dimanche 25 juin 2023

LA PEUR BLEUE DU CELIBAT ou de la SOLITUDE

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Par Eric RUIZ

 

J’ai commencé mon message en partant d’un mot que j’ai entendu, alors que j’étais jury d’examen cette semaine.

L’utopie, ce mot, tout le monde l’a entendu prononcer ou l’a lu, écrit quelque part ; ne serait-ce  pour expliquer des visions d’un bonheur naïf, absolu, sans échec, on parle d’utopie.

Mais son contraire : la dystopie, qui connait ce mot ?

Pour moi, avant il y a quelques jours, je ne le connaissais pas.

À l’entendre, la dystopie sonne un peu comme une maladie, se rapprochant de la dyslexie, Or, cela n’a rien à voir avec un trouble du langage ; non, la dystopie c’est une vision cauchemardesque du monde.

On emploie ce terme surtout pour désigner des récits qui ont la particularité d’être sordide, morbide et même cataclysmique.  Le monde y est hyper diabolisé et ténébreux.

Pour la très grande majorité des gens, le dernier livre de la Bible, le 66ème livre : l’Apocalypse est un livre dystopique. C’est le récit de la fin du monde.

C’est le chaos total. Comme je le disais récemment avec Genèse 1:2,  le Tohuw Bohuw.

D’ailleurs quand survient un chaos, l’expression : « c’est l’apocalypse, c’est apocalyptique » est rentrée dans le langage commun.

Beaucoup de chrétiens, je sais, insistent très lourdement sur le récit dystopique dans leur évangélisation. Ils veulent déstabiliser, impressionner leur auditeur non-croyant en leur décrivant que leur réalité est bien plus terrifiante qu’il le croit ; et que leur futur le sera encore plus.

Ils leur disent qu’ils subiront la pire des épreuves, s’ils restent dans leur condition. Ils auront à combattre le diable en personne, à accepter sa marque, la marque de la bête, et à être détruit avec lui.

C’est un discours fréquent qui, bien sûr mélange tout : vérité et mensonges.

Or, combien ont été séduits par les paroles de ses faux docteurs ? Combien se sont intéressés à la Bible, ou se sont mis à fréquenter des assemblées chrétiennes dans l’espoir de ne pas affronter ce qu’ils redoutent le plus, et de faire disparaitre leurs inquiétudes, pour y trouver un semblant de paix ?

Pourtant, où se trouve cette logique qui pense qu’il faille épouvanter l’autre pour l’amener sur le chemin de la foi ?

Penser que l’amour pour Dieu nait à partir de la peur, de la crainte de la fin du monde ; ou que derrière l’angoisse de vivre des choses épouvantables, il y a l’amour de Dieu… est-ce vraiment le bon chemin, la bonne stratégie à suivre ?

 

Dans 1Jean 4 :18, il est écrit que : « La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour ».

 

La crainte, l’imperfection n’amène pas à la perfection : l’amour. La crainte au contraire est bannit parce qu’elle porte en elles des châtiments.

Pour comprendre cette aversion, cette inimitié même entre l’amour et la crainte,

Je vais prendre l’exemple du mariage, car cette union c’est cette forme d’alliance sacrée que la foi amène et provoque.

La foi a pour but le mariage bien-sûr entre Dieu et ses élus (sa fiancée préparée et sanctifiée comme un vêtement sans plis et sans tâches).

La crainte dans le mariage, en fait, c’est comme si je me persuadais des bienfaits du mariage non pas par amour, mais afin d’éviter de finir seul.

Le mariage devient alors le moyen d’échapper à une terrible angoisse provoquée par la peur bleue de la solitude.

Mais, la peur n’est pas un bon mobile. La peur de la solitude ne fait pas de bons mariages on le sait. On constate tous les jours des couples malheureux, et prisonniers de cette stratégie.

 

Alors qu’on m’explique ce tour de passe-passe : pourquoi, si on suit cette logique, la peur d’un futur chaotique amènerait à aimer Dieu ?

Quel drôle de sentiment d’aimer à partir de la peur.

Il y a là un trouble mental évident, qui amènerait à aimer pour échapper à son agresseur, et à voir dans la fuite de l’oppression, une vertu.

 

Je ne suis pas dupe, je sais que beaucoup d’assemblées religieuses sont pleines de croyants qui pensent aimer Dieu, parce qu’ils ont eu un fort coup de cœur au début, mais qui, dans la réalité sont là parce qu’ils ont fui leur solitude et la peur de l’avenir.

Je sais que des gens continuent à jouer au croyant pieu, pensant se protéger ainsi d’un mal inéluctable.

Mais leurs peurs les font encore plus s’accrocher aux rites ou aux coutumes que leur impose la religion, ou parfois aussi, qu’ils veulent imposer à la religion.  Ils sont plus que les autres encore, les gardiens des cérémonies religieuses. Ce sont les soldats de ces temples idolâtres.

Ils n’ont que faire de leur propre réflexion et de leur esprit critique. Cette partie du cerveau, ils l’ont volontairement inhibée. Ils sont persuadés que lorsque le mal frappera fort près d’eux, ils partiront avec les élus.

 

Ils sont comme ces mariés amoureux autrefois mais qui restent en couple en acceptant toutes les contraintes, les défauts de l’autre et même les mauvais traitements, car ils sont perçus moins pénibles que d’être abandonné ou de se retrouver seul face à soi-même.

Ces mariés de la peur gardent quand même une affection pour l’autre, mais l’amour n’est plus leur moteur. Ils semblent fidèles, oui… mais ce que je vais dire est dur à entendre : ils restent pour eux, pas pour l’autre.

 

Alors dans les Églises bâtiment (j’emploie bâtiment pour bien les différencier de l’Église cachée de Dieu), beaucoup d’adeptes acceptent toutes sortes d’injustices, toutes sortes de frustrations, qu’on leur fait subir malgré eux.

Pourquoi ?

Ils sont fidèles, parce qu’ils ont peur de se retrouver comme les non-croyants, de partager leur condamnation et leur châtiment et de ne pas hériter des récompenses célestes.

 

De ce fait, ils se contentent très bien de leur situation. Ils sont comme ces couples mariés qui se sont résignés à vivre dans la tiédeur, préférant être mal accompagnés que de se retrouver abandonnés et célibataires.

Dans ce genre de couple, le fait d’être ensemble prime sur tout autre chose et surtout sur la qualité de la relation.

Eh bien, pareillement, le fait d’être un chrétien soumis à sa paroisse ou à son assemblée prime sur la vérité ou le mensonge qu’on y vit.

Ils n’attendent plus qu’on leur explique la vérité. Ils n’attendent plus rien de leurs frères de foi. Ils veulent surtout qu’on leur prêche des actes simples et démonstratifs à faire.

Les efforts qu’ils font, les sacrifices qu’ils consentent, les brimades mêmes qu’ils reçoivent leur donnent bonne conscience ; justement parce qu’ils ont choisi d’être dociles et de ne pas se rebeller. Et cela les satisfont; Car, leur but n’est plus de plaire à Dieu. Leur but (le plus souvent inconscient) est celui de rester soumis à cette foi erronée.

Cette foi, où subir : c’est se soumettre, subir : c’est être obéissant à Dieu.

Cette foi-là ressemble à la vraie foi, sauf que le renoncement par amour de Dieu n’est plus le mobile. Tout ressemble à la foi sauf le mobile. N’importe qui pourrait s’y méprendre et voir dans leur soumission, le fruit de l’esprit.

Mais le Saint-Esprit qui sonde les cœurs voit nos intentions les plus profondes ;

 

Il sait si c’est l’amour qui nous inspire ou une autre cause. Alors, sans amour, comment le Saint-Esprit peut-il faire son temple en nous ?

 

Ces croyants, c’est vrai, sont pour beaucoup passés par le baptême d’eau. Ils ont été touchés par l’amour de Dieu, Ils ont renoncé à leurs mauvais désirs ; D’ailleurs ils pardonnent encore quand on les offense, mais l’amour de Dieu n’est plus leur mobile. Leur union, leur mariage est une sécurité, pas une conviction de cœur.

Ils sont nés d’eau mais pas d’esprit.

 

On le remarque par des comportements récurrents : les dimanches, ils vont à l’Église et ils sont frères et sœurs. 

Ils se font des accolades, ils prennent des nouvelles des uns et des autres, ils chantent et prient ensembles ; mais c’est le temps d’un moment, le temps d’un sabbat, car dès que le culte ou la messe est finie, chacun rentre chez soi s’occuper de ses affaires et plus personne ne se soucie de l’autre. Ils ne sont pas ensemble à l’Église pour l’autre. Ils sont ensemble pour eux-mêmes, chacun pour soi.

Or, tout croyant né d’eau possède 1Jean 4 :20-21dans le cœur : » Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? Et nous avons de lui ce commandement: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. ».

 

Voilà comment Dieu ressent leur célébration et cette  communion imbibée de tiédeur :

Amos 5 :21-23 : « Je hais, je méprise vos fêtes, Je ne puis sentir vos assemblées.
22Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, Je n'y prends aucun plaisir; Et les veaux engraissés que vous sacrifiez en actions de grâces, Je ne les regarde pas.
23Eloigne de moi le bruit de tes cantiques; Je n'écoute pas le son de tes luths »

 

Ici, ce qui est frappant c’est toujours ce discours dystopique des croyants qui aiment témoigner d’un grand châtiment de Dieu pour les autres (alors qu’il est le leur en premier).

Ils annoncent aux incroyants leur captivité, leur emprisonnement, leur aliénation dans le monde…mais tous ces adjectifs (captifs, emprisonnés, aliénés) ce sont les leurs, c’est ce qu’ils vivent. Ils ont vu les temps ténébreux de leur époque au travers du prisme de leur propre inquiétude et de leur angoisse.

Ou alors, pour d’autres, ils se sont mis en couple pour ne plus être seul et les voilà accablés par la solitude qu’ils croyaient vaincue.

Tout comme ceux qui ont fréquenté des assemblés religieuses pour trouver une communauté accueillante, qui est dans le partage ; et au lieu de cela, ils s’y sont sentis inexistants, inutiles et délaissés. Ils se sont retrouvés, malgré eux, avec des personnes qui les font se sentir seul.

Job avait pris conscience de cela pour lui-même : Job 3 :25-26

« Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive; Ce que je redoute, c'est ce qui m'atteint.
26Je n'ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, Et le trouble s'est emparé de moi »

 

Alors, ces croyants qui vivent avec des craintes, qui sont troublés par la peur, sont-ils répudiés à vie, reçoivent-ils une condamnation ? Un rejet définitif ?

Pas du tout : c’est un constat qui peut changer avec un cœur brisé et une volonté ferme de changer sans faire de compromis.

Mais le temps fait son œuvre. Le temps est là pour que les évènements jugent de l’égarement de chacun.

 

Maintenant, ne soyez pas défaitiste, il n’y a aucune fatalité à vivre ces choses.

Il y a un temps de vérité où Dieu met la lumière sur nos ténèbres et où il ouvre les yeux de chaque croyant.

Certains les ouvrent et les referment aussitôt, déterminés à ne pas bouger d’un iota, car ils préfèrent leurs ténèbres.

D’autres les ouvrent et aiment la lumière. Ils reviennent par le chemin de l’humilité et de la repentance.

Si vous vous reconnaissez comme je me suis moi-aussi reconnu à un moment donné de ma vie, ne laissez pas cette lumière s’éteindre sans avoir pris une décision ferme vous concernant.

Je prie pour que celles et ceux qui écouteront ou liront ce message soient touchés par la lumière de Dieu et que sa parole soit vérité.

Attention toutefois, l’or qui est l’esprit de Dieu, la vraie richesse ne vient que par le feu. Je ne fais que citer Apocalypse 3 : 18 : « je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, ». Cette épreuve du feu, n’a rien à voir avec l’acquisition d’un don surnaturel. Ce n’est pas marcher sur des braises non plus ; Le feu : c’est l’épreuve de la fidélité dans la persévérance.

Comme je l’ai dit : la tentation vient toujours éprouver notre fidélité. Ne soyons pas des auditeurs oublieux mais qu’à chaque prise de conscience de nos écarts nous puissions convertir ce qui n’est pas bon et revenir le plus rapidement possible à Christ. Car c’est ainsi que nous aurons préparés ce vêtement sans tâche ni rides, ce que Jésus nomme : « parfait ».

Amen

 

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