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Par Éric Ruiz
Nous sommes arrivés au moment où Babylone montre partout ses fissures. Et Babel signifie confusion. La foi n’est pas épargnée par cet état de trouble. Elle aussi est confuse. Nous devons revenir à ce qui est authentique et essentiel dans la foi. La foi possède un seul devoir, un devoir qui devrait être un rite ou une coutume.
Jean 15 :17 : « Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres » ; Et c’est Romains 13 :8 qui nous le redit ensuite : « Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi. ».
Trop souvent,
les journalistes insistent sur le côté négatif des guerres, des catastrophes, des
maladies, des combats en tout genre. Ils nous montrent alors des chiffres
chocs, comme par exemple : l’explosion du nombre de décès.
De même, à
la fin de chaque guerre, par exemple, les historiens remarquent une explosion
de divorces. La guerre a séparé, endeuillée les familles, elle a transformé les
villes en ruine.
Mais a
contrario, la
guerre a un côté très positif et ce
côté-là passe complètement inaperçu des médias : elle a resserrée des
liens d’amour ou d’amitiés.
Pour celles et ceux qui ont vécus et affrontés ensemble de fortes hostilités, leur lien d’attachement s’est renforcé. Et même de nouveaux liens se sont créés avec de nouvelles rencontres. Un peu comme quand on vole au secours d’un naufragé, ou quand on héberge des personnes ayant perdu leur logement, ou encore quand on a caché des fugitifs condamnées à morts (juifs, maquisards, résistants…). Tous ces malheurs ont un côté positif : ils resserrent les liens d’affection où ils créent de vrais liens d’amitié.
Ce qui m’amène naturellement à considérer le réveil des âmes. Le réveil spirituel qui nait dans les Eglises à la suite d’une prise de conscience subite, n’est en réalité qu’un emballement général suscité par un sentiment d’extase, un vent prodigieux. C’est un nouveau chef, une nouvelle image qui nait dans l’âme alors : l’idolâtrie.
Le
véritable réveil spirituel est un réveil de l’âme. Celui-là est moins visible
(pas de mouvement de foules, pas de grandes exclamations publiques) mais un
phénomène beaucoup plus pragmatique : On s’est entraidé, on s’est serré
les coudes, tendu la main pendant un temps fort d’épreuve.
Résultats :
la chaleur affective, les liens fraternels se sont noués. Le réveil des cœurs a
sonné. Pendant qu’une société s’effondre, ou qu’une catastrophe climatique
sévit, qu’elle plonge la majorité dans une situation désécurisante et
angoissante, de petits groupes par-ci, par-là se forment et se sauvent les uns
les autres. Ils agissent alors véritablement comme des frères et des sœurs
d’une même famille.
Combien d’épreuves tant redoutées,
combien de grandes tribulations annoncées comme diaboliques ont été de
véritables aubaines, en créant un groupe fraternel bouillant les uns pour les
autres.
Des chrétiens amorphes, tièdes, en perte totale de relations affectives, rendus infirmes par une empathie engourdie, se sont soudainement réveillés en étant plongés au milieu d’un drame. Ils ont eu là des personnes à aimer ou ils ont été réveillés eux-mêmes par l’amour des autres.
Oui, mais le réveil, ne commence-t-il pas à partir d’une nouvelle semence : la repentance ?
Se
repentir : c’est réaliser que l’on a fait fausse route et se convertir qui
est l’acte qui va avec la repentance : c’est changé de chemin ou revenir
vers la voie de la vérité.
Le
problème avec les croyances religieuses, c’est que tout est sans cesse
spiritualisé, analysé puis au final déformé. Comme si tout se faisait d’abord
par la conscience. Connaître avant tout une loi pour suivre un cheminement
codifié (jeûner, prié, étudié des versets,…) ou par suivre un passage
absolument obligatoire comme un rite initiatique à l’image du baptême.
La REPENTANCE est manifestée par la conversion : un changement radical
de notre façon de penser et d’agir.
Alors si je suis habitué à être seul dans mon coin ou à être écarté des autres, bref à être inutile, et voyant un être en pleine détresse je me mets à le secourir, à lui venir en aide comme un sauveur le ferait, n’est-ce pas un changement radical dans ma façon d’agir ? N’ai-je pas accompli la loi en venant au secours de mon prochain ? Ne suis-je pas en train d’accomplir le commandement de Jésus-Christ de Jean 15 :17 ?
N'est-ce pas cet ouvrier de la onzième heure qui se
tient sur la place du marché sans rien faire et qui à la dernière heure se lève
pour aller travailler dans le cépage du Vigneron propriétaire du
vignoble ? (c’est le Seigneur ce propriétaire).
Cette parabole biblique, relatée dans l’Evangile de Matthieu
décrit un vigneron qui durant toute la journée cherche des ouvriers pour
travailler à sa vigne. Cette parabole qui concerne le royaume des cieux devrait
nous faire réagir sur l’amour qui
est le véritable travail du croyant bien plus que la fidélité dans la pratique des
coutumes chrétiennes, bien plus que les campagnes d’évangélisation. Je me
permets cette comparaison parce que travailler dans la vigne du Seigneur, c’est
souvent le moyen d’exhorter le chrétien à multiplier ses interventions et ses
explications aux athées, aux païens, (mais aussi à ceux qui ont d’autres
croyances, sur la vérité de l’Evangile). On leur prêche que s’il aime Dieu,
l’évangélisation en est la preuve.
Les
croyances ont remplacé la foi. La preuve, c’est qu’il existe tellement
d’interprétations de cette parabole. Quelles intentions se cachent derrière
elles? L’intention la plus fréquente est de réveiller ou de maintenir un
engouement à servir les desseins des dirigeants du groupe religieux. En
pointant que la vigne du Seigneur c’est son église, et c’est là que résident
des frères et sœurs, la vigne s’est transformée, sans que
ses membres en soient conscients, en une véritable secte.
Or, travailler à la vigne du Seigneur, (et je le rappelle cette parabole ressemble au royaume des cieux Matthieu 20 :1), c’est simplement exercer l’amour envers tous. C’est cet amour qui séparera les bons grains des mauvais. C’est cet amour et le vigneron (Dieu) qui greffera les nouveaux serments et émondera les mauvais. C’est cet amour aussi qui récompensera chaque ouvrier de la même manière en les rémunérant du même salaire. Dieu ne comptabilisera pas les actes et le temps que nous aurons exercé sa justice, il regardera le cœur, l’âme. Est-elle régénérée ?
Prenons un exemple
réel, celui d’un mauvais grain ayant l’apparence d’un bon : il y a des
croyants qui accablés par les épreuves disent se repentir et avouent leur péché
devant l’assemblée. Là aussi la question est : N'y a-t-il pas encore une
intention séductrice cachée derrière cet acte juste ?
Parce que même confronté à de grandes tribulations, ces
croyants bourrés de vanité et de gloire ne baisseront pas la garde.
Leur repentance devrait se manifestée par des actes, par un changement radical dans leur comportement. Et cela passe bien-sûr par cesser de convoiter une meilleure place à l’église, cesser de se nourrir de levain. Mais aussi et surtout : cesser directement d’opprimer son entourage. Un croyant qui s’humilie publiquement à l’église mais qui une fois la porte fermée chez lui, continue d’opprimer sa femme ou ses enfants, montre qu’il ne s’est pas repenti. La loi mosaïque de Deutéronome 24 :14 est alors manifesté clairement aux yeux de tous. « Tu n'opprimeras point le mercenaire, pauvre et indigent, qu'il soit l'un de tes frères, ou l'un des étrangers demeurant dans ton pays, dans tes portes ».
Le bon grain se voit dans la fournaise de l’épreuve. La tribulation agit radicalement sur le cœur. Le brisement est total.
Je vais vous relater
une histoire, celle d’un jeune ado de 14 ans. Adrien, ce jeune garçon était
très souvent désagréable avec son entourage. Il avait des réactions négatives,
des maux brutaux et méprisants à l’égard de ses parents et de ses frères et sœurs.
Les recommandations des uns et des autres l’irritaient. Les mots doux de sa
mère le crispaient. Il était sans cesse tourné vers lui-même. Insociable, les
autres ne l’intéressaient pas. La dernière année de sa vie, il fut
méconnaissable. Souffrant d’un cancer incurable, la fin de sa vie a été une
merveilleuse histoire d’amour avec ses proches. Son cœur s’est mis à lui
dire : « le temps est court c’est aujourd’hui qu’il faut aimer ».
Au milieu de ce drame, Adrien a accompli la loi de Christ, il s’est mis à aimer. Il a agi comme ces ouvriers qui à la dernière heure sont allés travailler dans la vigne. Dans les faits, le sentiment brûlant qui allait avec la perte de sa vie a activé chez Adrien le besoin immédiat d’une relation profonde et vraie.
Alors ne soyons pas troublé, chaque chrétien va vivre ou peut-être
qu’il vit déjà cette tribulation forte annoncée par les prophètes. Mais soyons
renouvelé par l’Esprit saint, car cette
tribulation arrive pour chacun, mais elle n’arrive pas seule… elle vient avec
un renouveau de l’amour.
Romain 8 :33 «Qui
accusera les élus de Dieu? C'est Dieu qui justifie!...35 Qui
nous séparera de l'amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l'angoisse, ou
la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l'épée? ».
En lisant ces versets, je vous demanderais de ne plus les
lire en les interprétant (comme je le faisais moi-même autrefois) comme une
confession de foi : « Personne ne peux m’accuser parce que je suis un élu
et que j’aime Christ. Même pendant les grandes épreuves de ma vie, je ne
renierai pas son nom ». Mais le lire en l’interprétant, c’est-à-dire en le
rendant dynamique et vivant. « Qui m’accusera de ne pas aimer comme
un élu de Dieu? C’est Dieu qui me justifie, parce que l’amour de Christ se
manifeste au milieu de ma tribulation, au milieu de l’angoisse, au milieu de ma
persécution, du manque de nourriture, de ma misère, des dangers ou même face à
un meurtrier.
Je manifeste l’amour de Christ pour mon prochain qui voit Christ vivre en moi ; comme de la même façon je vois l’amour de mon prochain s’exercer d’une manière prodigieuse. L’action a supplanté l’émotion. L’action d’amour prouve que Christ intercède pour moi.
Ce qui veut dire aussi que l’amour ne se commande pas. Il
sera là ou pas. Comme il est écrit dans Jean 15 :16 : C’est Christ
qui choisit, « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais
moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que
vous portiez du fruit ». Jean 15 :17 : « Ce que
je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres ». Vous voyez la
relation directe entre le choix de Dieu et l’amour. C’est donc lui qui donne
l’amour et qui nous commande de l’exercer, parce que ce don prodigieux est en
nous. L’amour est la seule preuve
que nous avons été choisis. Dans le contexte, Dieu ne parle plus à des
serviteurs, mais à des amis (Jean 15 :15). Porter du fruit en ne cessant
d’aimer fait de nous des amis de Dieu. La relation d’intimité est alors au plus
proche.
Pourtant, comme dit le cantique des cantiques ; « Je
vous en conjure, filles de Jérusalem, Par les gazelles et les biches des
champs, ne réveillez pas, ne réveillez pas l'amour, avant qu'elle le veuille. » C’est Dieu le Père par
le Saint-Esprit en nous qui réveille l’amour. On parle du coup de foudre
amoureux mais, c’est ainsi que Dieu fait naître ce sentiment pour nous amener à
agir, et à rendre sa justice.
Alors, loin d’être passif, nous devons préparer nos cœurs
pour qu’au moment de l’épreuve nous puissions aimer comme Christ et ne pas
laisser la peur ou la haine nous envahir.
Romains 8 : 36 « selon qu'il est écrit: C'est à cause de toi qu'on nous met
à mort tout le jour, Qu'on nous regarde comme des brebis destinées à la
boucherie.
37Mais dans toutes ces
choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. » La preuve qu’il nous a aimé se trouve où ? Eh bien
cette preuve se trouve dans l’amour qu’il nous donne déjà et qu’il nous donnera
dans nos tribulations. Nous serons témoin que nos actes prouvent alors cette
vérité de Luc 6 : 38 : « Donnez,
et il vous sera donné: on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée,
secouée et qui déborde; » ;
Cette mesure, (ce n’est pas une mesure de foi, une mesure de miracles, des
bénédictions matérielles) c’est une mesure d’amour et rien d’autre. Et elle
déborde.
Notre don
de soi sera alors décuplé dans les tribulations. Nous ferons des œuvres d’amour
comme jamais nous aurions imaginé. L’amour, c’est la seule chose qui restera
éternellement (1Corinthiens 13). Un athée, un blasphémateur même en a
conscience et d’ailleurs à la fin de sa vie, cette personne rend témoignage que
c’est sa c’est seule raison d’existence ; Et que bien souvent c’est là qu’elle
a péché ou que son entourage l’a déçu.
Prenons
conscience, que sans le don d’amour, la foi ne sert à rien. C’est une croyance
religieuse morte. L’amour c’est l’œuvre de la foi. C’est l’amour qui
rend notre foi vivante. « si
je n'ai pas l’amour, (je ne suis rien) je suis un airain qui résonne, ou une
cymbale qui retentit. » (1 Corinthiens 13 :1).
Ne cessons d’exercer l’amour, même là ou tout devrait
s’anéantir.
Amen
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