dimanche 15 septembre 2024

LE MARIAGE est-il SACRE ?

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Par Eric Ruiz

Il y a 15 jours de cela j’ai marié ma fille ainée Julie. Et une chrétienne me posait la question si elle s’était mariée dans le Seigneur. Sur le moment je n’ai rien répondu un peu interloqué et surpris par sa question.


Et puis une idée comme une affirmation est venue : Toute union entre mari et femme quel qu’elle soit est forcément faite dans le Seigneur.

La raison est simple et Jésus l’a rappelle dans l’Évangile de Matthieu au chapitre 19 : « Il répondit aux pharisiens: N'avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, fit l'homme et la femme 5et qu'il dit: C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. ».

Jésus, là ne fait que citer un verset du livre de la Genèse en précisant que Dieu a conçu le mariage dès le début et sans y joindre aucune restriction. Tout mariage est béni au départ.

Genèse 1 : 28 : « Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds.. ».

 

Dieu n’a jamais mis de loi sur l’obligation de passer par une cérémonie officielle. Il n’a jamais donné d’indication sur quelle partie les époux devaient s’engager. Il n’a jamais dit aussi qu’un sacrificateur, un ecclésiastique, ou un membre religieux éminent devait présider la célébration, tout comme aucun disciple n’a reçu un appel pour cela.

Les traditions, sont venues des hommes. Elles ne sont pas un mal en soi. Célébrer cet évènement comme une fête est tout à fait légitime. Cette fête, d’ailleurs rassemblait de tout temps des membres de la famille et des invités. Parce qu’on voulait célébrer ce moment, cette union devant les hommes (au sens large).

Ainsi tout mariage est une chose naturelle comme la volonté aussi d’avoir une descendance. Ce commandement : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, » est inscrit dans l’ADN de nos cellules, tout comme le mariage.

Donc, disons-le bénir un mariage, c’est une aberration. C’est un coup d’épée dans l’eau. Ça ne sert à rien puisqu’il est déjà béni.

Jésus a tout dit en une seule phrase : « Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. ». Quoi rajouter de plus ? Qu’ils se doivent fidélité, dans les meilleurs jours comme dans les mauvais, qu’ils se respectent mutuellement, etc., etc. ? On ne fait que de rajouter de l’évidence.

« Une seule chair », cela veut bien dire : fidélité, engagement, respect mutuel et bien plus que cela encore. Un sacrifice total pour l’autre. Aimer l’autre comme sa propre chair .

Dieu connait l’homme et il sait encore une fois que la tradition allait remplacer la foi. Combien, croyant comme non croyants, ne conçoivent pas le mariage sans une cérémonie religieuse ?

La cérémonie fait office de bénédiction et en cela, elle apaise les mariés (ou la famille des mariés) qui se sentent inconsciemment sous la voûte d’une protection céleste. On appelle cela de la superstition.

La peur de subir un échec, amène à exagérer le poids, l’importance d’un rituel. Ici la cérémonie religieuse ; la bénédiction nuptiale a pris la place de la bénédiction divine.

Voulant proclamer cette bénédiction, le rituel l’a remplacé.

Le membre du clergé en prononçant des mots bien choisi de la bénédiction du mariage aura la même perception qu’une eau bénite tombant sur les mariés.

Et aujourd’hui reconnaissons-le les mariages dans l’ensemble sont sous la bannière de la superstition.

« Quoi, mais ta fille ne s’est pas marié à l’Église ? Tu n’as fait qu’un mariage civil ?

Mais tu laisses les époux sans protection ! Tu es inconscient !

Voilà l’inquiétude religieuse dévoilée encore une fois dans les réactions des uns et des autres.

Et puis l’autre question qui brûle les lèvres : « Les époux ont-ils épousé la même foi ? » (La foi catholique, la foi protestante, la foi juive ?).

C’est la même réaction qu’on eut les disciples de Jésus après qu’il ait dit aux pharisiens que l’homme s’attachera à sa femme ; et « Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint. ». Les disciples ont eu une réaction de rejet à l’égard des enfants qu’on amenait à Jésus: ils les repoussèrent. Les disciples repoussent les enfants des parents qui n’ont sans doute pas la réputation d’être de bons croyants. Alors, Jésus les prend à contre-pied. Sa réponse est suivie d’actes et de paroles d’inclusion. « Et Jésus dit: Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. Il leur imposa les mains, et il partit de là. ». Un enfant va aller vers un autre pour jouer avec lui sans se poser la question de sa religion ou si ses parents sont bons ou mauvais. Trop souvent l’homme veut choisir à la place de Dieu. Et trop souvent il rejette celui ou celle qui est son enfant.

Les disciples eux-mêmes se trompent entre ce qui est sacré et profane, puisqu’ils rejettent les enfants.

De la même façon, combien de soi-disant bons croyants jugent-ils un mariage comme sacré face à un autre qu’ils jugeront profane simplement en jugeant à l’apparence, à la religion, à la cérémonie ou à la personne qui célèbre le mariage.

 

Ne diront-ils pas que Dieu fait de même ? Qu’il approuve certaines unions et en désapprouve d’autres.  Le Dieu de Moïse n’a-t-il pas interdit certains mariages ?

 

(Deutéronome 7 :3). « Lorsque l'Eternel, ton Dieu, te les aura livrées et que tu les auras battues, tu les dévoueras par interdit, tu ne traiteras point d'alliance avec elles, et tu ne leur feras point grâce. 3Tu ne contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne prendras point leurs filles pour tes fils ».

 

Ce texte a servi tellement de fois à condamner des unions jugées comme illicites parce que les époux n’avaient pas la même religion, le même culte, le même cérémonial. On n’a séparé des peuples, comme on a interdit des unions parce les religions ne s’accordaient pas entre elle.

Est-ce juste de procédé ainsi ?

La question légitime est pourquoi Dieu a-t-il interdit ce genre de mariage à ce moment-là ?

 

Le contexte est encore une fois primordial.

Israël entrait en possession du pays promis par Dieu et elle devait s’opposer à des nations terribles, des peuples d’une idolâtrie féroce, d’une méchanceté, d’une cruauté sans borne. S’ils s’unissaient à ce peuple qui déifiait la violence, qui déshonorait le mariage en opprimant l’épouse, en la rendant esclave de son mari, en donnant tout droit au mari, jusqu’au meurtre, en sacrifiant jusqu’aux enfants, comment alors Israël aurait-elle pu rester une nation sainte et accomplir le destin que Dieu lui attribuait ?

Les israélites connaîtraient alors une condition pire que celle qu’ils avaient connue en Égypte.

Dieu est fidèle à son alliance. Il a promis un pays où coulent le lait et le miel, pas un pays où s’exercent l’oppression et la honte. Si bien qu’il prévient du danger et interdit une union qui sera, c’est sûr désastreuse.

 

Mais cet avertissement est néanmoins à prendre aussi au sérieux pour tous ceux qui se disent descendant de la foi d’Abraham aujourd’hui.

Non pas qu’ils doivent se méfier des autres religions. Non, ils doivent se méfier de ce que procure l’idolâtrie chez certaines personnes.

Par exemple : Un bon père qui a la foi devrait mettre en garde sa fille si celui qu’elle désire épouser à une tendance à manifester la même cruauté que ces peuples qui ont été chassés par Israël. Je veux parler des Héthiens, des Guirgasiens, des Amoréens, des Cananéens, des Peréciens, des Héviens et des Jébusiens. Ces peuples nommés dans le chapitre 7 du livre du Deutéronome, ce sont des esprits mauvais.

S’unir avec un homme ou une femme possédant le même esprit fourbe et destructeur, c’est aller droit dans le mur. C’est-à-dire, aller droit aux excès de colère, à la tyrannie, à l’adultère, à la séparation, au divorce sans oublier les diverses maltraitances physiques et morales qui seront légions sur l’autre et sur les enfants.

Dieu demande à ceux qui l’aiment de discerner le cœur des futurs époux pour savoir si l’union a de bonnes chances d’être auréolée de joie et de bonheur ou au contraire si tous les signes d’une malédiction sont là. Parce que la malédiction ne vient pas de Dieu mais de l’homme et de la femme qui s’unissent alors que l’un a un cœur très endurci et que son idolâtrie l’aveugle et le pousse à de terribles excès.

Les exemples bibliques ne manquent pas. Samson en s’unissant à Dalila ruina sa vie. Il en perdit la vue et la force. Le roi de Juda Achab en s’unissant à Jézabel, fut manipulé par elle, qui l’excita à la violence, à exterminer les prophètes de Dieu et à commettre le crime.

Les pharisiens aussi provoquent de mauvaises unions. Ils abordèrent Jésus en lui posant des questions pour l’éprouver, parce qu’ils avaient ce cœur endurci, un cœur bâtit pour provoquer les malédictions. « Ils dirent, pour l'éprouver: Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour un motif quelconque? » (Matthieu 19)

Jésus est obligé de préciser que le divorce est une loi donnée à Moïse parce qu’elle est venue avec la dureté du cœur, parce qu’au commencement il n’en était pas ainsi. Jésus ne fait que montrer que ces israélites se sont, dans les faits, unis aux mauvais esprits des Amoréens, de ces peuples violents qui condamnent et lapident à tout va. Ils devraient exercer cette violence contre eux-mêmes d’abord, pour se repentir.

 

Pour Jésus-Christ les noces ont toujours été un moment particulier où les cœurs se dévoilent. Regardez la parabole du festin des noces. Elle commence ainsi

Matthieu 22 : 2 ; « 2Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils ».

Les serviteurs conviés refusent l’invitation. Les conviés ne sont pas dignes pourquoi ? Parce qu’ils dénigrent, ils haïssent. Ils sont méprisants à l’égard des autres. Ce cas n’est pas rarissime, bien au contraire.  Des proches refusent d’honorer le mariage ou même s’y opposent frontalement. Ils se refusent d’honorer un mariage qu’ils jugent peu à leur goût, et surtout qui est profane à leurs yeux. Ce n’est pas une union sainte, c’est un véritable sacrilège.

Et l’homme qui vient sans habits de noces. De qui se moque-t-il en négligeant sa tenue, en méprisant les mariés et le roi. Il montre lui aussi un cœur tortueux et idolâtre. Oui idolâtre car son amour pour lui-même exclut celui des autres.

Le contraste est flagrant avec l’attitude de Jésus aux noces de Cana, qui lui se soucie de la joie des convives. Ainsi, face au manque de vin, il fait un miracle. Mais il le fait dans des vases d’ablution. Des vases destinés à la purification. Les uns se sont réjouis du vin qui ne manquait plus et qui était meilleur que celui du début, tandis que d’autres ont du se scandaliser que quelqu’un ait pu ainsi profaner des ustensiles saints ainsi qu’une eau bénite.

 

Jésus à un autre moment parle de cette attitude orgueilleuse à vouloir se mettre aux premières places pour des noces.

Lui-même ne se plaçait pas aux places d’honneur. Il ne prenait pas la parole pour se mettre en avant. Il ne venait pas y annoncer une bénédiction particulière, parce qu’il respectait ce moment sacré qu’avait instauré son Père dès le départ.

Dieu connait ce moment particulier des noces qui attire tous ceux qui aiment le pouvoir. C’est un moment où il chassera les intrus et bénira les humbles, les doux et les bienveillants.

Ses noces avec ses élus ressembleront à nos noces traditionnelles.

Car c‘est là que se dévoilent les cœurs et les esprits.

 

Donc pour résumer : que peut-on faire si nous sommes conviés à un mariage ?

Surtout bien-sûr, ne jamais s’y opposer. S’y opposer ferait de nous des êtres qui maudissons. Mais aussi, ne pas se mettre en avant, rester discret. Intervenir que si les mariés le sollicitent vraiment.  Et si on nous donne la parole : Annoncer que le mariage est déjà béni parce Dieu l’a fait au départ et que les époux ne forment qu’une seule chair. Leur dire que la réussite comme l’échec dépend d’eux et non d’une bénédiction particulière. Insister sur leurs qualités qui seront leurs atouts pour rester fidèle. Et observer les réactions des uns et des autres qui montreront leur cœur et leurs esprits. Sans oublier l’essentiel : vivre l’instant présent, honorer les époux, se vêtir de ses plus beaux habits, se réjouir avec les mariés et ceux qui partagent leur joie. Car avant tout c’est une grande fête qui célèbre ceux que Dieu a uni.

Amen

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