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Par Éric
Ruiz
LA SUPERIORITE CACHEE DE LA LOI SUR LA GRACE DANS LE CHRISTIANISME
Pour beaucoup de croyants, la loi permet d’atteindre la grâce.
Mieux que cela, la loi c’est un aller direct vers la grâce.Et le plus souvent, sans le savoir, ils
font de la loi un objet sacré, un temple. Ils sont tellement persuadés que la
loi est fondamentale que leurs propos les trahissent. Ils parlent beaucoup plus
de la loi que de la grâce. Et s’ils en parlent beaucoup plus, c’est qu’il la
tienne plus en respect.
Ils pensent qu’à force de multiplier les lois et les préceptes, la grâce abondera davantage.
« Tu ne dois pas faire ceci, il est interdit de faire cela ! Attention avec une telle attitude le péché se couche à ta porte ! L’obéissance à Dieu commence par obéir à ses lois ; les commandements de Dieu donnés à Moise sont des ordres, ne pas les étudier amène à la perdition ; la Bible dit que ceux qui pèchent iront en enfer ….».
La loi n’a pas commencé avec Moïse. Elle a commencé dès le départ dans le jardin d’Eden avec le commandement de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; Et avec cette terrible peine qu’Adam et Eve mourront s’ils désobéissent.
Donc connaitre le bien et
le mal, c’est connaitre ce qui est péché de ce qui ne l’est pas. Or,
aujourd’hui les chrétiens n’en finissent pas de faire de nouvelles études sur
ce qui est bien ou mal, sur ce qui est péché et sur ce qui ne l’est pas. J’en ai vu écrire de longues listes sous
forme de catalogues, où ils énumèrent tous les péchés possibles et inimaginables ;
ceux pratiqués volontairement, ceux faits par omission, ceux qui amènent plus
de malheurs que d’autres. Ils ont placé la loi avant la grâce, ou plutôt
au-dessus de la grâce.
John Buyan
un prédicateur chrétien baptiste réformé du XVIIème siècle, très connu pour son œuvre majeure « le
voyage du Pèlerin » vendu à des millions d’exemplaires, traduit dans plus
de 200 langues, disait : « un
homme qui ne connaît pas la nature de la loi ne peut pas connaître la nature du
péché. Et celui qui ne connait pas la nature du péché ne peut connaitre la
nature du sauveur ». La
nature du sauveur c’est la Grâce. Connaitre la grâce se fait-il obligatoirement
par la connaissance du péché ?
LA NATURE DE LA GRACE
Alors, la
connaissance de la loi nous aide surtout à nous détourner du mal et du péché.
C’est une prise de conscience de nos transgressions. Mais la nature de notre
sauveur, dont la grâce tient une part considérable, elle va tellement plus loin.
La grâce ne change pas juste notre vision ou notre conscience vis-à-vis
du péché. C’est très réducteur de croire comme cela. La grâce change notre
cœur, change l’intention de nos actes. La grâce, c’est un changement qui touche la nature profonde
de l’être humain.
Les
religieux qui partaient lapider la femme adultère, connaissaient parfaitement
la loi de Moïse. Ils pouvaient réciter chaque précepte, chaque article de
manière très approfondie. L’adultère était sans aucun doute un des péchés qu’il
maitrisait le mieux ; Ils en connaissaient
toutes les formes possibles. Mais cela a-t-il fait d’eux des personnes
graciées par Christ ? Ont-ils compris la nature de Christ qui leur a dit
de jeter la première pierre s’ils n’ont jamais péchés ? A en voir leur
attitude ils se sont juste sentis démasqués et repris dans leur conscience,
mais se sont-ils repentis ? « Quand
ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un,
depuis les plus âgés jusqu'aux derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au
milieu. »(Jean
8 :9)
La grâce ne se comprend pas,
elle se reçoit. C’est un don qui vient d’en haut. Et une fois que la grâce est
reçue alors nous l’a comprenons parce qu’elle demeure en nous. Et l’homme ou la femme qui a été
touché par la grâce, lorsqu’il pèche est repris au fond de lui, et sa
repentance est immédiate, sans qu’il ait eu besoin d’avoir la connaissance du
péché auparavant. Il aime par nature plaire à Dieu ; et sa nature, le
pousse à s’éloigner du péché. Alors bien évidemment nous péchons, quel que soit
notre nature, mais même quand nous péchons, Dieu nous voit sans péché, puisqu’il ne voit
pas le péché, il ne voit pas le pécheur non plus puisqu’il vient de le purifier ;
il voit la nouvelle nature que nous
sommes devenues. Dieu a une grâce d’avance pour ses fils adoptés.
C’est le mystère de la grâce.
Dieu en nous par le Saint-Esprit ne peut se renier en regardant le péché. Le Saint-Esprit malgré nos fautes nous sanctifie entièrement, (pas en partie) totalement.
Ce mystère
nous est très bien expliqué par la première épitre de Jean au premier et au
troisième chapitre.
Ce mystère
commence là : 1 Jean 1 : 8-10« Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous
séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous. Si
nous confessons nos péchés, il est
fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute
iniquité. 10Si nous disons que nous n'avons pas péché, nous le faisons
menteur, et sa parole n'est point en nous. » Et ce mystère de la
grâce continue dans les versets suivants, ceux de 1 jean 3 :6, qui semblent
contredire les premiers alors qu’ils les complètent et donnent la lumière
nécessaire : « Quiconque demeure en lui ne pèche point;
quiconque pèche ne l'a pas vu, et ne l'a pas connu…Quiconque est né de Dieu ne
pratique pas le péché, parce que la
semence de Dieu demeure en lui; et il ne peut pécher, parce qu'il est né de
Dieu ».
Alors pour résumer : Tant que nous n’avons pas reçu la grâce et surtout,
tant que n’avons pas persévérer en elle (demeurer en elle) nous pratiquons le
péché… parce que nous sommes une nature pécheresse soumis à la loi du
péché ; Nous luttons sans cesse contre nos fautes et le péché nous
attriste; Mais si nous demeurons dans sa grâce, (et nous le savons parce que
nous confessons régulièrement nos péchés et qu’ils sont purifiés par Jésus-Christ)
alors nous ne pratiquons plus le péché, notre
joie est complète. C’est un
état de contentement permanent parce que notre nature est nouvelle,
elle est en Christ (le Dieu dans un homme sans péché).
POURQUOI LE MYSTERE DE LA GRACE ECHAPPE-T-IL AUX ERUDITS RELIGIEUX ?
La réponse
est évidente. Ont-ils renoncé entièrement à leur ancienne nature
pécheresse ?
Non, la
grâce n’a eu qu’un effet provisoire dans leur vie et leur nature est restée
toujours la même. Pour vous donner une métaphore : leur orgueil est si grand que l’agneau ne peut paitre en eux (et je
rappelle que l’agneau est le caractère divin donné par Dieu). Et, c’est
pourquoi ils se battent autant avec le péché.
Et la
grande majorité des croyants sont dans cette relation avec la grâce. Ils l’ont
reçu pour un temps, (un temps seulement). C’est pourquoi ils se sentent
eux-aussi si concernés par la nature du péché et qu’ils excluent la grâce
malgré eux.
Observez celles et ceux qui ne cessent d’être éclairés sur les devoirs et les péchés. Ils tombent dans un fanatisme religieux qui les rend violent. Et ils ne peuvent cacher la méchanceté qui les anime. Ceux qui sont en désaccord avec eux se font injurier. Le fanatisme pousse sans cesse aux reproches, aux critiques, aux récriminations et à la colère. La loi du bien et du mal est à telle point devenue sacrée pour eux, que ne pas en faire référence, les indignent au plus haut point.
Jérémie en
s’adressant aux Judaïtes de Jérusalem leur disait : Jérémie 8 :7 « Même la cigogne connaît dans les cieux sa saison; La tourterelle,
l'hirondelle et la grue observent le temps de leur arrivée; Mais mon peuple ne
connaît pas la loi de l'Eternel ».
Le peuple de Dieu au temps du prophète Jérémie prétendaient connaitre la loi (et ils la connaissaient sans doute par cœur jusqu’au moindre commandement) ; Alors pourquoi le prophète affirme-t-il le contraire ?
Que dit le prophète Jérémie au verset précédent ? « Ils
ne parlent pas comme ils devraient; Aucun ne se repent de sa méchanceté, Et ne
dit: Qu'ai-je fait? Tous reprennent leur course, comme un cheval qui s'élance
au combat. » Ces croyants qui
s’élancent comme des chevaux au combat, quel combat mènent-ils ?
Celui du péché. Ils combattent la nature du
péché. Mais à la différence qu’ils le combattent chez les autres mais pas chez
eux. La puissance du péché règne encore chez eux. Comme le dévoile Jésus de
Nazareth, ils voient le péché chez la femme adultère mais pas chez eux, sinon
ils ne se seraient pas liguer contre elle pour la tuer.
Et le verset suivant de Jérémie 8 : 8 : « Comment pouvez-vous
dire: Nous sommes sages, La loi de l'Eternel est avec nous? C'est bien en vain
que s'est mise à l'œuvre la plume mensongère des scribes.
9Les
sages sont confondus, Ils
sont consternés, ils sont pris; Voici, ils ont méprisé la parole de l'Eternel,
Et quelle sagesse ont-ils? ».
La grâce de Dieu est surprenante, parce
qu’elle inspire une sagesse à contre-courant. La culture de la grâce met en déroute
le païen qui entend Jésus dire : « Si quelqu'un veut plaider contre
toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau…. moi, je vous dis de
ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite,
présente-lui aussi l'autre… Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en
deux avec lui. ».
Les chrétiens en nombre disent un grand « Amen !»
à ces versets, sachant très bien que dès qu’ils auront des différents avec les
autres, ils penseront à la loi du talion. « Il m’a volé mon manteau, c’est
un voleur, je ne laisserai pas le pécheur prendre l’ascendant sur moi, il doit
me le rembourser ou alors, je porte plainte contre lui. De même, s’il touche à
un des miens je ne me laisserai pas faire. Je lui rendrais la pareille. S’il
blesse je le blesserai, s’il tue je le tuerais avec la même arme. C’est la
justice de Dieu. »
Ils veulent être miséricordieux, mais ils
sont impitoyables.
Cette justice-là est diabolique. Si vous vous sentez pousser à faire justice par
vous-mêmes, ce n’est pas l’Esprit de Dieu qui vous y incite. L’esprit de Dieu
est remplit de grâce, de soumission et de douceur. L’Esprit Saint est semblable
à l’agneau, il vous incite plus à la compassion qu’à la morale. Ce qui est
légaliste n’a alors plus d’emprise.
LA GRACE NOUS DONNE-T-ELLE DES DROITS
SUPERIEURS ?
Du même
acabit, se sentir animé par le même esprit que celui de Moïse quand Dieu lui
confia les tables de la loi, ce n’est pas juste. D’abord parce que Moïse à ce moment-là
était premier Magistrat de son peuple. Exode 18 :13 « Le lendemain, Moïse s'assit pour
juger le peuple, et le peuple se tint devant lui depuis le matin jusqu'au soir. » C’est lui, Moïse qui devait
faire appliquer la loi et se donner les moyens de faire respecter les droits et
devoirs de chacun.
Or, se
prétendre Moïse pour sa famille ou pour son Eglise, c’est une mission là aussi
diabolique.
C’est se
tenir seul juge. User de moralité et d’obligations pour les autres n’est pas la
mission d’un disciple de Christ.
Et puis Moïse
avait un peuple nombreux, il se devait de nommer d’autres magistrats pour
l’aider afin d’exercer sa justice. Exode 18 :25 « Moïse choisit des hommes
capables parmi tout Israël, et il les établit chefs du peuple, chefs de mille,
chefs de cent, chefs de cinquante et chefs de dix. 26Ils jugeaient le peuple en tout temps; ils portaient devant
Moïse les affaires difficiles, et ils prononçaient eux-mêmes sur toutes les
petites causes. ».Il ne s’agissait pas que le peuple
fasse justice lui-même avec les commandements. Or, combien de chrétiens de nos jours brandissent sans cesse leur
Bible comme un code pénal. De plus ces magistrats devaient recevoir le témoignage
de plusieurs personnes pour légiférer sur un préjudice.
Rien ne
devait se faire à la va vite et par un seul témoin.
Aujourd’hui
la grande majorité des nations possèdent leurs tribunaux et leur police pour
faire respecter la loi. (Attention la loi des nations n’est pas la loi de
Moïse, elles peuvent s’en inspirée si c’est une civilisation judéo-chrétienne).
Ainsi ce n’est pas à un croyant de faire respecter la loi au titre que lui est
inspiré par Dieu et qu’il rendra un verdict et une sentence plus juste. La
grâce en nous ne nous donne pas des droits supérieurs, la grâce doit parler
ainsi : les autorités judiciaires du pays, font le rôle que Dieu leur a donné.
Nous sommes soumis à leur autorité et à leur administration, car elles sont
instaurées par Dieu. Si le verdict ne nous parait pas juste, nous pouvons le
dire en restant calme et courtois ; et nous pouvons aussi prier notre
Seigneur pour qu’il nous éclaire sur cette justice plutôt que de nous rebeller.
Car finalement, celui à qui appartient toute justice rendra lui-même la sentence
juste au moment qu’il trouvera le meilleur.
Rappelons-nous ce que Jésus demandait à Simon
Pierre après qu’il soit ressuscité et sur quoi il insistait tant : Jean
21 : 17 « Jésus lui dit pour la troisième fois:
Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu? Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit
pour la troisième fois: M'aimes-tu? Et il lui
répondit: Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime. Jésus lui
dit: Pais mes brebis. » La nature de la grâce
nous fait aimer comme Dieu aime. La nature de la grâce, c’est l’agneau ;
l’agneau qui vit en nous par le Saint-Esprit. Cet agneau doit paitre. Il doit
se nourrir. Se nourrir longtemps et régulièrement d’amour (d’où les trois
questions répétées : Simon, fils de Jonas m'aimes-tu?). Mais il ne peut se nourrir que s’il se sent en sécurité,
apaisé, accepté et aimé. Alors cet agneau en se nourrissant va grandir et
atteindre sa stature parfaite. Gardez en image cet agneau. L’agneau de Dieu qui
vit en nous doit devenir nous. Mais comme pour toute croissance, il a besoin de
temps. Donnons-lui le temps de croitre et de paitre. Et ne permettons pas à
l’ennemi de le chasser par la connaissance du bien et du mal. La loi est
contraire à l’esprit. « La lettre tue et l’esprit
vivifie ». L’arbre de la connaissance fait mourir tandis que l’arbre
de vie fait vivre Choisissons la
vie !
Pour être pratique : « l’amour couvre une multitude de péchés » ; cette loi de la grâce n’est-elle pas bien au-dessus des autres ?
Amen
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