dimanche 9 janvier 2022

LA PENSÉE PARESSEUSE & LES DÉMONS

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Par Eric Ruiz

 

La Bible parle beaucoup du paresseux et avec des termes très négatifs. Le livre des Proverbes en est truffé. Prenons Proverbes 17 :27 : « Le paresseux ne rôtit pas son gibier ; Mais le précieux trésor d'un homme, c'est l'activité. ».

Là-dessus se sont greffés de nombreux sermons pour motiver les croyants à l’action, au travail, à l’évangélisation.

On parle de la paresse physique, mais on oublie une autre paresse : La paresse intellectuelle ou « la pensée paresseuse ».

Cette paresse-là possèderait des vertus.

Elle permet notamment un état de satisfaction et de puissance, par le fait de ne plus faire d’effort pour réfléchir sur les choix liés à notre mode de vie.

On pense comme les autres, et on reformule et on récite les mêmes choses que les autres.

Les autres ce ne sont pas tout le monde, ce sont ceux que l’on reconnait comme nos semblables.

Eh oui « le semblable » n’a pas le même sens pour un paysan du 18ème siècle que pour un philosophe des lumières de la même époque : Pour un philosophe, il ne se joindrait surement pas à la populace qu’il ne considère pas plus évolué qu’un âne.

Pour la religion, l’exemple paraît très pertinent aussi, puisque chaque groupe possède son courant de pensée qui ne se mélange surtout pas aux autres. Pourtant ils ont chacun leur lot de pensées paresseuses. Ils ont leur propre « courant de récitation ».

Puisque ceux qui se réclament d’un mouvement religieux imite tout de ce mouvement en copiant les us et coutumes et en buvant les interprétations des paroles du livre saint que l’on leur a commenté.

Ils ne se posent pas la question de la véracité des interprétations qu’ils reçoivent. Elles sont vraies parce que le groupe le dit et qu’il fonde ses croyances sur ce qui se fait aussi ailleurs et de surcroit sur un passé historique fort.

Donc, il n’y a plus d’efforts à faire pour savoir comment penser et comment agir.

De même formuler une critique, mettre les pieds dans le plat ou bien encore se faire remarquer par ses divergences d'opinions, ça ne se fait pas ;

Ça ne se fait pas, parce que l’on ne veut pas perdre en premier l’affection, et la reconnaissance du groupe.

Le groupe influence beaucoup la pensée paresseuse, parce qu’il exerce un pouvoir : il provoque un effet « de plaisir intense en plus d’un excès de confiance ».

On sait maintenant que des hormones (comme la dopamine) sont secrétées en grand nombre pendant ces moments-là (ces moments de communion).

Et, il y a, en plus un fonctionnement du groupe qui est méconnu pour beaucoup.

Et ce fonctionnement, bien entendu, est inconscient.

-Si une décision prise n’est pas bien perçue, mais que personne n’objecte, alors on pensera que le silence veut dire que tous l’approuve tacitement, et les décisions prises seront toujours faites sur un faux consensus. 

En psychologie sociale, le silence qui a le sens d’un consentement général est une règle trop souvent observée.

Et répéter la maxime : « qui ne dit mot consent » est un fameux coup de pied dans le consensus. On  entretient encore et toujours cette pensée paresseuse, mais ici, à des fins de pouvoir.

C’est pourquoi, on incite maintenant les manageurs à faire très attention à cette dérive dans leur réunion. Attention aux faux consensus !

Et les dirigeants d’Église ne sont pas dupes, ni incultes à ce niveau-là, beaucoup sont devenus expert en communication de groupe, et ils jouent avec ce faux consensus pour provoquer un élan général vers ce qu’ils désirent.

-De la même manière, les chants dans les assemblées maintiennent une grande paresse collective.

On y chante souvent et souvent les mêmes chants. Ces chants d’abord ont un effet euphorisant. On éprouve un plaisir, une joie partagée, on se sent fort, et à ce moment-là, on se sent conforme les uns aux autres (un même cœur dans le combat commun).

Pour renforcer le sentiment de cohésion rien de tel que de chanter à l’unisson ;

C’est pourquoi aussi, les chants sont si importants au niveau de l’entrainement militaire.

Ensuite, ces chants finissent par être le vecteur culturel du groupe. Les mots sont par la suite répétés, récités dans les prières et on y voit plus du tout le sens profond et vrai de ce qu’ils veulent dire.

Pourtant Jésus, le fils de Dieu, nous a mis en garde contre cette tendance à la paresse et à l’imitation.

« Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. »

Jésus nous a dit de nous méfiez de l’hypocrite, qui se donne toujours des allures de saints pour qu’on l’imite.

On prie comme lui, on évangélise comme lui, on se donne des airs comme lui…

Pareillement : «  quand tu fais l'aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi,.. Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, ».

Dans les faits, le paresseux ne voit plus rien, il ne voit plus l’hypocrite, mais il voit l’image de la sainteté incarné. Il voit ses attitudes, ses gestes et ses mots comme les vraies valeurs à imiter.

Et sa pensée s’attache alors à ces mimiques pour les faire et les refaire inlassablement.

Cette imitation est très sécurisante car cela met le paresseux en valeur, lui donne une contenance, ou une meilleur estime de lui, puisque ce qu’il fait est alors reconnu par les autres » ».

Mais si nous ne faisons que d’imiter et de reproduire ce qu’on nous dit… où est la place de l‘Esprit Saint ?

Comment l’esprit divin peut-il alors nous convaincre, de ce qui est juste et vrai, comment peut-il exercer son jugement sur nous et sur les autres ? (Jean 16 :8)

Le groupe, c’est vrai, est une force ; et l’assemblée possède une influence souvent trop sous-estimé. Et à l’inverse, on surestime la communion fraternelle, comme étant le « grand remède » à beaucoup de manquements.

On pense à tort que dans les Églises  la communion fraternelle n’est qu’une bénédiction, mais elle peut aussi être une régression, un carcan. Pire même. N’oublions jamais que le diable (l’esprit diabolique) s’invite fréquemment dans la communion des saints.

Comment ?

Avec des esprits devenus paresseux.

Avec ces esprits-là j’affirme que la communion sera inévitablement diabolique.

Paul dans son Épitre aux Corinthiens montre aux grecs clairement ce qu’est devenue leur table de communion, au chapitre 10

(Écoutez bien cela)

«14 C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie. 15Je parle comme à des hommes intelligents; jugez vous-mêmes de ce que je dis. 16La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la communion au sang de Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion au corps de Christ? 17Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps;… 20Je dis que ce qu'on sacrifie, on le sacrifie à des démons, et non à Dieu; or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. 21Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur, et à la table des démons. ».

Paul ici, c’est vrai, met une séparation dans la communion entre deux types de frères : Ceux qui boivent la coupe du Seigneur et ceux qui boivent la coupe des démons.

Mais, on ne peut comprendre ce que veut dire Paul si on ne sait pas de quel démon il parle.

C’est juste avant le verset 13 qu’il montre comment on attrape ce démon. Il le dit : En succombant à la tentation ;  et le démon, verset 14 : c’est l’idolâtre, celui qui brise un autre pain, celui qui n’est plus en communion avec le sang de Jésus-Christ.

Et verset 24, Paul dit clairement que l’idolâtre : « c’est celui qui cherche son propre intérêt » : « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d'autrui ».

Et Paul donne ensuite la règle générale d’amour qui consiste à s’abstenir de manger certains aliments, s’ils sont une occasion de créer la chute chez son frère, d’être un sujet de scandale pour lui.

Donc, chercher à se servir soi-même, c’est tomber dans la tentation ; c’est prendre dans le plat, cela revient à ce qu’a fait Judas Iscariote. Il tomba dans l’idolâtrie de lui-même en ne cherchant que son propre intérêt ;

Et Paul nous demande de nous séparer de cette tentation et de cette idolâtrie, sinon nous buvons à la coupe des démons.

En persévérant dans la tentation, je dis alors que nous serons très inventif, très dissuasif aussi pour trouver des versets, des idées pratiques afin de justifier le fait de se servir en premier.

« Le paresseux se croit plus sage que sept [autres] qui donnent de sages conseils. » (Proverbes 26 :6) Bible Martin.

Soyons concret : où est ce paresseux qui se sert lui-même ?

Ce paresseux vient à l’Église très fréquemment.  Or, il vient à l’Église pour être renouvelé par l’Esprit (c’est choquant ce que je dis-là) mais cette attitude ce n’est pas autre chose que : boire à la coupe des démons. Parce qu’on ne vient pas à l’Église pour s’édifier soi-même, on y vient pour les autres. On brise son pain (sa chair donc) pour être utile aux autres, pour leur apporter Christ, répondre à leurs besoins. On y vient pour fortifier les autres.

Ah, mais combien de fois a-t-on entendu : « Quand on vient à l’Église, On s’y sent renouvelé par l’esprit » ;

Or, (désolé d’en décevoir plusieurs) ce renouvellement ne provient pas de Dieu, il provient de l’effet du groupe. C’est un effet euphorisant, issu du plaisir d’être ensemble.

C’est exactement le même effet euphorisant qu’ont des sportifs lorsqu’ils jouent devant un public nombreux. Ils se sentent comme porté par lui.

Le public est perçu même comme un joueur supplémentaire. Il donne un élan supplémentaire, un enthousiasme de feu. On se sent comme transporté divinement.

Cette sensation est bien réelle, je peux en parler pour l’avoir moi aussi ressenti autrefois, lors de réunions de prières, ou après un culte (oui, j’étais moi aussi un serviteur paresseux).

Revenons à cet état d’euphorie…

Or, cette flamme ne produit qu’un feu éphémère puisqu’une fois rentré chez soi, la routine quotidienne fait tout redescendre… jusqu’à la prochaine réunion. Il faut alors attendre la prochaine réunion pour être renouvelé par l’esprit. L’esprit du groupe, pas l’esprit de Dieu.

Mais, c’est parce que, le groupe possède simplement un pouvoir d’attraction très fort.  

La table de communion peut être par conséquent, un véritable repaire de démons et c’est ce qu’elle est le plus souvent.

Mais où nous mène tout cela en fait ?

Réponse : À une situation nouvelle au sein de la nation.

Parce que la pensée paresseuse n’est pas réservée à un petit groupe d’initiés. Elle est partout. Elle est entrée jusque dans l’école républicaine, où nous assistons à un appauvrissement du langage, un oubli de nos racines culturelles. Un manque de volonté pour apprendre,  et pour réfléchir.

Je constate cet appauvrissement, tous les jours avec mes collègues en collège et en lycée.

Et, les réseaux sociaux sont la principale source culturelle de nos jeunes. Sur le moindre questionnement, leur reflexe est : que dit Google ? que dit Wikipédia ? Que dit le groupe ou l’influenceur du réseau social dont je fais partie ?

Comme dans les assemblées : Que dit mon pasteur ? que dit mon mouvement religieux ?

Et on le sait, les sociologues, les neuro psychiatres, les historiens, les politiques aussi, et même les conducteurs d’Église sont d’accord pour dire que moins un peuple pense, moins il exerce un esprit critique, en remettant en cause ses fondamentaux, plus il est manipulable à souhait.

Tous ceux qui sont au pouvoir, aux commandes sont en train de tester leur population. Ils testent son degré d’obéissance et de soumission.

Et en même temps, ils l’entrainent à accepter des choses qu’elle aurait toujours refusées autrefois de dire ou de faire.

Je ne parle pas d’accepter les vaccins, les tests Covid, les nouvelles formes de travail ou les règles de confinements. Je parle bien de stigmatisation ; de voir un groupe ennemis qui ne pense pas comme le groupe de référence et qui devient infréquentable parce que dangereux, criminel, insensé et buté, bon pour l’extermination.

Vous savez c’est graduel : On commence par le critiquer, puis par le blâmer, pour ensuite le ridiculiser publiquement et pour finir on le chasse, on le brûle, on le tue même.

Cette guerre civile-là, cette guerre religieuse aussi, qui est déjà entrée dans nos maisons et sous nos fenêtres, est entretenue par les gens de pouvoir ;

Maintenant, en entretenant cette forme d’idée nous mangeons à la table des démons. Nous buvons à leur coupe.

Voilà ce que produit la pensée paresseuse. Elle favorise le totalitarisme à tous les niveaux.

L’individualisme est à son comble, il n’a jamais été aussi répandu. L’être humain ne voit plus que ce qui l’intéresse de près.

Il ne voit plus son prochain, il ne s’intéresse qu’à son semblable ; à ceux qui ont la même idole que lui.   

Pourtant Jésus n’a-t-il pas dit d’aimer son prochain comme soi-même ?

Celle ou celui qui mange à la table des démons n’est pas plus individualiste que les autres, il aime son semblable, celui qui a la même idole que lui, il l’aime comme lui-même.

Alors, soyons vigilants et sur nos gardes ; la pensée paresseuse, c’est l’endormissement qui nous fait accepter l’inacceptable dans nos vies. Elle nous fait prendre part à un très mauvais festin ; où c’est nous alors, croyants, qui deviendront vomissable.

Amen

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