dimanche 3 septembre 2023

C’EST QUOI « HONORE TON PÈRE & TA MERE » ?

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Par Eric RUIZ

 

« Honore ton père et ta mère c'est le premier commandement ».


Ce commandement donné à Moïse et rappelé par Jésus (Matthieu 15:4) puis par Paul, fait figure de devoir indispensable du disciple de Christ.

Mais, c’est plus qu’un simple devoir : c’est le premier devoir, c’est le premier commandement nous dit Paul, alors que Moïse (bizarrement) le place à la cinquième position.

Une erreur de Paul ?

Non pas du tout, car l’apôtre connait très bien ce que Dieu a dit à Moïse, puisqu’il suivait les traditions pharisiennes ; Mais Paul sait aussi ce que la grâce de Christ permet.

Alors une question s’impose :

Comment celui qui veut obéir au premier commandement : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Exode 20 :3) peut-il le faire s’il n’honore pas ses parents ?

Il y a bien un contre-sens absolu. Soyons logique, s’il n’honore pas ses parents c’est bien que ce croyant honore d’autres dieux.

Nos parents bien-sûr, ne sont pas des dieux, mais pour honorer un seul Dieu, ils doivent être honoré.

Donc en désobéissant au cinquième commandement, on désobéit fatalement au premier.

Ensuite, ce qui est gênant, c’est de constater que le regard de beaucoup de ceux qui se disent chrétiens est plutôt orienté sur la suite : « Honore ton père et ta mère …avec une promesse, 3afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre. » (Éphésiens 6 :3)

En fait, ils ont besoin de la promesse pour réaliser leur devoir envers leurs parents.

Ils font… parce que, ou ils font… pour avoir.

Eh bien cette excuse ou ce mobile n’a aucune valeur en Christ. Le commandement est inscrit dans le cœur d’abord et avant tout.

Ce qui veut dire qu’un disciple possède, par l’esprit qui vit en lui, cette intention brûlante de vouloir honorer ses parents.

Il ne pense pas à la récompense, il pense à agir pour eux, parce que c’est juste de le faire.

Mais là aussi l’acte d’« honorer » est devenu tellement insipide, plat, terne et sans consistance.

On aime en paroles et avec la langue comme l’écrit Jean dans sa première épitre.

Où sont les actes de vérité ?

On pense faire bien et le mieux en saluant ses parents, en étant respectueux avec eux, gentil, les contredisant le moins possible, ou en leur offrant quelques cadeaux lors de différentes fêtes.

J’entends, que dire à ses parents qu’on les aime, ou leur envoyer de temps en temps quelques mots pour leur dire qu’on pense à eux, ou bien aller partager un repas familial de temps à autre suffisent pour être sous la bénédiction du premier commandement.

 

Mais où est le sens d’honorer, là-dedans ? Est-ce qu’on traite ainsi nos parents avec beaucoup d’égards et de considérations ?

Prenons l’honneur de notre Dieu envers un de ses enfants obéissant et fidèle.

Est-il simplement respectueux avec lui ? Est-il satisfait en lui envoyant une petite bénédiction de temps en temps ?

Ou bien pensez-vous comme je le crois-moi-même que Dieu honore sa bien-aimée en la comblant de biens, et d’affection, en faisant en sorte qu’elle ne manque de rien, bref, en recherchant son bien-être et son bonheur ?

Lorsque qu’Abraham parle d’être honoré par Dieu, voilà ce qu’il dit : « L'Eternel a comblé de bénédictions mon seigneur, qui est devenu puissant. Il lui a donné des brebis et des bœufs, de l'argent et de l'or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. » (Genèse 24 :35)

 

Donc, on est loin de la simple considération respectueuse qui demeure très superficielle.

On oublie que Dieu nous a permis de naitre dans une famille qu’il a choisie. Il y a un lien avec cette famille. Et ce lien ne se termine pas à la naissance, après avoir coupé le cordon ombilical.

Cette première fondation, ce n’est pas à nous de la détruire. Et, ce n’est pas à nous enfants, de juger si nous méritions de tels parents.

Pourtant, je sais aussi, que de laisser ses parents à distance est pour certains un effet normal de ce qu’ils ont semé autrefois. Après tout ont-ils suffisamment aimé et choyé l’enfant qu’ils ont eu ?

Je crois qu’honorer ses parents n’a d’abord rien à voir avec la manière dont eux nous considèrent ou nous considéraient enfant. Nous n’avons pas à agir envers eux comme ils l’ont fait pour nous, en rendant le bien pour le bien ou le mal pour le mal.

Même s’ils nous méprisent, nous ignorent ou encore, nous rendent responsables de certains méfaits envers eux, nous agissons en les bénissant sans attendre de retour.

Je dirais même plus : si notre enfance a été l’objet de maltraitances, d’humiliations, si c’est un temps de notre vie qu’on aimerait effacer, eh bien le pardon, associé à la prière de réconciliation doit nous permettre de revenir vers eux, sans ressentir les douleurs de l’enfance.

Même le célèbre romancier allemand Goethe, qui n’était pas  considéré comme croyant, avait compris que « être adulte c’est avoir pardonné à ses parents ».

Maintenant pour ceux qui sont encore enfants, ne jugez pas vos parents, mais honorés-les selon ce que dit Paul, « Enfants, obéissez à vos parents, car cela est juste » ; même si l’enfant est irrité, maltraité, son rôle est d’obéir, pas de contester et de se rebeller.

Ensuite, nos parents, si nous le pouvons, ne doivent manquer de rien.

« Mais celui qui a les biens de ce monde, et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui? » (1Jean 3 :17).

Nos parents, même s’ils ne sont pas convertis, même si leur piété laisse à désirer et qu’ils sont comme une épine dans notre chaussure, tellement leur présence est douloureuse, ils ne restent pas moins comme nos frères de foi. Ils sont considérés au même niveau qu’eux.

Et ce sont eux en premier que nous servons.

Que cela en déplaise aux dirigeants d’Églises, ils passent avant tous nos autres frères et sœurs (enseignant, prophète y compris).

Nos parents ne doivent pas être indigents, sous-alimentés, sans toits, sans ressources, alors que nous sommes en capacités de leur venir en aide.

Leur condition doit être respectable. Ils doivent recevoir les soins et l’attention dont ils ont besoin.

La vieillesse prive souvent nos parents d’une partie de leur autonomie. Ils ont besoin qu’on leur rende certains services, ou que l’on soit une oreille attentive pour les écouter.

Ce qui doit être notre préoccupation, c’est : Quel type d’existence ont-ils à cœur de vivre ? Sont-ils heureux dans leur condition et leur situation ? Ou leur manque-t-il certaines choses essentielles pour adoucir leurs jours ?

C’est en répondant à ces questions d’une manière pratique que l’on honore ses parents.

Nous devons aussi honorer leurs décisions, mêmes si elles sont en contradiction avec les nôtres.

S’ils veulent vivre isolés, par exemple, ne rien partager avec d’autres, notre mission, c’est alors qu’ils puissent le faire à leur guise.

Un autre exemple : Si l’un d’eux décide qu’à sa mort son corps ne soit pas enterré mais incinéré, nous devons honorer son choix. C’est une question d’honneur. Nous pouvons bien-sûr leur expliquer notre point de vue, mais nous nous devons de respecter le leur.

Quand je rends des services à mon père, âgé de 89 ans, il me remercie, mais s’étonne de ma réponse, car je lui dis : « C’est normal papa ! ». Lui ne trouve pas normal tout ce que je fais pour lui ; Mais moi je trouve que cela fait partie de mon devoir de fils envers lui. C’est juste d’agir ainsi. Et, je ne fais rien d’extraordinaire que d’essayer de répondre à ses besoins.

Je ne m’offusque pas de ses petits caprices, de ses sautes d’humeur, de ses manies ou de ces idées fixes. Je suis indulgent sur beaucoup d’attitudes déplacées qu’il a, comme le ferait des grands-parents vis-à-vis de leurs petits fils. Je me mets dès que je peux à sa disposition et j’évite de lui faire constamment sentir que les choses pourraient être autrement.

Je l’honore aussi en  minimisant ses défauts et en parlant avec lui des sujets qui lui tiennent à cœur.

Je l’honore par ma disponibilité, lui montrant qu’il ne passe pas en dernier.

Maintenant, je sais que des enfants sont coupés de leur parents, ces derniers étant fâchés et distants. Mais, il y aura toujours un temps, un moment où une brèche s’entrouvrira laissant la possibilité d’un retour. Attention cette brèche, c’est aux enfants de s’en servir en premier. C’est à eux de revenir vers leurs parents. C’est à eux de ressentir le besoin des parents à revenir vers leurs enfants.

Rappelons-nous pourquoi Elie le prophète revient (Malachie 4 :5  (version Martin) « Il convertira le cœur des pères envers les enfants, et le cœur des enfants, envers leurs pères, de peur que je ne vienne, et que je ne frappe la terre à la façon de l'interdit. ».

Le premier commandement (celui d’honorer ses parents) doit pouvoir se réaliser, les cœurs doivent changer ; et l’Esprit Saint est là pour aider les prophètes dans leur mission du rétablissement de la justice.

Je sais aussi que beaucoup s’abritent derrière le verset de Matthieu 19 :29 pour justifier qu’ils ne peuvent plus honorer leurs parents : « Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère…recevra le centuple, et héritera la vie éternelle ».

Or, ici le contexte est tout autre. Jésus Christ ne dit pas de ne plus avoir de relation avec notre famille. Mais il met la barre haute en nous prévenant que notre vie de foi implique de pouvoir se séparer de tout ce qui nous identifie sur cette  terre. Tout ce qui nous enracine, tout ce qui fait de nous ce que nous sommes : notre identité avec le nom de nos parents, notre famille, notre travail, notre pays. Tout cela nous devons nous en détacher.

Maintenant, pour en revenir à mon père, pendant de très nombreuses années mon père a décidé de couper les ponts avec moi, sous prétexte que ma foi était comme une trahison vis-à-vis de lui, parce que j’avais choisi un autre père, un père céleste celui-là. J’ai respecté son choix, jusqu’au jour, où son cœur a changé et qu’il a accepté de renouer avec moi en désirant faire la connaissance de mes enfants.

Savoir que Dieu nous donnera au centuple ce que nous aurons perdu parce que nous aurons tout quitté  sur cette terre, c’est une grâce et une consolation, pas une récompense. Parce contrairement à ce que les nombreuses sectes religieuses veulent nous faire croire, il n’y a pas un choix à faire entre nos parents et Dieu. Notre Seigneur ne nous demande pas de nous exiler pour nous sanctifier. Il ne souhaite pas non plus que nous limitions l’honneur fait à nos ancêtres sous prétexte que la louange la plus grande lui est destinée en premier. Car honorer nos parents, c’est l’honorer lui (il n’y a pas de différence) et c’est le premier commandement.

Mais tant que nous ne sommes pas attachés viscéralement au seul vrai Dieu : le Saint-Esprit, il ne peut y avoir de réconciliation entre les enfants et leurs parents, tout comme entre les parents et leurs enfants. Tant que nous nous apitoyons sur notre sort ou sur nos pertes, notre cœur alors ne peut se réconcilier avec notre famille.

Les prières pour le retour du Seigneur devraient se faire envers nos enfants rebelles ou pour nos parents fâchés ; afin que le premier commandement « Tu honoreras ton père et ta mère » puisse avoir enfin lieu, car c’est lui (l’obéissance à ce commandement) qui débloquera beaucoup de situations en détresse.

Amen.

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