dimanche 23 juillet 2023

La JOIE, le PILIER du SAINT-ESPRIT

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Par Eric RUIZ

 

Dans les assemblées chrétiennes, nombreuses sont celles qui étonnent par la joie, la ferveur et l’exaltation même, des croyants qui y sont. Ils se congratulent, ils ont tous le sourire. Leur enthousiasme déborde.

Mais, cette apparence de bonheur est-elle réelle ? Montre-t-elle une foi profonde ?

Car, de nos jours la vérité est prêchée à l’envers. Elle nous arrive à contre-sens.

Par exemple on demande, on ordonne même au chrétien d’être joyeux, d’avoir le sourire constamment aux lèvres pour soigner son témoignage.

Cela va même plus loin, j’ai entendu un pasteur très réputé dire à son assemblée que l’obéissance vient après la joie. Oui j’ai bien dit : l’obéissance viendrait après la joie !?...

 

On demande en fait d’imiter le fruit de l’esprit. Le croyant doit faire en sorte de montrer de la générosité, de l’amour pour son prochain, il doit se forcer à être patient. Il doit se souvenir que son témoignage a de l’importance pour les autres.

La première action à faire s’est alors d’exprimer un sentiment même s’il n’est pas présent. Pourquoi ?

Parce qu’il sera le déclencheur d’une émotion plus forte : l’enthousiasme par exemple.

 

Celui ou celle qui arrive à montrer cette joie, se voit alors congratuler par les autres, et montrer en exemple.

Ses démonstrations de louange sont alors pris pour de l’inspiration, comme si l’esprit saint lui aurait incité à le faire, alors qu’il n’est en train que d’imiter ce que son pasteur lui a demandé de manifester le plus souvent possible.

Il ne fait que d’obéir à un homme.

Oui, reconnaissons-le, dans beaucoup d’Églises, la joie est une obéissance aux commandements du prêcheur mais pas aux commandements de Dieu.

Attention, ce n’est pas fini. L’enseignant prêche que si vous avez cette foi-là, celle d’imiter la joie, comme les œuvres de l’esprit, cela vous donnera de la force pour obéir à Dieu et à ses commandements. Cela dynamisera votre obéissance.

Comme si la loi de Dieu était pénible. Et qu’il nous faille un remède pour mieux s’en approcher et que susciter la joie est ce remède.

Sans s’en apercevoir pour autant ces enseignants pensent que l’imitation de la vérité va provoquer la vérité. En forçant sa nature, on va aboutir à une nouvelle nature. En montrant un fruit avarié, on prétend que l’arbre est fertile.

 

Dans quel but ses paroles d’un faux évangile sont-elles proclamées ?

 Toujours dans le même but, celui d’attirer les foules.

Parce qu’une assemblée qui devient morose, triste, sans entrain n’attire pas à elle de nouveaux membres ; et elles ne fait que de décourager ceux qui sont encore motivés.

Ce procédé est bien connu des leaders en communication de groupe, puisque c’est une technique pour dynamiser un groupe, lui redonner une énergie qu’il n’a plus ; Et faire ensuite, qu’il soit plus performant dans ses affaires.

D’ailleurs toujours dans ces conventions de motivation, le chant est inscrit au programme, puisqu’il joue un rôle libérateur de la joie.

Dans les assemblées, la place laissée au chant est devenue majeure. Cette place est parfois beaucoup plus grande que le temps laissée à l’étude ou à l’écoute d’un message biblique.

Mais en agissant ainsi, on agit comme dans le monde païen. On cherche à partir d’une émotion à créer une énergie collective et à la maintenir au plus haut niveau.

C’est exactement ce qui se passe dans un stade de football par exemple. Pendant le match, le but marqué par un joueur va déclencher une émotion de joie intense qui se propagera à tous les spectateurs et qui au final donnera également une nouvelle énergie au public. Les chants des supporters là aussi permettront de garder cet enthousiasme collectif au plus haut.

Un mot est employé pour qualifier ce genre d’émotion : c’est se transcender. « Se dépasser en allant au-delà de ses possibilités ». On est allé au-dessus de soi-même.

Eh bien ce nouvel élan s’appelle maintenant dans l’Église : la foi.

« Montrez-moi votre joie et je vous montrerai votre foi » : On en est là !

Or, la véritable foi n’est pas quand nous dépassons le niveau humain…Ne serait-elle pas précisément là où nous réalisons notre niveau humain, lorsque nous reconnaissons notre faiblesse ?

Reconnaitre ses fautes, ses erreurs, ses actes manqués, une fois confessés, lavés cela procurera une joie intense. Cette joie viendra alors sans qu’on l’ait provoquée volontairement.

C’est la véritable louange ! C’est l’esprit de consolation, le Saint-Esprit qui provoque cette joie dans cette circonstance.

Pourquoi ?

Parce qu’il nous délivre, il ôte un fardeau qui nous attristait.

Cette joie n’est pas artificielle, elle correspond bien à un évènement douloureux qui n’existe plus.

Être délivré d’un fardeau mental oppressant a le même ressenti que d’être délivré d’une lourde maladie.

Cette joie-là est identique et surtout authentique.

 

Alors bien-sûr, souvent un verset est là sorti de son contexte pour donner de la crédibilité au discours :

« Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. » (1 Corinthiens 11 :1)

Un verset bien connu des prédicateurs lorsqu’ils veulent mettre la lumière sur eux.

Je traduis pour le prédicateur : « Soyez joyeux comme je le suis moi-même de Christ » ou « Exercer la louange comme je l’a tient moi-même de Christ ».

 

Encore un appui facile qui permet à toute l’assemblée de dire : « Amen », et d’imiter son enseignant en tout point jusqu’à l’idolâtrer.

Mais revenons-en au contexte. Paul ici, parle-t-il de la joie ? Parle-t-il du fruit de l’esprit ?

Il parle à une assemblée triste, c’est vrai, mais triste et désolante, parce que désobéissante en premier.

« 17ce que je ne loue point, c'est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour devenir pires…18 Et d'abord, j'apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions…20méprisez-vous l'Église de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n'ont rien?... 27celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. ».

L’apôtre Paul, comme il le dit au verset 17, donne un sérieux avertissement à ses frères Corinthiens.

C’est l’obéissance que cette assemblée doit imiter de Paul, et pas ce qu’il fait ou ne fait pas, c’est petites manières ou sa bonne humeur.

Il n’est pas non plus en train de les exhorter à se réjouir dans le Seigneur. Ce n’est pas une incitation à la louange, mais plutôt un appel à cesser d’attrister l’esprit par leurs actes mauvais et démoniaques.

Il est obligé de leur demander d’arrêter de contester la place de chacun. Il rappelle qui est le chef parmi eux, Christ ; et ce qu’est la place de chacun, celle de l’homme mais aussi celle de la femme.

Alors pour en revenir à ce que dit Paul : « Soyez mes imitateurs » ; que veut-il bien dire ?

L’apôtre se place en modèle de fidélité. Et c’est cette fidélité que les Corinthiens doivent imiter chez Paul en arrêtant de tout contester.

D’ailleurs la coupure du chapitre est elle aussi mal appropriée, puisque juste avant de dire « soyez mes imitateurs …», Paul écrivait au verset 33 du chapitre 10 : « de la même manière que moi aussi je m'efforce en toutes choses de complaire à tous, cherchant, non mon avantage, mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés ».

Paul cherchait la justice de Dieu en fuyant les scandales et en regardant toujours au besoin des autres avant le sien.

Par conséquent prendre le verset de 1Corinthiens 11 :1 pour dire qu’il existe un commandement de Dieu ayant pour but d’imiter l’homme, et par voie de conséquences son caractère, est totalement sorti de son contexte. C’est une hérésie.

La joie comme tout autre signe d’humeur se doit être authentique. Ce qui signifie, qu’elle n’est pas créée, copiée, imitée, suscitée… Elle est la conséquence de quelque chose.

Le roi David dans ses Psaumes en avait bien conscience et surtout, il savait à partir de quoi Dieu créait la joie, puisqu’il dit :

« Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de joie. » (Psaume 126 :5).

La souffrance est partie essentielle de la joie. Au bout d’un temps de douleur et de malheur, la libération procure la joie.

Donc, celles et ceux qui ont sacrifié beaucoup pour le Seigneur récoltent naturellement une joie parfaite.

Par contre ceux qui sacrifient pour leurs propres intérêts ne récoltent que de l’aigreur et du ressentiment.

Les Corinthiens qu’exhortaient Paul en étaient là, et en plus, ils se jugeaient, se condamnaient les uns les autres.

La grande déviance aujourd’hui, est qu’un chrétien va chercher sa joie dans un verset biblique.

Il sait que dans les Psaumes il trouvera ce qu’il cherche.

Par exemple : « Justes, réjouissez-vous en l'Éternel et soyez dans l'allégresse! Poussez des cris de joie, vous tous qui êtes droits de cœur! ».

Eh bien, le croyant se dit en lui-même : je suis juste. C’est de moi que David parle aussi. Christ m’a justifié, alors je suis joyeux, (en tous les cas, je dois l’être). Et  voilà ce croyant qui se met en condition pour susciter la joie en lui.

Ce verset, c’est un constat, un rappel aussi, pas (surtout pas) un commandement.

Malgré cela, le chrétien se l’approprie comme tel, comme un ordre. Il devrait continuer à se réjouir en le lisant, ou bien, s’il n’est pas dans la joie, il devrait se poser la bonne question « Suis-je droit de cœur ?... parce que je suis triste au fond de moi. Il y a quelque chose d’anormale dans ma foi».

 

Le roi Salomon avait pris lui aussi conscience que simuler la joie c’est une vanité, un orgueil démesuré.

Ecclésiaste 2 :1 « J'ai dit en mon cœur: Allons! Je t'éprouverai par la joie, et tu goûteras le bonheur. Et voici, c'est encore là une vanité. »

Salomon avait lui aussi créer artificiellement une fausse joie en lui. Il en revenu. Il s’est vu alors exerçant lui aussi la vanité.

 

En fait, la plupart des Psaumes sont des prophéties, ce ne sont pas des incitations à exercer la louange à tout va.

Psaume 5 :11 : « Tous ceux qui se confient en toi se réjouiront, ils auront de l'allégresse à toujours, et tu les protégeras; Tu seras un sujet de joie pour ceux qui aiment ton nom ».

Ici, la joie est la conséquence normale d’un disciple, d’une personne qui aime Dieu et qui ne fait rien sans lui.

Confesser : « je suis triste mais je mets ma joie dans le Seigneur », c’est se mentir à soi-même.

 

Tout ce que je dis-là ne veut pas dire bien-sûr d’arrêter de chanter des louanges à Dieu.

Non, mais il faut le faire avec un cœur bien disposé, sans chercher à cacher sa tristesse derrière des paroles et une attitude faussement joyeuse.

 

Je voudrais revenir sur la fidélité de Paul, cette fidélité qu’il proposait aux Corinthiens d’imiter.

 

Jésus de Nazareth en a parlé dans une parabole.

«  Tu as été fidèle en peu de choses, C’est bien bon et fidèle serviteur entre dans la joie de ton maitre » ;

Eh bien en finissant ainsi, Jésus nous montre que la fidélité jouit d’un salaire, celui de la joie, de sa joie partagée avec nous.

 

Est-ce un hasard si le premier verset de la Bible qui parle de la joie se trouve dans le livre du Lévitique et va dans ce sens ?

Lisons-le Lévitique 9 : 24

« La gloire de l'Éternel apparut à tout le peuple. 24Le feu sortit de devant l'Éternel, et consuma sur l'autel l'holocauste et les graisses. Tout le peuple le vit; et ils poussèrent des cris de joie, et se jetèrent sur leur face ».

Examinons le parcours qui amena cette exultation collective chez les israélites.

La joie arriva à la suite d’un évènement majeur.

Moïse et Aaron ont fait d’abord ce que l’Éternel leur avait ordonné, puis ils ont demandé à l’assemblée de faire de même.

Vous voyez l’obéissance est venue en premier.

L’assemblée avait été prévenue : « s’ils obéissent, il verront la gloire de l’Éternel ».

Le sacrifice ainsi fait, il plut à Dieu, il fut d’une agréable odeur et c’est le signe de son approbation (par le fait de consumer l’holocauste et les graisses) qui suscita la joie générale.

Rien n’a été sur joué ou provoqué artificiellement.

Durant tout le protocole des sacrifices, la mise en scène n’était pas théâtrale.

Aucune comédie n’était préparée. C’est la transparence d’un peuple et son intégrité recherché qui a engendré une joie juste et complète. C’est cette joie-là le vrai pilier de la foi.

Amen 

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