lundi 2 septembre 2024

L’ARGENT FACILE

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Par Eric Ruiz

Le rapport à l’argent a toujours été un très bon révélateur. Pour beaucoup de ceux qui se réclament de la foi d’Abraham, gagner beaucoup d’argent est une conséquence tout à fait logique puisque cela fait partie des promesses de Dieu.


Le problème n’est pas que ce qu’ils pensent soit faux. Le Psaume 10 :22 reste toujours aussi vrai ; « C'est la bénédiction de l'Eternel qui enrichit, Et il ne la fait suivre d'aucun chagrin. ».

Le problème est d’avoir toujours devant soi cet appât du gain. « Vient à Dieu et il engorgera tes greniers ! Il fera déborder tes livrets d’épargne ! Tu prospéreras dans ton travail !».

Ces mots sont aujourd’hui de véritables slogans pour venir à la foi.

Ils éveillent l’intérêt général et suscitent des émotions fortes.

Regardez tous ces nouveaux convertis qui viennent à l’Église parce qu’ils sont pauvres ou qu’ils ont perdu énormément d’argent et qu’on leur a dit que Dieu paiera leur dette.

Il n’est pas rare de voir des chrétiens se mettre à jouer à des jeux de hasards, ou ils prient même pour avoir les bons numéros à la loterie. Ils se lancent dans des affaires de spéculations financières (j’y ai moi-même subi des déboires autrefois en plaçant une grosse somme d’argent dans un placement boursier qui a fini par capoté).

Les choses sont parfois plus subtiles. Certains créent un blog sur internet, d’autres ouvre une chaine sur YouTube, un compte sur Instagram, ou Tik Tok pour soi-disant répandre l’Évangile. Mais ils cherchent à accroitre leur nombre de vues.

 

Car disons-le : le but dans cela : c’est l’argent facile.

 

Alors Dieu ne nous demande pas de nous intéresser à l’argent, il souhaite avant tout que notre cœur se porte sur sa justice et alors, tout nous sera donné en plus. C’est lui qui à sa manière nous donneras ce dont nous avons besoin. C’est lui notre rémunérateur, notre pourvoyeur.

Si nous nous préoccupons de l’argent, alors nous empêchons Dieu d’agir comme il le souhaite, et nous nous rendons indisponible pour les autres.

Alors, l’argent est-il à notre service ou sommes-nous au service de l’argent ?

Si j’ai à choisir entre d’une part un travail quatre fois mieux rémunéré ailleurs, une vie plus aisée dans une autre ville plus éloignée ou d’autre part un travail avec un salaire moindre mais plus proche de mes frères et sœurs de foi qui ont besoin de moi, que vais-je choisir ?

Eh bien, la question se résume à : De qui suis-je le serviteur ?

 

Bien sûr je pourrais répondre qu’avec beaucoup d’argent, je pourrais envoyer une somme tous les mois et aider mes frères dans le besoin. Mais l’argent répond-il à tout ?

Par exemple, mon père  seul, malade, handicapé et âgé n’a-t-il pas besoin plus de ma présence que d’un soutien financier ?

Une chose est sure :

Notre bien-être dépend du bien-être des autres. Si nous pensons que Dieu veut nous donner un état de confort supérieur, des servants et servantes, une vie oisive où les biens et la nourriture coulent à flot, ce rêve ne provient pas de lui.

Quand un peuple se retrouve dans la joie et qu’il loue le Seigneur par des chants, des cantiques nouveaux, c’est parce qu’il se réveille d’un cauchemar, parce que le salut est venu frapper à sa porte.

Alors oui, lorsqu’un frère qui n’avait pas de travail en trouve un subitement, ou lorsqu’une famille qui avait perdu sa maison en retrouve une quelque temps après, ces prodiges viennent de Dieu. Et chanter Alléluia, gloire au Seigneur et entièrement justifié.

Pensez toutefois, si nous obtenions tout par nos prières sans que la douleur ou la sueur coule de notre front, serions-nous toujours aussi zélés pour pratiquer la justice de Dieu ?

Le dieu karma presse-bouton de la bénédiction n’existe pas et heureusement pour nous.

Nos combats de chaque jour nous maintiennent dans une position de foi, et maintiennent nos sens en éveil. Cela évite de nous endormir et devenir insensible à la cause de notre prochain.

Ce n’est pas parce que Dieu nous libèrent de nos oppresseurs (des effets d’une tempête et d’une mer agitée) qu’il nous place dans un globe de cristal pour nous rendre intouchable.

L’ennemi, l’adversaire nous envoie des flèches. Et nous devons toujours être dans un état d’âme qui plaise à Dieu pour que ces flèches ne nous touchent pas.

Proverbes 28 :20 nous donne un juste aperçu de l’argent reçu de Dieu : « Un homme fidèle est comblé de bénédictions ».

Le chemin de la bénédiction n’est pas l’argent facile, c’est la fidélité. Et, qui détermine que nous sommes fidèles sinon Dieu lui-même ? La fidélité renvoie nécessairement à un temps relativement long, à des épreuves passées avec succès, à des tentations vaincues.

Dieu nous passe au crible comme les grains pour que devenions saints. Et c’est lui qui évalue nos bénédictions.

Par contre, nous ne devons pas tomber dans un autre excès, celui de passer son temps à examiner ses péchés. La foi est agissante. C’est l’amour que nous avons les uns pour les autres qui couvrent une multitude de péchés.

Alors, si nous devons être dans un excès, c’est bien dans celui de se préoccuper du bien-être de nos proches et celui de nos frères et sœurs.

Ce commandement que nous avons dans le cœur est bien le premier. « Aime ton prochain comme toi-même ». C’est ainsi que tu accompliras la justice de Dieu.

L’apôtre Paul écrit qu’il se plait dans la disette comme dans l’abondance, qu’il a appris en ayant faim comme en étant rassasié et que sa condition est secondaire (Philippiens 4 :12).

Or, quand une disette arrive ne loue-t-on pas le Seigneur en le suppliant de venir à notre secours ?  Mais ainsi, sommes-nous vraiment dans la paix et la joie, alors ?

Ne sommes-nous pas en train de nous leurrer nous-mêmes… en priant que cette disette soit la plus courte possible ?

Maintenant, je connais bien peu de pasteurs qui mettraient ce proverbe biblique à l’entrée de leur bâtiment d’église. Ils le verraient plutôt comme le nombre 17 une sorte de scandale doublé d’une malédiction : Proverbes 21 :17 « Celui qui aime la joie reste dans l'indigence (la pauvreté); Celui qui aime le vin et l'huile ne s'enrichit pas. ».

Eux, ces dirigeants, ils ont besoin d’un salaire. Ils ont les dimes et les offrandes à récupérer. Comment peuvent-ils alors annoncer la vérité ?  Ils liront ce passage avec leur interprétation pour qu’il ne nuise pas à leurs intérêts financiers. Ils aiment le vin et l’huile (ils aiment la révélation et la parole de Dieu) mais n’aiment-t-ils pas par-dessus tout l’enrichissement ?

Alors ce proverbe du chapitre 21 verset 1, est-ce un nouveau commandement ?

Est-il interdit de s’enrichir et devons-nous aimer la pauvreté ?

 

Évidemment non, faire vœu de pauvreté n’est pas une loi biblique. Pourtant il est clair qu’ici, ce n’est pas à l’homme ou à la femme de faire un pas vers l’enrichissement, mais c’est bien à Dieu de le faire. Et aimer se réjouir tout en restant dans l’indigence fait opposition à la convoitise. La convoitise fait perdre sa joie en cherchant à s’enrichir.

D’ailleurs ceux qui critiquent sans cesse les gens riches ou ceux qui ont de l’argent dans l’assemblée, ont-ils toujours de la joie ? Leur cœur n’est-il pas plutôt chargé d’amertume ? Ne ressentent-ils pas de l’humiliation face à l’injustice du sort ?

Je reviens sur le verset du départ :

« C'est la bénédiction de l'Eternel qui enrichit, Et il ne la fait suivre d'aucun chagrin ».

Pourquoi en relisant ce verset la bénédiction qui tombe sur les uns ou l’absence de bénédiction que n’ont pas les autres est suivi d’un chagrin ?

Pourquoi les uns éprouvent-ils de la jalousie et les autres de la tristesse ?

La question que tous devrait se poser est la suivante : Est-ce vraiment la bénédiction de Dieu qui est venue enrichir ou bien celle de l’homme, de Mammon ? N’est-ce pas le désir de posséder et d’accroitre ses biens qui a poussé les uns à s’enrichir, et aux autres jaloux à y voir de la malhonnêteté ?

Quel que soit la personne le désir de s’enrichir pousse à sa propre perte.

Proverbes 28 :22 : « Un homme envieux a hâte de s'enrichir, Et il ne sait pas que la disette viendra sur lui. »

Nous devons prévenir nos frères et sœurs que critiquer ceux qui ont de l’argent, comme mettre du zèle à en avoir abouti au même résultat, à l’effet contraire, la disette.

Si un frère reçoit des dons, pourquoi le jalouser ? Réjouissons-nous plutôt de le voir dans une meilleure situation. « L’amour n’est pas envieux, il ne cherche pas son intérêt, il ne soupçonne pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice».

Ce verset tant connu de 1 Corinthiens 13 signifie que soupçonner le mal chez l’autre nous attire la disette et pas seulement elle,  mais tout son lot d’épreuves qui va avec : la tristesse, l’amertume, le découragement et pour finir la haine.

Quand le roi David bénit l’assemblée, il loue Dieu en lui disant : « C'est de toi que viennent la richesse et la gloire, c'est toi qui domines sur tout, c'est dans ta main que sont la force et la puissance, et c'est ta main qui a le pouvoir d'agrandir et d'affermir toutes choses… et David répète à nouveau comme s’il insistait pour que cela soit bien compris de tous, et pas seulement par son fils Salomon qui allait lui succéder « Éternel, notre Dieu, c'est de ta main que viennent toutes ces richesses que nous avons préparées pour te bâtir une maison, à toi, à ton saint nom, et c'est à toi que tout appartient. » (1Chronique 29 :12 et 16).

Or, bien que ce qui dit David soit très clair, l’homme a un cœur tellement tortueux qu’il associe automatiquement la richesse provenant de Dieu à son zèle pour s’enrichir. Dès qu’il fait une affaire d’argent, il attribut cela à Dieu, alors que c’est lui qui s’est empressé de forcer le destin.

Ne soyons pas hypocrites et examinons si la bénédiction financière est venue à partir d’une de nos stratégies ou bien si cette bénédiction est arrivée sans que nous l’ayons prémédité.

Vouloir l’argent facile, c’est se moquer de Dieu. Cela revient à jouer une mauvaise comédie, où le croyant montre aux autres que sa fidélité est louée par Dieu, qu’elle est juste une récompense divine… alors que derrière ce masque se cache le seul désir de vouloir briller par soi-même.

Nous devons dire sans avoir à rougir que le Tout Puissant est notre or notre argent et notre richesse, parce que nous n’avons pas cherché à nous enrichir.

Josaphat roi de Juda a vu ses navires être détruit juste avant d’emprunter la route de l’or.

Avait-il besoin d’un signe supplémentaire pour être convaincu que ce n’était pas la voie que Dieu choisit ?

« La richesse est une couronne pour les sages », nous dit un proverbe biblique. Josaphat a-t-il choisi de rechercher de l’or pour accroitre sa sagesse aux yeux de son peuple ?

Car la question restera indéfiniment tournée vers nous-mêmes : que cherchons-nous réellement ? À avoir plus d’amis par nos richesses, à nous glorifier de notre état ? À attirer le regard ?

On peut aimer l’argent sans en avoir… simplement par le fait de le convoiter, d’être jaloux de ceux qui en ont, de le détester chez les autres ou encore de se l’interdire pour soi.

Toutes ces réactions sont des pièges à tentations qui comme le dit Paul plonge les hommes dans le malheur et dans la perdition.

Veillons sur nos réactions comme sur nos envies, elles témoignent beaucoup de ce que nous sommes réellement. Puis, si cela est nécessaire convertissons nos cœurs et brisons nos idoles.

Je vous demanderai encore une chose : mettez pendant quelque temps ce verset dans un endroit visible comme à la porte d’entrée de votre maison et prenez parti dans vos discussions pour rappeler l’intention de ce commandement :

Proverbes 21 :17 « Celui qui aime la joie reste dans l'indigence (la pauvreté); Celui qui aime le vin et l'huile ne s'enrichit pas. ».

Amen

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