dimanche 22 juin 2025

L’AVENTURE, UNE REALITE POUR LE CHRETIEN ?

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Par Éric Ruiz

 

L’AVENTURE

 

Proverbes 19 :21 «  Il y a dans le cœur de l'homme beaucoup de projets, Mais c'est le dessein de l'Éternel qui s'accomplit. ».


Le dessein de l’Eternel  si l’on se fie au sens littéral hébraïque, fait appel à une décision, mais bizarrement pas forcément une décision prise en solo mais à plusieurs. Comme s’il y avait un engagement de plusieurs forces pour un même projet. Dieu s’unit. C’est une union entre deux esprits pour une seule âme. Une union entre son esprit et le nôtre.

Alors peut-on ramener les desseins de Dieu à une aventure dont l’homme serait le principal sujet ?

D’abord, parler d’aventure et de vie chrétienne semble tellement absurde dans l’esprit des croyants en général. Pourquoi ?

Parce que la notion « d’aventure » est tellement reliée au divertissement, à ce qui est excitant, inconnu, propre à la jeunesse ; une jeunesse qui aime les expériences inhabituelles, présentant des risques, aller là où l’on n’est jamais allé. S’évader, partir sans but, sans argent, sans savoir de quoi sera fait le lendemain et se laisser guider par son instinct et par les rencontres du moment.

Toutes ces formes de projet sont propres à un âge qui aime casser avec la routine et qui aime le jeu comme dans une aventure amoureuse où on joue avec les sentiments des autres….

 

Alors ce comportement est forcément révolu pour le chrétien. Pour lui, la foi c’est du sérieux ; on ne joue pas avec ce genre de jeu. Peu de place à l’imprévu. Sa vie est ordonnée, et même les heures et les jours sont dictées par des routines. Ne jamais se lever et se coucher sans prier ou lire un verset de la Bible ; Ne jamais terminer sa semaine sans aller à l’église ; Les temps libres doivent être des moments où l’on se consacre à un projet commun de l’église comme un temps collectif où l’on part évangéliser, où encore un temps destiné à faire un pèlerinage ou que sais-je.

Une parenthèse pour dire que le pèlerinage n’a que de petits côtés aventureux. C’est un voyage organisé, dont les étapes sont sélectionnées à l’avance, avec des passages dans des lieux précis parce qu’ils revêtent une signification spirituelle ou religieuse et où on laisse toutefois une petite part à de nouvelles rencontres.

Mais rejeter l’aventure spirituelle c’est annuler la parole de Dieu au profit des traditions (Matthieu 15 :6).

Parce que loin de dénigrer tout ce que j’ai dit plus haut sur les routines, l’aventure va beaucoup plus loin ; elle nous plonge littéralement dans le lâcher prise et l’inconnu.

Or, le don de la foi nous permet des prouesses. Quelles prouesses peut-on faire en s’abandonnant à l’aventure ?  

L’aventure, je pense que ce mot, je l’ai très bien choisi parce qu’il va beaucoup plus loin que les préjugés qui s’y rattachent.

L’aventure : c’est l’expression même du Saint-Esprit. On ne sait où il va nous conduire et surtout, tout est imprévu et il y a une prise de risque réelle. Notre vie peut-être en danger.

L’aventure chrétienne c’est une confrontation avec trois choses : l’inattendu, le risque et la découverte.

Qui pourrait aimer ce genre d’aventure ? Dans les faits, peu de personne ; mais la foi nous fait vivre des évènements que notre vue n’a pas soupçonné et même que nous redoutions de vivre.

Les aventures reliées à notre foi nous sortes totalement de notre zone de confort. Nous allons repousser nos limites et remporter de grands défis physiques comme émotionnels.

 

MON AVENTURE HUMAINE & SPIRITUELLE

 

Cette aventure de la foi je l’ai connu. Depuis plus de trois mois maintenant, je vis, jour après jour dans ce contexte où rien ne s’inscrit dans la routine.

Cette aventure a débuté le dimanche 9 mars 2025 au matin. J’ai ressenti de manière continue des brûlures intenses à la poitrine. Ce fut le début de mon arrêt de travail. Mais aussi le début de longues phases d’inactions. D’abord des médecins urgentistes qui ont posé un mauvais diagnostic. Puis une série de rendez-vous médicaux et d’examen impossible à avoir rapidement. Il m’aura fallu attendre ce jour du 29 mars (donc 20 jours plus tard) pour que je puisse faire cet examen essentiel et pour que la vérité sur cette douleur émane. L’aventure aurait pu alors virer au cauchemar vu le diagnostic établi : Plusieurs artères coronaires du cœur bouchées, j’étais passé à deux doigts de l’infarctus. Ma vie ne tenait à pas grand-chose. Mais notre Dieu m’avait épargné et me préparait dans l’ombre à tout ce qui allait suivre. Sans que je le fasse exprès j’avais réservé sur Paris le soir du 29 un diner au restaurant « l’imprévu » (au 30 boulevard de Bonne nouvelle) avec ma femme et une de mes filles Nohémie (qui signifie ma grâce). A ce moment-là j’ai compris le signe de notre Seigneur qui m’annonçait une bonne nouvelle en associant l’imprévu avec sa grâce.

Cette aventure, je ne l’a vivait pas seule ; le dessein de Dieu prenait forme et mon union avec lui dans cette bataille était plus que palpable… mais cette aventure commençait à mettre sérieusement ma foi à l’épreuve. Quelle suite médicale allait se dessiner pour moi ? Une suite assez douce et rapide ou bien une lourde intervention chirurgicale ?

Mes désirs penchaient fortement pour la douceur et la rapidité. Cela m’était beaucoup plus tolérable. Je priais Dieu que la coupe de la lourde intervention s’éloigne de moi.

Alors les jours continuaient à passer, avec des rendez-vous toujours très difficiles à avoir.

Comme si les médecins faisaient exprès de faire traîner les choses, comme si Dieu surtout me disait que j’avais besoin de temps pour me préparer à la coupe que j’allais boire, c’est-à-dire à ce que j’allais connaitre et vivre.

25 jours plus tard, le 23 avril j’obtenais enfin et non sans mal le rendez-vous attendu. Je passais un examen médical décisif qui aurait pu déboucher sur cet acte assez doux qu’est la pose de stents (des petits ressorts dans les artères). Mais il n’en fut rien. Le cardiologue m’informa que le chantier était beaucoup trop important pour le faire ainsi et ce jour-là ; mais que j’aurai dans les jours qui suivent la décision de tout un staff médical.

Et là aussi s’en suivi une incroyable attente. Pourquoi les résultats du staff n’arrivaient pas ? Tout le monde se renvoyait la balle, personne n’était responsable ; les congés des uns, la grève des autres. Un mois passa, puis un jour une secrétaire médicale m’envoya le compte rendu qui ne laissa plus de place au doute : La grosse intervention chirurgicale était absolument nécessaire.

C’était en tous les cas le bon moment parce que j’avais été préparé à recevoir cette nouvelle. L’esprit de Dieu s’est lié à mon esprit pour faire grandir ma foi.

Je savais que j’allais passer par un chemin que je redoutais il y a pas si longtemps, mais qui ne me faisait plus trembler maintenant.

Or, je n’en avais pas encore fini avec l’aventure et ses péripéties inattendues, ces changements de dernières minutes, ces rebondissements imprévus.  Mon intervention fut repoussé d’une semaine, puis chose incroyable la compagnie de taxi me court-circuita dans son agenda, et enfin le chirurgien, désolé de cet exceptionnel empêchement ne put m’opérer le jour même et repoussa au lendemain l’intervention, pour finir par m’opérer le 6 juin.

Après le 6 juin je fus soigné à l’hôpital pendant 11 jours pour ce triple pontage coronarien.

 

Mais chaque jour qui passait ne me troublait pas. Je savais que j’étais encore et toujours confronté à cette aventure humaine et spirituelle avec son lot d’inattendu, de risque et de découverte.

La découverte fut pour moi importante. D’abord un service médical fait d’anges accourant au moindre besoin et s’occupant de moi 24h/24, comme si j’étais un être exceptionnel. J’ai été touché par un grand nombre d’actes et de mots bienveillants, remplis de douceur et de délicatesse. D’une autre manière, j’ai pu aussi partager l’Evangile de manière inattendue avec un chauffeur de taxi musulman, ou avec un prêtre aumônier qui en croisant mon regard dans le couloir de l’hôpital demanda à me voir et qui après notre entretien me remercia chaleureusement pour mon enseignement et pour le soutien spirituel que je lui avais apporté; J’ai pu soutenir plusieurs témoins de Jehova, dans leur affliction. J’ai pu passer du temps avec un frère catholique martiniquais, qui avait été opéré plusieurs fois et qui était sorti miraculeusement du coma après une opération du cœur catastrophique.

 

L’AVENTURE DIVINE, FORCEMENT UN BON DESSEIN

 

L’aventure spirituelle n’est pas forcément un voyage sac à dos à l’autre bout du monde, comme on se le représente habituellement. C’est un voyage de foi accompagné par le Saint-Esprit. C’est notre père céleste qui décide de la forme de l’inattendu, qui connait la gravité des risques et qui ne nous met pas forcément dans une situation facile. C’est même une épreuve terrible si nous la vivons seule, sans notre Seigneur Jésus-Christ, ou sans l’aide de frères et sœurs qui s’unissent dans la prière. C’est le Saint-Esprit qui nous conduit dans cette aventure et qui nous prépare étape après étape à franchir chaque difficulté.

La montagne qui nous paraissait si haute au départ….à la fin, elle n’a pas été si difficile à gravir. Elle ne nous a pas effrayés ! Mais au contraire nous y avons pris même du plaisir.

Avec Christ, c’est la belle aventure en fin de compte. Une épopée médicale qui aurait pu être vécue comme un calvaire et qui est vécu comme une somme de belles histoires à raconter.

La jeune infirmière qui me préparait à l’intervention me proposa un relaxant que l’on injecte dans les veines pour réduire l’anxiété avant d’entrer au bloc chirurgical. C’est avec une grande paix que je lui ai dit que ma foi me suffisait, quel meilleur relaxant que notre foi en Jésus-Christ !

L’aventure divine sert à faire grandir notre foi, soyons-en persuadé. C’est pourquoi la prière des saints à ce moment-là devrait être orientée beaucoup plus sur la foi que sur la guérison. « Père que la foi de notre frère puisse être augmenté durant cette épreuve. »

 

Prier ainsi, c’est s’associer avec le travail que fait le Saint-Esprit dans l’épreuve du croyant. Dans ce but : que « tout concoure au bien de celle ou celui qui aime Dieu et qui est appelé selon son dessein » (Romains 8 :28).

Dieu nous appelle chacun et chacune à son projet. Il veut nous faire vivre des aventures hors du commun.  Il souhaite nous montrer que le danger bien réel, bien apparent, est là, pas pour nous faire périr mais pour notre bien, pour notre foi. Nous sommes alors comme l’apôtre Pierre, l’a été, confronté à une forte tempête, en même temps qu’il voulait marcher sur l’eau … Va-t-il sombrer, va-t-il finir par se noyer ?

Lisons Matthieu 14 « 29Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer, il s'écria: Seigneur, sauve-moi! Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit: Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? 32Et ils montèrent dans la barque, et le vent cessa. ».

Cette aventure que l’apôtre Pierre a vécue avec Jésus, tout disciple est amené à le vivre durant sa vie. Mais savoir comment chacun va vivre ces aventures, cela ne nous ait pas donné. Le Père sait ce que nous allons vivre et connait le moment idéal pour chacun. Chacun aura son ou ses moments pour marcher sur l’eau avec Jésus Christ.

Je ne prends pas mon aventure comme l’exemple parfait, à suivre.  Je n’ai pas cette prétention. Mais, c’est l’aventure que Dieu a choisi pour moi.  En voyant l’état aggravée de ma santé et poindre une opération lourde que je devrais peut-être réaliser, j’ai vu le vent se renforcer, les vagues devenir très hautes et mes jambes s’enfoncer dans l’eau. Mais je n’ai pas eu à crier Seigneur sauve-moi, pourquoi ?

Parce que Dieu m’a laissé du temps pour que ma foi grandisse et qu’aucun doute ne me fasse sombrer. Alors ce que j’ai compris de cette épreuve, je veux que cela serve à tout disciple, afin qu’il ne perde pas son temps à se battre avec les éléments naturels mais à accepter ses desseins comme venant de Dieu pour son plus grand bien et pour son édification, pour qu’il soit parfait comme son Père céleste est parfait….sachant que cette aventure se fera à plusieurs. Le Père unit avec ses fils.

Amen

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