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Par Eric Ruiz
A la suite d’un message, j’ai eu un commentaire d’un internaute me remerciant ainsi : « Merci pasteur » et un autre me disant : « Tu es mon pasteur, tu es mon berger ».
Que voulaient-ils
tous deux me dire par cette identité de pasteur ?
Est-ce un
titre ou la reconnaissance d’une fonction ?
Est-ce le
fait d’avoir fait une prédication en encourageant les croyants… que me vaut ce
titre de pasteur ? Parce que seul un pasteur possède cette compétence à s’occuper
des brebis, des croyants ?
LE MINISTERE : UN GRADE SUPERIEUR ?
En fait,
on entend partout dans les dénominations religieuses chrétiennes ou autre, les
titres de père, pasteur ; docteur, bishop, rabbin, évêque, diacre,
prophète, évangéliste etc…
Ont-ils raison de se donner des titres, ou d’en acquérir, ou bien sont-ils dans l’erreur totale ?
D’abord un
titre qu’est-ce que c’est ?
Un titre : c’est une marque honorifique
une distinction, un rang spécial, un grade supérieur.
Dans ma profession
de professeur, j’ai acquis un grade supérieur. Je suis professeur d’EPS élevé
au grade de « classe exceptionnelle ». Ouah, ça en jette !
L’Eglise est-elle aussi présomptueuse ? Y-a-t-il une classe exceptionnelle parmi elle ?
S’il y a des titres dans l’Eglise c’est tout simplement qu’il s’y trouve des nobles, des notables, des croyants plus honorables et honorés que d’autres (aller disons-le : une forme de clergé) ; et en opposition il y aurait des croyants moins bien considérés.
Existait-elle cette forme de différence dans l’Eglise primitive ? La hiérarchie des rôles et des offices est-elle finalement un ordre voulu du Seigneur ?
Parce que les 5 ministères que l’on trouve si souvent enseignés s’obtiennent, à en voir les pratiques, comme une reconnaissance… plus encore, comme l’obtention d’un diplôme : « J’ai les compétences professionnelles car j’ai été reconnu pasteur par mes pères ».
Alors un
diplôme qu’est-ce que c’est ?
Un diplôme, c’est un titre, qui émane d’une
autorité supérieur ou souveraine, et qui vous confère un privilège, qui atteste
aussi que vous avez acquis des connaissances ou des aptitudes spécifiques et le
tout officialisé par un acte écrit.
Dans ce cas, l’apôtre Pierre, a-t-il reçu des clés de noblesse, en recevant les clés du royaume ? A-t-il eu l’idée de faire broder des clés sur son habit ou de demander à Jésus un certificat avec un sceau prouvant qu’il a bien légitimement les clés du royaume?
Vous voyez
le problème…sans connaître les Ecritures, on ressent un malaise ; Ce n’est
pas comme cela avec Jésus, on le sent, on le sait au plus profond de soi-même.
SIMON PIERRE : PERE DE
L’EGLISE ?
Alors
bien-sûr en lisant Matthieu 16 :13 on voit que Pierre était là avec Jésus
et les autres disciples, pas à Jérusalem devant un monument religieux, non quelque
part dans la région de Césarée ; et Pierre répondait aux questions de
Jésus sur son identité : «Qui
dit-on que je suis, moi, le Fils de l'homme? »
Pierre répondit spontanément : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » et là sans cérémonial, sans faire un autel de prières, sans bruits de trompette, sans faire venir tout le monde autour de lui, Jésus dit simplement à Pierre que son inspiration venait « du Père qui est dans les cieux » et non de « la chair et du sang » ; et il continua au verset 19 en disant : « je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » …
Jésus en
donnant ce pouvoir à Pierre ne faisait pas vraiment référence à un titre, mais
plutôt à une fonction : celle de lier et de délier.
J’en ai
parlé dans un autre message, cela concerne le fait d’amener dans l’assemblée un
jugement : la paix en déliant ou la guerre en liant.
C’est l’épée de la parole que Pierre a reçu. Une épée à double tranchant qui d’abord perce les cœurs, puis qui divise, et qui sépare le pur de l’impur. Cela fait-il de lui le pasteur ou l’apôtre de Jérusalem après la mort et la résurrection du Christ ?
L’esprit religieux, lui n’en démordra pas, il
aura les yeux sur le titre et affirmera solennellement : « Pierre est
le père de l’Eglise ».
Parce que le verset lui semble sans appel : « tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, ».
Mais si
Pierre est le père de l’Eglise, il aurait dû commencer toutes ses lettres aux
Eglises en écrivant ce titre : « Moi Simon Pierre, le père de
l’Eglise »
Or si « titre » il y a, c’est celui d’apôtre. « Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ » (2 Pierre 1)
Mais la
question revient toujours : « apôtre » est-ce vraiment un titre ?
LA FONCTION DONNEE PAR L’ESPRIT
Revenons
aux 5 ministères.
Il y a
diversité de ministères et aspirez aux dons spirituels… c’est manifester ce qui
vient du Père. C’est avoir cette attitude d’être comme Pierre : ouvert,
soumis au ciel, sans aucune forme de spiritualité intouchable ou sans rêver de
devenir une étoile plus brillante que les autres.
Maintenant
Paul écrit :
« Il
y a pluralité de dons mais le même esprit ».
Qui donne ?... C’est
l’esprit ;
Et Paul
dit une chose très lourde de sens : « Or, à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour
l'utilité commune ».
Dieu donne pour les autres, par pour soi. Il n’y a pas des
plus doués que d’autres, des plus instruits que d’autres, des plus oints que
d’autres, des plus méritants que d’autres… il y a des besoins et Dieu par
l’esprit vous appelle à utiliser ses dons pour l’utilité commune.
Comment ?
« Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. »
Alors soyons pratique :
-Aider un
frère ou une sœur dans le besoin, pour faciliter ses conditions d’existence (pour
qu’il se nourrisse mieux par exemple), l’écouter se confier, l’encourager,
partager des moments, l’avertir de dangers qu’il ne voit pas, lui donner des
conseils pour sa vie pratique et spirituelle, pour sa santé, ou prier pour sa
guérison, c’est agir
en pasteur.
Faut-il un
nombre d’actes de baptêmes et de réussite dans les guérisons pour obtenir le
titre de pasteur ? Faut-il le réclamer, pour l’acquérir ?
Non, puisque qu’il n’y a pas de titre,
mais une fonction qui vient de Dieu par l’utilité. Ce n’est pas l’occasion qui fait le larron, c’est
un cœur bien disposé qui attire à lui des âmes dans le besoin.
Ce sont bien, les circonstances qui font le pasteur.
-A un autre moment, une personne vient vous solliciter pour savoir s’il faut se reconvertir. Eh bien là vous devenez docteur, en expliquant la doctrine du baptême d’eau, du baptême de repentance, mais aussi comment les actes de justice doivent se renouveler et comment persévérer dans la foi… Si vous ne vous sentez pas capable d’exercer ce ministère doctoral, un autre croyant pourra le faire, sans qu’il devienne mieux considéré (parce qu’il aura agi pour le bien d’un frère ou d’une sœur).
-A un
autre moment vous êtes amené à parler de votre amour pour Dieu et de la paix,
de la liberté que vous avez reçue en Christ. Que cette nouvelle condition vous
a été donnée par celui qui est mort et ressuscité pour vous. Vous êtes là, dans la fonction de l’évangéliste.
D’ailleurs, au passage les premiers évangélistes ont-été des femmes. Ce sont elles qui ont annoncées la résurrection de Jésus aux disciples.
-Vous annoncez qu’au sein de l’assemblée certains sont dans des enclos, qu’ils pensent être libres alors qu’ils sont enchaînés. Vous dévoilez des péchés cachés, dissimulés ; Vous affirmer voir des loups, des mercenaires déguisés en brebis, vous n’êtes pas en train de condamner et de juger. Votre vision est alors prophétique, vous êtes dans la fonction de prophète, vous avertissez du danger.
-Enfin,
vous ressentez le besoin de vous rendre loin de chez vous pour exhorter une
assemblée de croyants. Ou comme aujourd’hui, vous utilisez internet pour
communiquer des messages d’encouragement
ou d’exhortation.
Cette mission que vous avez reçue du Saint-Esprit vous appelle comme « un envoyé spécial » c’est la mission d’apôtre (d’envoyé, de messager littéralement).
Qui a décidé
de tout cela ?
Une
congrégation ? Une autorité religieuse ? Une volonté humaine ?
Non, un principe divin : le Saint-Esprit.
Et
l’esprit peut le décider, même collectivement comme cela a été orchestré
pour Jude et Silas .
Jude et
Silas ont été nommés par les apôtres de l’Eglise de Jérusalem, l’Eglise en
entier et les anciens pour aller apporter une lettre d’exhortation à l’Eglise d’Antioche
(située à plus de 2000 kms).
Voilà comment Jude et Silas sont devenus aussi apôtres (Actes 15 :22-23).
Et une
fois à Antioche ils ont manifesté leur fonction d’apôtre, de cette manière : « Jude et Silas, qui étaient
eux-mêmes prophètes, les exhortèrent et les fortifièrent par plusieurs
discours. »
Donc Jude et Silas étaient prophètes à Jérusalem et maintenant aussi apôtres Plusieurs prophètes, plusieurs apôtres pour une même congrégation, étonnant, non !
Mais alors pourquoi me direz-vous, Paul dit aux Corinthiens : « Tous sont-ils apôtres? Tous sont-ils prophètes? Tous sont-ils docteurs? Tous ont-ils le don des miracles? 30Tous ont-ils le don des guérisons? Tous parlent-ils en langues? Tous interprètent-ils? »
Vous voyez bien que les rôles et les ministères sont distribués séparément.
Eh
bien, c’est une manière très légaliste de voir les choses.
Examiner
le contexte encore une fois, regardez dans quelle situation Paul écrit sa
lettre.
Comment se comportaient les Corinthiens ?
En Christ il y a une liberté, que ne voyait pas l’Eglise de
Corinthe. Parmi eux, on convoitait les dons. C’était à celui qui en avait plus
que l’autre. Celui qui manifestait le plus de dons spirituels était mieux
considéré et plus écouté.
Et Paul se trouve dans l’obligation urgente de leur
rappeler qu’il n’y a pas de compétition aux dons.
« Tous sont-ils apôtres? » non, pourquoi ?
Parce qu’il n’y a pas une course à remporter en
manifestant le plus de dons spirituels ; mais que s’il y a un empressement que cela
soit en premier pour exercer le don de l’amour qui est la voie par excellence. Parce que l’amour de Christ est avant tout
empressé par le besoin de l’autre et c’est ce que Paul insinuait fortement
en reprenant les Corinthiens sur leur conduite égoïste et arriviste.
PLUSIEURS
PASTEURS
Dans les faits, après plusieurs apôtres, il peut y avoir
aussi plusieurs pasteurs dans l’assemblée. D’ailleurs, rétablissons la
vérité : le mot pasteur est employé au pluriel dans Ephésiens 4 :11. Il n’a jamais été dit qu’il n’y aurait qu’un seul
pasteur par assemblée.
C’est une borne ancienne qui a été elle aussi déplacée.
Là pareillement, croire au pasteur unique, c’est une hérésie qui amène à créer des sectes dangereuses par l’appât du gain.
Les Eglises de la réforme ont brandi bien haut cette
fonction sacerdotale.
La
toute-puissance du ministre,
prédicateur, pasteur c’est ce qu’enseignaient les réformateurs Luther et
Calvin.
Ils ont simplement transposé le modèle de la règle de
l’évêque unique des catholiques en pasteur unique des protestants, possédant,
lui seul, la puissance et l’autorité divine.
Voilà un ministre qui ne parle pas en son nom mais au nom
de Dieu.
Bref le pasteur protestant devenait comme l’évêque ou le
pape catholique, le seul à détenir les clés du royaume, donnés à Simon Pierre.
C’était par conséquent à lui seul que reposait la
prédication de la parole de Dieu, mais aussi du baptême et de la sainte cène.
Au titre de pasteur allait succéder un autre titre encore
plus honorifique : celui de « révérend » (littéralement :
qui témoigne du plus grand respect)
Vous voyez, Calvin comme Luther reprochaient à l’Eglise
catholique sa vénération pour les papes, vicaires de Christ, mais eux, les deux
principaux réformateurs de l’Eglise protestante, n’élevaient-il pas le pasteur
sur le même trône ?
Ils revendiquaient une réelle vénération pour le pasteur devenant à son tour un véritable « vicaire de Christ » (remplaçant du Saint-Esprit) ; et n’est-ce pas ce qu’il est aujourd’hui ?
« L’assemblée chrétienne, a dit
Luther, ne devrait jamais se réunir à
moins que la Parole de Dieu soit prêchée et la prière dite, peu importe la
durée. » Luther a cru que l'Église était uniquement une réunion
du
peuple qui écoute la prédication d’un pasteur.
Il
a préféré à la fraternité, la hiérarchie, à la liberté, la loi comme bien avant
lui, le christianisme paganisé l’avait introduit par tradition.
Ce sont des empereurs, des Césars qui règnent sur des empires, voilà les dirigeants d’Eglise.
Voilà
aussi, comment ils ont, d’un côté enlevé à la parole, la communion des saints.
Et de l’autre côté comment ils ont rajouté à la
parole ;
Car à la vérité ce sont bien plusieurs pasteurs soumis au Saint-Esprit qui interviennent de manière
tout à fait aléatoire dans l’assemblée.
Ils sont choisis et impliqués selon le bon vouloir du Saint-Esprit.
Si Christ éprouve le besoin qu’il y en ait plusieurs, c’est qu’il a anticipé les besoins et c’est lui le chef de l’Eglise et non le « pasteur élu ». Et c’est une très bonne chose qu’il y en ait plusieurs et pas un seul.
Dans un village, s’il n’y a qu’un seul médecin, et survient
une épidémie, ce malheureux va croulé, alors sur le poids du travail.
C’est pourquoi dans l’Eglise primitive, il y avait plusieurs pasteurs au sein d’une même assemblée, parce qu’en temps de jugement, le corps de Christ est malade et il a besoin d’édification et de perfectionnement.
Une autre fonction a été galvaudée, elle aussi :
l’ancien, le dirigeant.
Examinons le mot « dirigeant » employé dans le
texte biblique, c’est le même que « anciens » presbuteros. Ce sont des croyants qui « ont de la
bouteille », ils connaissent bien chaque personne. Ils ont l’expérience de
la vie de disciple et peuvent anticiper les défaillances des uns, les besoins
des autres.
Paul rappelle d'ailleurs ce qu'est un ancien : un
homme irréprochable. Mari d'une seule femme dont les enfants ne sont ni des
débauchés ni rebelles à leurs parents.
Un ancien, c’est un homme humble, calme, sobre, doux, généreux, hospitalier, juste, tempérant, qui exhorte à pratiquer de bonnes œuvres ; qui peut reprendre parfois sévèrement ceux qui le méprisent et qui se détournent de la Vérité ;
Attention là aussi, ils n’ont pas le titre de dirigeants, car
ils dirigent dans le sens de donner une direction, de montrer une voie possible,
de proposer une orientation.
Mais en aucun cas ils doivent abuser de leur position et
prendre la place du chef qui est Christ, seulement. Ils n’intimideront personne
par leur parole, et leurs argumentations resteront toujours à choix multiples
pour celui qui écoute.
FEMME
PASTEUR
Et des femmes pasteurs est-ce une hérésie ?
Dans la forme actuelle oui.
Oui, car ce sont des femmes prédicateurs.
Elles prennent une place, un titre, un rôle qu’elles n’ont
pas à s’accaparer.
Ce sont des imposteurs de la foi. Elles ont l’esprit des nations,
elles sont remplies de jugement, revendicatrices, remplies de certitudes et dans
les faits, elles convoitent les places des hommes.
Car sont-elles réellement animées par un désir d’édification, une volonté altruiste ? J’en doute vraiment.
L’esprit de Jézabel les conduit, comme pour l’Eglise de
Thyatire : « ce que j'ai contre toi, c'est que tu
laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes
serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'impudicité et qu'ils mangent des viandes
sacrifiées aux idoles. »(Apocalypse
2 :20)
Ce que nous lisons-là traduit ce que je disais avant, cette
esprit de séduction vise l’idolâtrie par une nourriture ramenant tout à
soi-même.
Alors que celui ou celle qui se dévoue pour les autres
couvre une multitude de péchés (1 Pierre 4 :8).
Et avez-vous remarqué, à l’évidence il y avait des prophètes femmes dans l’Eglise de Thyatire, mais elles n’étaient pas toutes comme Jézabel, elles n’enseignaient pas et ne séduisaient pas les serviteurs comme elle le faisait.
Maintenant, dans la forme initiale ou un pasteur prend soin des autres, s’inquiète de leur état de santé, rien de choquant à ce qu’il y ait des femmes pasteurs. Tout à chacun est capable de pourvoir aux besoins des autres, et des besoins il y en a à tous les niveaux : matériels, organisationnels, affectifs, familiaux, spirituels,…Et une femme trouvera souvent de meilleurs mots pour encourager, réconforter une autre femme.
En réalité,
Dieu souhaite que nous exercions tous ces dons, ces ministères dans le corps de
Christ dans le but d’amener chacun et chacune à la stature parfaite. Mais il
souhaite avant tout que rien ne soit calculé à l’avance de notre part.
C’est lui
qui exercera cette liberté de nous inciter à les pratiquer.
Ce qu’il nous demande simplement c’est d’être sensible par l’esprit aux besoins des uns et des autres et c’est lui qui fera le reste.
Alors, prions pour que cette tentation de regarder « au titre »
comme « aux honneurs » ne nous séduisent pas, et que nous soyons
malléables dans les mains du Seigneur pour exercer le ministère qu’il a choisi
et qui nous convient dans le temps présent.
Amen
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