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Par Eric Ruiz
Je souhaiterais revenir sur ce passage très important de l’épitre aux Corinthiens, celui du chapitre 10, où il est question de la communion avec les démons, de boire la coupe des démons ; Et ce passage possède encore des zones d’ombre qui demandent un éclaircissement.
Un passage biblique très souvent répété par les
croyants : 1Corinthiens 10 :« 22Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur? Sommes-nous
plus forts que lui?
23Tout est permis, mais tout n'est
pas utile; tout est permis, mais tout n'édifie pas. 24Que
personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d'autrui ».
Je voudrais insister sur ce fameux verset 23,
car il est le plus souvent coupé de son contexte.
On l’interprète seul, séparé de ce qui vient
avant (le verset 22) qui parle de la Jalousie de Dieu (beaucoup de traductions
d’ailleurs commencent un nouveau paragraphe après le verset 22, comme si Paul
commençait une nouvelle idée)
Et aussi, on interprète le verset 23 séparé de ce qui vient après (du verset 24) qui, lui, pousse à chercher l’intérêt d’autrui.
Habituellement, et (c’est comme cela qu’on me
l’a enseigné) « tout est permis » ouvre la porte à la liberté du croyant.
Il peut tout faire, il peut tout se permettre, puisque en Christ nous sommes libres. Et par conséquent, nous sommes amenés à juger nos choix pour privilégier davantage, ceux qui nous sont utiles et qui nous édifient. «car tout n’édifie pas ».
Donc le verset 23 sert à faire des priorités
dans sa vie chrétienne. On nous encourage à tout faire pour la gloire de Dieu. « Si
ce n’est pas contraire à la parole nous pouvons tout faire, mais n’oublions pas
de rendre gloire à Dieu ».
De même : « dans ce que nous
nous permettons de faire, faisons-le,
mais sans blesser notre entourage ».
Ces conseils très généreux aux premiers abords n’ont rien de profond, ni de semblant de vérité (vous allez voir pourquoi par la suite).
En ce qui concerne les traductions biblique : la Bible Semeur se permet de traduire ainsi le verset 23: « Oui, tout m’est permis, mais tout n’est pas bon pour nous. Tout est permis mais tout n’aide pas à grandir dans la foi ».
Grandir oui, mais dans quelle sorte de
foi ? Et qu’est-ce qui n’est pas bon pour nous ? Doit-on
encore faire des comparaisons ?
Lire sa Bible, c’est mieux, plus utile et
édifiant que de lire un journal ; ou prendre du temps avec un frère de
l’Église, c’est mieux, plus édifiant, que de passer plusieurs heures avec les
païens ;
Ou alors on privilégiera davantage dans nos choix, par exemple des choses qui mettent en valeur notre foi, notre chrétienté, notre piété, comme faire de bonnes actions pour les autres ; ou encore on fera en sorte que nos choix amènent les autres à envier notre foi.
Mais là je pose la question. Est-ce que
penser ainsi n’est pas posséder une pensée paresseuse, une pensée apprise et
répétée ?…Où est la lumière divine ?
En résumé, cette pensée-là ne provoque-t-elle pas (ce qu’on a lu au verset 22) la jalousie du Seigneur ?
Parce que, c’est encore chercher les choses
dans son propre intérêt, c’est encore exercer des actes pour être vu des autres
ou pour leur ressembler. Ou bien, c’est s’interdire des choses pour se donner
bonne conscience.
Dans tous les cas, la jalousie du Seigneur
est évidente puisque nous manifestons un amour pour nous-même.
Dieu redevient ce faux dieu que nous nous sommes fait de nous. Il redevient la créature au lieu du créateur.
Non, penser puis agir ainsi, c’est encore partager la communion et la coupe des démons.
23Tout est permis, mais tout n'est
pas utile; signifie bien on peut tout faire si et seulement si c’est en vue
d’édifier l’autre, de lui être utile. L’utilité
est que cela serve à l’autre d’abord. On ne cherche pas son propre intérêt,
mais on cherche celui d'autrui (je reprends le verset 24).
On ne parle pas ici, de soi. Sa propre personne n’existe plus, elle a été crucifiée. En Christ, nous sommes devenus serviteur des uns et des autres. Paul, animé du Saint-Esprit parle de l’intérêt de l’autre. Il n’y a que cela qui doit nous motiver. La loi divine est toujours exercée en vue de l’autre. En tous les cas Paul y est persuadé et précise (encore au verset 29 :
« Je
parle ici, non de votre conscience, mais de celle de l'autre »
Alors oui, mais voilà !
Je sens qu’en généralisant
« l’autre » à tout le monde, je heurte certaines pensées.
« Tout est permis… » Oui, mais on ne peut édifier tout le monde. On ne peut être utile à celui qui s’est endurci et qui tient ferme dans sa rébellion.
Cette pensée, c’est celle de nombreux
religieux aujourd’hui qui rejettent toute relation avec d’autres religieux ou
qui excommunient d’autres religions (je pense aussi au père de la foi
protestante, Martin Luther, qui excommuniait totalement l’ensemble du peuple
juif).
C’est exactement aussi Actes 11 :1-2 où, on lit que les apôtres et les frères ne se
permettaient pas de rentrer chez des incirconcis pour manger à leur table et
pour leur apporter la parole de Dieu
L’apôtre Pierre, pensait exactement comme les
autres, mais (toujours au chapitre 11), après avoir eu une vison, il
leur exposa la vérité qu’il venait de recevoir. Pierre compris qu’il ne pouvait
regarder impur et souillé ce que Dieu avait lui-même déclaré pur.
Pierre eut la confirmation de sa vision, lorsque le Saint-Esprit descendit sur un païen nommé Corneille, prouvant que Dieu est pour tous ceux qui croient, sans exception.
C’est l’apôtre Paul, aussi, qui reprends les
frères Romains au chapitre 11, et dès les premiers versets, Paul
est aussi obligé de réaffirmer que Dieu n’a pas rejeté son peuple, (les
judéens, les juifs dont il fait partie) et Paul précise que c’est grâce à la
chute et à l’endurcissement des juifs que le salut est maintenant accessible
aux païens. Et qu’il en sera de même pour le salut des juifs. La grâce tombée
sur les païens amènera un reste des juifs à l’élection de la grâce.
La désobéissance des juifs devraient plutôt
être une leçon pour les chrétiens ; Paul verset 22 dit : » Nous
devrions rester ferme dans la bonté, sinon nous serons comme Israël,
retranché ».
Donc, nous devrions arrêter de poser les regards sur nous-mêmes (nous positionnant toujours plus saints et plus méritant vis-à-vis de la grâce)
Je
continue sur le nombre 11, les chapitres 11(car le 11 indique avec quels
matériaux nobles travaillent les ouvriers de la 11ème heure, ceux de
la dernière heure)
Après Actes 11 et Romains 11, voici :
Proverbes 11 : « 24Tel, qui donne libéralement, devient plus riche…25 l'âme bienfaisante sera rassasiée, Et celui qui arrose sera lui-même arrosé. ».
La loi divine ne vise jamais soi en premier. On reçoit parce qu’on a donné auparavant. On s’est enrichi parce qu’on a donné libéralement ; On est arrosé parce qu’on a arrosé en premier. L’acte est toujours orienté vers l’autre, vers son prochain ; et comme je l’ai dit avant : son prochain et pas uniquement son semblable.
Donc, « Tout est permis… » ce n’est pas juste
quelques « conseils pratiques », comme certaines versions Bibliques
intitulent leur chapitre.
Pour être édifié, nous devons édifier l’autre en premier, c’est la loi de Christ. (et ce n’est pas cette tiédeur par exemple, où je fais les choses pour moi en vérifiant que cela n’embête pas les autres)
Avez-vous
remarqué que le fruit de l’esprit s’obtient parce qu’on a arrosé, donné, semé à
l’extérieur de soi.
On ne parle pas ici de donner à une œuvre de charité ou de donner au culte ou à l’Église (qui peut être une bonne chose, mais en tous les cas, qui n’est pas suffisant).
Donner avec le fruit de l’esprit c’est autre chose.
Dans Galates 5 :22, il est question de la bonté, la bienveillance, la patience, la joie, ou encore la fidélité, la douceur.
Tous ces traits de caractère ne font qu’un. Pourquoi ?
Car la véritable bonté c’est d’être bon même avec ceux
qui n’ont pas de bonté ; de même la bienveillance s’exerce envers
tous sans distinction, ni exception.
La patience, s’applique dans le fait
de ne jamais se lasser de donner, même s’il n’y a pas de retour ;
Et la joie, c’est celle que procure
le fait de donner ; et on reçoit aussi de la joie simplement parce que le
plaisir de l’autre, nous le communique (celui qui a reçu est dans la joie et nous,
qui avons donné, aussi).
Et pour la fidélité à qui la doit-on, à tous sans
exception ?
Non, il ne s’agit toujours pas de personnes mais de caractère. Ce caractère n’est-ce pas d’être fidèle et de ne pas trahir le principe d’aimer sans limite, d’aimer sans contrainte, d’aimer nos ennemis aussi ?
Enfin, la douceur, elle s’exerce là où la colère
serait légitime. Dans les faits : Continuer à être doux face à la
maltraitance, doux en réponse à la calomnie, doux aux propos injurieux des
accusateurs.
C’est donc vers cette forme de libéralité sans frein et sans fin que l’Esprit saint nous conduit (naturellement en plus).
C’est cette même libéralité qu’annonce aussi l’Ecclésiaste au
chapitre 11
« 1Jette
ton pain sur la face des eaux, car avec le temps tu le retrouveras; 2donnes-en
une part à sept et même à huit, car tu ne sais pas quel malheur peut arriver
sur la terre ».
L’Ecclésiaste ne nous demande pas de faire des provisions de dons ou de donner parcimonieusement pour se préserver des temps de disette.
Il nous incite à donner à tout va, à jeter
notre pain sans restriction de temps, de lieu et de personnes. C’est cela qui
nous préserve des jours de malheurs.
Car le malheur touchera croyants comme non
croyants. Il touchera tous ceux qui auront usé d’une fausse libéralité, qui
auront donné en cherchant un intérêt, en espérant recevoir en retour, en convoitant
une plus-value.
Pa contre, pour celles et ceux qui manifestent les œuvres de l’Esprit, ils montrent simplement que la limite de leur amour, c’est qu’elle n’a pas de limite.
Et Galates 5 :22
nous montre ce fruit, cet amour qui n’a plus de limitations, plus de choix de
personnes, plus de temps déterminé, plus de contexte, plus de retenue, c’est la libéralité absolue.
C’est cet amour là qui couvre une multitude de péchés.
S’il y a tant de malheur aujourd’hui, c’est aussi pour nous faire réaliser (nous, gens d’Église, nous, si fier de notre piété) qu’on fait tout mais pour soi, à partir de soi, que l’autre vient en second, et bien après que nous nous soyons servi.
Alors vous me direz, la libéralité absolue : facile à
dire mais pas facile à faire, surtout donner quand on est sur le point de tout
perdre ou que l’on a plus grand-chose pour vivre. C’est facile de donner des
leçons de conduite, quand on ne manque de rien.
La libéralité n’est-elle pas finalement la cause des plus
riches ?
Alors c’est tout à fait vrai, les riches usent et abusent d’œuvres de charité, mais on le sait, le saint esprit n’est pas associé à leurs actes ; et c’est pourquoi Jésus dit qu’il sera si difficile à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.
Mais je prends l’exemple biblique de la veuve de Sarepta, qui
voyant le prophète Elie arriver chez elle, aurait dû garder son peu de
nourriture pour elle et sa famille plutôt que de donner ce qui lui restait à un
étranger.
Or, cet exemple doit servir à nous choquer, pour réaliser
qu’avec le Saint-Esprit, nos choix, nos actes sont déraisonnables, nous faisons
des actes contraires à la logique et même on pourrait penser que cette veuve a
agi comme une folle et une irresponsable en mettant en péril sa vie et celle de
son fils.
Or, celui qui ne voit pas l’acte impulsé par l’amour divin ne peut pas comprendre.
Puisque la peur de tout perdre met une
limite à l’amour. Et que seul, le fruit de l’Esprit nous fait repousser ces
limites.
Elie a été informé par le Saint-Esprit que dans
le pays de Sidon, il y avait une veuve qui allait pourvoir à sa nourriture.
Elie a cru à cette pensée.
Et la veuve qui était proche de mourir de faim, crue au miracle de ce qu’Elie lui promis de la part de Dieu.
Tous d’eux ont agi avec foi et avec une libéralité totale (cette libéralité qui contient la bonté la bienveillance, la patience, la joie, la fidélité, la douceur). En fait, ils ont agi tous deux pareillement avec la même foi et le même amour… en pensant à l’autre en premier.
Alors oui, 1 Corinthiens 10 : 23 « Tout est permis, mais tout n'est
pas utile; tout est permis, mais tout n'édifie pas. », nous pousse plus à l’amour qu’à la liberté. Ce n’est pas un hymne à la liberté mais un hymne à
l’amour.
Tout est permis pour aimer, tout est permis pour édifier dans
l’amour.
Aime ton prochain comme toi-même, aide ton prochain, guide-le, conseille-le, secours-le ;
réconforte-le, donne à ton prochain, tout ce que tu trouves d’utile pour lui,
pour l’édifier spirituellement comme pour l’aider matériellement, fait-le, ne
t’en prives pas ; ne regardes pas à ta situation, mais fait comme si tu le
faisais pour toi ; parce qu’en agissant ainsi tu glorifies Dieu.
Amen
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