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Par
Eric Ruiz
Nous vivons un temps de jugement très impressionnant où les icones religieuses tombent du ciel. Leurs péchés les éclaboussent comme de la boue. De la même manière d’autres édifices religieux tombent. La charité chrétienne en fait partie. Il existe une vieille stratégie liée à l’argent, une stratégie très sournoise. Elle fait vivre et prospérer beaucoup de gens, et par extension beaucoup de membres du clergé et d’institutions religieuses.
Il n’y a pas de repas gratuit « There is no free lunch ».
Oui je parle avec des mots anglais, car c’est une expression anglaise et une expression marketing à la base reprise par le prix Nobel de l’économie : Milton Friedman.
Il n’y a jamais rien de gratuit. Tout se paye au bout du compte. L’expression fait référence à une pratique commerciale qui avait cours aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle. Les patrons de bar offraient un repas gratuit, à ceux qui s’engageaient en échange, à acheter au moins une boisson. Le tenancier en pratiquant ainsi faisait le pari que les consommateurs seront plus nombreux à venir ou qu’ils consommeront davantage ; et que leur fidélité rembourserait les repas offerts. Donc que la surconsommation qui s’en suivrait, générerait par la suite un profit supplémentaire.
Pourquoi je prends cet exemple ?
Parce que
bizarrement ce procédé commercial bien qu’il fonctionnait à merveille, fut
interdit pour cause d’incitation à la consommation d’alcool favorisant ainsi
l’alcoolisme.
Mais ce
procédé marketing n’a jamais vraiment disparu. Je dirai même qu’il s’est
développé de manière totalement fou en prenant tellement de formes différentes.
Rien
n’est gratuit. Tout se paye au bout
du compte.
Cette stratégie marketing,
c’est la face cachée de la gratuité :
C’est de faire croire à un
geste généreux et gratuit envers l’autre alors que l’intention est de retrouver
son argent, doublé d’un profit supplémentaire.
Lorsque ce procédé est fait dans le cadre commercial, ce principe reste assez visible et accepté. Mais il y a des cas qui dépassent l’activité commerciale et où ce principe est très opaque pour ne pas dire ténébreux.
Par
exemple en politique : Un Etat corrompu va annoncer à sa population que
les transports seront gratuits. Mais il omettra volontairement de dire que les
impôts augmenteront pour payer cette gratuité.
Je pense
que vous me voyez arriver aussi avec la religion. Eh oui, la religion est passée
maitre dans ce genre de stratégie marketing. Ah bon me direz-vous, mais la
religion n’est pas un débit de boissons, elle n’a rien à vendre.
Apocalypse
18 : « Elle
est tombée, elle est tombée, Babylone la grande! Elle est devenue une
habitation de démons, un repaire de tout esprit impur…les marchands de la terre
se sont enrichis par la puissance de son luxe. v 11Et les marchands de la terre pleurent et sont dans le deuil
à cause d'elle, parce que personne n'achète plus leur cargaison, 12cargaison
d'or, d'argent, de pierres précieuses, de perles, de fin lin, de pourpre, de
soie, d'écarlate, de toute espèce de bois de senteur, de toute espèce d'objets
d'ivoire, de toute espèce d'objets en bois très précieux, en airain, en fer et
en marbre, 13de cinnamome, d'aromates, de
parfums, de myrrhe, d'encens, de vin, d'huile, de fine farine, de blé, de
boeufs, de brebis, de chevaux, de chars, de
corps et d'âmes d'hommes. ».
Babylone c’est cette ville de lumière et
d’argent dont le monde entier rêve. Derrière Babylone se cache un esprit de
démon religieux. Un démon hypocrite qui cache ses intentions, celles de
s’enrichir en allant même jusqu’à faire un commerce humain, et à vendre des
âmes (nous venons de le lire : cargaison de corps et d'âmes d'hommes.).
Alors oui,
la religion est un organisme commercial qui ne porte pas son nom.
Le christianisme dans son ensemble prône la charité. Mais cette charité suit un plan marketing très bien ficelé. Les donations bien qu’elles paraissent gracieuses se font à la manière des tenanciers américains « il n’y a pas de repas gratuit ».
Les
Eglises vivent au moyen des dons et de la générosité de leurs bienfaiteurs
comme du commerce qu’elles entretiendront par la suite avec d’autres. L’acte marketing des assemblées chrétiennes,
comme il ne saute pas aux yeux est très pervers. Alors, quand un membre qui est
démuni reçoit une aide financière, ou une aide matérielle, sans qu’il le sache
au départ, il devient redevable. Rien
n’est gratuit. Tout se paye au bout du compte.
C’est-à-dire que la personne ou l’institution religieuse qui lui a fourni cette aide en disant qu’elle provient de la générosité de la communauté, s’attend à ce que le démuni paye néanmoins ce qu’on lui a offert gracieusement (oui, oui vous avez bien entendu ; il s’attend à ce que le démuni paye). Et comment va-t-il payé, lui qui n’a rien ?
D’abord avec son âme.
En devenant lui-même un fidèle de la communauté, en épousant sa foi. Et même en amenant d’autres à devenir fidèles eux aussi. Mais ces démunis s’ils restent dans leur conditions ne vont pas être utiles pour le mouvement religieux. Ils doivent évoluer socialement. Et c’est alors le nouveau but des donateurs : de faire évoluer une population démunie pour qu’elle devienne à son tour une source de gains, de nouveaux donateurs.
On doit
alors les aider à gagner leur vie, on doit les aider à gagner de l’argent. Ils
donneront certes de petits dons, mais qu’importe. Le nombre de donateurs grandissant
permettra de dégager des profits de plus en plus grands. Ce procédé machiavélique
est celui de vendre son corps. Puisque une partie du revenu du travail ira à
l’institution ou au représentant de cette institution, sous forme de dons,
d’offrandes ou de dîmes.
N’oubliez pas ce que faisaient ces bars en échange du repas gratuit, on consommait juste une boisson en échange. Le repas certes devait valoir quelque chose comme 10€ et la boisson : 1 €, quelque chose donc d’insignifiant. Mais tous ces 1€ allaient faire une grosse somme en se multipliant à l’excès.
L’Eglise
catholique, qui n’est pas la seule à le faire (Quel est le système religieux qui
ne le fait pas aussi ?), a investi partout dans le monde. Ses projets
humanitaires sont considérables.
Un nombre
incalculable d’associations ou d’ONG ont proliférées surtout à partir de 1945.
Et, combien
de catholiques animés par un désir brûlant de venir en aide, partent en mission
ou en voyage humanitaires. Ils vont partager leurs compétences, ils vont les
enseigner. Il y a de très nombreux chantiers dans le monde, en Afrique, en
Asie, en Amérique du sud pour aider des communautés défavorisées. Le but est louable
puisqu’il vise à les rendre plus autonome, et à élever leur niveau de vie.
Mais ne soyons pas dupes, les intentions
sont toujours les mêmes.
Dans un
premier temps disons-le, le projet humanitaire permet à celui qui fait un don
financier ou en nature de s’acheter une bonne conscience. L’acte n’est pas si
gratuit qu’il n’en parait, puisqu’il sert de faire valoir personnel. On paye
pour reluire son image, pour paraitre plus empathique aux yeux de son public, pour
paraitre plus saint aux yeux de son assemblée.
En Grèce
au VI ème siècle les riches notables appelés évergètes manifestaient une générosité intéressée par des dons et des
bienfaits. Leur grand cœur leur donnaient droits à de très hautes récompenses
et honneurs. Une stèle était érigée. Sur ce monument était gravé leur nom
et leurs bienfaits pour influencer les générations suivantes et ils recevaient
publiquement une couronne en or. On réservait pour eux les premières places
lors des grandes fêtes.
Donc, ici
le repas n’est pas gratuit et il est même payé double. Le donateur paye sa part
et le donataire la sienne.
La charité chrétienne se
paye double au bout du compte.
La générosité exceptionnelle des donateurs est pervertie. Les donateurs sont comme les évergètes grecs. Les démunis quant à eux, profitent des grâces humanitaires. Mais ils payent à leur tour leur part, car une fois élevés socialement, ils n’ont qu’une envie, montrer leur reconnaissance envers ceux qui les ont aidé. Montré leur reconnaissance au dieu de leur religion. Ces nouveaux petits producteurs et petits consommateurs viendront remplir les Eglises locales. Alors bien-sûr je ne parle que d’un aspect de l’humanitaire. Il serait trop long de parler de toutes les autres dérives.
Maintenant
revenons à une échelle beaucoup plus petite, à un petit groupe de croyants.
Tant que
ce groupe exerce une aide sans rien espérer ni rien attendre en retour, et sans
instituer un système rituel de dons, l’aumône est faite avec vérité.
Matthieu
6 :3 :« Mais
quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite ».
Tant que les donateurs ne regardent pas ce que leur main droite donne, en attendant des récompenses alors tout va bien. Tant que les aidés ne se sentent pas redevable tout est bien. Mais le jour, où ils vont regarder ce que leur main droite donne, et ce que leur main gauche reprend, alors la stratégie commerciale va reprendre ses droits. Le démuni (son corps et son âme) se sentira redevable. Il sera à son tour absorbé par ce mouvement spirituel et cela malgré lui.
Gardons-nous
mes frères et sœurs d’une telle influence, elle est diabolique. Dieu n’est plus
là sur son trône. Il ne règne plus. Mais c’est Mammon, la richesse, le prince
de ce monde qui est honoré.
Or, « se
garder soi-même », en connaissant simplement que ce procédé marketing est
mauvais, ce n’est pas suffisant. La connaissance ne peut à elle seule nous
convaincre de la vérité. Vous aurez un jour ou l’autre cette stèle gravée à votre
nom dans votre cœur, ou vous aurez envie que ceux qui ont reçu vos dons
témoignent de votre générosité.
Le dicton
populaire « un homme avisé en vaut
deux » n’est pas infaillible.
Vous aurez beau être prévenus d’un danger et être doublement sur vos gardes, la
séduction du « tout se paye en fin de compte » vous rejoindra.
Pourquoi ? Parce que manger à l’arbre de la connaissance du bien et du
mal, vous permettra uniquement d’avoir des règles de bonne conduite, de vous
donner des principes moraux ; donc de vous battre pour le bien. Mais tous
ces beaux principes seront transgressés bien rapidement. Le mal aura raison de
vous. Ce combat est perdu d’avance. Le roi Salomon qui avait reçu la sagesse de
Dieu tomba dans ce système pernicieux où on lui devait à chaque fois son tribu
en or.
2
chroniques 9 :13 : « Le
poids de l'or qui arrivait chaque année à Salomon était de six cent
soixante-six talents d'or, ». Se croyant juste, il avait
oublié le don d’amour. Il avait la connaissance du bien et du mal, mais il lui
manquait autre chose.
Vous
l’aurez sans doute compris, manger à l’arbre de vie, c’est alors l’unique
solution. Mais l’accès à l’arbre de vie, n’est-il pas bien gardé ? « L'Eternel Dieu dit: Voici, l'homme
est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le maintenant d'avancer
sa main, de prendre de l'arbre de vie, d'en manger, et de vivre éternellement. » (Genèse 3 :22).
L’arbre de vie n’est pas seulement l’arbre qui donne la vie
éternelle. C’est un arbre qui donne une nourriture éternelle. Cette nourriture
redonne la vie là où il y avait la mort.
Seul
Christ ou ceux qui ont reçu Christ par l’esprit peuvent y accéder. Ce chemin,
c’est une onction. Par conséquent c’est un don divin ; ce n’est pas une
simple inspiration ou un sentiment généreux.
Le fait de
posséder l’onction, fait que l’arbre de vie parle directement au cœur. Cet
arbre inspire oui, mais directement non pas pour dire ou faire ce qui est bien et
pour dénoncer le mal, mais à faire ce qui est juste et à dire ce qui est juste.
La véritable compassion nait de cet arbre. L’arbre de vie donnera une réponse
équitable sans émettre de jugement de valeur, sans rien n’attendre en retour.
Cette réponse est directe, intentionnelle et pratique. Elle permet alors de
pratiquer la justice de Dieu. Elle permet véritablement de dire : « tout est
gratuit » tout est une grâce de Dieu. Le repas donné par le disciple est
gratuit.
Alors,
c’est vrai tout se paye au final. Mais pour l’aumône, Christ a tout payé par
son sacrifice. Il le prouve lorsqu’il dit dans l’Evangile de
Matthieu : « Car
j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger…Je vous le dis en vérité, toutes
les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à moi
que vous les avez faites ».
L’amour
n’est pas un lien. Il n’est pas redevable. Ce n’est pas parce que tu m’as aidé
qu’obligatoirement je dois t’aider. Car si ce principe existe, il devient une
loi. Une loi, une obligation qui transgresse le cœur, un tue l’amour. Le
sacrifice de Jésus-Christ nous permet
juste d’aider notre prochain parce que nous le faisons naturellement pour
nous-mêmes. La nuance est un gouffre avec l’obligation d’aimer. S’obliger à
aimer pour des causes aussi bonnes soient elles, n’aboutira qu’à pervertir son
cœur. Par contre aimer en Christ, ne donnera jamais de perversion.
Amen
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