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Par Eric Ruiz
Le rapport à l’argent a toujours été un très bon révélateur. Pour beaucoup de ceux qui se réclament de la foi d’Abraham, gagner beaucoup d’argent est une conséquence tout à fait logique puisque cela fait partie des promesses de Dieu.
Le
problème n’est pas que ce qu’ils pensent soit faux. Le Psaume 10 :22 reste
toujours aussi vrai ; « C'est la bénédiction de l'Eternel qui
enrichit, Et il ne la fait suivre d'aucun chagrin. ».
Le
problème est d’avoir toujours devant soi cet appât du gain. « Vient à Dieu
et il engorgera tes greniers ! Il fera déborder tes livrets
d’épargne ! Tu prospéreras dans ton travail !».
Ces mots
sont aujourd’hui de véritables slogans pour venir à la foi.
Ils
éveillent l’intérêt général et suscitent des émotions fortes.
Regardez
tous ces nouveaux convertis qui viennent à l’Église parce qu’ils sont pauvres
ou qu’ils ont perdu énormément d’argent et qu’on leur a dit que Dieu paiera
leur dette.
Il n’est
pas rare de voir des chrétiens se mettre à jouer à des jeux de hasards, ou ils
prient même pour avoir les bons numéros à la loterie. Ils se lancent dans des
affaires de spéculations financières (j’y ai moi-même subi des déboires
autrefois en plaçant une grosse somme d’argent dans un placement boursier qui a
fini par capoté).
Les
choses sont parfois plus subtiles. Certains créent un blog sur internet, d’autres
ouvre une chaine sur YouTube, un compte sur Instagram, ou Tik Tok pour
soi-disant répandre l’Évangile. Mais ils cherchent à accroitre leur nombre de
vues.
Car disons-le : le but
dans cela : c’est l’argent facile.
Alors
Dieu ne nous demande pas de nous intéresser à l’argent, il souhaite avant tout
que notre cœur se porte sur sa justice et alors, tout nous sera donné en plus.
C’est lui qui à sa manière nous donneras ce dont nous avons besoin.
C’est lui notre rémunérateur, notre pourvoyeur.
Si nous nous préoccupons de l’argent, alors nous empêchons Dieu d’agir comme il le souhaite, et nous nous rendons indisponible pour les autres.
Alors, l’argent est-il à notre service ou sommes-nous au service de l’argent ?
Si j’ai à choisir entre d’une part un travail quatre fois mieux rémunéré ailleurs, une vie plus aisée dans une autre ville plus éloignée ou d’autre part un travail avec un salaire moindre mais plus proche de mes frères et sœurs de foi qui ont besoin de moi, que vais-je choisir ?
Eh bien,
la question se résume à : De qui
suis-je le serviteur ?
Bien sûr
je pourrais répondre qu’avec beaucoup d’argent, je pourrais envoyer une somme
tous les mois et aider mes frères dans le besoin. Mais l’argent répond-il à
tout ?
Par
exemple, mon père seul, malade,
handicapé et âgé n’a-t-il pas besoin plus de ma présence que d’un soutien
financier ?
Une chose
est sure :
Notre bien-être dépend du
bien-être des autres.
Si nous pensons que Dieu veut nous donner un état de confort supérieur, des
servants et servantes, une vie oisive où les biens et la nourriture coulent à
flot, ce rêve ne provient pas de lui.
Quand un
peuple se retrouve dans la joie et qu’il loue le Seigneur par des chants, des
cantiques nouveaux, c’est parce qu’il se réveille d’un cauchemar, parce que le
salut est venu frapper à sa porte.
Alors
oui, lorsqu’un frère qui n’avait pas de travail en trouve un subitement, ou
lorsqu’une famille qui avait perdu sa maison en retrouve une quelque temps
après, ces prodiges viennent de Dieu. Et chanter Alléluia, gloire au Seigneur
et entièrement justifié.
Pensez
toutefois, si nous obtenions tout par nos prières sans que la douleur ou la
sueur coule de notre front, serions-nous toujours aussi zélés pour pratiquer la
justice de Dieu ?
Le dieu karma
presse-bouton de la bénédiction n’existe pas et heureusement pour nous.
Nos combats
de chaque jour nous maintiennent dans une position de foi, et maintiennent nos
sens en éveil. Cela évite de nous endormir et devenir insensible à la cause de notre
prochain.
Ce n’est
pas parce que Dieu nous libèrent de nos oppresseurs (des effets d’une tempête
et d’une mer agitée) qu’il nous place dans un globe de cristal pour nous rendre
intouchable.
L’ennemi,
l’adversaire nous envoie des flèches. Et nous devons toujours être dans un état
d’âme qui plaise à Dieu pour que ces flèches ne nous touchent pas.
Proverbes
28 :20 nous donne un juste aperçu de l’argent reçu de Dieu : « Un homme fidèle
est comblé de bénédictions ».
Le chemin de la bénédiction
n’est pas l’argent facile, c’est la fidélité. Et, qui détermine que nous sommes fidèles sinon Dieu lui-même ?
La fidélité renvoie nécessairement à un temps relativement long, à des épreuves
passées avec succès, à des tentations vaincues.
Dieu nous passe au crible comme les grains pour que devenions saints. Et c’est lui qui évalue nos bénédictions.
Par
contre, nous ne devons pas tomber dans un autre excès, celui de passer son temps
à examiner ses péchés. La foi est agissante. C’est l’amour que nous avons les
uns pour les autres qui couvrent une multitude de péchés.
Alors, si
nous devons être dans un excès, c’est
bien dans celui de se préoccuper du bien-être de nos proches et celui de nos
frères et sœurs.
Ce commandement que nous avons dans le cœur est bien le premier. « Aime ton prochain comme toi-même ». C’est ainsi que tu accompliras la justice de Dieu.
L’apôtre
Paul écrit qu’il se plait dans la disette comme dans l’abondance, qu’il a
appris en ayant faim comme en étant rassasié et que sa condition est secondaire
(Philippiens 4 :12).
Or, quand
une disette arrive ne loue-t-on pas le Seigneur en le suppliant de venir à
notre secours ? Mais ainsi, sommes-nous
vraiment dans la paix et la joie, alors ?
Ne sommes-nous pas en train de nous leurrer nous-mêmes… en priant que cette disette soit la plus courte possible ?
Maintenant,
je connais bien peu de pasteurs qui mettraient ce proverbe biblique à l’entrée
de leur bâtiment d’église. Ils le verraient plutôt comme le nombre 17 une sorte
de scandale doublé d’une malédiction : Proverbes 21 :17 « Celui
qui aime la joie reste dans l'indigence (la pauvreté); Celui qui aime le vin et
l'huile ne s'enrichit pas. ».
Eux, ces dirigeants, ils ont besoin d’un salaire. Ils ont les
dimes et les offrandes à récupérer. Comment peuvent-ils alors annoncer la
vérité ? Ils liront ce passage avec leur
interprétation pour qu’il ne nuise pas à leurs intérêts financiers. Ils aiment
le vin et l’huile (ils aiment la révélation et la parole de Dieu) mais
n’aiment-t-ils pas par-dessus tout l’enrichissement ?
Alors ce
proverbe du chapitre 21 verset 1, est-ce un nouveau commandement ?
Est-il
interdit de s’enrichir et devons-nous aimer la pauvreté ?
Évidemment
non, faire vœu de pauvreté n’est pas une loi biblique. Pourtant il est clair qu’ici,
ce n’est pas à l’homme ou à la femme de faire un pas vers l’enrichissement,
mais c’est bien à Dieu de le faire. Et aimer se réjouir tout en restant dans
l’indigence fait opposition à la convoitise. La convoitise fait perdre sa joie
en cherchant à s’enrichir.
D’ailleurs
ceux qui critiquent sans cesse les gens riches ou ceux qui ont de l’argent dans
l’assemblée, ont-ils toujours de la joie ? Leur cœur n’est-il pas plutôt
chargé d’amertume ? Ne ressentent-ils pas de l’humiliation face à
l’injustice du sort ?
Je
reviens sur le verset du départ :
« C'est la bénédiction de l'Eternel
qui enrichit, Et il ne la fait suivre d'aucun chagrin ».
Pourquoi en relisant ce verset la bénédiction qui tombe sur les uns ou
l’absence de bénédiction que n’ont pas les autres est suivi d’un chagrin ?
Pourquoi les uns éprouvent-ils de la jalousie et les autres de la
tristesse ?
La question que tous devrait se poser est la suivante : Est-ce
vraiment la bénédiction de Dieu qui est venue enrichir ou bien celle de l’homme,
de Mammon ? N’est-ce pas le désir de posséder et d’accroitre ses biens qui
a poussé les uns à s’enrichir, et aux autres jaloux à y voir de la
malhonnêteté ?
Quel que soit la personne le désir de s’enrichir pousse à sa propre perte.
Proverbes 28 :22 : « Un homme envieux a
hâte de s'enrichir, Et il ne sait pas que la disette viendra sur lui. »
Nous devons prévenir nos frères et sœurs que critiquer ceux
qui ont de l’argent, comme mettre du zèle à en avoir abouti au même résultat, à
l’effet contraire, la disette.
Si un frère reçoit des dons, pourquoi le jalouser ? Réjouissons-nous
plutôt de le voir dans une meilleure situation. « L’amour
n’est pas envieux, il ne cherche pas son intérêt, il ne soupçonne pas le mal, il
ne se réjouit pas de l’injustice».
Ce verset tant connu de 1 Corinthiens 13 signifie que soupçonner le mal chez l’autre nous attire la disette et pas seulement elle, mais tout son lot d’épreuves qui va avec : la tristesse, l’amertume, le découragement et pour finir la haine.
Quand le roi David bénit l’assemblée, il loue Dieu en lui disant : « C'est de toi que viennent
la richesse et la gloire, c'est toi
qui domines sur tout, c'est dans ta
main que sont la force et la puissance, et c'est ta main qui a le pouvoir d'agrandir et d'affermir
toutes choses… et David répète à nouveau
comme s’il insistait pour que cela soit bien compris de tous, et pas seulement
par son fils Salomon qui allait lui succéder « Éternel,
notre Dieu, c'est de ta main
que viennent toutes ces richesses que nous avons préparées pour te bâtir une
maison, à toi, à ton saint nom, et c'est
à toi que tout appartient. » (1Chronique 29 :12 et 16).
Or, bien que ce qui dit David soit très clair, l’homme a un
cœur tellement tortueux qu’il associe automatiquement la richesse provenant de
Dieu à son zèle pour s’enrichir. Dès qu’il fait une affaire d’argent, il
attribut cela à Dieu, alors que c’est lui qui s’est empressé de forcer le
destin.
Ne soyons pas hypocrites et examinons si la bénédiction
financière est venue à partir d’une de nos stratégies ou bien si cette
bénédiction est arrivée sans que nous l’ayons prémédité.
Vouloir
l’argent facile, c’est se moquer de Dieu. Cela revient à jouer
une mauvaise comédie, où le croyant montre aux autres que sa fidélité est louée
par Dieu, qu’elle est juste une récompense divine… alors que derrière ce masque
se cache le seul désir de vouloir briller par soi-même.
Nous devons dire sans avoir à rougir que le Tout Puissant est notre or notre argent et notre richesse, parce que nous n’avons pas cherché à nous enrichir.
Josaphat roi de Juda a vu ses navires être détruit juste
avant d’emprunter la route de l’or.
Avait-il besoin d’un signe supplémentaire pour être
convaincu que ce n’était pas la voie que Dieu choisit ?
« La richesse est une couronne pour les
sages »,
nous dit un proverbe biblique. Josaphat a-t-il choisi de rechercher de l’or
pour accroitre sa sagesse aux yeux de son peuple ?
Car la question restera indéfiniment tournée vers nous-mêmes : que cherchons-nous réellement ? À avoir plus d’amis par nos richesses, à nous glorifier de notre état ? À attirer le regard ?
On peut
aimer l’argent sans en avoir… simplement par le fait de le convoiter, d’être
jaloux de ceux qui en ont, de le détester chez les autres ou encore de se
l’interdire pour soi.
Toutes ces réactions sont des pièges à tentations qui comme
le dit Paul plonge les hommes dans le malheur et dans la perdition.
Veillons sur nos réactions comme sur nos envies, elles
témoignent beaucoup de ce que nous sommes réellement. Puis, si cela est
nécessaire convertissons nos cœurs et brisons nos idoles.
Je vous demanderai encore une chose : mettez pendant
quelque temps ce verset dans un endroit visible comme à la porte d’entrée de
votre maison et prenez parti dans vos discussions pour rappeler l’intention de
ce commandement :
Proverbes
21 :17 « Celui qui aime la joie reste dans
l'indigence (la pauvreté); Celui qui aime le vin et l'huile ne s'enrichit
pas. ».
Amen
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