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Par Eric Ruiz
Noé, a été découvert nu par Cham son fils alors qu’il était ivre de vin.
Et je me posais la question : Pourquoi voir la nudité de son père était-elle si répréhensible que ça ?
Après tout il y a pire que cela comme péché, n’est-ce
pas ?
N’aurait-il pas pu être pardonné avec une simple excuse de sa part ?
Canaan, fils de Cham n’avait quant à lui, vraiment pas eu
de chance.
Il n’était pas pour grand-chose dans l’histoire, alors que c’est son père qui vit la nudité de son grand-père.
Noé aurait plus de reproches à se faire que son fils pour son manque de maîtrise dans cette situation.
Certes, il devait y avoir bien autre chose que cette simple découverte.
Un des fils avait dû voir autre chose chez son père qu’un
simple corps nu (ou peut-être aussi… avait-il dû entendre autre chose).
Considérons la nudité :
Mettre à nu : c’est révéler
quelque chose.
Se mettre à nu : c’est
ne rien cacher de ce qu’on a dans le cœur.
« Être nu » spirituellement : c’est être dépourvu de sagesse, dépourvu totalement de spiritualité. C’est manifester des désirs et un comportement charnel.
Ne s’est-il pas passer un peu tout cela avec l’ivresse de Noé ? Noé était dans un état de perte de contrôle qui ouvrait la porte à tout ce qui était dans son cœur, de bon comme de moins bons.
Si vous-mêmes vous découvrez chez la personne que vous respectez le plus et qui fait peut-être même office de mentor, de père spirituel, qu’il n’est pas en fin de compte aussi saint que vous le penser, quelle sera votre réaction ? Je pense que votre réaction sera d’être déstabilisé et déçu. Le modèle à imiter que vous vous êtes fait de la personne tombera à terre comme un château de carte. Et s’il était votre idole, c’est lui qui se brisera en partie alors.
Noé, même si son cœur était attaché à Dieu, n’était pas
exempt de péchés.
Et se mettre dans cet état d’ivresse dans sa tente n’était certes pas un acte de sagesse. Mais son cœur débordait de joie et c’est de bon ton qu’il voulut fêter sa première vigne après le déluge. Il n’y a rien de condamnable en cela.
Cham avait cependant une avance sur ses frères. Il connaissait maintenant son père différemment de ses deux frères qui n’ont pas voulu voir leur père sans vêtement. Ils l’ont d’ailleurs recouvert d’un manteau en détournant leur regard.
Revenons à Canaan, le petit fils de Noé. Il fut maudit
aussitôt. Il fut l’esclave de ses frères.
Alors, tout cela n’est qu’une injustice ?
Non, je pense que Cham a mis à nu quelque chose, qu’il a révélé à ses frères, une faute qu’il a vu chez son père… et c’est répandre la faute des autres qui crée une faute pour soi-même.
L’apôtre Pierre qui possède les clés du royaume dit ceci :
« Mais surtout, ayez entre vous une ardente charité : car la charité couvrira une multitude de péchés. » (1 Pierre 4 :8).
Cham aurait dû couvrir les fautes que son père a laissé voir à son insu. Or cela apparait clairement, il n’a pas exercé une ardente charité envers lui.
Il aurait dû agir avec sagesse et garder ce qu’il a vu ou
entendu de son père ivre, pour lui et lui seul. Il n’avait pas à en parler à
une autre personne hormis à son père lui-même.
Or, Genèse : 9 :22 nous dit : « … il le rapporta dehors à ses deux frères. » et verset 24 : « Lorsque Noé se réveilla de son vin, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet ».
Qu’a-t-il fait de si mal, ce fils ?
Avant tout, ne prenons pas la Bible pour ce qu’elle n’est pas : un récit d’injustices.
Le fils cadet a bien répandu des ragots au sujet de son
père.
Les « soi-disant » péchés révélés de Noé dans cet
état ont révélé un péché encore plus grand, celui de Cham.
Cham, à ce moment-là engageait la réputation de son père,
son honneur même. Il a sali délibérément l’image de son père. Il l’a exposé à
la honte et au mépris de sa famille.
Aujourd’hui, on parlera de diffamation. Oui, agir comme Cham c’est de la diffamation.
Et en plus, c’est un délit qui occasionne une grosse amende
pécuniaire. Et peu importe que ce ragot soit vrai ou faux, il est annoncé
publiquement. C’est cela qui cause le délit diffamatoire.
Et le pire c’est qu’aujourd’hui la diffamation agit avec la
même force qu’un jugement émis au tribunal. Sauf que la justice est prononcée en
dehors des tribunaux institutionnels, Elle est dans la rue, dans les médias,
dans les réseaux sociaux ou encore dans les Églises.
Et puis qui personnellement n’a jamais causé ce genre de délit ?
Ce délit est une forme de vantardise.
Paul en parle ainsi : « la
charité ne se vante point, elle ne s'enfle point d'orgueil ».
Bien souvent inconsciemment, pour se faire mousser, on
n’hésite pas à raconter des choses négatives sur les autres.
Et, même parfois, ne participe-t-on pas à alimenter aussi certains ragots ? Or, n’est-ce pas les injurier en se moquant des autres ainsi ?
Cela donne la fausse impression de posséder un peu de
lumière, un peu de charité. Mais à la vérité, c’est la volonté de se montrer
plus important qui prime. Cette lumière est ténèbres.
On ne se couvre pas d’honneur en dénigrant l’honneur de l’autre.
Proverbes 17 : 9 : « Celui
qui couvre une faute cherche l'amour, Et celui qui la rappelle dans ses
discours divise les amis. ».
C’est une
certitude : Cham a divisé sa famille en révélant la nudité de son père.
D’ailleurs, son comportement diffamatoire a dû se produire
avant, dans d’autres circonstances.
Et Noé a dû le mettre en garde contre cette tendance démoniaque. Mais cette situation a été celle de trop, révélant son jugement.
Il faut se rendre à l’évidence que le fait d’avoir la
liberté d’expression, d’être vrai, sans filtre, ne nous dispense aucunement de
mettre un bâillon dans notre bouche lorsqu’il s’agit de diffamer.
Notre Dieu a créé ce monde pour que ce qui doit être caché
soit découvert, certes. Mais les péchés de notre entourage doivent être non pas
caché, mais en tous cas non dévoilé publiquement par l’entourage.
C’est cela couvrir les fautes, en couvrant la nudité de nos
proches.
Car ce n’est pas à nous de faire cette justice-là.
Là aussi la raison tient du bon sens ou plutôt de l’estime
pour les uns et les autres. Nuire à la
réputation de ses proches c’est nuire à la sienne.
Qu’entend-on par « ses proches » ?
Il faut se considérer faisant soi-même parti d’une sphère.
La première sphère est la sphère familiale bien-sûr.
Mais il existe aussi les autres. Sa sphère professionnelle,
sa sphère sociale (les relations avec les amis, les clubs et les associations
fréquentées, comme aussi les Assemblées ou les Églises présentes et passées).
Disons la vérité, combien louent le Seigneur dans les
assemblées , prient pour les uns et les autres, disent « Amen »
lorsque l’on parle de charité, mais une fois le culte fini, s’empresse de dire
du mal sur un frère ou une sœur.
Ils se sentent alors si vrai en montrant les tâches des
autres.
La parole diffamatoire est même devenu un
réflexe.
La Bible emploie un même mot et verbe grec pour dire
diffamer, calomnier, injurier, insulter, se moquer, c’est « Blasphemeo » blasphémer en français.
Eh oui, quand on
parle mal d’un proche publiquement, on blasphème.
Nous sommes, nous, croyants, amenés à bénir et non à maudire. Si nous maudissons nous sommes maudits comme Canaan l’a été. Nous serons alors aussi grands que les esclaves des esclaves de nos proches, ce n’est pas peu dire. Nous serons humiliés, injuriés et nous trouverons cela injuste…et pourtant, n’est-ce pas un juste retour des choses ?
Alors je résume : voir la nudité d’un proche et surtout
le rapporter aux autres, fait de nous des blasphémateurs, des colporteurs de
ragots et des personnes maudissant les autres.
Est-ce cela la destinée d’un disciple de christ ? J’en
doute fort.
Il y a encore autre chose. A la vérité, beaucoup de celles
et ceux qui lisent ce passage sur le dévoilement de l’ivresse et de la nudité
de Noé, y voient le péché d’impudicité.
Un péché que réprouve fortement la morale chrétienne face à la sexualité. Pourquoi ?
Car leur grille de lecture correspond à cette réponse connue intuitivement des chrétiens « fondamentalistes ». Ils ont une interprétation stricte et littérale des textes sacrés. Et elle ne se borne qu’à une seule et unique lecture : la leur.
Aussi les fondamentalistes ont décidé de prendre le texte
biblique au pied de la lettre et de voir la nudité corporelle comme un grand
péché. Mais aussi de prôner l’abstinence d’alcool.
Alors, rien d’étonnant à ce que regarder la nudité de son
père fasse bondir plus d’un croyant qui y voit avec la boisson, la principale
cause de la faute.
Cela permet à beaucoup de fondamentalistes de
s’enorgueillir et de se croire saint, justement parce qu’ils ne pratiquent pas
d’actes impudiques, parce qu’ils se privent d’alcool et qu’ils détournent le
regard devant un corps nu.
Mais, ce n’est simplement que l’arbre saint qui cache toute une forêt d’arbres dégénérés et morts.
Ils ont des habits qui ne servent qu’à cacher les jugements
qu’ils ont sur les autres et la diffamation qu’ils exercent contre eux. Je ne
les pointe pas eux directement, je pointe cet esprit mauvais et jugeur qui se
cache sous ce faux vêtement de sainteté.
« Babylone la grande, la mère des impudiques », je le rappelle ce verset montre aussi le blasphémateur qui met à nu ce qu’il devrait taire sur l’autre. Lui, se vantant d’exercer une justice supérieure ne fait que de diffamer son prochain et de ternir sa réputation. Lui, montrant les impudiques du doigt est un impudique lui-même. C’est la même attitude repérée chez l’arrogant et le babylonien.
Alors c’est vrai, que le monde est rempli de diffamateurs donc
de blasphémateurs. La réputation des personnes publiques est piétinée, trainée
dans la boue.
Il n’y a pas un jour qui passe sans qu’on entende un
scandale à ce sujet.
Et on assiste même à des gens qui diffament ceux qui diffament. Une vraie spirale infernale.
Cet esprit diffamant est une corne de la bête décrit dans
l’Apocalypse de Jean.
10 cornes, dix puissances sortent de la bête. J’avais annoncé le 10 novembre 2015 que la 10ème corne; est l’esprit de délation et de calomnie (en grec : diaballo : accuser, diffamer, calomnier, dénoncer). Cette puissance maléfique est déliée de nos jours. Elle inonde le monde.
Blasphémer je le rappelle ne veut pas dire ce
que la majorité pense.
-Ce n’est pas nier la présence de Dieu par des
mots, ni employer des mots moqueurs vis-à-vis de lui ;
-Ce n’est pas non plus de vanter les plaisirs du monde ; ni pour un croyant, d’interpréter faussement certaines paroles…
-C’est plus profond que cela ; c’est prononcer
des paroles, puis faire des actes qui vont contre une délivrance. Cham ne favorisait pas l’expiation des péchés de son père, au
contraire en agissant comme il l’a fait, ils les retenaient captifs…
puisque les péchés identifiés allaient maintenant servir d’identité, de
réputation.
Paul dit ceci dans Romain 1 :18 : « La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive, »
Quelle et cette vérité retenue captive?
Si ce n’est celle de l’Évangile de Dieu. L’Évangile qui vise d’abord à délivrer, à bénir, à sauver. Quand on blasphème on retient la vérité captive, c’est-à-dire : on retient la délivrance captive. On met des liens sur les autres ou on les ressert davantage, on cherche à les rendre prisonniers de ce qu’ils devraient se libérer…
Paul le dit ainsi : « car ce
qu'on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait
connaître. » Ce verset
19 qui fait suite à celui que je viens de lire, s’adresse à eux. Eux, c’est
qui ? Eux, ce sont premièrement les juifs puis les grecs (verset 16).
Dieu leur a dévoilé son Évangile clairement…Mais qu’en ont-ils fait ? Ils ont blasphémé contre lui.
Pour conclure :
L’histoire de Noé n’a rien dévoilé sur le bâtisseur de
l’Arche, et Dieu ne lui a fait aucun reproche concernant cette ivresse
passagère, mais c’est Cham,
son fils cadet : c’est lui seul qui a été mis à nu.
Là encore, la vérité éclate là où on ne l’attend pas. Le regard est attiré sur ce que nos pensées mettent en lumière. Or c’est notre cœur qui devrait nous donner la solution. Encore devrait-il être purifié pour le faire.
En parlant de purifier nos cœurs, ne prenons pas cette
malédiction de Cham à la légère, en pensant être plus saint que les autres ou
en minimisant les conséquences négatives.
Pour ma part je sais qu’il m’est arrivé de dévoiler la
nudité d’un proche, de diffamer quelqu’un ou de participer à alimenter des
ragots. Et je demande pardon à Dieu de cela et pardon à celles et ceux à qui
j’ai blessé ainsi. Je veux garder ma langue et bénir et non blasphémer.
Amen
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