dimanche 27 novembre 2022

L’IMPOSITION DES MAINS et la CONVOITISE

461


Par Eric Ruiz

 

L’imposition des mains est une pratique courante chez le croyant de la Bible. Mais derrière cette bénédiction se cache une pratique corrompue, détournée de son sens originel.

Dans Hébreux 6 :1-2 voilà ce qui est dit au sujet des doctrines qui ont été détournées de leur sens premier : «  C'est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu, de la doctrine des baptêmes, de l'imposition des mains, ».

On parle ici de croyants qui ont déjà été éclairés par l’esprit, qui ont gouté au don céleste et qui en manifestant une autre doctrine, un autre fondement se mettent sérieusement en danger. Ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l'exposent à l'ignominie (ce sont les mots employés dans cette épitre).

Dans la première épitre de Timothée, Paul donne un éclaircissement important sur cette fausse doctrine liée à l’imposition des mains.

« N'impose les mains à personne avec précipitation, et ne participe pas aux péchés d'autrui; toi-même, conserve-toi pur. » (1 Tim 5 :22)

Pour beaucoup, ce verset mettrait en garde contre la personne à qui on impose les mains. Cette personne, si elle est maléfique, pourrait transmettre ses péchés ou ses démons à celui qui pose ses mains sur elle.

Or, le contexte est tout autre.

Paul met en garde, c’est vrai, sur des personnes impures, qui pèchent volontairement tout en réclamant la sainteté…mais elles recherchent l’imposition des mains de personnes reconnues, dans le but d’avoir leurs dons.

Elles sont à l’affut des dons charismatiques. Elles sont à l’affut de recevoir par exemple le don de guérison. Un don spectaculaire en tous les cas, qui attire les foules et l’admiration.

Alors, lorsqu’elles remarquent un croyant qui a la réputation de faire des miracles, elles se précipitent vers lui pour recevoir ce don, par transmission.

Elles cherchent alors la faveur de cette personne.

Paul le savait très bien, sans doute pour l’avoir vécu lui-même, car il prévient Timothée ainsi au verset précédent (verset 21)

Il lui dit les choses comme un commandement venant du Seigneur (c’est ce que signifie ce nombre 21 d’ailleurs, un commandement) :

1 Timothée 5 :21 « Je te conjure devant Dieu, devant Jésus-Christ, et devant les anges élus, d'observer ces choses sans prévention (sans préjugés), et de ne rien faire par faveur. ».

Le spectaculaire attire nécessairement tout un tas de personnes assoiffées, non pas par le besoin d’autrui, mais par une reconnaissance personnelle supérieure. Elles vont faire des pieds et des mains pour d’abord attirer son attention puis ensuite, afin de recevoir les faveurs de cette personne.

Elles convoitent en premier une marque d’intérêt exceptionnelle de sa part.

À première vue cela parait légitime qu’un enfant de Dieu veuille recevoir les bénédictions de l’Esprit. Souvent après avoir connu des temps d’échecs, un croyant sera davantage séduit par l’éventail de réussite qu’offre la vie chrétienne associée aux dons de l’esprit.

Pourquoi la grâce exceptionnelle de la foi ne permettrait-elle pas une faveur exceptionnelle à travers ses dons transmis ?

Mais, attention, nous sommes véritablement au sein d’une relation de convoitise. L’un convoite les dons de l’autre.

Celui qui convoite aspire aux dons  mais de façon bizarre, il n’aspire pas motivé par un besoin brûlant, mais c’est l’ambition qui le guide.

L’apôtre Paul ne va pas par quatre chemins devant de telles personnes. Au verset 20, il dit à Timothée : « Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte. ».

Paul fait plus qu’avertir Timothée, il lui dit comment agir face à de tels croyants qui convoitent les dons.

Ces croyants sont visibles, parce que tout en cherchant la faveur de certains, beaucoup vont dénigrer alors leurs anciens, ceux qui les enseignent. Ils vont vouloir les déshonorer, en les accusant de diverses choses. Verset 19 : « Ne reçois point d'accusation contre un ancien, si ce n'est sur la déposition de deux ou trois témoins ».

Alors, il est indispensable d’agir fermement et devant tout le monde afin que les effets destructeurs de la convoitise ne se généralisent pas et qu’elle s’arrête là. La règle est qu’il n’y ait aucun traitement de faveur pour personne, sans exception.

Mais, avez-vous remarqué ce que dit Paul ? : » Je te conjure devant Dieu, devant Jésus-Christ, et devant les anges élus ».

Pourquoi l’apôtre met-il au même niveau Dieu le père, le fils et les anges élus ?

Parce que l’apôtre établit tout de suite une distinction entre les anges élus, qui sont fidèles et loyales à Dieu, et ceux qui ne le sont pas ; les anges déchus.

Car, à la réflexion il s’agit bien d’une inspiration angélique que d’être attiré par les dons charismatiques.

Et les anges savent très bien que ces dons vont alors se propager au moyen de l’imposition des mains.

Souvenez-vous de l’ange qu’Esaïe a vu en vision. Ces séraphins qui se placent eux-mêmes au-dessus du trône de Dieu et qui se permettent une guérison (à défaut de mains), avec un charbon ardent qu’ils posent sur la bouche du prophète. Ainsi, ils auraient par vision, purifiés les péchés d’Esaïe (Esaïe 6 :7).

Du ciel, ces anges déchus extrapolent leurs droits. Ils trichent, parce qu’ils appliquent leurs droits à d’autres situations pour lesquelles ils n’étaient pas missionnés au départ.

Avec l’imposition des mains sans discernement et par faveur nous retombons sous le même égarement que celui du culte des anges.

Dans la réalité, l’imposition des mains est loin d’être une fin en soi. En tous les cas, il existait dans l’Église primitive d’autres pratiques pour transmettre des ministères.

« Barnabas et Paul firent nommer des anciens dans chaque Eglise, et, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru." (Actes 14 :23)

Vous voyez, on ne se précipitait pas pour transmettre une fonction. On ne faisait rien dans le spectaculaire. Mais tout simplement, on jeûnait et on priait, en recommandant au Seigneur ceux qui devaient assumer certains ministères ou certaines autorités. On comptait à 100% sur le Saint-Esprit, pour justement ne pas faire de favoritisme ni d’exercer de faux jugement.

Jésus mettait lui aussi en garde ses disciples. Il leur disait qu’ils seraient confrontés à une génération adultère et perverse. Une génération d’imposteurs disons-le.

 

Il ne s’agit pas de voir bien-sûr le diable partout, et ne rien faire craignant d’attirer sur soi le péril ; Mais il s’agit d’être lucide sur le cœur tortueux de l’homme, ce cœur qui cherche en premier son intérêt. Ce genre de cœur est le plus répandu parmi les chrétiens comme parmi les autres religions, ne nous voilons pas la face.

Et les recommandations des disciples sont loin d’être à caractère d’exception.

Avant de nommer des anciens dans les Églises, Barnabas et Paul ne vantaient pas la réussite et le succès populaire.  Ils disaient (Actes 14 :22)  au contraire, « que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » ; De quoi décourager celles et ceux qui se seraient faits un ascenseur social ou un eldorado de la foi chrétienne.

Alors, si vous pensez manifester les dons spirituels comme la guérison ou la prophétie, sans que vous ayez mis vos péchés sur l’autel du sacrifice, et que votre propre temple intérieur ne soit pas entièrement reconstruit : Vous vous leurrez, ce n’est pas dans l’ordre spirituel des choses ; ce n’est pas ainsi que le Saint-Esprit l’a instauré dès le début. Vous serez alors dans une imitation totale, mais surtout loin, très loin, aux antipodes d’une manifestation véritable.

Vous adorez Dieu, oui, mais selon vos lois et vos mensonges, à la manière babylonienne. 

Vous serez au même niveau que les marabouts, les magnétiseurs, les rebouteux, tous ceux qui exercent selon des codes et des principes obscurs, qui ont une énergie dont eux-mêmes ne savent pas très bien d’où elle provient ; Mais ils savent en tous les cas, que la convoitise était leur principal source d’énergie et qu’ils ont reçu et qu’ils transmettront leurs dons par imposition des mains.

Dans le livre des Actes, Simon un homme habitué aux actes magiques fut séduit par l’imposition des mains.

Lorsqu’il vu Pierre et Jean le faire pour baptiser du Saint-Esprit des disciples. Il voulut absolument « ce pouvoir » lui aussi, et offrit de l’argent pour cela.

Le commerce « des pouvoirs » a toujours été une activité très lucrative.

Mais Simon reçut une réponse inspirée et tranchante venant de Pierre. « Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu  s’acquérait à prix d’argent… Ton cœur n’est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de ta méchanceté, et prie le Seigneur pour que la pensée de ton cœur te soit pardonnée, s'il est possible » .

Alors c’est vrai, qu’un disciple de Christ a quelque chose d’important à transmettre gratuitement, parce qu’il a reçu gratuitement.

Par imposition des mains, l’Esprit saint qui est en soi, peut bénir les autres comme il le souhaite, en les délivrant par exemple de leurs démons, en leur ouvrant les yeux sur leurs péchés, en les guérissant de leur maladie, ou encore en les baptisant du Saint-Esprit (si ce sont des personnes prêtes à le recevoir).

Là aussi il ne s’agit pas d’une puissance que nous choisissons nous personnellement, mais c’est l’Esprit Saint qui décide de ce qu’il transmet en fin de compte.

Par la foi, c’est vrai aussi, nous pouvons être informé des desseins divins, comme aussi à travers ce que notre cœur nous dévoile de la personne (Si notre cœur est pur).

Il peut nous dévoiler alors le besoin d’autrui.

Paul encore écrivait à Timothée de ne pas négliger le don qui est en lui et qui a été donné par prophétie avec l’imposition des mains de l’assemblée des anciens.

De quel don surnaturel parlait-il ?

À l’évidence celui inspiré du Saint-Esprit, mais lequel ?

« applique-toi à la lecture, à l'exhortation, à l'enseignement » (1 Timothée 4 :13).

Voilà les dons que Timothée avaient, certes beaucoup moins spectaculaires mais tout aussi important que les autres.

L’imposition des mains avait aussi d’autres fonctions.

Dans le Pentateuque, le livre du Lévitique, le sacrificateur posait ses mains sur la tête de la bête à sacrifier, comme pour lui transmettre les péchés du peuple à consumer. Ces péchés étaient alors comme immolés à travers son sacrifice.

Mais attention, cet acte n’était pas rempli de magie, il était symbolique.

Et ce symbole n’enlevait aucunement la profondeur et la détermination à un peuple à vouloir se sanctifier.

De nos jours, l’animal immolé est Christ. C’est donc lui qui nous purifie si nous lui offrons en sacrifice nos fautes, nos péchés (en les détaillants très minutieusement devant lui).

C’est lui Christ qui spirituellement nous impose les mains et aucun ange, aucun séraphin ou chérubin ne peut le faire à sa place.

Lui seul a offert sa vie pour nous. Il nous transmet alors sa pureté en échange de notre réelle consécration.

Jésus-Christ souhaite être notre huile d’onction, celle qu’il transmettra pour purifier celles et ceux qui se sont préparés à l’être.

La main, vous voyez, est l’organe de prédilection par excellence.

Le premier contact avec l’autre se trouve dans une gestuelle manuelle. Le symbole de paix et d’alliance se trouve aussi avec cette partie du corps.

La main a une vocation. Elle est faite, c’est vrai pour bénir : mais pas n’importe comment. Comme Jésus l’a fait en imposant les mains aux petits enfants qui venaient vers lui.

Ces enfants n’avaient pas de mauvaises intentions, eux.

Et Jésus pointe du doigt leurs intentions désintéressées en précisant : que « quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point ».

C’est pour cette raison que nous devons être vigilants vis-vis des personnes et de leurs intentions.

Par l’imposition des mains ne favorisons pas la convoitise, ne cherchons pas non plus à nous rendre généreux, attentionnés aux yeux des autres. Il n’y a d’intérêt pour personne à vouloir paraître. Cherchons plutôt à être juste et loyal vis-à-vis de notre Seigneur Jésus-Christ.

Une dernière chose : si vous croyez en Dieu, et si votre baptême de repentance est vrai, alors n’ayez pas peur qu’on vous maudisse en vous imposant les mains. On ne peut maudire une personne que Dieu a bénie.

Dans le livre de la Genèse, un récit nous éclaire à ce sujet : C’était justement le problème de Balak, roi de Moab, qui voulait coûte que coûte que Balaam le prophète, maudisse Israël.

Balaam ne cessait de répéter qu’il ne le pouvait pas. Même en lui donnant tout son or et son argent, Il ne pourrait jamais maudire ce que Dieu a béni. Par contre c’est d’une autre manière qu’il a réussi à égarer le peuple de Moïse. Balaam a corrompu, détourné les croyants de la vérité.

De quelle manière ? Par la convoitise, encore la convoitise.

Ce fameux démon que Jésus a rencontré dans le désert en jeûnant 40 jours. Comment s’est-il débarrassé de lui ?

En refusant de faire un miracle et en prenant une position ferme. Il refusa de changer les pierres en pains pour manger et dit qu’il préférait se nourrir du pain de Dieu, de la nourriture qui provient de la bouche de Dieu.

Amen

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire