512
Par
Eric Ruiz
Proverbes 8:1-2 : « La sagesse ne crie-t-elle pas? L'intelligence n'élève-t-elle pas sa voix? C'est au sommet des hauteurs près de la route, C'est à la croisée des chemins qu'elle se place;»
Je
vais vous raconter comment j’ai croisé cette sagesse cette semaine. J’avais lu un
mot (un mot savant très particulier) qui revenait sans cesse dans ma
tête : l’exégèse ;
À partir de là, j’ai commencé à écrire que, nombreux, je sais,
sont ceux qui commentent la Bible. Ils veulent apporter leur connaissance pour
expliquer des versets. Chaque dénomination religieuse, d’ailleurs a ses
exégètes (un autre mot compliqué) c’est-à-dire ses savants, ses scientifiques,
ses maitres en théologie qui une fois reconnus par leur courant deviennent les
dépositaires de la doctrine.
Les
Bibles d’étude ont été créées pour cela. Elles sont beaucoup plus volumineuses
que les autres et elles sont en premier destinées aux pasteurs, prédicateurs ou
tout autre enseignant de la Bible.
Le
but semble louable : « mieux comprendre les vérités essentielles de
la Parole de Dieu afin que vous puissiez grandir dans l’amour, la sainteté et
la foi du Christ » nous dit l’exégète
le théologien) de la Bible d’étude Esprit et Vie (la Bible pentecôtiste).
Cette Bible je l’avais offerte en 2009 à ma fille aînée. À l’époque je faisais
confiance à la Bible Segond et aux nombreux commentaires, comme étant riche
d’éclairage et source d’édification. Mais c’était il y a bien longtemps ;
Maintenant je fais vraiment le tri pour garder les informations et rejeter les
interprétations fausses. Par informations, j’entends le sens premier des mots,
le contexte historique ou géopolitique du verset, ou ses liens parallèles qui
me renvoient vers d’autres livres et d’autres versets.
Mais
ce qui est troublant, c’est qu’en ouvrant cette grosse Bible au hasard ce dimanche
soir 12 novembre vers 23 heures, je tombe nez à nez avec Colossiens 2 :8
« Prenez garde que personne ne fasse de
vous sa proie par la philosophie
et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les
rudiments du monde, et non sur
Christ. ».
Après ces lignes que je viens d’écrire, si cela n’est pas
une extraordinaire coïncidence divine ? Moi, j’en reste bouche bée. Une
chance sur plus de 2400 pages que ma Bible s’ouvre sur cette page-là, page 1989
(tiens bizarre là aussi, l’année où je me suis converti la première fois) !
Et puis, il n’existe qu’un seul verset qui parle du mot
philosophie dans toute la Bible (philosophia dans le texte).
Ensuite,
l’exégète pratique l’exégèse ; qui signifie : « interprétation
philosophique et doctrinale d'un texte dont le sens et la portée sont obscurs. ».
Je pose la question suivante ; Colossiens 2 :8 que
je viens de lire est-il si difficile à comprendre ? Est-ce un verset
obscur ?
A-t-on besoin d’une explication doctrinale et philosophique
détaillées et appondies pour en comprendre le sens ?
Paul n’est-il pas en train de dire l’inverse ? Que la
tradition des hommes et leur exégèse (leur savoir) n’est que tromperie justement
parce qu’elle ne s’appuie pas sur Christ ?
Quand je lis les commentaires de l’exégète de la Bible Esprit
et Vie, (qui est un missionnaire pentecôtiste américain contemporain car décédé
en novembre 1991), je suis surpris d’abord par la longueur de ses explications
(la longueur d’au moins deux chapitres de l’épitre aux Colossiens).
Il y a une expression française qui dit : « noyer
le poisson » en d’autres termes : il (l’exégète) sème le trouble et
la confusion dans le but d’embrouiller, de limiter la réflexion.
Les commentaires, voilà ce qu’ils disent : la
philosophie trompeuse et menaçante c’est « l’humanisme séculier »
elle se développe comme une religion. Ensuite vient la notion de philosophie
humaniste qui serait responsable d’un endoctrinement visant à changer la vérité
en mensonge. C’est donc un vrai cours de philosophie que nous propose ce missionnaire
américain.
Mais d’abord, un tel
cours ne peut s’adresser à tout le monde. Il faut avoir des connaissances
spécifiques sur la philosophie ; et puis une fois le commentaire lu, si on
vous demande de résumer ce qui a été écrit, vous serez très embarrassé d’en
faire un condensé tellement ce texte enfoui la sagesse humaine dans un discours
complexe.
Mais que cherche à faire oublier l’auteur des commentaires,
si ce n’est le fait qu’il se sent impliqué lui aussi par le verset ? Dans son interprétation, il oublie qu’elle
est réductrice au seul domaine philosophique. Lui aussi appartient à ce domaine
organisé du savoir qui se nomme la science théologique (la gnose).
Pourquoi ne pas rendre les choses plus simples ?
Plutôt que partir sur des modèles philosophiques n’aurait-il
pas été plus simple et plus compréhensible de définir le mot philosophie tout
simplement?
L’amour du
savoir, voilà la philosophie. L’amour de la sagesse humaine. Cela
débouche sur la connaissance au sens
générale, et par la même : la gnose qui s’intéresse spécifiquement aux
savoirs divins.
Je n’affirme pas qu’il ne soit pas bon de philosopher et que
toute doctrine soit bonne à jeter. Il y a des bribes de vérité, des fragments de
lumière qui en sort.
Mais mettre sa confiance dans la connaissance humaine et
l’aimer, ce n’est pas bon et juste pour un disciple.
Et puis, refuser de philosopher, ça ne veut pas dire, ne pas
se poser de questions sur un texte ou sur un principe émis par Jésus ou par un
apôtre. On peut librement émettre des opinions. Mais la vérité ne peut pas être
humaine.
Parce qu’aimer la connaissance humaine vous fera bannir celle de Dieu. On ne peut s’abreuver à deux sources (celle de l’Esprit saint et en même temps à celle des hommes) ; l’une se tarira au profit de l’autre ; et on ne peut se nourrir à deux arbres.
L’arbre de la connaissance vous fera vous sentir beaucoup
plus important et plus intelligent. Comme le disait le serpent dans le jardin
d’Eden : « Vos yeux s’ouvriront, vous serez comme des
dieux, connaissant le bien et le mal », vous aurez l’impression
de détenir la vérité. Cette impression, cette séduction produira une ivresse.
C’est une véritable addiction, qui fera l’effet d’une drogue.
Mais se nourrir à l’arbre de la vérité ne vous fera pas vous
sentir supérieur. La révélation vous montrera votre petitesse face à la sagesse
divine et qui plus est, vous rendra soumis à elle. Vous serez dans l’impossibilité de vous
laisser-aller à vos désirs, car elle est de Dieu la pensée juste ( « la sagesse qui crie » » pour en revenir au
verset du départ). De plus l’inspiration divine ne vous procurera pas la joie
d’attirer les foules à vous, comme la science le fait.
L’inspiration dépasse la simple opinion. Elle surpasse votre propre
opinion aussi évidente soit-elle. L’inspiration ne cherche pas ce que la pensée
humaine échafaude.
Contrairement à elle, elle émet une vérité simple à comprendre et surtout une vérité qui se pratique aisément.
Prenons le second commandement ; « Tu Aimeras
ton prochain comme toi-même »
Jésus-Christ
en disant cela ne nous renvoie pas sur une opinion. Il n’y a rien d’obscur ici.
Ce n’est pas une idée de l’amour que l’on cherche. Dieu parle d’un acte
irréfléchi qui demande de la volonté : la volonté d’aimer l’autre en se
sacrifiant.
Or,
par le fait de réfléchir sur les différents sens lexical ou philosophique de l’amour,
eh bien, ne cherche-t-on pas encore là (s’en en prendre conscience forcément) un
moyen pour renoncer à agir ? Ou bien un moyen pour que cela soit les
autres qui agissent… pour que les autres aient des actes attentionnés à votre
égard ?
Se
poser la question : « qui est mon prochain ? », cela en dit
long sur nos intentions.
L’amour,
alors prend d’emblée un caractère sectaire. Cela revient à aimer l’un plus que
l’autre.
Or
aimer celui qui
est proche de nous n’est pas une affaire de centimètre ou d’étiquette.
Car aimer ce n’est pas
une réflexion mais une action qui provient du cœur et non de l’esprit.
Les
pharisiens qui voyaient Jésus et ses disciples manger dans les champs le jour
du sabbat, ils réfléchissaient à la loi. Ils pensaient à la connaissance qu’ils avaient
de ce jour pour savoir ce qui est permis de faire.
Jésus
lui a agi sans attendre car il a vu le besoin de ses disciples qui avaient faim.
Il n’est pas passé par l’étape de la réflexion pour savoir s’il agissait bien
ou mal (il ne se nourrit pas à cet arbre, mais à celui de son Père).
De
même celui qui a été guéri miraculeusement après des années de privations et de
souffrances, croyez-vous qu’il est en état de se poser des questions
philosophiques et doctrinales sur la personne qui est venue le délivrer ?
L’élan
du cœur ne nous oblige pas à passer par la pensée, mais par la foi et l’amour.
La
connaissance est souvent opposée à l’amour. « La connaissance
enfle, l’amour édifie » (1 Corinthiens 8 :1)
On
perd son temps à rechercher un savoir théologique, et même plus : on se
détruit car on s’élève alors par l’orgueil. L’amour fait tout le contraire :
il agit sans construire des théories (des gnoses, des exégèses) et il
s’intéresse à l’autre.
Alors,
vous pourrez me dire à juste raison : que
je montre du doigt les commentaires des exégètes, que je réfute la
gnose, que je donne un coup de pied dans les savoir-faire que donne les
connaissances, mais qu’en fin de compte je fais la même chose, je commente
aussi les versets.
Oui
c’est vrai, je les commente. Mais je ne le fais pas dans l’intention détournée d’apporter
une doctrine, ou de philosopher sur elle. Je n’ai pas la soif d’apporter une
nouvelle doctrine qui élèvera mon ego. Je le fais pour rétablir la saine doctrine, celle
qui a été justement écrasée, piétinée par les dogmes religieux, par la sagesse
humaine.
Ce
que j’exprime de la part du Saint-Esprit, est facile à mettre en pratique aux
personnes de bonne volonté.
La
saine doctrine que j’amène brise leurs liens religieux, casse ces chaines qu’ils
avaient qui les privaient de liberté.
Cela
leur permet d’agir avec un bon cœur, une âme régénérée.
Pour
les autres qui cherchent en moi un
nouvel exégète, un théologien à la hauteur, ils sont soit déçus et ne tardent
pas à ne plus m’écouter ou à me lire. Ou alors ils continuent toutefois à me
suivre, car j’alimente leur réflexion et je leur permets d’élaborer et
d’exprimer leur savoir ou encore d’échafauder de nouvelles théories.
Tous
ceux qui veulent vivre pieusement ne seront pas loués et plébiscités à tout va.
Ils seront persécutés, repoussés, sanctionnés par le plus grand nombre de
croyants.
Parler par le Saint-Esprit
est un sacrifice, (son propre sacrifice) ; alors que parler par la
connaissance humaine crée des sacrifices. Elle élimine toujours certains au
profit d’une élite.
Alors
historiquement, la foi en Christ a très vite été menacée par une séduction
philosophique. Dès le 1er
siècle, la philosophie grecque du moment a influencée l’idée que le salut
pouvait s’acquérir par la connaissance des mystères de Dieu. Le théologien Marcion
en était une preuve vivante, lui qui s’opposa à Paul et qui critiquait des
passages de l’Évangile, au point d’en interdire certains et de remettre en
question tout l’ancien Testament. La gnose s’est vite installée au sein des
mouvements chrétiens. Paul bien-sûr alerte fortement sur cette dérive, mais
nous avons aussi des écrits qui témoignent de cela. De nouveaux évangiles ont
fleuri à l’époque prenant le nom des apôtres : des évangiles dits "de Thomas"
ou "de Pierre" ou "de Paul" ; Car il était courant, à
l'époque, de placer un texte sous l'autorité de quelqu'un de célèbre pour
renforcer sa diffusion et sa crédibilité.
L’évangile
de Thomas est un exemple frappant de ce type d’écrits anciens. On y lit une
foison de connaissances, ou de vérités
philosophiques révélées en passant complètement sous silence la mort et la
résurrection de Jésus-Christ.
Il
ne faut pas se laisser troubler par ses écrits qui sont véritablement
antichrist et ne font que flatter l’intellect avec de fausses révélations.
Je
vous disais que le savoir humain élimine certains au profit d’une élite. Le
dernier logion de cet évangile est un exemple détonnant : logion
114 : « Simon
Pierre leur dit : « Que Marie nous quitte, car les femmes ne sont pas
dignes de la Vie. » Jésus dit : « Voici que moi je l’attirerai
pour la rendre mâle, de façon à ce qu’elle aussi devienne un esprit vivant
semblable à vous, mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le
Royaume des cieux. ».
Cet esprit sexiste et satanique, n’ayons pas
peur des mots, n’a d’autres volonté que de créer des divisions, de séparer ce
que Dieu a uni. Dieu réuni tout en lui mâle comme femelle, femme comme homme.
Il ne place aucune condition humaine supérieure à l’autre.
On le pressant, ce genre de logion sert à emmètre
tout un tas de théories les unes plus délirantes que les autres.
De nos jours Marcion a de très nombreux
disciples, qui ne savent pas qu’ils sont séduits par le même esprit.
Alors l’heure n’est pas à s’asseoir autour d’une table pour
discuter comme des exégètes de la gnose et de la vérité, mais l’heure est à la
prière.
Prions, chacun pour que Christ soit uniquement
notre guide, notre lumière et notre chemin. Ne laissons aucune autre pensée
venir nous séduire et flatter notre égo. Toute pensée louable entraine de facto
des actes bons et généreux envers autrui. Bref, c’est à nos fruits que nous
serons reconnus comme saints et véritables.
Amen.
(J’ai appris que jeudi dernier 16 Novembre,
c’était la journée mondiale de la philosophie par l’UNESCO)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire