âge, une mise à distance affective ou encore une mise à distance sociale.

De la même manière dire : « je vous permets de me tutoyer », cela montre aussi une certaine arrogance comme son contraire : « Je ne vous permets pas de me tutoyer » qui dévoile le refus d’être intime avec la  personne.

La question qui vient à l’esprit est : A-t-on vraiment besoin d’une mise à distance par la parole pour se respecter mutuellement?

Non, Dieu a fixé des bornes. Pourquoi ont-elle été déplacées ?

On vient de l’voir, la chair a toujours cette volonté de faire des différences ; mais ce n’est pas la seule raison. La peur de l’autre incite à protéger son intimité. Le « tu » est pour beaucoup trop intrusif. « Tu me tutoies, or je ne vous connais pas suffisamment, gardez vos distances ».

Cette question du tu et du vous est tellement embarrassante dans nos rapports humains que dans ma région de Normandie, certains ont opté pour le pronom « il ». Bonjour, il va bien ? ».

Qu’en est-il maintenant pour ceux qui n’arrivent pas à prier qu’en employant le-vous ? Par exemple : « Père que votre nom soi sanctifié »

 J’ai ma petite idée…leur dieu est-il alors inaccessible, si loin et inatteignable ? Cette mise à distance ne montre-elle pas une résignation dans la prière ; être résigner à ne pas mériter l’écoute et l’intimité avec le divin ? Cet éloignement ne favorise-t-il pas plutôt l’idolâtrie ?

Maintenant, la décision de tutoyer ou non n’est pas toujours personnelle, la société la rendue complexe.

Pour ma part, dans mon travail au quotidien, je sais que mes élèves me vouvoient et que je ne peux que difficilement faire autrement, parce que c’est une convention dans l’enseignement. Il y a un véritable contrat social. Le contrat social commence avec la langue.

Ici, il ne se trouve pas entre les gouvernants et les gouvernés, mais ce contrat s’est élargi et diversifié à plein d’autres niveaux (le patronat avec les ouvriers ; l’employeur avec les employés, les plus âgés avec les moins âgés…).

D’une manière générale ce contrat social permet le tu qu’entre ceux admis à faire partie de sa sphère intime. C’est pourquoi ce contrat social met une barrière entre par exemple les enseignants et les enseignés. Et tutoyer son professeur est mal vu, on risque de passer pour un démago, un laxiste, si on casse cette barrière.

Et puis, le professeur a tellement peur de se faire manquer de respect, qu’il place lui-même la barrière du vouvoiement dès le départ, allant jusqu’à vouvoyer aussi ses élèves.

C’est comme s’il plaçait un pare feu pour éviter de se faire attaquer de front.

Est-ce pour autant qu’il est respecté lui et sa fonction ? L’expérience prouve que non, c’est un pare feu factice. Celle ou celui qui souhaiterait briser cette barrière le fera autrement s’il le faut. Il prendra un ton condescendant dans son vouvoiement par exemple, ou il abusera par de multiples familiarités.

Jésus est venu briser les codes et les barrières sociales comme religieuses. Il a insisté durant sa vie physique beaucoup plus sur le ton donné, ou l’attitude, le comportement, allant jusqu’à la ruse, pour montrer que le respect n’est pas ni dans les convenances sociales, ni dans un langage châtié, ni dans l’attribution de titres honorifiques. Toutes ces manières sont des comédies, des pièges revêtant le masque de l’hypocrisie.

Alors faisons un petit détour par l’Histoire. En Europe, comment est apparu ce vouvoiement ? Je dirais plutôt comment est apparue cette comédie ?

Pour certains historiens ; le passage du tutoiement au vouvoiement daterait du milieu du 3ème siècle après Jésus-Christ, au moment du règne de l'empereur romain Dioclétien.

Il y avait 3 Césars à l’époque et quand on s’adressait à l’empereur donc à César on s’adressait en fait à 3 personnes ; d’où le vouvoiement.

Par la suite, ce qui parut évident c’est le règne de la féodalité, pour la noblesse, et l’aristocratie, où le vouvoiement était de rigueur. Là aussi, cette comédie permettait entre autre de se distinguer du tutoiement des classes sociales les plus basses (les paysans, les domestiques,).

Alors, il est assez logique qu’au moment de la révolution française, le vouvoiement fut combattu comme anti républicain.

Pour rompre avec l’Ancien régime, on voulut y faire voter même une loi obligeant le tutoiement. Mais il y a des barrières difficiles à faire sauter. Preuve que la hiérarchie sociale et religieuse a toujours le vent en poupe.

Le vouvoiement a la vie dure c’est un des derniers vestiges de l’aristocratie (et on l’a vu pas seulement en France, en Italie, en Espagne et pour bien d’autres pays). Et puis, n’oublions pas que « l’homme prend garde à l’apparence, à ce qui frappe le regard » (1 Samuel 16 :7) ; et le vouvoiement donne une première impression forte de respect.

Les comédiens raffolent de ce vernis social. De nombreuses pièces de théâtre ont depuis des siècles ridiculisées celles et ceux qui en abusent par leurs flatteries, leurs courbettes révérencieuses.  Ce vernis est puissant puisqu’il fait partie de l’éducation même ; et cela ne fait qu’alimenter la confusion.

Voltaire d’ailleurs ne résoudra rien en affirmant que le tu es le langage de la vérité et le vous celui du compliment.

Le dilemme demeure : quand dire tu et quand employer le-vous ?

C’est devenu un art très compliqué encore aujourd’hui au sein même des familles (avec ses beaux-parents par exemple, à l’un on dira tu et à l’autre vous, pourquoi ? on ne le sait pas).

Le tu donnes encore l’illusion d’une grande famille soudée alors qu’elle est en plein déchirement.

Par conséquent, que doit faire un disciple de Christ ? Doit-il terrasser le vous avec une nouvelle loi, avec un tutoiement obligatoire ?

Ne retombons pas dans un légalisme ou le « tu dois, tu ne dois pas » dirige. La loi d’amour prime sur tout le reste. Ne soyons pas un objet de scandale ou de chute pour nos frères et sœurs. Si cela gêne l’autre, la sagesse et l’amour nous pousse à revenir au vouvoiement pour cette personne, ou encore à accepter ce pronom personnel pluriel dans son contexte historique et littéraire.  Ce n’est pas un combat qu’il faut mener les armes à la main. La prise de position pour le tutoiement doit d’abord arriver après avoir gagné son propre combat contre l’hypocrisie et visée les intimes en premiers ; puis cette position s’élargir progressivement. Cela doit être comme la foi, le fruit d’une conviction personnelle.

Sachant qu’il y a quand même des milieux ou le vouvoiement comme les titres honorifiques sont perçus comme un respect obligatoire.

Dans l’armée par exemple.

Je prends ma propre expérience. J’étais pendant mon année de service national appelé à être enseignant au lycée militaire de st Cyr.  J’y étais sous le grade de caporal-chef. Mes élèves m’appelaient donc chef. Un jour j’ai pris l’initiative de leur dire de ne plus m’appeler chef, car après tout je ne voulais pas qu’ils me considèrent de la sorte. J’ai subi alors une horde de mépris de leur part. Ils ne me respectaient plus, Pour garder l’ordre, et la discipline j’ai dû revenir en arrière.

Mais là aussi le tu et le-vous sont tellement des fenêtres ouvertes vers l’intérieur des personnes. On peut y voir leur hypocrisie révélée au grand jour, comme leur stratégie machiavélique. Y-a-t-il qu’en politique ou l’on voit des communistes s’appeler camarades, se tutoyer quotidiennement, puis une fois au pouvoir se vouvoyer ? Et que dire de ces milieux où tout le monde se tutoies pour montrer leur  attachement et leur solidarité en même temps que le rejet commun des autres ?

La nature perverse de l’homme revient sans cesse au galop.

Alors pour un disciple de Dieu, ce qui est juste doit être fait dans le temps. Un temps disponible qui permet sans violence de faire tomber cette distance entre sois et l’autre, en y instituant le tutoiement.

Un tu plein de respect, sans faux semblants, ni familiarités déplacées.

Nous, qui sommes serviteurs de Dieu nous sommes tous serviteurs les uns des autres. Nous sommes des compagnons de service, comme l’ange le défendait. Cet ange qui a montré les visions à l’apôtre Jean lorsqu’il était sur l’île de Patmos,

« Je suis ton Compagnon de service » lui dit-il : Un mot grec sundolos.  sun [soon] qui signifie associé et doulos serviteur. Nous sommes un peuple de serviteurs et vivons associés aux autres, aux autres serviteurs.

Le tu, est important si et seulement si, il donne le sens de nos relations : l’horizontalité, la soumission des uns et des autres. Une relation dans laquelle personne ne cherche son propre intérêt mais celui de l‘autre d’abord.

Amen