dimanche 19 février 2023

DIEU ou MAMMON : DIRE LA VERITE OU CONVAINCRE ?

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Par Eric Ruiz


Pourquoi, lorsqu’on témoigne en disant Jésus-Christ est la vérité, certains n’en n’ont rien à faire ?

La vérité ne les intéresse pas.

Un grand patron de la grande distribution, dont les profits se chiffrent en dizaine de milliards d’euros a dit (en aparté) dans une interview : «  ce n’est pas la vérité le plus important c’est de convaincre ».

Cette grande idée de convaincre est beaucoup plus réjouissante pour ne pas dire jouissive que de dire la vérité.

Dans le verbe convaincre, il y a vaincre, l’idée de gagner un combat sur l’autre.

Comment ne pas faire référence au premier cavalier de l’Apocalypse qui « part en vainqueur et pour vaincre » (Apocalypse 6 :2).

Ce cavalier a déjà reçu une couronne. On compte sur lui pour répandre ses idées comme le ferait un bon propagandiste.

Il ne part pas pour apprendre, recevoir des autres, mais pour diriger, transmettre, influencer, convaincre ; bref se vendre comme le ferai une prostituée. C’est lui qui sait. Son cheval est blanc, c’est lui la sagesse.

Son combat : c’est de faire adopter ses propres idées. Ce n’est pas qu’elles soient justes, c’est qu’elles soient les meilleures. Quelles soient justes ou fausses, n’est pas le plus important ; ce qui importe pour lui, c’est que ses idées deviennent maintenant les nôtres.

Il se dit en lui-même : « Si je retrouve mes idées chez l’autre, j’aurai comme enfanté, engendré quelque chose de vivant qui se duplique de moi. Je me sentirai plus fort ».

Cette mentalité de guerrier, d’influenceur (c’est le néologisme de notre époque) c’est la mentalité qui règne dans ce monde pour réussir. Toutes les méthodes de pensées positives passent par cet incontournable : Comment convaincre

Plus qu’un manuel de commerce, c’est un manuel de la réussite sociale, politique, religieuse (mais aussi et surtout un manuel du développement personnel que l’on retrouve actuellement dans le New Age).

Cette forme de pensée, c’est elle qui se propage parmi les élites. Et c’est elle qui forge le ciment des élites. Une personne faisant partie d’une élite sait convaincre avant tout, elle sait transmettre ses vérités.

La bonne foi, la compétence, la vérité ne comptent pas vraiment. Ce qui compte c’est ce que l’on dit de c’qu’on fait, comment on le dit ; ce sont les arguments que l’on avance pour toucher l’autre, lui faire naitre une émotion ; l’amener à croire en vous ; parce que croire ce qu’on dit revient à faire croire en soi. Voilà la victoire !

Dans les faits, vous avez si bien parlé que votre auditeur croit en votre bonne foi.

La couronne de gloire du monde se traduit donc dans ce grand étalon qui est de convaincre, de créer la conviction chez l’autre.

« Qui a tu convaincu et je te dirai si tu as la foi » ?

Voilà un verset satanique annoncé par un si grand nombre de croyants aujourd’hui.

Parce que tout artifice est bon pour convaincre :

1- faire croire à l’autre qu’il est notre intérêt premier.

2- Faire croire à l’autre que toutes nos intentions sont généreuses, bonnes et louables.

3-faire croire même à l’autre que nous sommes prêts à perdre, à nous sacrifier pour la vérité. Le leitmotiv c’est : faire croire.

Adopter une telle mentalité, poussera toujours celui qui cherche à avoir raison, à mentir, à se renier même, pour se sauver la face, pour gagner le débat.


Le fils du monde ou le prince de ce monde (satan) est venu pour convaincre et par conséquent faire croire qu’il n’a que de bonnes intentions. Or, « Le fils de l’homme (Christ) est venu dans ce monde pour un jugement » (Jean 9 :39) : pour révéler la vérité en dévoilant le mensonge.

Prêcher l’Évangile ne devrait pas avoir comme but de convaincre, mais d’amener la vérité ; De dévoiler ce qui est ténèbres, de mettre en lumière la stratégie du mensonge (en montrant de quelle façon il se cache et se propage).

D’ailleurs le premier sens de convaincre quelqu’un se trouve dans le sens juridique. Convaincre quelqu’un est : « amener la preuve irréfutable de son crime ou de son délit ». Par exemple : il est convaincu de meurtre par des preuves accablantes.

Et, c’est dans ce sens aussi que l’Esprit saint convainc de péché, de justice et de jugement (Jean 16 :8). L’esprit Saint amène la preuve de notre péché, de notre justice et de notre jugement.

Convaincre, dans le sens d’amener des preuves de sa bonne foi n’est pas dans la nature divine. C’est plutôt dans la nature humaine.

 

Quand Pilate demande à Jésus s’il est le roi des juifs, il s’attend à une réponse convaincante, avec des preuves à l’appui.

Or, il ne reçoit en échange que cette réponse de Jésus : « tu le dis toi-même ».

Dans l’Évangile de Jean, nous avons une précision supplémentaire : « Jésus répondit: Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix ».

Pilate sans alla restant sur sa faim et sur sa dernière question sans réponse : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Plutôt que de convaincre, Jésus ne parla pas, il montrait la vérité, comme si elle ne venait mystérieusement qu’à travers une écoute attentive de ce qu’il dit.

Toujours cette opposition entre deux richesses : convaincre et se mettre à la disposition de la vérité.

Et Hérode interrogea lui aussi longuement Jésus en s’attendant à voir enfin des preuves par des miracles. Mais Jésus ne lui répondit rien.

Christ voile la vérité, parce que l’impur ne peut la connaître. Il doit changer d’état. Et c’est au « grand jour de l’Éternel » qu’elle se révèle à tous comme une évidence.


Si on prend le ministère de Jésus de Nazareth, sur le plan de la conviction, il n’a pas été un maître. Seulement douze disciples l’ont suivi… et encore l’un d’entre eux l’a trahit. Les autres, l’ont tous bien avant, abandonné.

Le fils de Dieu n’a jamais cherché à prouver, à démontrer son identité.

Lorsqu’on lui demanda de faire des miracles, il refusa et répondit qu’ils n’auront de miracles que celui de Jonas.

Et, sur la croix, les passants l’insultaient et lui disaient : « Hé! toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, en descendant de la croix!  Les principaux sacrificateurs aussi, avec les scribes, se moquaient entre eux, et disaient: Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même! Que le Christ, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions! Ceux qui étaient crucifiés avec lui l'insultaient aussi » (Marc 15 :30-32).

Ses trois années passées à annoncer le royaume de Dieu semblaient un échec. Jésus aurait échoué dans sa mission de bâtir son Église parce qu’il n’a pas convaincu la majorité, et surtout qu’il n’a pas convaincu ceux qui détenaient le pouvoir religieux.

Par contre les chefs religieux, eux, eurent une grande influence sur la foule lorsqu’elle décida d’élire le brigand Barabbas à la place de Jésus pour être libéré, par Ponce Pilate.

Une preuve encore que le mal agit à ses dépens. La conviction de toute une foule a servi Christ dans sa mission de mourir sur la croix et de ressusciter.

Et, face à toute cette propagande religieuse, Jésus-Christ n’a pas manqué sa cible pour autant. Il n’avait pas à prouver quoique ce soit. C’était bien aux autres de prouver leur intégrité, de démontrer leur foi ;

De démontrer par leurs paroles et leurs actes en qui ils croyaient réellement.

Jésus-Christ voulait surtout montrer que la foi n’a rien à voir avec une conviction intellectuelle mais qu’elle s’adresse au cœur. Et que, seul, le Père attire à lui qui il veut pour le faire naitre de son esprit.

La foi semble injuste, parce que ceux qui en sont touchés n’ont pas forcément parcouru un long chemin pour l’acquérir et qu’elle réclame un esprit simple et non supérieur. La foi trouble parce que ceux qui portent l’habit saint ne sont pas ceux forcément qui nous veulent du bien.

Convaincre se voit, s’écoute, se prouve. Tout à l’opposé de la foi qui est invisible, indicible, improuvable.

La foi agit dans l’ombre. Elle agit comme la lumière, elle surprend. Elle parait là où les ténèbres régnaient depuis toujours.

Bizarre… bizarre quand même cet esprit humain, il a besoin d’être convaincu et de convaincre alors que le cœur ne réclame, lui, que la vérité.

L’être humain, au bout du compte se fatigue, s’épuise en voulant toujours avoir raison sur l’autre. Il met toutes ses forces dans la bataille. Et lorsqu’il a utilisé tous ses atouts, toutes ses ruses et ses stratagèmes, puis qu’il constate son influence périr, il lâche prise, pire il se fait emporter par la colère, il renie, insulte et maudit parfois au point de passer même au crime.

Regardez les trois hommes qui répondaient à Job pour le convaincre de son péché. Ils cessèrent de lui parler. Le texte nous dit : « parce que Job se regardait comme juste. » Job 32 :1

Convaincre : c’est se placer en connaisseur, en donneur de leçons, mais quand le combat est perdu à un moment donné, on abandonne son auditeur.

Abandonner : c’est condamner. C’est comme dire à l’autre « tu es trop buté et inculte pour que tu comprennes ce que je te dis. Tu n’as pas assez de sagesse pour comprendre la mienne ».

Face à l’abandon de Job par ses trois amis qui étaient venus le convaincre, Elihu prit la parole.

Job 32 :12 : « Je vous ai suivis attentivement, pas un de vous n’a convaincu Job» verset 13 : « C’est Dieu qui peut le confondre, ce n’est pas un homme » C’est ce que répondit le tout jeune prophète Elihu.

Mais Elihu, lui aussi ne l’a pas convaincu.

Au chapitre 38, c’est Dieu qui parle lui-même au milieu de la tempête ; c’est lui et lui seul qui finira par le convaincre. Job dira : « Oui j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles qui me dépassent,… c’est pourquoi je me condamne et je me repens… ».

La grandeur de Dieu n’est pas dans celle des hommes. Dieu détruit les desseins des hommes qui cherchent toujours à avoir raison et il béni ceux qui célèbrent son nom, celui de sauveur. Car c’est lui qui les sauvent en ouvrant leurs yeux pour qu’ils comprennent.

Aimer convaincre, c’est aimer Mammon (qui a le sens de richesses opposées à Dieu) : Convaincre devient alors un idéal, une idolâtrie comme le dit la Bible. C’est une richesse car elle place la persuasion, cet intérêt intellectuel, au-dessus des savoirs et le pire, elle provoque une malédiction.

Proverbes 11 :28 : » Celui qui se confie dans ses richesses, tombera ».

Nous sommes dans le siècle où la richesse intellectuelle est portée aux nues. Elle se dresse comme une capacité capitale, majeure, indispensable pour réussir.

Tout va dans le sens de développer l’art d’avoir toujours raison.

Le philosophe Schopenhauer  en affirmant que cette vanité est innée et qu’elle montre la médiocrité de l’être humain, a au passage recensé 38 stratagèmes, (des façons différentes d’élaborer des stratégies pour convaincre et battre l’adversaire).

Une autre preuve de cette richesse décadente, c’est cette nouvelle épreuve au baccalauréat coefficient 10.

Ce fameux « grand oral », où l’on demande au jury d’évaluer en premier la capacité de l’élève à convaincre par un discours bien structuré.

Adorer ce pouvoir de l’esprit n’amènera que corruption et mensonge.

Nous devons au contraire : aimer les conseils de Dieu, qui aime la vérité plus que tout. Confions-nous dans ses richesses éternelles et non les nôtres.

Proverbes (du roi Salomon fils de David) 1 :30-33 « Parce qu'ils n'ont point aimé mes conseils,(donc mes richesses) Et qu'ils ont dédaigné toutes mes réprimandes, 31Ils se nourriront du fruit de leur voie, Et ils se rassasieront de leurs propres conseils, (de leurs richesses) 32Car la résistance des stupides les tue, Et la sécurité des insensés les perd; Mais celui qui m'écoute reposera avec assurance, Il vivra tranquille et sans craindre aucun mal. ».

Le stupide, l’insensé c’est celui qui a acquis de l’intelligence pour se convaincre et convaincre les autres qu’il a raison.

Son sort ne sera que dans la perdition. L’intelligeant, lui, c’est celui qui écoute son Père, le laisse agir dans sa vie et dans ses relations. Il n’a pas peur de perdre et sait se taire dans les joutes d’opinion.

 Quand le témoin fidèle et véritable frappe à notre porte (Apocalypse 3 :14), il nous demande de vaincre : « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône ».

Les mots clés de ce passage sont « comme moi j’ai vaincu ».

Celui qui vaincra n’est pas celui qui aura convaincu par sa foi.

C’est celui ou celle qui se laissera convaincre par l’esprit de Christ, de péché, de justice et de jugement.

Car le vrai combat du disciple est d’avancer non pas sur un cheval de course vers la victoire, mais d’avancer lentement sur un âne comme l’a fait Jésus entrant dans Jérusalem, en toute humilité, en toute simplicité. S’il se fait accepter ou rejeter dans la ville c’est parce qu’il aura témoigné de la vérité et non de sa vérité. Seul ce disciple connaitra la première résurrection.

Amen.

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