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Par Eric Ruiz
La Bible parle beaucoup du paresseux et avec des termes très négatifs. Le livre des Proverbes en est truffé. Prenons Proverbes 17 :27 : « Le paresseux ne rôtit pas son gibier ; Mais le précieux trésor d'un homme, c'est l'activité. ».
Là-dessus se sont greffés de nombreux sermons pour motiver
les croyants à l’action, au travail, à l’évangélisation.
On parle de la paresse physique, mais on oublie une autre paresse : La paresse intellectuelle
ou « la pensée paresseuse ».
Cette paresse-là possèderait des vertus.
Elle permet notamment un état de satisfaction et de puissance,
par le fait de ne plus faire d’effort pour réfléchir sur les choix liés à notre
mode de vie.
On pense comme les autres, et on reformule et on récite les mêmes
choses que les autres.
Les autres ce ne sont pas tout le monde, ce sont ceux que l’on reconnait comme nos
semblables.
Eh oui « le semblable » n’a pas le même sens pour un paysan du 18ème siècle que pour un philosophe des lumières de la même époque : Pour un philosophe, il ne se joindrait surement pas à la populace qu’il ne considère pas plus évolué qu’un âne.
Pour la religion, l’exemple paraît très pertinent aussi, puisque chaque groupe possède son courant de pensée qui ne se mélange surtout pas aux autres. Pourtant ils ont chacun leur lot de pensées paresseuses. Ils ont leur propre « courant de récitation ».
Puisque ceux qui se réclament d’un mouvement religieux imite
tout de ce mouvement en copiant les us et coutumes et en buvant les
interprétations des paroles du livre saint que l’on leur a commenté.
Ils ne se posent pas la question de la véracité des
interprétations qu’ils reçoivent. Elles sont vraies parce que le groupe le dit
et qu’il fonde ses croyances sur ce qui se fait aussi ailleurs et de surcroit
sur un passé historique fort.
Donc, il n’y a plus d’efforts à faire pour savoir comment penser et comment agir.
De même formuler une critique, mettre les pieds dans le plat ou bien
encore se faire remarquer par ses divergences d'opinions, ça ne se fait pas ;
Ça ne se fait pas, parce que l’on ne veut pas perdre en premier l’affection, et la reconnaissance du groupe.
Le groupe influence beaucoup la pensée paresseuse, parce qu’il exerce un
pouvoir : il provoque un effet « de
plaisir intense en plus d’un excès de confiance ».
On sait maintenant que des hormones (comme la dopamine) sont secrétées en grand nombre pendant ces moments-là (ces moments de communion).
Et, il y a, en plus un fonctionnement du groupe qui est méconnu
pour beaucoup.
Et ce fonctionnement, bien entendu, est inconscient.
-Si une décision prise n’est pas bien perçue, mais que
personne n’objecte, alors on pensera que le silence veut dire que tous
l’approuve tacitement, et les décisions prises seront toujours faites sur un
faux consensus.
En psychologie sociale, le silence qui a le sens d’un
consentement général est une règle trop souvent observée.
Et répéter la maxime : « qui ne dit mot consent » est un fameux coup de pied dans le consensus. On entretient encore et toujours cette pensée paresseuse, mais ici, à des fins de pouvoir.
C’est pourquoi, on incite maintenant les manageurs à faire
très attention à cette dérive dans leur réunion. Attention aux faux
consensus !
Et les dirigeants d’Église ne sont pas dupes, ni incultes à ce niveau-là, beaucoup sont devenus expert en communication de groupe, et ils jouent avec ce faux consensus pour provoquer un élan général vers ce qu’ils désirent.
-De la même manière, les chants dans les assemblées
maintiennent une grande paresse collective.
On y chante souvent et souvent les mêmes chants. Ces chants d’abord
ont un effet euphorisant. On éprouve un plaisir, une joie partagée, on se sent
fort, et à ce moment-là, on se sent conforme les uns aux autres (un même cœur
dans le combat commun).
Pour renforcer le sentiment de cohésion rien de tel que de
chanter à l’unisson ;
C’est pourquoi aussi, les chants sont si importants au niveau
de l’entrainement militaire.
Ensuite, ces chants finissent par être le vecteur culturel du groupe. Les mots sont par la suite répétés, récités dans les prières et on y voit plus du tout le sens profond et vrai de ce qu’ils veulent dire.
Pourtant Jésus, le fils de Dieu, nous a mis en garde contre
cette tendance à la paresse et à l’imitation.
« Lorsque vous priez, ne soyez pas comme
les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des
rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils
reçoivent leur récompense. »
Jésus nous a dit de nous méfiez de l’hypocrite, qui se
donne toujours des allures de saints pour qu’on l’imite.
On prie comme lui, on évangélise comme lui, on se donne des
airs comme lui…
Pareillement : « quand
tu fais l'aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi,.. Lorsque
vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent
le visage tout défait, ».
Dans les faits, le paresseux ne voit plus rien, il ne voit plus l’hypocrite, mais il voit l’image de la sainteté incarné. Il voit ses attitudes, ses gestes et ses mots comme les vraies valeurs à imiter.
Et sa pensée s’attache alors à ces mimiques pour les faire
et les refaire inlassablement.
Cette imitation est très sécurisante car cela met le paresseux en valeur, lui donne une contenance, ou une meilleur estime de lui, puisque ce qu’il fait est alors reconnu par les autres » ».
Mais si nous ne faisons que d’imiter et de reproduire ce
qu’on nous dit… où est la place de l‘Esprit Saint ?
Comment l’esprit divin peut-il alors nous convaincre, de ce qui est juste et vrai, comment peut-il exercer son jugement sur nous et sur les autres ? (Jean 16 :8)
Le groupe, c’est vrai, est une force ; et l’assemblée possède une influence souvent trop sous-estimé. Et à l’inverse, on surestime la communion fraternelle, comme étant le « grand remède » à beaucoup de manquements.
On
pense à tort que dans les Églises la
communion fraternelle n’est qu’une bénédiction, mais
elle peut aussi être une régression, un carcan. Pire même. N’oublions jamais
que le diable (l’esprit diabolique) s’invite fréquemment dans la communion des
saints.
Comment ?
Avec des esprits devenus paresseux.
Avec ces esprits-là j’affirme que la communion sera inévitablement
diabolique.
Paul dans son Épitre aux Corinthiens montre aux grecs
clairement ce qu’est devenue leur table de communion, au chapitre 10
(Écoutez bien cela)
«14 C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie. 15Je parle comme à des hommes intelligents; jugez vous-mêmes de ce que je dis. 16La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la communion au sang de Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion au corps de Christ? 17Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps;… 20Je dis que ce qu'on sacrifie, on le sacrifie à des démons, et non à Dieu; or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. 21Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur, et à la table des démons. ».
Paul ici, c’est vrai, met une séparation dans la communion entre deux types de frères : Ceux qui boivent la coupe du Seigneur et ceux qui boivent la coupe des démons.
Mais, on ne peut comprendre ce que veut dire Paul si on ne
sait pas de quel démon il parle.
C’est juste avant le verset 13 qu’il montre comment on attrape ce démon. Il le dit : En succombant à la tentation ; et le démon, verset 14 : c’est l’idolâtre, celui qui brise un autre pain, celui qui n’est plus en communion avec le sang de Jésus-Christ.
Et verset 24, Paul dit clairement que l’idolâtre : « c’est celui qui cherche son propre intérêt » : « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d'autrui ».
Et Paul donne ensuite la règle générale d’amour
qui consiste à s’abstenir de manger certains aliments, s’ils sont une occasion
de créer la chute chez son frère, d’être un sujet de scandale pour lui.
Donc, chercher à se servir soi-même, c’est tomber
dans la tentation ; c’est prendre dans le plat, cela revient à ce qu’a
fait Judas Iscariote. Il tomba dans l’idolâtrie de lui-même en ne cherchant que
son propre intérêt ;
Et Paul nous demande de nous séparer de cette
tentation et de cette idolâtrie, sinon nous buvons à la coupe des démons.
En persévérant dans la tentation, je dis alors
que nous serons très inventif, très dissuasif aussi pour trouver des versets,
des idées pratiques afin de justifier le fait de se servir en premier.
« Le paresseux se croit plus sage que sept [autres] qui donnent de sages conseils. » (Proverbes 26 :6) Bible Martin.
Soyons concret : où est ce paresseux qui se sert lui-même ?
Ce paresseux vient à l’Église très fréquemment. Or, il vient à l’Église pour être renouvelé par l’Esprit (c’est choquant ce que je dis-là) mais cette attitude ce n’est pas autre chose que : boire à la coupe des démons. Parce qu’on ne vient pas à l’Église pour s’édifier soi-même, on y vient pour les autres. On brise son pain (sa chair donc) pour être utile aux autres, pour leur apporter Christ, répondre à leurs besoins. On y vient pour fortifier les autres.
Ah, mais combien de fois a-t-on entendu : « Quand on
vient à l’Église, On s’y sent renouvelé par l’esprit » ;
Or, (désolé d’en décevoir plusieurs) ce renouvellement ne
provient pas de Dieu, il provient de l’effet du groupe. C’est un effet
euphorisant, issu du plaisir d’être ensemble.
C’est exactement le même effet euphorisant qu’ont des
sportifs lorsqu’ils jouent devant un public nombreux. Ils se sentent comme
porté par lui.
Le public est perçu même comme un joueur supplémentaire. Il
donne un élan supplémentaire, un enthousiasme de feu. On se sent comme
transporté divinement.
Cette sensation est bien réelle, je peux en parler pour
l’avoir moi aussi ressenti autrefois, lors de réunions de prières, ou après un
culte (oui, j’étais moi aussi un serviteur paresseux).
Revenons à cet état d’euphorie…
Or, cette flamme ne produit qu’un feu éphémère puisqu’une
fois rentré chez soi, la routine quotidienne fait tout redescendre… jusqu’à la prochaine
réunion. Il faut alors attendre la prochaine réunion pour être renouvelé par
l’esprit. L’esprit du groupe, pas l’esprit de Dieu.
Mais, c’est parce que, le groupe possède simplement un
pouvoir d’attraction très fort.
La table de communion peut être par conséquent, un véritable repaire de démons et c’est ce qu’elle est le plus souvent.
Mais où nous mène tout cela en fait ?
Réponse : À une situation nouvelle au sein de la nation.
Parce que la pensée paresseuse n’est pas réservée à un petit
groupe d’initiés. Elle est partout. Elle est entrée jusque dans l’école
républicaine, où nous assistons à un appauvrissement du langage, un oubli de
nos racines culturelles. Un manque de volonté pour apprendre, et pour réfléchir.
Je constate cet appauvrissement, tous les jours avec mes collègues
en collège et en lycée.
Et, les réseaux sociaux sont la principale source culturelle
de nos jeunes. Sur le moindre questionnement, leur reflexe est : que dit
Google ? que dit Wikipédia ? Que dit le groupe ou l’influenceur du
réseau social dont je fais partie ?
Comme dans les assemblées : Que dit mon pasteur ?
que dit mon mouvement religieux ?
Et on le sait, les sociologues, les neuro psychiatres, les historiens, les politiques aussi, et même les conducteurs d’Église sont d’accord pour dire que moins un peuple pense, moins il exerce un esprit critique, en remettant en cause ses fondamentaux, plus il est manipulable à souhait.
Tous ceux qui sont au pouvoir, aux commandes sont en train de
tester leur population. Ils testent son degré d’obéissance et de soumission.
Et en même temps, ils l’entrainent à accepter des choses
qu’elle aurait toujours refusées autrefois de dire ou de faire.
Je ne parle pas d’accepter les vaccins, les tests Covid, les
nouvelles formes de travail ou les règles de confinements. Je parle bien de
stigmatisation ; de voir un groupe ennemis qui ne pense pas comme le groupe
de référence et qui devient infréquentable parce que dangereux, criminel,
insensé et buté, bon pour l’extermination.
Vous savez c’est graduel : On commence par le critiquer, puis par le blâmer, pour ensuite le ridiculiser publiquement et pour finir on le chasse, on le brûle, on le tue même.
Cette guerre civile-là, cette guerre religieuse aussi, qui est déjà entrée dans nos maisons et sous nos fenêtres, est entretenue par les gens de pouvoir ;
Maintenant, en entretenant cette forme d’idée nous mangeons à
la table des démons. Nous buvons à leur coupe.
Voilà ce que produit la pensée paresseuse. Elle favorise le
totalitarisme à tous les niveaux.
L’individualisme est à son comble, il n’a jamais été aussi répandu. L’être humain ne voit plus que ce qui l’intéresse de près.
Il ne voit
plus son prochain, il ne s’intéresse qu’à son semblable ; à ceux qui ont la
même idole que lui.
Pourtant Jésus n’a-t-il pas dit d’aimer son prochain comme soi-même ?
Celle ou celui qui mange à la table des démons n’est pas plus individualiste que les autres, il aime son semblable, celui qui a la même idole que lui, il l’aime comme lui-même.
Alors, soyons vigilants et sur nos gardes ; la pensée
paresseuse, c’est l’endormissement qui nous fait accepter l’inacceptable dans
nos vies. Elle nous fait prendre part à un très mauvais festin ; où c’est
nous alors, croyants, qui deviendront vomissable.
Amen
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