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Par Éric
Ruiz
L’AVENTURE
Proverbes 19 :21 « Il y a dans le cœur de l'homme beaucoup de projets, Mais c'est le dessein de l'Éternel qui s'accomplit. ».
Le dessein de l’Eternel si l’on se fie au sens littéral hébraïque, fait
appel à une décision, mais bizarrement pas forcément une décision prise en solo
mais à plusieurs. Comme s’il y avait un engagement de plusieurs forces pour un
même projet. Dieu s’unit. C’est une union entre deux esprits pour une seule âme.
Une union entre son esprit et le nôtre.
Alors peut-on ramener les desseins de Dieu à une aventure
dont l’homme serait le principal sujet ?
D’abord, parler d’aventure et de vie chrétienne semble
tellement absurde dans l’esprit des croyants en général. Pourquoi ?
Parce que la notion « d’aventure » est tellement
reliée au divertissement, à ce qui est excitant, inconnu, propre à la jeunesse ;
une jeunesse qui aime les expériences inhabituelles, présentant des risques,
aller là où l’on n’est jamais allé. S’évader, partir sans but, sans argent,
sans savoir de quoi sera fait le lendemain et se laisser guider par son
instinct et par les rencontres du moment.
Toutes ces formes de projet sont propres à un âge qui aime
casser avec la routine et qui aime le jeu comme dans une aventure amoureuse où
on joue avec les sentiments des autres….
Alors ce comportement est forcément révolu pour le
chrétien. Pour lui, la foi c’est du sérieux ; on ne joue pas avec ce genre
de jeu. Peu de place à l’imprévu. Sa vie est ordonnée, et même les heures et
les jours sont dictées par des routines. Ne jamais se lever et se coucher sans
prier ou lire un verset de la Bible ; Ne jamais terminer sa semaine sans
aller à l’église ; Les temps libres doivent être des moments où l’on se
consacre à un projet commun de l’église comme un temps collectif où l’on part
évangéliser, où encore un temps destiné à faire un pèlerinage ou que sais-je.
Une parenthèse pour dire que le pèlerinage n’a que de
petits côtés aventureux. C’est un voyage organisé, dont les étapes sont
sélectionnées à l’avance, avec des passages dans des lieux précis parce qu’ils
revêtent une signification spirituelle ou religieuse et où on laisse toutefois
une petite part à de nouvelles rencontres.
Mais rejeter l’aventure spirituelle c’est annuler la parole
de Dieu au profit des traditions (Matthieu 15 :6).
Parce que loin de dénigrer tout ce que j’ai dit plus haut
sur les routines, l’aventure va beaucoup plus loin ; elle nous plonge
littéralement dans le lâcher prise et l’inconnu.
Or, le don de la foi nous permet des prouesses. Quelles
prouesses peut-on faire en s’abandonnant à l’aventure ?
L’aventure, je pense que ce mot, je l’ai très bien choisi
parce qu’il va beaucoup plus loin que les préjugés qui s’y rattachent.
L’aventure :
c’est l’expression même du Saint-Esprit. On ne sait où il va
nous conduire et surtout, tout est imprévu et il y a une prise de risque
réelle. Notre vie peut-être en danger.
L’aventure
chrétienne c’est une confrontation avec trois choses : l’inattendu, le
risque et la découverte.
Qui pourrait aimer ce genre d’aventure ? Dans les
faits, peu de personne ; mais la foi nous fait vivre des évènements que
notre vue n’a pas soupçonné et même que nous redoutions de vivre.
Les
aventures reliées à notre foi nous sortes totalement de notre zone de confort.
Nous allons repousser nos limites et remporter de grands défis physiques comme
émotionnels.
MON AVENTURE HUMAINE & SPIRITUELLE
Cette aventure de la foi je l’ai connu. Depuis plus de
trois mois maintenant, je vis, jour après jour dans ce contexte où rien ne
s’inscrit dans la routine.
Cette aventure a débuté le dimanche 9 mars 2025 au matin.
J’ai ressenti de manière continue des brûlures intenses à la poitrine. Ce fut
le début de mon arrêt de travail. Mais aussi le début de longues phases
d’inactions. D’abord des médecins urgentistes qui ont posé un mauvais
diagnostic. Puis une série de rendez-vous médicaux et d’examen impossible à
avoir rapidement. Il m’aura fallu attendre ce jour du 29 mars (donc 20 jours
plus tard) pour que je puisse faire cet examen essentiel et pour que la vérité
sur cette douleur émane. L’aventure aurait pu alors virer au cauchemar vu le diagnostic
établi : Plusieurs artères coronaires du cœur bouchées, j’étais passé à
deux doigts de l’infarctus. Ma vie ne tenait à pas grand-chose. Mais notre Dieu
m’avait épargné et me préparait dans l’ombre à tout ce qui allait suivre. Sans
que je le fasse exprès j’avais réservé sur Paris le soir du 29 un diner au
restaurant « l’imprévu » (au 30 boulevard de Bonne nouvelle) avec ma
femme et une de mes filles Nohémie (qui signifie ma grâce). A ce moment-là j’ai
compris le signe de notre Seigneur qui m’annonçait une bonne nouvelle en
associant l’imprévu avec sa grâce.
Cette aventure, je ne l’a vivait pas seule ; le
dessein de Dieu prenait forme et mon union avec lui dans cette bataille était
plus que palpable… mais cette aventure commençait à mettre sérieusement ma foi
à l’épreuve. Quelle suite médicale allait se dessiner pour moi ? Une suite
assez douce et rapide ou bien une lourde intervention chirurgicale ?
Mes désirs penchaient fortement pour la douceur et la
rapidité. Cela m’était beaucoup plus tolérable. Je priais Dieu que la coupe de
la lourde intervention s’éloigne de moi.
Alors les jours continuaient à passer, avec des rendez-vous
toujours très difficiles à avoir.
Comme si les médecins faisaient exprès de faire traîner les
choses, comme si Dieu surtout me disait que j’avais besoin de temps pour me
préparer à la coupe que j’allais boire, c’est-à-dire à ce que j’allais
connaitre et vivre.
25 jours plus tard, le 23 avril j’obtenais enfin et non
sans mal le rendez-vous attendu. Je passais un examen médical décisif qui
aurait pu déboucher sur cet acte assez doux qu’est la pose de stents (des
petits ressorts dans les artères). Mais il n’en fut rien. Le cardiologue
m’informa que le chantier était beaucoup trop important pour le faire ainsi et ce
jour-là ; mais que j’aurai dans les jours qui suivent la décision de tout un
staff médical.
Et là aussi s’en suivi une incroyable attente. Pourquoi les
résultats du staff n’arrivaient pas ? Tout le monde se renvoyait la balle,
personne n’était responsable ; les congés des uns, la grève des autres. Un
mois passa, puis un jour une secrétaire médicale m’envoya le compte rendu qui
ne laissa plus de place au doute : La grosse intervention chirurgicale
était absolument nécessaire.
C’était en tous les cas le bon moment parce que j’avais été
préparé à recevoir cette nouvelle. L’esprit de Dieu s’est lié à mon esprit pour
faire grandir ma foi.
Je savais que j’allais passer par un chemin que je
redoutais il y a pas si longtemps, mais qui ne me faisait plus trembler
maintenant.
Or, je n’en avais pas encore fini avec l’aventure et ses
péripéties inattendues, ces changements de dernières minutes, ces
rebondissements imprévus. Mon
intervention fut repoussé d’une semaine, puis chose incroyable la compagnie de
taxi me court-circuita dans son agenda, et enfin le chirurgien, désolé de cet
exceptionnel empêchement ne put m’opérer le jour même et repoussa au lendemain
l’intervention, pour finir par m’opérer le 6 juin.
Après le 6 juin je fus soigné à l’hôpital pendant 11 jours
pour ce triple pontage coronarien.
Mais chaque jour qui passait ne me troublait pas. Je savais
que j’étais encore et toujours confronté à cette aventure humaine et
spirituelle avec son lot d’inattendu, de risque et de découverte.
La découverte fut pour moi importante. D’abord un service médical
fait d’anges accourant au moindre besoin et s’occupant de moi 24h/24, comme si
j’étais un être exceptionnel. J’ai été touché par un grand nombre d’actes et de
mots bienveillants, remplis de douceur et de délicatesse. D’une autre manière,
j’ai pu aussi partager l’Evangile de manière inattendue avec un chauffeur de
taxi musulman, ou avec un prêtre aumônier qui en croisant mon regard dans le
couloir de l’hôpital demanda à me voir et qui après notre entretien me remercia
chaleureusement pour mon enseignement et pour le soutien spirituel que je
lui avais apporté; J’ai pu soutenir plusieurs témoins de Jehova, dans leur
affliction. J’ai pu passer du temps avec un frère catholique martiniquais, qui avait
été opéré plusieurs fois et qui était sorti miraculeusement du coma après une
opération du cœur catastrophique.
L’AVENTURE DIVINE, FORCEMENT UN BON DESSEIN
L’aventure spirituelle n’est pas forcément un voyage sac à
dos à l’autre bout du monde, comme on se le représente habituellement. C’est un
voyage de foi accompagné par le Saint-Esprit. C’est notre père céleste qui
décide de la forme de l’inattendu, qui connait la gravité des risques et qui ne
nous met pas forcément dans une situation facile. C’est même une épreuve
terrible si nous la vivons seule, sans notre Seigneur Jésus-Christ, ou sans
l’aide de frères et sœurs qui s’unissent dans la prière. C’est le Saint-Esprit
qui nous conduit dans cette aventure et qui nous prépare étape après étape à
franchir chaque difficulté.
La montagne qui nous paraissait si haute au départ….à la
fin, elle n’a pas été si difficile à gravir. Elle ne nous a pas effrayés !
Mais au contraire nous y avons pris même du plaisir.
Avec Christ, c’est la belle aventure en fin de compte. Une
épopée médicale qui aurait pu être vécue comme un calvaire et qui est vécu
comme une somme de belles histoires à raconter.
La jeune infirmière qui me préparait à l’intervention me
proposa un relaxant que l’on injecte dans les veines pour réduire l’anxiété avant
d’entrer au bloc chirurgical. C’est avec une grande paix que je lui ai dit que
ma foi me suffisait, quel meilleur relaxant que notre foi en Jésus-Christ !
L’aventure divine sert à faire grandir notre foi, soyons-en
persuadé. C’est pourquoi la prière des saints à ce moment-là devrait être
orientée beaucoup plus sur la foi que sur la guérison. « Père que la foi
de notre frère puisse être augmenté durant cette épreuve. »
Prier ainsi, c’est s’associer avec le travail que fait le Saint-Esprit
dans l’épreuve du croyant. Dans ce but : que « tout
concoure au bien de celle ou celui qui aime Dieu et qui est appelé selon son
dessein » (Romains 8 :28).
Dieu nous appelle chacun et chacune à son projet. Il veut
nous faire vivre des aventures hors du commun. Il souhaite nous montrer que le danger bien
réel, bien apparent, est là, pas pour nous faire périr mais pour notre bien,
pour notre foi. Nous sommes alors comme l’apôtre Pierre, l’a été, confronté à
une forte tempête, en même temps qu’il voulait marcher sur l’eau … Va-t-il
sombrer, va-t-il finir par se noyer ?
Lisons Matthieu 14 « 29Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour
aller vers Jésus Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il
commençait à enfoncer, il s'écria: Seigneur, sauve-moi! Aussitôt Jésus étendit la main, le
saisit, et lui dit: Homme de peu de
foi, pourquoi as-tu douté? 32Et ils montèrent dans la barque, et
le vent cessa. ».
Cette aventure que l’apôtre Pierre a vécue avec Jésus, tout
disciple est amené à le vivre durant sa vie. Mais savoir comment chacun va
vivre ces aventures, cela ne nous ait pas donné. Le Père sait ce que nous
allons vivre et connait le moment idéal pour chacun. Chacun aura son ou ses
moments pour marcher sur l’eau avec Jésus Christ.
Je ne prends pas mon aventure comme l’exemple parfait, à
suivre. Je n’ai pas cette prétention.
Mais, c’est l’aventure que Dieu a choisi pour moi. En voyant l’état aggravée de ma santé et poindre
une opération lourde que je devrais peut-être réaliser, j’ai vu le vent se
renforcer, les vagues devenir très hautes et mes jambes s’enfoncer dans l’eau.
Mais je n’ai pas eu à crier Seigneur sauve-moi, pourquoi ?
Parce que Dieu m’a laissé du temps pour que ma foi
grandisse et qu’aucun doute ne me fasse sombrer. Alors ce que j’ai compris de
cette épreuve, je veux que cela serve à tout disciple, afin qu’il ne perde pas
son temps à se battre avec les éléments naturels mais à accepter ses desseins
comme venant de Dieu pour son plus grand bien et pour son édification, pour
qu’il soit parfait comme son Père céleste est parfait….sachant que cette
aventure se fera à plusieurs. Le Père unit avec ses fils.
Amen
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