dimanche 18 juin 2023

Comment « RACHETER LE TEMPS » ?

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Par Eric RUIZ


Mis à part pour Dieu qui est un « présent Éternel », puisqu’il est présent dans le passé comme dans l’avenir, et qu’il se présente à Moïse avec ce nom : « je suis », le temps nous échappe à nous être humain. Il possède la particularité de ne jamais s’arrêter. S’il y a bien une chose essentielle sur laquelle personne ne peut agir, c’est sur le temps. Nous sommes prisonnier du temps qui passe à notre insu. L’horloge tourne sans que nous puissions l’arrêter ou l’accélérer.

LA RAISON DU TEMPS PERDU

La première question qui me vient à l’esprit est pourquoi Dieu s’est-il donné autant de temps pour accomplir son œuvre ?

Pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé la terre dès le début en 7 jours plutôt que de laisser le Tohuw Bohuw s’y installer une première fois pour la détruire ?

J’ai une autre question qui pourrait donner un commencement de réponse. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé Ève en même temps qu’Adam ? Pourquoi s’est-il laissé le temps de constater que pour Adam, il n’était pas bon qu’il soit tout seul ? Et puis disons-le tout de suite pourquoi le second Adam, Jésus-Christ a dû attendre tout ce temps pour venir sauver l’humanité ?

Tout aurait pu, c’est vrai,  être fait beaucoup plus rapidement.

Nous avons alors tendance à dire : Que de temps perdu !

Mais les différents récits bibliques nous montrent que Dieu n’a jamais cherché à rattraper un temps perdu, parce que lui ne perd aucune journée, aucune heure, aucune seconde même, comme aucun dixième de seconde. C’est nous, être humain, qui avons cette terrible sensation d’avoir perdu du temps.

Lorsque nous constatons nos erreurs, la première chose qui nous vient à l’esprit c’est : «mais pourquoi ai-je mis tout ce temps à m’en rendre compte ? Comment pourrais-je alors rattraper mes erreurs et si possible revenir en arrière, remonter le temps ? ».

Un temps mal utilisé, est synonyme de gâchis.

Nous venons surtout de nous rendre compte que le temps vient de nous punir lui-même. Notre erreur notre égarement, n’était pas terrible en soi, sauf que le temps a été notre juge. Le temps a jugé la force de notre entêtement, notre persévérance à mal agir, notre perpétuel manque de pardon et notre endurcissement devenu par conséquent de plus en plus grave.

 

RACHETEZ LE TEMPS

 

Alors si nous, croyants, nous sommes égarés, si nous nous sommes conduits comme des insensés, nous laissant séduire par de vains discours comme l’écrit l’apôtre Paul aux Éphésiens, les jours mauvais qui nous sont destinés peuvent devenir tout le contraire.

Paul dit : « Rachetez le temps …car les jours sont mauvais» (Éphésiens 5 :16).

Il ne s’agit en aucune manière d’écourter ou de rallonger la durée de notre vie, comme certains le croient ou encore d’hâter la venue du Seigneur.

Paul parle ici à des croyants  endormis, qui font des choses honteuses en secret. Il leur demande de marcher différemment. Comment ? Eh bien de retourner les évènements pour qu’ils soient en leur faveur.

En se détournant volontairement des mauvaises œuvres. Paul donne une liste de choses concrètes qui permettent ce retour à Christ. Arrêter de s’enivrer avec du vin, que les femmes et les hommes retrouvent une relation irrépréhensibles devant Dieu. C’est par des actes sanctifiés que l’on peut alors changer les temps, et les rendre plaisant plutôt que d’attirer à soi le malheur. L’apôtre aurait pu dire d’ailleurs : « bénissez vos jours plutôt que de les maudire en faisant le mal ».

Rachetez, c’est payer le prix. On paye le prix en se rachetant une conduite (comme cette expression du début du XXème siècle le montre) : Se racheter une conduite, c’est stopper ses mauvaises actions et les remplacer par de bonnes. Voilà le sens de racheter le temps.

 

LE TEMPS REVELE LE BIEN & LE MAL

 

Alors le temps a une fonction principale que Dieu aime ; « Car Dieu amènera toute œuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal. » (Ecclésiaste 12 :14) : le temps révèle toute chose.

Il révèle en premier le bien et le mal que nous avons fait ou que nous avons désiré faire, tout ce que nous avons effacé, pardonné comme tout ce que nous avons retenu ; et surtout dans un deuxième temps, il montre le degré de châtiment ou de récompense que nous méritons.

 

LE TEMPS ARRETE

 

Donc le temps qui passe peut être porteur de lumière comme de ténèbres. Croire que le bonheur consiste souvent à ne pas voir le temps passer est à la fois vrai et faux.

Ne pas voir le temps passer n’est pas si intéressant que cela parait, surtout s’il dévoile un refuge, une fuite, une volonté d’échapper à la culpabilité.

Car dans ce cas, c’est vouloir tuer le temps.

Combien de chrétiens sont dans cette forme de déni et pensent que la suractivité les rendra plus fort que le temps, ce temps qui les ramène, malgré eux vers un passé triste ou un avenir angoissant.

Parce que l’activité accapare, elle centralise le temps autour d’elle. On est pris dans un tourbillon. Et il y a alors besoin d’un temps pour autre chose. Un temps pour se reposer et regarder ce qu’on a fait et comment, avec quel cœur nous l’avons fait.

Exode 34 :21 « Tu travailleras six jours, et tu te reposeras le septième jour; tu te reposeras, même au temps du labourage et de la moisson ».

Ce temps arrêté, c’est le sabbat. Il n’est pas nécessaire, il est indispensable.

Le repos fait prendre conscience. Il fait remonter à la conscience la nature réelle de ses actes. Le rituel qui allait avec le sabbat avait cette vocation, à redonner du sens à la semaine passée. Avec quel sens de la justice avons-nous fait notre travail ? Est-ce que nous nous sommes sentis exploité ou est-ce que nous avons profité du système ?

De quels types ont été nos problèmes ? Quels ont été nos réactions, nos emportements ; nos changements d’humeur ont-ils révélé des mauvais penchants que nous devons faire disparaitre, en les brûlant sur l’autel du sacrifice? Que vais-je pouvoir offrir de moi-même comme offrande à mon Dieu d’une agréable odeur?

Ce moment du sabbat est une célébration lorsque nous prenons vraiment la mesure de notre vie. C’est pourquoi il est si nécessaire de s’arrêter un jour de la semaine pour se laisser ce temps à la méditation, à la réflexion et par conséquent à la prière.

C’est ainsi que Dieu nous  montre comment arrêter le temps d’un point de vue spirituel.

Arrêter le temps signifie : arrêter la progression du mal… Et célébrer le bien, l’amour de Dieu et sa justice.

Là aussi ce n’est pas par obligation que ce temps arrêté doit nous amener à faire des bilans, mais c’est en aimant sanctifier la vérité que ce temps mis à part créé de l’exultation, une joie qu’on ne peut contenir. Un disciple de Christ adore son Dieu dans la vérité.

Je le dis : arrêter le temps sanctifie la vérité.

Lorsque nous sanctifions la vérité, tout devient transparent dans nos vies (nos peurs, nos doutes, nos manquements, tout remonte à la surface, comme aussi les portes que Dieu a ouvertes, celles qu’il a fermée, les situations favorables qu’il a provoquées). La louange peut alors véritablement s’exercée.

 

LE TEMPS REVELATEUR DU DESIR ET DU BESOIN

 

Mais le temps a aussi une autre fonction que révèle le texte biblique.

Pour en revenir à ma question du départ sur Adam et Ève, Dieu a attendu que Adam soit attristé par sa solitude, qu’elle lui pèse pour créer Ève.

Le sentiment de solitude possède une vertu : celle de désirer un vis-à-vis à s’occuper, une compagne à protéger, plus même : de l’amour à donner et à recevoir. Les animaux créés avant Ève ne suffisaient pas. L’intimité n’était pas assez proche. Il fallait un être semblable à l’homme et à Dieu, donc qu’il parle lui aussi. Le temps a créé ce besoin. Et c’est ce besoin de l’autre que Dieu à trouver bon (aimer autrui comme soi-même, cela ne vous fait-il pas penser à un commandement du Seigneur ?)

 De la même manière, que s’il n’y a pas de ténèbres, il n’y a pas besoin de lumière, Et bien s’il n’y a pas de désir, il ne peut y avoir d’amour. Le temps est le révélateur du désir comme du besoin.

Le désir ardent est une des caractéristiques de l’attente de la révélation des fils de Dieu (Romains 8 :19) ; mais aussi Dieu savoure cette attente.

Notre Seigneur désire ardemment partager cette révélation avec toute sa création. 

D’ailleurs, Dieu ne souhaite pas que nous l’aimions pour ce qu’il est (notre créateur, notre sauveur, notre protecteur) il veut que nous ayons besoin de l’aimer avant tout. Que ce désir soit brûlant en nous.

Et le temps favorise cette impression d’un vide à combler par Dieu ; d’un amour que lui seul peut nous donner.

 

LA FOI ELIMINE LE TEMPS

 

Ce que j’ai compris aussi, c’est que sans le temps, il n’y a aurait pas besoin de la foi.

Tous nos désirs seraient obtenus instantanément. Mais la foi demande au croyant d’enlever au temps son rôle de juge.

Puisque la foi c’est croire à l’accomplissement de sa prière sans attendre sa réalisation et faire comme si nous l’avions déjà reçue. C’est d’un point de vue spirituel ne plus tenir compte de la révélation du temps.

La foi ne s’embarrasse plus, du temps. Pourquoi ?

Parce qu’elle considère que le résultat ne peut être autre chose que du bien, autre chose que la volonté de Dieu où tout concoure à notre bien. Voilà pourquoi la foi enlève au temps son rôle de juge.

La foi fait que le temps ne vient plus nous tourmenter dans notre mémoire du passé comme dans la peur de l’avenir. La foi c’est tout est bien et juste en Christ, peu importe ce que le temps va révéler.

 

LA PATIENCE VERTU DE L’ESPRIT

 

Jésus a beaucoup parlé d’un temps accompli. Et lui-même a accompli le temps qu’il avait pour faire toutes les œuvres que son Père lui avait confiées.

Par conséquent, sans une foi qui persévère dans le temps, nous ne pouvons plaire à Dieu. C’est contradictoire et en même temps si vrai, mais un disciple mature, parfait, (teleios en grec) c’est un disciple qui a su ne pas s’encombrer du temps pendant une longue durée.

Sa patience est sans limite parce que le temps n’agit plus sur lui. Il n’est empressé que par une seule chose : plaire à Dieu. Et donc, son temps n’est plus un handicap, c’est un joyau de la couronne de vie, cette couronne qui montrera qu’il a supporté patiemment la tentation tout en agissant selon la vitesse que l’inspiration de Dieu lui donne.

 

LE TEMPS FAIT GRANDIR L’AMOUR

 

Mais la foi ne serait-elle pas soumise à l’amour ?

Sans cette foi-là, notre amour pour Dieu ne pourrait atteindre sa maturité. Comme l’amour durera toujours, c’est lui la référence : l’amour. Le temps existe pour que l’amour naisse, croisse et atteigne sa maturité. La fleur comme le disciple doit être semé dans une bonne terre, ils doivent être arrosés puis tous deux doivent croitre et éclore.

Dieu est amour. Il a besoin du temps pour que nous croissions en amour et par conséquent, comme nous ne faisons qu’un avec lui, que lui aussi croisse dans cet amour. Le temps le fait grandir avec ses fils.

Tout comme l’univers ils seront éternellement en expansion.

Alors pour finir, Pourquoi Dieu s’est-il donné autant de temps pour accomplir son œuvre ? (son œuvre qui est en priorité de racheter les perdus)

Parce que le temps montre la valeur de son amour pour nous.

Le temps laisse à l’homme tellement d’opportunités pour revenir de ses mauvaises voies.

Moïse demande à Dieu la chose suivante : «Enseigne nous à bien compter nos jours » (Psaume 90 :12)

L’enseignement à retenir c’est : de ne jamais perdre une seule journée à s’égarer et à s’éloigner de Dieu ; et, si des jours sont mauvais, les compter aide pour les racheter par une bonne conduite.

Car comme l’écris l’apôtre Pierre dans sa deuxième lettre : « Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance ».

Amen

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