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Par
Eric Ruiz
La Bible est un ensemble de livres qui n’a pas fini de nous étonner. Combien de mots et de versets sont lus et relus et médités sans y voir la lumière qui en émane !
« Les statuts » (à ne pas
confondre avec la statue(e), un ouvrage sculpté souvent dans la pierre) :
ce mot pluriel est mentionné 24 fois
dans la Bible. 24, comme pour nous dire qu’ils sont du niveau des prophètes.
« Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra
une récompense de prophète » affirme Jésus de Nazareth.
La question est : les
statuts sont-ils un moyen qui permet de recevoir un prophète comme il se doit ?
Alors, statuts au pluriel est un mot sans doute plus important qu’il
n’y parait au premier plan ; Et puis,
ce mot se retrouve dans un psaume en particulier le Psaume 119.
19, un nombre qui sépare ce qui est saint de ce
qui est vil.
Dès le verset 5 nous avons cette prière faite
par David : « Puissent mes actions être bien réglées,
Afin que je garde tes statuts! ».
D’emblée, la sainteté saute aux yeux :
garder les statuts nécessite de bien régler ses actes, d’agir en faisant le
bien. Il ne s’agit donc pas d’une simple conviction, ou d’une obéissance
passive à une loi.
Parce qu’on trouve souvent les statuts
associés à d’autres mots, comme les lois, les préceptes ou les commandements ;
Et je l’avoue personnellement n’avoir jamais vraiment prêté attention aux
statuts. L’enseignement théologique nous montre des termes synonymes les uns
des autres. Alors, je me disais : c’est un peu comme les lois et les
commandements. Cela fait partie des choses que l’on connaît et que l’on doit
appliquer venant de Dieu, sans y voir de sens spécial.
Abraham d’ailleurs, observe et obéit aux
statuts de Dieu comme à ses lois, à ses ordres, à ses commandements (Genèse
26 :5).
Pourtant David semble, lui, prêter une
attention toute particulière : Psaume 119 verset 8 : « je veux
garder tes statuts...verset
16 « Je fais mes délices de tes statuts, Ils sont le sujet de mes cantiques, verset
54 …Ton
serviteur médite tes statuts ; que je n’oublie point tes statuts, verset 83… que je garde tes
statuts! »… verset 145.
Je le répète, ces statuts ne sont pas des lois même si les théologiens disent
dans les commentaires bibliques que (je cite) : « ce sont les
règles qui s’appliquent à son peuple tant sur le plan individuel que collectif »…
En fait, c’est tout autre chose.
Au verset 64, David nous donne un indice
fort : « La terre, ô Éternel! Est pleine de ta
bonté; Enseigne-moi tes statuts! » ; La
bonté de Dieu fait partie de ses statuts. Elle se voit manifestée dans
la nature. C’est plus qu’une loi ou une règle, c’est un caractère.
Un caractère, bien-sûr qui nait avec le respect, et plus encore :
l’amour de la loi.
La loi dit par exemple : Exode 22 :
21 : « Tu ne maltraiteras pas l’étranger et
tu ne l’opprimeras pas, car vous avez été étranger dans le pays d’Egypte ». Eh bien les statuts montrent la bonté qui vient d’un
cœur qui ne cherche à maltraiter personne. Un bon cœur n’envisage d’opprimer
aucune personne, qu’elle soit étrangère ou non.
Les statuts sont un trait de caractère, cela
fait partie ou non de notre propre identité.
David (toujours au psaume 119), verset 68 parle
de bienfaisance en relation avec
les statuts; au verset 71 il parle d’humiliation : « Il m'est bon d'être humilié » (dit-il) ; au verset 80 il est question de la sincérité du cœur ; aux
versets 112 et 117, le psalmiste insiste sur la persévérance à incliner son cœur ; au verset 145 :
à invoquer Dieu de tout son cœur ; à aimer
ses commandements au verset 48.
Maintenant, si on regarde de près la
signification du mot pluriel « statuts », le sens suit celui que les
versets nous donne dans ses psaumes. Les statuts font références à l’identité même d’une personne physique
comme d’une personne morale, puisque l’on parlera d’une société, d’une
entreprise pour qualifier ses statuts.
Les statuts sont des obligations légales ;
elles montrent alors ce qu’est la société : c’est son nom, ses objectifs, sa
fonction, ses actions, comment elle gère l’argent, ce qu’elle dépense et
comment elle investit ; à qui elle s’adresse, sans oublier le type de
relation que doivent avoir les membres qui la constitue.
J’insiste sur ce dernier point parce que la
relation montre de manière frappante
les statuts, c’est-à-dire l’identité.
Les
relations entre croyants sont des relations d’égal à égal et respectueuses.
Elles sont sans levain, sans qu’une âme veuille s’élever parmi les autres. Les
pains de proposition qui étaient offerts chaque matin pour mettre sur la table
du lieu saint étaient tous de même proportion, sinon l’offrande était
considérée comme impure.
Alors, qui a le pouvoir sur l’autre, qui est
supérieur à l’autre ? Nous ne sommes pas dans une entreprise avec des
dirigeants, des actionnaires, des cadres supérieurs, des ouvriers. Et en cela
déjà le royaume de Dieu est bien différent d’une société humaine.
En fait les statuts sont ce qu’il y a de plus
important dans cet impressionnant psaume 119, qui reste le plus long de la
bible avec ses 176 versets.
Les statuts ont un prix supérieur aux lois et
aux ordonnances ; Pourquoi ? Parce que les statuts montrent l’identité du
serviteur de Dieu :
est-il vraiment disciple ? Ou imite-t-il la sainteté en se formalisant aux
traditions ?
Il est facile d’imiter l’obéissance à la loi et
aux ordonnances en pratiquant des rites religieux ; mais pour ce qui est
des statuts, cela est beaucoup plus dur.
Pour David, il prie 22 fois dans ce sens puisque 22 versets du psaume parlent des
statuts.
Au
verset 135 David prie Dieu de la manière suivante : « Fais luire ta face sur ton serviteur, Et enseigne-moi tes
statuts! ».
David prie pour que le témoignage de Dieu se remarque
sur son visage, qu’il luise sur sa figure. Les statuts se voient, ils sont
beaucoup plus visibles que les lois et les ordonnances, qui, elles ne changent
pas forcément la face du serviteur.
Les statuts, en fait sont les marques de caractère de Dieu et ces marques-là, se voient chez un disciple accompli.
Nous les avons lus dans les versets parlant des statuts (bonté, amour de la
loi, bienfaisance, sincérité du cœur, acceptation et même réjouissance dans
l’humiliation...)
David fait des statuts divins ses délices. Nous
devons nous aussi être ce même disciple qui cherche constamment à chérir ces
marques de qualité indispensables. Ces marques nous relient à Dieu directement
et elles nous montrent que nous sommes faits à sa ressemblance. Que nous sommes
du même acabit, du même métal précieux.
« Le salut est loin des méchants, car ils
ne recherchent pas tes statuts. » (Psaumes 119 :155).
Celle ou celui qui s’oppose à Dieu ne peut manifester les statuts de
Dieu. Tôt ou tard ses imitations seront démasquées. Il pourra montrer un
semblant de bonté mais très vite il sera repris par son naturel. D’ailleurs,
j’ai toujours été choqué de voir des serviteurs de Dieu dire à leurs frères de
faire attention à ne pas être trop gentil avec tous, car les autres en
profiteront ; ou de ne pas montrer trop de bonté, car il faut savoir être
bon avec ceux qui méritent de le recevoir. Vous voyez toujours ce frein mis sur le caractère divin. Toujours
penser que la gentillesse est une faiblesse qu’il faut par moment la laisser
endormie. On aime en parler ; on loue la douceur de l’agneau immolé et en
même temps on redoute ce qu’il pourrait occasionner comme effets négatifs. N’entend-on
pas encore dans les assemblées de croyants : « Ne soyez pas bon à
l’excès ; usez de discernement pour savoir à qui vous avez à faire » ?
Ce commandement : où est-il écrit ?
Si ce commandement existe, pourquoi David dit qu’il se plait à être
humilié ?
« Il m'est bon d'être humilié, Afin que j'apprenne
tes statuts. » verset 71.
Quel verset tant redouté de ceux qui haïssent être humiliés ; et
pourtant c’est là que l’on apprend vraiment le caractère divin. C’est dans
l’humiliation que l’on vit ce que Dieu est au plus profond de lui.
Quel prophète de la Bible n’a pas été humilié ?
-Joseph, humilié par ses frères de sang, l’abandonnant dans le désert,
le livrant comme esclave à des étrangers
-Moïse, remis en cause par un peuple qui murmure sur lui, puis par Marie
et son frère Aaron ;
-Elie le Tischbite perdu dans le désert sans nourriture ni eau, parce
que traité de prophète de malheur par le roi d’Israël et pourchassé à mort par
ses soldats.
-Sans parler de Jésus de Nazareth, obligé de fuir devant la haine des
religieux, ou de subir la souffrance et les crachats de tout un peuple
préférant au final sauver un brigand plutôt que le fils de Dieu.
-Tous, ont été meurtris par différentes humiliations ; tous, sauf
ceux qui ont désobéit aux commandements de Dieu.
A-t-on un exemple biblique ?
-Oui, Jonas a refusé d’être humilié. Il a refusé d’aller à Ninive pour
assister à la repentance d’un peuple qu’il haïssait.
Il a préféré partir à Tarsis au bout du monde pour se cacher loin de
la face de Dieu.
Combien de prophètes contemporains mettent en avant leur fidélité
alors qu’ils ont refusé d’obéir à Dieu ? Ce sont d’ailleurs souvent ceux
qui font mille reproches aux autres sur leur manque de bonté et de générosité.
Lorsqu’on a perdu les statuts de Dieu, on s’invente d’autres statuts.
Alors, pour revenir à ce nombre 24 des 24 versets bibliques sur les
statuts. Oui, garder ses statuts : c’est une
consécration de prophète qui permet d’accueillir un prophète comme il se doit . Garder ses
statuts montre que l’on garde les commandements divins. C’est la démonstration
en actes que les commandements de Dieu sont incarnés dans une personne précise.
C’est la consécration parfaite dont Jésus parle dans Jean
14 :21 : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est
celui qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai, et
je me ferai connaître à lui. ».
Les statuts ;
c’est l’amour agapè, cet amour sacrificiel, parfois humilié que seul Dieu peut
faire naitre chez le croyant authentique. « Je l’aimerai et me
ferai connaitre à lui » : Dieu passe une alliance avec nous en
nous faisant connaître ses statuts.
L’amour de Dieu se voit. L’amour se manifeste au travers d’actes authentiques.
Celui qui garde ses statuts possède ses commandements et son amour divin. Il
est authentifié par des actes véritables qui durent dans le temps.
Les statuts, en fait,
sont ce qui durera éternellement.
Le psaume 119 en est l’illustration parfaite. C’est d’ailleurs un psaume appelé « alphabétique »
parce qu’il reprend les 22 lettres de l’alphabet hébreu. Ce psaume est divisé
en 22 paragraphes, chacun intitulé par une lettre de l’alphabet hébreu.
Toutes ces sections ont chacune 8 versets (8
comme pour symboliser la concrétisation de la grâce divine).
Enfin, toutes les lettres de l’alphabet, Aleph,
beth, gimel daleth ... qui se succèdent montre un recueil exhaustif de
connaissance avec un commencement et une fin, un Aleph et un Tav (en
Hébreu); un Alpha et un Omega (en grec).
Jésus-Christ est l’Alpha et l’Omega. Ce psaume décidément illustre la grâce et
la permanence éternelle des lois de Dieu. Une permanence dans ses statuts, dans
sa loi d’amour parfaite associée à sa grâce.
D’ailleurs, le Psaume commence par le verset 1 :
« heureux ceux qui sont intègres dans leur
voie, qui marchent selon la loi de l’Eternel ! » et le dernier verset le 176 est encore une
louange au salut et à la grâce: « Je suis errant comme une brebis perdue : cherche ton
serviteur, car je n’oublie point tes commandements ».
Du début à la fin, il y a cette permanence
inscrite dans le cœur, comme un fil rouge: la loi parfaite de Dieu.
22 fois « statuts » est employé,
aussi pour nous faire comprendre que les anges sont là pour nous fortifier et
nous aider à nous accomplir spirituellement, en vivant avec persévérance la loi
de l’amour.
Celles et ceux qui marchent intégralement avec cette loi gardent ses
statuts, et ils ont ce sceau sur eux qui en font des élus.
Amen
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