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Par Eric Ruiz
Je me dois encore de rétablir une vérité jetée au sol et piétinée : l’engagement avec Dieu est bien plus qu’une simple promesse de fidélité, officialisé par le baptême. L’engagement a des conséquences que la religion s’est hâtée de cacher, déjà par peur d’y perdre ses membres actifs.
D’abord, lorsqu’on se
lie par une promesse, une convention ou un contrat, pour accomplir quelque
chose… on s’engage. On s’engage à faire, à dire, à vivre.
L'engagement nécessite un acte responsable, mais aussi une prise de risque, sans oublier la volonté d'aller au bout de quelque chose.
Lorsqu’on
s’engage, on pense en premier à l'engagement militaire. S'engager, c’est servir
son pays ; c'est en prendre minimum pour 5 ans, avec l’obligation de
suivre des règles de discipline très strictes. C'est parfois aussi avec le
risque d'aller à la guerre. Et d'y perdre la vie. L'engagement ici à un coût
qui peut être fatal.
Et oui il y a aussi le mariage. Un engagement dont
le but est de fonder une famille. Or ce contrat plaît de moins en moins, parce
qu'on y perd un peu de sa liberté et le risque de divorcer s’accroit d’années
en années face à l’individualisme de nos temps modernes. Le serment que
prononce les deux époux en passant la bague au doigt, celui de se soutenir
mutuellement toute une vie, fait peur.
Mais
l'engagement avec Dieu ne ressemble-t-il pas à celui du mariage (et il ne faut
pas non plus se le cacher) à l'engagement militaire aussi ?
Le mariage : parce que avec Dieu, on se soutien mutuellement toute une vie ; Et, l'amour, la fidélité et la durabilité sont des obligations. Ils sont les sceaux du contrat.
Quant à l'engagement militaire, cela demande une nouvelle discipline pour servir Dieu. Et puis, c'est moins le fait d'aller au combat que de risquer sa vie auquel s'expose tout croyant. Car mourir martyr n'est pas exclu du contrat.
Combien de baptisés pensent de manière juste ? Combien sont-ils à mesurer la valeur réelle de leur engagement ?
Ils y voient certes au départ un contrat moral
fort avec un lien d'amour ; Ils y voient la promesse d’une fidélité qui
les amènera à la vie éternelle. Mais loin de vouloir les décourager, ont-ils
bien mesuré tous les risques ?
Ont-ils pensé à ce que Jésus leur dit dans l’Évangile de Luc 14 :28-30 : « Car, lequel de vous, s'il veut bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi la terminer, de peur qu'après avoir posé les fondements, il ne puisse l'achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, en disant: Cet homme a commencé à bâtir, et il n'a pu achever? »
Dans
les assemblées religieuses, on empêche les croyants de calculer la
dépense ; On insiste beaucoup trop sur les obligations rituelles (comme le
baptême d’eau, le culte ou la messe, les fêtes religieuses, le mariage, les
dîmes et les offrandes).
Cet engagement-là en tiédi, il fait moins peur puisqu’il est ritualisé. Pourtant, où est passé l’engagement du départ celui qui faisait vibrer le cœur ? Pourquoi la tour à bâtir ne s’est-elle arrêtée qu’aux fondations?
La
réalité est moins glorieuse, l’engagement religieux se fait beaucoup plus
envers la fidélité à la mère l’Église, qu’envers la fidélité à Dieu.
On y voit forcément une dérive : celle de
plaire davantage aux hommes qu’à notre créateur. Et, les hommes de Dieu ont
déjà à leur bouche toutes les bonnes réponses pour que vous serviez l’Église
avant Dieu lui-même.
Et la première réponse (qui n’est pas fausse, mais qui le devient dans le contexte religieux) est que : servir Dieu c’est servir l’Église.
Or, l'engagement que Dieu nous demande est bien au-dessus du mariage et du soldat, comme au-dessus du service de l’Église institution.
Jésus place le contrat à un niveau que personne humainement ne peux suivre.
A la
question des disciples; « Qui peut donc être sauvé ? (Matthieu 19 :25) Jésus les regarda, et leur dit: Aux
hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible. »
Contrairement
au contrat que proclament les Églises institutions, le contrat de Jésus fait
figure d’irréel, d’utopiste même.
Le
contrat passé avec Dieu, la promesse que nous lui faisons : c’est d’être
parfait comme lui seul est parfait.
Et
dans la réalité, la perfection implique de pouvoir se
séparer de tout ce qui nous identifie sur terre. Tout ce qui nous
enracine, tout ce qui fait de nous ce que nous sommes : notre identité avec notre nom, notre famille, notre
travail, notre pays. Tout cela nous devons nous en détacher. Aimer voir
son nom cité dans les annales de la sainteté ou aimer son travail et tout ce
que l’on a acquis par lui, ne fait pas partie de notre engagement.
C’est pourquoi Jésus insiste tant sur « Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers » (Matthieu 19 :30), Parce que pour les premiers, il leur sera très difficile de perdre et de renoncer à leur notoriété.
La
loi, celle qui consiste à se discipliner à faire le bien, à ne pas voler, à ne
pas mentir, à ne pas tromper l’autre, n’est qu’un préambule, une entrée en
matière et rien d’autre. Jésus insiste sur le don
total qui commence
ainsi :
Matthieu 19 :29 (19, je le rappelle, un nombre qui marque une
frontière)
« Et
quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou
son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons,
recevra le centuple, et héritera la vie éternelle. ».
Il y a là une volonté de couper avec nos racines, avec ceux
qui nous entourent depuis notre naissance ou depuis notre naissance d’en haut, avec
une partie de notre famille, et peut-être de mettre fin à l’engagement que nous
avons pris envers notre époux ou épouse.
Or me direz-vous avec raison : quitter sa femme ou son mari, ne fait pas partie de l’engagement. C’est même contradictoire avec un Dieu qui affirme qu’à l’issue du mariage le couple ne formera qu’une seule chair, et que l’homme n’a pas à séparer ce que Dieu a uni (Marc 10 :9)
Mais avez-vous remarqué (et là je fais référence au nombre 29 du verset de Matthieu 19, une vérité cachée) que
Jésus ne nous demande pas de quitter ses frères ou sa femme pour lui.
Il y a là aussi un mot différent de la
préposition pour qui change complètement
le sens.
Nous n’avons pas à agir pour son nom, il n’est
pas le mobile de cette séparation.
Il ne nous demande pas de nous séparer des autres pour
lui. Il nous dit : à cause de lui, « à
cause de mon nom ».
La locution « À cause de » est utilisée pour introduire la conséquence
d’une cause. La cause c’est ce qui produit un effet. À cause de Jésus-Christ, l’effet sera que nous serons séparés de nos
proches ou de ce que nous avons bâti de nos mains et qui nous identifie.
C’est par conséquent par son nom, par l’Esprit…que les
choses se font.
Dans le contrat divin, c’est parce que nous l’aimons et que
nous sommes devenus une nouvelle créature, que parmi les autres, certains ou
beaucoup désirerons se séparer de nous.
C’est la nature pécheresse qui ne supporte pas la nature divine. L’engagement avec lui apparaitra alors, avec l’acceptation que cette séparation se fasse malgré nous, à notre insu…
Dieu ne désire par une secte religieuse qui s’isole qui se coupe des familles. C’est l’Esprit en nous qui cause ce déracinement.
C’est pourquoi le contrat est si irréalisable humainement,
et que la tour à bâtir est si
irréalisable sans l’union avec Dieu. Il est indispensable d’avoir la vraie foi.
Parce que dans le contexte, ont quittera ses frères et sœurs de foi, à cause du nom de Dieu.
Lorsque 70 disciples ont quitté subitement Jésus, ce n’est
pas le fils de Dieu qui les a chassés. Il n’a pas dit volontairement « qu’un
disciple doit : manger ma chair et boire
mon sang » dans le but de faire peur à un grand nombre.
Non, Jésus-Christ ne
fait qu’annoncer clairement les termes du contrat qui nous lie à lui.
Ses frères ont fui d’eux-mêmes, car ils ne supportaient pas
ces paroles. L’engagement pour eux devenait trop lourd trop fusionnel.
Ce qu’ils ont fait a alors échappé à la volonté de Jésus. Comme
de la même manière cela échappera à notre volonté.
Ce sera plus fort que nous, nous ne pourrons pas nous y
opposer ; nos chemins se sépareront par l’esprit, à cause de l’Esprit du
Père.
Ce que nous dirons ou ce que nous ferons provoquera ce tremblement de terre.
Attention toutefois, l’alliance en Christ n’est pas un
contrat militaire, non plus ; Car, Dieu ne nous demande pas de combattre
nos proches de les renvoyer, de les répudier.
Le disciple, dans lequel Dieu a fait son temple, se voit rejeter par celles et ceux qui sont incrédules. Lorsqu’ils vous voient, l’effet miroir est insupportable, ils voient en vous leurs péchés cachés.
Voilà pourquoi la tour que nous bâtissons avec Dieu nous oblige à nous asseoir, pour prendre du temps, afin de calculer la dépense, et voir si nous avons la force, la persévérance, la foi pour pouvoir la terminer. Sommes-nous alors capable de porter notre croix comme lui aussi l’a portée ?
Mais ne soyons pas abattu par cette nouvelle, l’engagement
avec Christ n’est pas qu’un long chemin de souffrance. Le Saint-Esprit fera que
cette séparation n’occasionne aucune tristesse, aucun abattement, aucun
désespoir, aucune maladie. Car la joie du disciple, demeurera intacte.
« Heureux serez-vous quand les hommes vous
haïront, lorsqu’on vous chassera, vous outragera et qu’on rejettera votre nom
comme infâme à cause du Fils de l’homme ? » (Luc 6 :22)
Le disciple chassé sait que cette mise à part injuste sert
Dieu. Que de ce mal naîtra un bien. Il en a la foi. Il est convaincu déjà que
la prière qu’il fait pour sa famille est accomplie, qu’elle est sauvée. La
promesse du Seigneur à leur sujet ne lui fait aucun doute.
Le contrat avec Dieu c’est que tu sois sauvé toi et toute ta famille.
Alors revenons à la vérité de cet engagement.
Lors du baptême, le croyant pose les fondements de son
engagement. Il a fait comme Proverbes 24 :27 : « Soigne
tes affaires au dehors, Mets ton champ en état, Puis tu bâtiras ta maison. »
Le disciple a soigné ses affaires au dehors en exerçant le
pardon, en s’acquittant de ses dettes, ou de celles des autres, en bénissant
ses ennemis. Puis, il a mis son champ en état. Il a labouré son cœur en
profondeur, renoncé pour Christ à tous ses désirs, et ses péchés. Ensuite il a
bâti sa maison;
Il l’a bâti en prenant conscience de la profondeur de sa
promesse d’amour, de sa promesse de fidélité faite à Dieu.
Il sait que la peur de tout perdre est l’essence même de
l’incrédulité ; Mais que perdre ou renoncer à ses trésors terrestres, c’est-à-dire
à ce qu’il accorde le plus d’importance, fait partie du contrat de cette
nouvelle alliance. Et, qu’il ne servira à rien de lutter contre, mais
d’accepter son sort comme le fils de Dieu l’a accepté et s’en est réjoui.
Car, la foi lui donne l’assurance que c’est à ce prix que
le Saint-Esprit le rendra parfait comme notre Père céleste est parfait ;
c’est ainsi qu’il aura répondu à la prière du « Notre Père » parce
qu’il aura sanctifié son nom, parce qu’il aura fait sa volonté sur la terre et parce
qu’il aura amené Dieu à régner.
Amen
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