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Par Eric Ruiz
Avant je voudrais dire certaines choses sur la prophétie. Pourquoi la prophétie ne ressemble en rien à de la voyance ? Aujourd’hui comme hier très peu voient la différence. Pourquoi ? Parce que les indices ne sont pas les bons. L’autorité prophétique est attribuée à celui qui est reconnu par ses pairs, à travers un mouvement religieux ou par une renommée publique. Or l’indice n’a rien à voir avec la notoriété.
L’indice principal réside dans la connaissance du vécu.
Parce que la voyance se moque de ce qu’est la personne dans sa vie propre.
Elle lui montre un avenir sans savoir si son âme est bonne ou mauvaise. Sans
savoir si ses actes sont droits ou pervers.
La voyance, revient à croiser un frère ou une sœur de foi et lui dire. « Dieu
m’a monté que tu dois rester dans le métier que tu fais car tu vas y prospérer
bientôt ».
Le prophète lui, aura discerné les ténèbres du cœur et dira « détourne-toi de tes mauvaises voies sinon Dieu t’opprimera dans ton travail et il te retranchera de sa vigne ». Ici l’avertissement concerne d’abord et en premier le présent ; car c’est ce présent qui va conditionner le futur.
Parce
que, le présent montre ce que sera le futur. Ce que nous faisons aujourd'hui montre ce que nous serons plus tard.
La prophétie devrait tenir compte du présent et non la plupart du temps, de
prédire un futur utopique à partir de rien. Si la prophétie part du présent, c’est
bien que lire dans les cartes, regarder dans une boule de cristal ou s’en
remettre à des visions est une chose totalement différente. La prophétie n'est
pas de la devinette ou de l’astrologie. Elle n’est pas non plus, ce que l’on remarque
dans de trop nombreuses assemblées chrétiennes : des ZAD (des zones à
délirer). Ce terme entre parenthèse, c’est un député français qu’il a employé
pour qualifier l’Assemblée Nationale de nos jours (vous voyez où toutes les
assemblées en sont arrivés).
Pour aller plus loin, je dirai qu’il n’y a pas
un seul futur. Il y a plusieurs futurs et les prophètes, eux, annonçaient
toujours plusieurs futurs. Ils ne se bornaient pas à prédire ce que Dieu leur
montrait, mais c'est en constatant le degré présent de sanctification ou de
corruption que la prophétie prenait forme.
Dieu leur montrait simplement l'état d’âme du
peuple et les sanctions ou les récompenses qui vont avec.
Dieu immergeait complètement le prophète dans un milieu social pour que ses yeux soient
grands ouverts sur l’état du monde qui l’entoure. Jamais Dieu n’a parlé à un
prophète alors qu’il n’avait pas encore vécu la condition du peuple, ou qu’il
vivait tout autre chose ailleurs. Toute épreuve nous révèle, elle révèle ce que
nous sommes… que nous soyons bons ou mauvais. L’épreuve c’est un révélateur de
haute précision.
Moïse vivait au milieu des Hébreux. Sa plus grande
prophétie concerne le chapitre 28 du livre du Deutéronome. Elle concernait tous
ceux qui l’avaient suivi dans le désert. Sa prophétie verset 2 commence par
ceux qui dans le peuple ont un présent intègre : « Voici toutes les bénédictions qui se répandront sur toi et
qui seront ton partage ».
Au verset 4 Moïse fixe la réalité du présent : « tout ce que tu as
fait, tout ce que tu as semé comme bonnes choses vont maintenant devenir une
réalité, tu vas en manger les fruits ».
Mais au verset 15, Moïse s’adresse à une autre portion du peuple qui
suit sa mauvaise voie, un présent mauvais. « Mais
si tu n'obéis point à la voix de l'Eternel, ton Dieu, si tu n'observes pas et
ne mets pas en pratique tous ses commandements et toutes ses lois que je te
prescris aujourd'hui, voici toutes les
malédictions qui viendront sur toi et qui seront ton partage: »
Gédéon vivait lui aussi au milieu d’Israël quand
Dieu l’appela à prophétiser. Et il vivait cette situation dramatique que l’on
voit dans Juges 6 :1 : « Les enfants d'Israël firent ce qui
déplaît à l'Eternel ».
Gédéon fut appelé alors qu’il vivait un présent très douloureux :
« 13Gédéon lui dit
(à l’ange qui le visitait): Ah! Mon seigneur, si l'Eternel est avec nous,
pourquoi toutes ces choses nous sont-elles arrivées? Et où sont tous ces
prodiges que nos pères nous racontent…Maintenant l'Eternel nous
abandonne, et il nous livre entre les mains de Madian!».
Le prophète n’est pas arrivé de contrées
lointaines pour juste annoncé un oracle. Il était là au milieu d’eux et c’est
là que Dieu l’a révélé. Il souffrait avec ceux qui souffrent.
Ensuite la prophétie de Gédéon prédisant la
victoire sur Madian concernait-elle tout le monde ?
Non, seulement une partie qui s’était
préparée. Un tout petit nombre était concerné directement par cette victoire,
bref une centaine d’hommes (verset 19).
Auparavant Gédéon avait brisé les idoles de son
père et le peuple voulait le tuer pour cet acte.
Pourquoi les prophètes sont-ils en danger et pourquoi
risquent-ils la mort ?
Parce qu’ils révèlent les idoles, la gangrène qui s’est développée parmi le
peuple. Bref parce qu’ils révèlent le présent
avant l’avenir.
Ils montrent la noirceur du cœur et les conséquences directes de cette
noirceur. S’ils prédisaient l’avenir
comme les devins ou les astrologues, ils ne seraient pas en danger.
Par contre un faux prophète est un menteur. Il
ment parce qu’il prédit lui aussi en partant du présent.
Mais il est dans le déni, parce qu’il va donner
une fausse interprétation du présent.
Il va dire par exemple à une personne qui aime corrompre la vérité : « Dieu a vu ta fidélité, il te comble de bénédiction en retour ». S’il avait donné cette prophétie à la bonne personne, elle serait juste. Mais ici ce prophète corrompu aime par-dessus tout, l’admiration ou la reconnaissance de celui qui reçoit ses paroles. D’une certaine manière, il se prostitue. Puisqu’il préfère les présents à la vérité, et qu’il ne sera pas rejeté, mais adulé. C’est typiquement la voie de Balaam.
Alors face à cet indice du présent servant à prédire l’avenir, le livre de l’Apocalypse fait-il exception à la règle ?
Parce qu’on pourrait se méprendre avec l’apôtre
Jean. Il n’était plus en contact avec ses frères. Il prophétisait isolé, sur
l’ile de Patmos. Or, les visions qu’il recevait étaient bien en parfaite
adéquation avec ce qu’il connaissait déjà des différents peuples. Les 7 Églises
qu’il voit non rien d’une chimère sans fondement réelle ou d’une vue de
l’esprit. Ces Églises sont bien vivantes à son époque et Jean les connait très
bien pour les avoir fréquentées et pour tous les détails qu’il donne.
A la première Église, celle d’Éphèse Jean
dit : « Je connais tes œuvres, ton travail, et ta
persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que tu as éprouvé
ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés
menteurs »
A la deuxième Église, à Smyrne, il lui dit : « Je
connais ta tribulation et ta pauvreté bien que tu sois riche, et les calomnies
de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas »
À celle de Pergame, il lui dit : « Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan. Tu
retiens mon nom, et tu n'as pas renié ma foi, même aux jours d'Antipas, mon
témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous, là où Satan a sa demeure. 14Mais
j'ai quelque chose contre toi ».
Par conséquent après avoir dit ce qu’il sait de chaque Église, de leurs actes, de leurs épreuves, de leur combat, Jean prophétise leur avenir, comme il l’écrit à l’Église d’Éphèse ou Dieu ôtera le chandelier à ceux qui ne se repentes pas.
Maintenant Paul nous parle de la fin des
prophéties dans le chapitre 13 de la première épitre aux Corinthiens. Et ce
mystère n’est en fait pas si compliqué que cela paraît.
« 8La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. 9Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, 10mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra ».
Qu’entend Paul avec ce mot « partiel ou
en partie »?
Là aussi sorti du contexte, on pense tout de
suite que la prophétie n’est pas parfaite, qu’elle sort de la bouche d’un
humain qui en donne une part vraie et une part erronée.
Or, ce n’est pas du tout le sens biblique.
Car, c’est bien tout ce qu’on a vu auparavant.
Moïse prophétisait en partie. Des bénédictions pour les uns, des malédictions
pour les autres.
Esaïe, pour Juda et Israël, lui aussi prophétisait
en parti. Lisons le chapitre 3 :8 «
8Jérusalem
chancelle, Et Juda s'écroule, Parce que leurs paroles et leurs œuvres sont
contre l'Eternel… Tes hommes tomberont sous le glaive, Et
tes héros dans le combat. ».
Mais Esaïe annonçait aussi un peu plus loin
au chapitre 4 : « Pour les réchappés d'Israël. 3Et les restes de Sion, les restes de Jérusalem, seront
appelés saints, Quiconque à Jérusalem sera inscrit parmi les vivants, 4Après que le Seigneur aura lavé les ordures des filles de
Sion, Et purifié Jérusalem du sang qui est au milieu d'elle, Par le souffle de
la justice et par le souffle de la destruction ».
Deux prophéties bien différentes. Dieu
souffle d’une façon pour les uns (le souffle de la destruction) et d’une autre
façon pour les autres (le souffle de la justice).
Eh bien, les prophéties sont des souffles divins qui ne
s’appliquent qu’à des parties. Une
partie des peuples qui obéissent et une partie qui désobéit.
Mais à partir du moment où « ce qui est parfait est venu » (c’est Christ ? non), c’est-à-dire où
l’obéissance
devient la norme, il n’y a plus
différents futurs, parce qu’il n’y a plus qu’un seul présent ; et donc comme
il n’y a plus différentes parties, alors cessent les prophéties. Quand un
peuple est réveillé, il n’a plus besoin de réveil, donc de prophétie pour le
réveiller.
La connaissance du bien et du mal elle aussi
disparait à ce moment-là. Car cette connaissance-là sert à ceux qui ne
connaissent pas Christ. Mais la connaissance du bien et du mal n’a aucune
nécessité pour un peuple obéissant à Dieu. Et la prophétie n’a plus de raison
d’exister. On ne va pas sans cesse prononcer des évidences. Pourquoi ?
Parce qu’en Christ tout est parfait.
Et comme pour l’Église d’Éphèse, A celui qui
a vaincu on lui donne à manger de l’arbre de vie (pas de la connaissance du
bien et du mal).
Un chrétien qui commence sa question par
« Ai-je le droit de… », Dévoile déjà qu’il est du mauvais côté, qu’il
se nourrit encore de l’arbre du bien et du mal ; et par conséquent qu’il a besoin d’une prophétie le
ramenant vers la vérité.
Donc, pour le moment ce message a pour but de
nous enseigner. Et de nous enseigner aussi sur nos rêves : sont-ils des
songes ? Ne sont-ils pas au contraire justes de simples rêves, issus de
notre imagination, pour échapper au réel, ou pour satisfaire des désirs
inassouvis ?
Si le rêve ne concerne aucun présent
identifié, alors ce rêve n’est pas un songe car il ne peut être attribué à
personne de particulier ; et dans ce cas il ne sert à rien, sinon à créer
du trouble, ou à poétiser dans tous les sens sans que cela serve
d’enseignement.
Car, sans une référence claire à un présent… à
qui peut-on attribuer le rêve ?
La
prophétie se doit d’être partielle et non totale.
Le mot grec employé dans la lettre aux
Corinthiens est Meros. Ce mot signifie : « une part due ou assignée à
quelqu’un. On retrouve ce même mot meros,
dans le livre des Actes où : « une
partie (meros) de l’assemblée était composée de Sadducéens ». Dans le livre aux Romains, on lit : « Une partie (meros) d’Israël est tombée dans
l’endurcissement »
Vous voyez, une prophétie prendra parti pour
une cause juste, une autre pour une cause injuste ; Chacune s’adressera à
un peuple différent : une partie, meros,
qui s’est sanctifiée, une autre partie (meros)
à des impies tombée dans l’endurcissement comme une partie d’Israël l’a été. S’il
est impossible d’identifier la part de l’un ou la part de l’autre, alors la
prophétie est fausse, elle ne sert à rien. On erre, on divague, on poétise, au
pire on maudit… mais on ne prophétise pas.
Une remarque toutefois :
Pourquoi, Moïse prophétisait les deux partis
en même temps dans le chapitre 28 du Deutéronome ?
Eh bien, parce que prophétiser une cause
juste devrait secouer celles et ceux qui vivent dans le péché, pour les inciter
à changer de voie. Pour qu’ils réalisent que leur impureté les disqualifie et
qu’ils aspirent à un autre futur, beaucoup plus glorieux.
Alors ne soyons pas ballotés au gré du vent
et des vagues de nos sentiments. Examinons nos rêves avec cette connaissance de
la vérité. Et gardons ce qui est édifiant, c’est-à-dire, ce qui permet
l’exhortation, la conversion, et le retour à Christ. Ne croyons pas non plus
que parce que nous avons des songes, ou que nous prophétisons en partie nous
sommes forcément agréables à Dieu.
J’ai reçu ce message du Saint-Esprit, mais
cela fait-il de moi quelqu’un de meilleur que vous ? Pas du tout.
Tout ce qui nous arrive demande du
discernement et de l’humilité. Rien n’est acquis, alors mes frères et sœurs persévérons
dans la justice et la vérité jusqu’au bout.
Amen
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