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Par Eric Ruiz
« Père ne nous laisse pas entrer dans la tentation mais délivre-nous du mal ».
La peur amène directement au mal, à l’idolâtrie.
Avant de démontrer cela, regardons ce qui se
passe dans la société française.
Le gouvernement, après avoir mis en garde les français contre les dangers d’un manque de vaccination, les dangers d’un ralentissement sur les gestes barrières et sur le non-isolement en cas de test positif au Covid, puis après avoir sensibilisé l’opinion sur les dangers belliqueux de la Russie, le niveau d’alerte pointe maintenant, sur une pénurie de produits alimentaires qui devrait arriver, ou sur des coupures d’énergie qui surviendraient cet hiver (tout cela dans une ambiance d’inflation des prix démesurée).
Nous sommes depuis plusieurs années installées dans une politique quotidienne de la peur ; Et les médias sont les premiers relayeurs de ce genre d’information et d’émotion.
Pourquoi élaborer une telle stratégie basée sur l’inquiétude de la part de nos gouvernants ? Qu’ont-ils à y gagner ?
Nous sommes, en fait, dans une société qui se transforme. Et sous la bannière du progrès, des valeurs doivent être communiqués et transmises. Quelles valeurs ?
Celles avant tout de protection.
Celle d’un état super protecteur ; mais aussi et surtout d’une Communauté Européenne protectrice au plus haut niveau.
Nous devons nous protéger d’un ennemi. Il y a un monstre à nos portes. Et ce monstre est imprévisible, il change de face à tout moment (le monstre russe, le fanatisme religieux, les antivax, le monstre complotiste, les extrémistes, les monstres pédophiles, les hommes violents sur les femmes, les anti écolo, les communautaristes… ).
Mais toute cette angoisse générée
volontairement, va de pair avec le discours d’un dirigeant calme et serein,
capable d’apaiser l’émotion en se montrant maître de la situation, apte à
maîtriser toute forme d’appréhension et au final de garantir la sécurité
nationale ;
Car il s’agit bien entendu, de faire accepter
une nouvelle politique.
Une politique basée d’abord sur la sécurité. Mais derrière tout ça, ce sont nos attitudes et nos comportements que les pouvoirs publics veulent transformer. Et dans quels sens ?
Ne souhaitent-ils pas la soumission du plus grand nombre ?
Parce que celui qui a peur vote pour celui qui
lui apporte la sécurité.
Alors, gouverner aujourd’hui c’est répondre à plusieurs questions : Comment maitriser les émotions ? Comment les susciter ? Comment surtout les contrôler ?
Car, la peur possède cette réaction qui fait
réagir vite, on n’a pas le temps de penser, de considérer l’évènement,
d’analyser lucidement la situation, il faut obéir vite à un ordre sécurisant
venant d’ailleurs. Parce qu’on a les yeux rivés que sur les conséquences
terribles qui pourraient arriver si on n’agit pas rapidement.
Alors la peur, favorise un comportement
irrationnel et pousse à mentir, à exclure, à bannir, à haïr et à maudire ;
mais aussi à obéir à n’importe quel ordre jugé légitime.
Le « mauvais homme » ressurgit alors très vite ; et on le sait, la peur peut troubler l’âme et par la panique amener à des comportements catastrophiques, comme le crime.
René Lenoir, ancien secrétaire d’État de Giscard d’Estaing disait que, « Lorsque les individus ont peur ils abandonnent leur liberté à un pouvoir fort, ils se déresponsabilisent totalement. ».
Ce que l’on souhaite faire naitre avec la peur ne date pas d’hier. C’est un vieux mécanisme connu de manipulation.
Lorsque l’on recherche un effet généralisé et
immédiat, on utilise cette émotion ;
Et les réponses qui vont dans le sens de l’apaisement
vont alors renforcer considérablement le pouvoir et légitimer les décideurs.
Les dictateurs se servent de cette émotion comme
d’une arme redoutable auprès de leur peuple.
Mais, d’une manière quasi automatique, l’autoritarisme
utilise cet atout pour discipliner les foules.
Et la « sainte démocratie » n’exclue
pas l’autoritarisme.
Les spécialistes de politique savaient que
cette frontière était très mince.
Aujourd’hui, la frontière est franchie, elle
ne cache plus les formes autoritaires du pouvoir, ce qui laisse pointer une
forme de dictature déguisée.
D’où la question : la peur au quotidien est-elle de nos jours le témoin d’un ordre dictatorial ?
La peur… et toute cette stratégie que l’on vient d’expliquer… eh bien, la
religion se l’ait attribuée très tôt comme sa principale source d’énergie.
Autoritarisme, protection, discipline, soumission du plus grand nombre, obéissance (obéir rapidement à un ordre d’apparence légitime, puis sensation de sécurité après avoir ressenti la peur) ; ce sont les fonctionnements habituels d’une communauté religieuse.
Machiavel a écrit : « Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leur âmes ».
Eh bien, en suscitant cette forte émotion et
en la régulant ensuite, les élites religieuses disciplinent les croyants.
Elles les rendent plus réceptifs aux traditions,
aux rites à perpétuer.
Les pasteurs gagnent en efficacité, puisqu’ils
font rentrer les brebis plus vite dans leurs enclos.
Et on maîtrise leurs âmes parce que la peur a
préparé le chemin de l’obéissance. Le mal, l’ennemi identifié, le remède apparemment
maîtrisé, les brebis n’ont plus qu’à obéir aux lois données par le pasteur.
Alors, sans trop d’étonnement, le diable, l’antichrist, les démons, le serpent ancien revient à la mode, en tête d’affiche. Le revoilà ennemi numéro1.
La Bête est là, celle qu’il va falloir dompter
et éloigner par toutes sortes de cérémonials.
Un bon gouvernant, un bon chef se doit sans cesse de suggérer la peur en désignant l’ennemi. Il se doit d’inventer l’adversaire. En faisant attention qu’il soit à l’extérieur, loin de l’assemblée. Ensuite, il va expliquer les raisons de sa dangerosité et comment y faire face.
La Bête alors, nous est présentée par différentes figures : les illuminati, les sociétés secrètes, le prieuré de Sion, la 33ème loge des francs-maçons, l’opus Dei et ce ne sont que quelques exemples ; car il s’agit souvent de nommer une autre communauté religieuse comme étant l’antichambre du diable, ou encore en étant plus précis, il peut s’agir d’un individu hors norme : un être humain agissant comme un animal, sans état d’âme, ni scrupules.
En tous les cas, tous ces mouvements passeraient
pour être experts dans l’art du mensonge et du complot. Leur plan machiavélique
de domination mondiale serait sur le point d’aboutir.
On en fait des temples du mal, des hauts lieux
du satanisme.
La peur qu’ils suscitent alors est gérable, car elle évite bien-sûr de regarder dans son univers proche, là où grouillent les mauvais esprits.
D’ailleurs, vous remarquerez aisément qu’en
forte période de peur, on parle
davantage du diable que de Dieu dans les assemblées.
Ne soyons pas naïf, la plupart des apeurés alors
ne cherchent pas la vérité, ils
préfèrent la solution la plus simple et la plus rapide, qui leur permettra de
gérer leurs émotions.
Il suffira de trouver le bon rituel qui les amènera
tout en obéissant aveuglément à calmer leurs inquiétudes.
Et ceux qui viendront vers eux sans rites, sans traditions seront bannis. Rappelons-nous les paroles des pharisiens face à Jésus de Nazareth :
« Cet homme ne vient pas
de Dieu car il n’observe pas le Sabbat ".
On peut remplacer « sabbat » par d’autres rites, c’est le même principe : baptême, sainte Cène, imposition des mains, lecture de livres saints, moments de cultes et de prières obligatoires…
Ne pas observer les traditions fait de vous un rétrograde, un hérétique ou un païen.
Alors à titre d’exemple, voilà les rites qui
bannissent la peur : on mettra de l’huile sainte aux entrées des
habitations, on n’oubliera pas sa croix ou le médaillon d’un saint autour de
son cou, on se replongera régulièrement dans la lecture des psaumes qui parlent
de la protection divine. On récitera le pater noster dès que la situation
deviendra trop stressante ; on donnera plus d’argent dans les collectes ;
On augmentera sa fréquentation aux cultes ou aux sermons du dimanche, sans
oublier de fêter les moments importants de célébrations (les baptêmes, la
Pâque, la cène...).
Car il y a une autre peur aussi qui hante le croyant lambda, c’est celle d’être un
serviteur inutile ; qui sera au final bon pour la géhenne, s’il ne trouve
pas sa place dans une communauté religieuse.
C’est indéniable, en temps de fortes angoisses,
de peur et d’inquiétude, les églises se remplissent à nouveau, leurs
fréquentations deviennent plus assidues.
On pourrait croire d’ailleurs à un nouveau réveil religieux au vu de l’engouement général. Mais il n’en est rien.
Ce sont les rituels religieux qui accaparent
l’intérêt de la majorité des croyants.
Ils ne sont pas animés par un regain d’amour pour Dieu, par un retour à la piété, mais par une forte envie d’être protégé par un rituel.
L’hiver dernier, ces longues queues qui s’allongeaient dans les rues pour soit aller se faire dépister, soit aller chercher le vaccin providentiel, me faisait penser aux longues queues des chrétiens allant chercher leur prière et leur onction de protection devant l’autel de leur église.
Bien avant, lorsque Moïse disparu au Mont
Sinaï, pour recevoir de Dieu les tables de la loi, les Israelites n’ont pas invoqué
l’Éternel, ils ne se sont pas non plus réunis dans la prière ou le jeûne, ils
ont fabriqué un veau d’or.
La peur de ne plus revoir leur guide, leur
prophète, les ont conduit naturellement à reporter leur contemplation sur un
objet de culte de grande valeur.
La peur amène inévitablement à l’idolâtrie.
Elle n’amène pas fatalement (comme on pourrait
le croire) à la conversion ou à la piété, loin de là.
En fait, la sagesse du citoyen comme celle du
croyant arrive lorsqu’il cesse d’avoir peur.
Il se pose alors les bonnes questions et prend son temps pour trouver les bonnes réponses.
Dieu avait demandé par un ange d’éloigner les
peureux de l’armée de Gédéon : pas parce que ceux qui ont peur sont réprouvés
et bannis de Dieu. Non, tout simplement parce que leur foi ne cesse d’être
envahie par la superstition :
« Que celui qui est craintif et qui a peur s'en retourne et s'éloigne de la montagne de Galaad. Vingt-deux mille hommes parmi le peuple s'en retournèrent, et il en resta dix mille » (Juges 7 :2).
Ceux qui ont peur n’ont pas la force de
résister au mal, car ils ne peuvent concevoir que Dieu soit victorieux avec une
petite armée contre une armée nombreuse. Ou alors, ils se réfugieront vers
des dieux étrangers, en faisant confiance au sort, ou à leur bonne étoile, où
encore à leur prophète. Mais, au moindre changement de plan, au moindre
doute sur leur victoire, ils prendront la fuite.
Notre Père céleste souhaite nous dire par
l’intermédiaire de son fils Jésus-Christ, que son esprit en nous calme les plus
grandes tempêtes ; comme lorsque ses disciples furent terrorisés par des
vagues recouvrant leur barque. Jésus dormait sans se soucier d’elles.
Sa réaction fut de leur dire : « Pourquoi avez-vous peur gens de peu de foi », et
le texte biblique continue : « alors il se leva,
menaça le vent et la mer il y eut un grand calme ».
Donc, ne
croyons pas un instant que Dieu souhaite assagir notre peur, ou qu’il éloignera de nous l’angoisse et les
situations qui pourront la provoquer.
Il nous offre un autre chemin, celui de n’avoir plus peur de nos peurs, d’aller au-devant de nos monstres ;
Parce que, nos émotions ne seront domptées qu’au moment où nous aurons une réelle synergie avec lui ; Si Christ vit en nous, c’est à lui l’Esprit saint en nous de calmer les tempêtes. Mais encore faut-il avoir la réserve d’huile suffisante.
Si l’huile est présente alors, là où les gens
s’agiteront, perdrons la maitrise d’eux-mêmes, notre esprit fera que nous
serons d’un calme déconcertant, irréel même, pour prendre la bonne décision, ou
pour agir adroitement.
Cette situation ne fait-elle pas référence
directement à ce que dit l’apôtre Pierre dans sa seconde épître ?
Car « 10Le jour du Seigneur viendra comme
un voleur; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés
se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu'elle renferme sera consumée…
14C'est
pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés
par lui sans tache et irrépréhensibles dans la paix. ».
Oui dans la paix et non dans la peur ; dans la paix
car nous aurons écarté auparavant toutes les idoles religieuses qui nous
avaient maintenu dans la peur.
Amen
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