dimanche 9 juillet 2023

UN CROYANT DOIT-IL AVOIR UNE FOI FATALISTE ?

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Par Eric RUIZ

 

Bon nombre de croyants pensent à tort que la foi va naturellement avec le fatalisme. C’est-à-dire que la foi est providentielle. Elle entraine avec elle que des événements positifs : une vie pleine de bénédictions et au final, la vie Éternelle. Ce destin heureux apaise et disons-le rend parfois arrogants vis-à-vis des non croyants qui eux se destinent à un avenir sombre et tragique.


C’est pourquoi le fatalisme chrétien procure tant d’adhésions.

Alors, un fataliste c’est quoi ?

Un fataliste, c’est quelqu’un qui s’abandonne complètement aux évènements. Quoi qu’il se passe, il est passif et résigné.

Le fataliste pense même que faire le bien ou le mal ne changera rien aux évènements qui vont se produire malgré lui.

Par exemple : À quoi sert de s’acharner à faire du bien aux autres, de toute manière leur avenir comme le mien est déjà tout tracé ; Car la destinée de chacun de nous est fixée à l’avance de manière surnaturelle.

Certains croient que des anges veillent sur eux continuellement ; pour d’autres que leur prières, ou celles des autres les protègent, ou bien que leurs médaillons, leurs objets fétiches sont des portes bonheurs.

Cette manière de penser entretient bien-sûr de l’irresponsabilité, mais aussi elle va loin, puisqu’elle considère que nos actes n’ont pas d’influence sur notre destinée finale. Ce n’est pas parce que nous allons tout faire pour obtenir le salut que nous le recevrons pour autant.

Ils sont obnubilés par le fait que « Tout est dans la main de Dieu ». Ce qui n’est pas faux, mais ce qui les amène par contre à penser que :

S’ils sont prédestinés à la vie Éternelle, tout ce qu’ils feront ira dans le sens du bien ; même le mal qu’ils font, ne pourra les toucher et les nuire. Ce mal sera provisoire, et il ne changera pas leur avenir. Parce que, s’ils sont enfant de Dieu ce don du salut leur est donné gratuitement par la grâce de Dieu… et qui pourrait le leur  retirer.

Tandis qu’une personne prédestinée à être fils du diable, même si elle fait de bonnes actions, son avenir sera toujours le même, elle est perdue d’avance, quoi qu’elle fasse.

Ce genre de croyance pousse à penser qu’évangéliser ne servira qu’à révéler celles et ceux qui sont déjà croyants sans ne l’avoir jamais su. Ils sont nés enfants de Dieu.

Alors toujours dans le même esprit, face à la maladie, avoir une foi fataliste fera accepter tout, sans broncher comme étant la volonté de Dieu.

Or, je ne cesse de le répéter dans mes messages, mais ce n’est pas parce que

1-on prie souvent,

2-que l’on fait confiance à la Bible ou à ses saints

3-que l’on est assidu à une assemblée de croyants et à ses coutumes, et

4-qu’on se force à faire de bonnes actions, qu’automatiquement la bénédiction coule d’elle-même.

Il y a un grand danger à être un chrétien fataliste. Ce grand danger : c’est de ne plus voir, quand Dieu nous montre un autre chemin, et d’être insensible quand il nous reprend et nous châtie.

Tout ce qu’un croyant vit n’est pas automatiquement la volonté de Dieu. Et la passivité face aux évènements n’est pas toujours la bonne attitude.

 

Mais la vérité semble si proche et à la fois si éloignée.

Jean 13 :13; Est-ce un verset fataliste ? Pourtant à le lire, qui en douterait ?

 « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. »

Est-ce un verset qui, quoi qu’il arrive aboutira à la même réalité : l’exaucement de la prière?

Est-ce que n’importe qu’elle personne qui croit en Dieu peut obtenir tout ce qu’elle demande ?

Dans l’absolu de la foi : oui. Mais les trois mots clés sont en mon nom, au nom du fils. Quel fils ? Jésus-Christ.

Il ne s’agit pas bien-sûr de prononcer son nom à tout bout de champs comme une formule magique (abracadabra), mais il s’agit d’agir comme lui agit ; c’est-à-dire, d’être complètement en Christ, d’avoir ses propres désirs qui sont bien contraire à ce que nous désirons à l’habitude. Au chapitre 15 verset 7 de l’Évangile de Jean, nous avons cette même clé de compréhension:

« Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé ».

 

Ici, il n’y a aucun fatalisme mais une volonté de suivre les paroles du fils de Dieu, de demeurer en lui, jusqu’à rajouter nos souffrances aux souffrances de Christ.

 

La foi ne se contente pas d’une adoration passive, elle se veut toujours empreinte d’esprit, d’action et de vérité, puisque nous devons travailler à la gloire de Dieu.

L’épitre aux Colossiens nous révèle beaucoup de choses sur la vérité du fatalisme.

 « Christ en vous l’espérance de la gloire » (Colossiens 1 : 27) ;

Paul n’a pas dit «  Christ en vous l’assurance de la gloire ». Il a dit : L’espérance de la gloire; et l’espérance nous amène à travailler pour un but qui n’est pas encore atteint ; alors que l’assurance nous rendrait passif, parce que tout serait déjà fait et le but serait accompli. 

Déjà, sans l’esprit de Dieu en soi, la piété est inutile et c’est une perte de temps que de s’y consacrer. En fait, avec le Saint-Esprit, le travail, (la piété) consiste à multiplier la force de Dieu en soi ; C’est encore Paul qui nous donne  cette orientation pour ce travail (toujours dans le premier chapitre de Colossiens au verset 28 « C'est lui (Christ) que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ. 29C'est à quoi je travaille, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi. ».

Donc la foi est loin du fatalisme, car c’est un travail quotidien en Christ ; un travail qui fait grandir la foi pour nous amener à la maturité d’un disciple accompli, parfait.

 

Dans cette lettre Paul dit aux Colossiens de « racheter le temps » ; nous l’avons vu précédemment, cela signifie se racheter une conduite, changer radicalement avec un mauvais comportement qui consistait à toujours se plaindre des autres.  Alors, cela peut paraître d’ailleurs complètement fou, puisque travailler en Christ, c’est se reposer en lui.  Et se reposer ne veut pas dire : ne rien faire,  « car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Philippiens 2 :13). Elle se situe là la force de Dieu : dans le fait de se laisser conduire.

Mais si nous sommes vraiment ressuscités avec Christ, alors, notre nouvelle nature nous fait rechercher les choses d’en haut (Colossiens 3 :1). C’est comme une fatalité.

Quoiqu’il arrive dans notre vie, nous aimons ce que Christ aime. S’il y a un fatalisme, il devrait se trouver bien dans l’amour et ses actes.

En fait, oui, il existe bien un fatalisme divin. Et gloire à Dieu pour cela.

Et ce fatalisme se retrouve encore sous la plume de l’apôtre Paul qui écrit aux Colossiens chapitre 1:16 « Car en lui (Christ) ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui ». Mais toutes ces créations sont faites dans quels buts ? Pour quel objectif final ? On lit ce but à partir du verset 19 :

« 19Car Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui; 20il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix ».

Donc au final, Dieu à la volonté de réunir en lui tout ce qu’il a créé. Mais attention de le réunir après que chacun se soit réconcilié avec lui.

Il y a bien dans ce déterminisme, un travail personnel visant à se réconcilier pleinement avec lui.

Et ce travail de réconciliation n’est pas du tout le même pour chacun.

Pour nous disciples, nous devons aussi « travailler notre salut avec crainte et tremblement, sans murmurer, sans hésitations » C’est là que nous plaçons nos différences. J’ai bien dit « nous plaçons », car il s’agit bien, de nos choix à nous personnellement.

Parce que c’est nous qui rajoutons du temps, de la souffrance, de la détresse, des ténèbres à nos vies. En pensant que notre salut est acquis ; c’est nous qui prolongeons la durée et l’intensité de nos épreuves, par notre mauvais cœur, par notre endurcissement, par notre folie à vouloir nous aimer plus que Dieu.

Il n’y a aucun fatalisme ici. Ce n’est qu’une mauvaise moisson dû à une mauvaise semence ou à une mauvaise terre mal fertilisée. La fleur séchée qui est mise au feu demandera de nouvelles saisons pour éclore à nouveau et produire de meilleurs fruits.

Jean 15 :6 ; « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent ».

Pour certains c’est un recommencement, pour d’autres, c’est un éternel recommencement, tandis que pour un petit groupe, en qui la parole de Dieu demeure, c’est l’accomplissement dans la première résurrection. (et là je vous renvoie sur un message du 10 décembre 2017 : « Il n’y a donc pas une résurrection mais deux résurrection »)

 

Le fatalisme est lié à nos actes, directement à nos actes.

 

Lisons Jérémie 13 à partir du verset 23 : « Vous qui êtes accoutumés à faire le mal…
24Je (vous) disperserai, comme la paille emportée Par le vent du désert.
25Voilà ton sort, la part que je te mesure, Dit l'Éternel, Parce que tu m'as oublié, Et que tu as mis ta confiance dans le mensonge.
26Je relèverai tes pans jusque sur ton visage, Afin qu'on voie ta honte ».

 Ça, c’est ce qui arrive fatalement à ceux qui pratiquent le mensonge. Ce sont des soi-disant croyants. Ils n’ont pas fait qu’oublier l’Éternel, ils se sont élever par l’orgueil. Verset 9 :

« Ainsi parle l'Eternel: C'est ainsi que je détruirai l'orgueil de Juda Et l'orgueil immense de Jérusalem. 10Ce méchant peuple, qui refuse d'écouter mes paroles, Qui suit les penchants de son cœur, Et qui va après d'autres dieux, Pour les servir et se prosterner devant eux ».

Ce triste constat de ruine envers un peuple oublieux, infidèle et menteur, Jésus faisait exactement le même bilan pour ceux de son époque. Leur sentence est fatale. C’est l’orgueil qui assombrit notre avenir. Mais quand Dieu vient à notre secours pour le briser, notre avenir prend alors une toute autre destinée.

Et il y a une sentence pour ceux qui persévèrent dans la loi parfaite de Christ, puisqu’ils entreront dans la gloire de Dieu.

 

Pour résumer :

Le fatalisme existe bien en Christ, mais il ne s’arrête pas avec la grâce de Dieu. Recevoir sa grâce est une bénédiction sans pareil, mais c’est une étape, pas un aboutissement. Avoir la foi n’est pas un aboutissement c’est un nouveau commencement.

Dieu à la fin rassemblera tout en lui, c’est une certitude ; mais notre sort dépend de nos actes, de nos choix, du combat que nous menons. Job disait que « Le sort de l’homme sur la terre est celui d’un soldat » (Job 7 :1)

Nous devons sans cesse, chaque jour recommander notre sors à l’Éternel, remettre notre sort entre ses mains comme le dit le psalmiste.

Ce sort est très important, car notre vie terrestre révèle la place que nous aurons au ciel.

 

Un autre fatalisme : Les derniers seront les premiers et inversement les premiers seront les derniers. La justice de Dieu s’exerce sur terre comme au ciel, et elle s’exerce comme une fatalité. Ce qui tombe comme un couperet fatal : c’est la justice de Dieu.

Elle sépare et rassemble. Elle uni les uns et désunis les autres.

 

Alors connaissant ces lois fatales, nous avons à agir, à prendre des décisions, car elles ont des conséquences, (de grandes conséquences) c’est vrai, sur notre vie future.

Je préfère cet avenir que Jacques nous dévoile en Christ : « celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n'étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l'œuvre, celui-là sera heureux dans son activité » (Jacques 1 :25).

Amen

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