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Par Eric Ruiz
« J'exterminerai les villes de ton pays, Et je renverserai toutes tes forteresses; 12J'exterminerai de ta main les enchantements, Et tu n'auras plus de devins; 13J'exterminerai du milieu de toi tes idoles et tes statues, Et tu ne te prosterneras plus devant l'ouvrage de tes mains »; (Michée 5 :11-13)
Le christianisme est une mère qui fait comme toute religion, elle enfante des filles. Le christianisme moderne a donné naissance à une nouvelle forteresse, à une nouvelle pratique divinatoire : les groupements charismatiques.
Et d’abord, quelle contradiction !
Moi qui parle de l’intimité de Dieu avec sa future épouse, qui vous parle de la relation du disciple accompli, du fils adopté si proche de son Père céleste, je dis qu’une sorte de chrétiens, aujourd’hui possède la croyance que Dieu n’a jamais été aussi proche de lui ; Qu’il peut presque le toucher ; Que sa voix est là tout près de son oreille, et qu’il peut pratiquement sentir son souffle.
Ces croyants charismatiques (dont je faisais partie sans
aucun doute) ont un objectif qui est enseigné au moment de leurs cultes. On
leur dit : Montrez
votre forteresse, montrez l’ouvrage de vos mains ! (je fais bien-sûr
référence au verset de Michée)
En langage actuel : Extériorisez le plus possible votre foi !
À partir d’une confiance en soi retrouvée, il s’agira
d’osée aller de l’avant, de ne plus avoir peur d’exprimer sa foi, de laisser
aller la passion, de libérer l’énergie divine qui repose en soi.
Alors bien entendu, pour exprimer toute cette assurance,
les dons de l’Esprit vont être sublimés et transcendés. Et ils vont être la
validation d’une consécration supérieure.
Dieu aurait mis son sceau sur ceux qui sont charismatiques…
Comment l’aurait-il fait ?
Eh bien, les dons qu’ils reçoivent (souvent par imposition
des mains) et qu’ils manifestent ensuite font qu’ils ressentent une intimité
spéciale avec Dieu.
Parler
en langues, prophétiser, avoir des songes, des supervisions, vivre ses propres
expériences mystiques et miraculeuses ;
Ce qu’ils vont expérimenter dans ce sens les pousseront
naturellement à se croire plus consacrés et mieux aimés de Dieu.
Et c’est une des raisons des comportements exacerbées que l’on remarque, lors des cultes, avec
des musiques fortes et rythmées, des chants répétant sans cesse les mêmes mots
sur la gloire de Dieu comme pour exercer une espèce d’enchantement ou une sorte
d’envoutement.
Cela va jusqu’à l’extrême comme des mains levées et tremblantes, des membres gesticulants dans tous les sens, d’autres poussant des cris, sautant en l’air, se roulant par terre, comme s’ils étaient plongés dans une transe qui les ferait communier directement avec le divin.
Mais faut-il le rappeler, on ne bâtit pas une Église sur les ruines du passé, comme sur les ruines des autres Églises.
Cette invitation au sacré qui n’est qu’une imitation, était
connue des rois et des prêtres soumis aux faux dieux babyloniens d’il y a trois
mille ans.
Ils vivaient une proximité avec leurs dieux.
D’ailleurs, ils faisaient eux-aussi des gestes pour appeler leur dieu, pour attirer son attention (je vous ramène à l’ouvrage de Jean Cotteneau « la civilisation d’Assur et de Babylone p 102).
Leurs cultes étaient très formalisés. Ils étaient basés sur une prière officielle et publique constituée de « louange, d’exaltation, de flatteries de gloire, de rappels incessants de la supériorité divine » (« la plus vieille religion en Mésopotamie »p 269, Jean Bottéro).
Leurs grandes cérémonies liturgiques exultaient les sens
par des mets succulents préparés en l’honneur des dieux, par des musiques bien
rythmées, (accompagnées d’instruments de percussions comme des timbales,
tambours, tambourins), des chants, des hymnes et des danses adressés aux dieux.
Les prières spontanées à « main élevée » servaient « à vider son
cœur en évoquant ses craintes, ses besoins, ses regrets et ses repentirs ».
Tout était concentré pour impressionner les dieux et leur montrer son immense gratitude.
Les intentions n’étaient-elles pas bizarrement similaires à celles des cultes charismatiques ? On y cherche pareillement à impressionner son Dieu, à lui montrer sa complète dévotion.
Les babyloniens croyaient que les dieux communiquaient avec leurs créatures humaines par de très nombreux canaux. Et nos ancêtres voyaient des signes spirituels partout, sur terre, comme dans le ciel. La divination, l’astrologie étaient leurs moyens de communication.
La lune par exemple, si elle apparaissait au premier du
mois, c’était le signe et l’assurance que leur pays vivra dans la paix et le
bonheur.
Mais si un halo entourait la Lune ainsi que Mars alors ils
étaient certains que leur bétail était en danger de mort.
Sur terre, si un oiseau laissait tomber sa nourriture, cela
signifiait que la maison de l’homme acquerra un grand héritage.
Vous voyez « le signe » en perspective, qui montre toujours le bon ou le mauvais présage.
Un chrétien charismatique, lui, voit les choses pareilles puisqu’il voit des signes partout et il est certain aussi de pouvoir les interpréter. Il prend cela pour des paroles de connaissance. En fait, il se fabrique inconsciemment sa bénédiction comme aussi son propre horoscope.
« Seigneur, il a fait beau lors de notre réunion en
plein air, alors qu’il pleuvait tout autour, c’est bien que tu bénissais
particulièrement ce que nous faisions ».
Cette forme de prière interprétant une réalité, donne de la
confiance au croyant, dans le miraculeux qu’il confesse avoir vécu lui-même. Et
il va ainsi fonder son avenir sur une relation de signes miraculeux en
cascades.
« Dieu m’a montré ceci, Dieu m’a montré cela… Dieu m’a
montré la vérité. J’ai prié pour savoir si c’est la femme que je dois épouser
et en ouvrant ma Bible au hasard, tiens je suis tombé sur : Genèse
16 :21 : « Jacob dit à Laban: Donne-moi ma femme,
car mon temps est accompli: et j'irai vers elle ».
En
réalité c’est de la divination.
Tirer les cartes et tomber sur la dame de cœur aboutit exactement à la même chose. Consulter un prêtre, un prophète pour savoir si telle décision est favorable ; revient aussi à se tourner vers les astres pour connaître son avenir.
Là aussi, il faut être vigilant car la frontière avec la
foi saine est tellement étroite qu’on peut s’y perdre facilement.
Car Dieu parle, c’est vrai, clairement à celui qui ouvre sa
Bible et qui se sent saisi par les mots d’un verset.
Mais la différence c’est que ces mots vont être le départ d’une inspiration et non la réponse directe à
un vœu.
Et puis, c’est Dieu qui va répondre comme il le souhaite à
nos besoins, sans que l’on ait le mauvais désir d’échafauder des stratégies,
des choses qui soient l’ouvrage de nos mains (pour reprendre le sens du verset
de Michée).
Paul dit à Timothée d’agir, de prêcher en toute occasion
favorable ou non.
C’est encore un encouragement à se laisser conduire par
l’esprit divin et non par des signes avant-coureurs.
Notre Dieu ne veut plus que nous nous prosternions devant nos signes, nos stratégies qui servent à nous bénir nous-mêmes.
De la même manière, la foi charismatique amène les croyants
à se lancer dans l’eschatologie (l’étude de la fin des temps et pas voie de
conséquences des démons) car inconsciemment ils pensent comme ceux de
Babylone : que connaitre les démons permet qu’ils n’attaquent pas ceux qui
les reconnaissent ; et cela permet aussi de les chasser lorsqu’on les voit
chez les autres. Cet exorcisme-là était lui aussi chose courante chez
les Assyro-babyloniens. Et il se faisait de manière spectaculaire.
L’exorcisme charismatique est tout aussi spectaculaire. Plus il est violent et spectaculaire, plus le démon ou les démons expulsés seraient grands.
Or, Dieu n’a pas besoin que nous devenions des érudits du
mal, des docteurs en démonologie, il nous donne la connaissance lui-même par
son esprit, au moment où nous en avons vraiment besoin.
Et, posons-nous la vraie question si : tout exorcisme
ainsi fait ne remplacerait-il pas l’effort personnel de la conversion ?
N’y-a-t-il pas plutôt une prosternation devant ses propres œuvres de délivrance ?
Se prosterner devant ses propres œuvres va trop loin ; puisque nos œuvres vont alors devenir notre salut.
On va reprendre un exemple, toujours dans ce renouveau
charismatique ; Eh bien, si les dons spirituels tendent à baisser dans une
assemblée ou chez un croyant, l’affolement arrive. Le sentiment qui vient avec
le fait de ne plus ressentir le surnaturel est celui d’avoir péché. Le péché
est constaté, Dieu a retiré sa bénédiction. Certains vont même croire qu’ils
ont blasphémé contre l’esprit parce qu’ils parlent moins en langues ou qu’ils
n’ont plus de songes.
Il vont alors se prosterner devant leurs œuvres.
Comment ?
En revenant sur des pratiques dévotes routinières telles que : des louanges passionnées, des prières d’adoration, d’exultation et de joie pour retrouver cet « état surnaturel ». C’est la même forme de piété qui se faisait à Babylone.
Dans le concret, Dieu nous donne par son
esprit le don en fonction du besoin de délivrance que nous rencontrons dans la
vie ; pas parce que nous le désirons et que nous lui avons demandé.
« Aspirer aux dons les meilleurs » se fait lors d’un besoin brûlant. Et ce besoin est ressenti par le cœur (je vous renvoie au message sur « les dons spirituels dans l’assemblée , qui n’ont rien à voir avec ces dons charismatiques de notre ère moderne).
Le culte
charismatique est une vraie séduction, comme aussi un ennemi cruel. Certes, il
est plus vivant, plus joyeux et expressif. Il crée des émotions à répétitions
qui sont vite assimilées à de l’onction divine.
Ce phénomène de confusion ( nom de Babel) est d’autant plus
important que les cultes plus sobres sont alors montrés du doigt, ils sont
jugés ennuyeux, moins spirituels voire animés d’un esprit éteint, sans vie.
Les cultes charismatiques ont pris les armes contre tout autre forme de culte, pour les détruire.
Cette forme de pensée totalitaire était chose courante à Babylone, « Prier était la règle, présenter des offrandes la loi ».
Les rites étaient désignés la forme de piété la plus haute.
Le meilleur présage était pour celui qui se tournait chaque jour vers un dieu.
Lui sûrement prospérera à l’excès ; et la puissance de
la prière avait cet effet : « la prière dissout le châtiment des
fautes ».
Cette manière de penser la prière, même si elle n’est pas
formulée ainsi, elle est induite dans le cœur de ceux qui se confient dans
leurs œuvres, et la foi charismatique pousse à vivre cela.
Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a qu’une sorte d’anges qui
se montre aussi radical avec le péché et qui d’un coup de baguette magique,
expie les fautes et enlève le péché des uns et des autres. Ce sont les
Séraphins.
Ces anges déchus se manifestent lors de
prières charismatiques. Ils créent une expérience mystique (comme une lumière
forte, une perte d’équilibre ou de force, des bouffées de chaleur ou des
visions ) ; et le culte des anges devient alors un incontournable (relisez le message sur « le culte des anges, une très longue tradition religieuse »).
La prière se substitut alors à la vraie offrande, celle d’offrir ses passions et ses désirs sur l’autel des sacrifices.
Ce que l’on voulait faire passer à Babylone, c’était l’idée que l’homme est fait pour le
Sabbat. C’est-à-dire que l’homme est fait pour faire plaisir aux dieux.
Si les dieux étaient mécontents, il le faisait savoir, par
des maladies, des cataclysmes, mais aussi par des prêtres devenus impuissants,
ne pouvant plus interpréter les songes.
C’est d’ailleurs ainsi que le prophète de Juda, Daniel put
être reçu par Nebucadnetsar (très décontenancé du silence de ses prêtres).
Ces prêtres d’ailleurs étaient condamnés à mort car ils
apportaient le mauvais œil.
N’est-ce pas ainsi que l’on considère le croyant sans dons
spirituel dans les assemblées charismatiques ? C’est un serviteur inutile
ou un oiseau de mauvais augure.
Ce verset de 1 Corinthiens 14 :12 traduit ainsi, est une référence dans le renouveau charismatique:
« puisque vous aspirez aux dons charismatiques (spirituels), cherchez à les avoir en abondance pour l'édification de l'Église. ».
L’abondance des dons…
Parce que cette foi, basée sur le cumul des dons donne un tel élan, un tel enthousiasme au croyant, qu’il se sent alors pousser des ailes pour évangéliser, et un zèle ardent pour rapporter de nouveaux adeptes à l’Église.
On m’a enseigné jadis et on enseigne toujours que la Pentecôte
se fait ainsi ; que tout réveil spirituel prend ses racines dans le surnaturel.
La foi charismatique est une manne sans commune mesure pour le clergé, qui voit leurs membres se multiplier comme une lapinière (excusez-moi cette expression, mais elle montre tellement cette multiplication rapide et cette croissance exponentielle).
Mais quel aveuglement puisque cette foi artificielle n’a fabriqué que des idoles à travers, les dons, les signes, les exultations suivis de moments d’extase, ou les exorcismes qu’elle pratique sans que personne apparemment s’en offusque.
La fin des versets du chapitre 5 de Michée dit ceci:
« J'exterminerai du milieu de toi tes
idoles d'Astarté, et je détruirai tes villes. 15J'exercerai
ma vengeance avec colère, avec fureur, sur les nations qui n'ont pas écouté. »
La foi charismatique s’est rependue partout,
a telle point que nous pouvons l’assimiler à une ville entière et même à une
nation.
Astarté, cette déesse dont le nom sumérien est Nanna, a introduit dans l’assemblée un faux culte qui place Le désir au sens le plus obscur qui soit. La femme, elle, est placée en premier plan, au sens la plus manipulatrice qui soit, avec ce qu’elle a de plus obscène et pervers.
Mais la généralisation d’un phénomène tout comme
les signes montrant l’aube d’un renouveau n’ont jamais été et ne seront jamais
le parfum de la vérité.
Et là encore, Dieu nous annonce comment finiront ces mouvements de réveils.
La nature a horreur du vide, et quand les
bancs d’églises se vident, l’esprit humain cherche une méthode nouvelle pouvant
revivifier les âmes en perdition comme celles qui se refroidissent.
Les pensées démoniaques arrivent alors comme
une eau fraiche.
Le renouveau charismatique est arrivé comme
une heureuse providence ; bien mieux encore comme une restauration de ce
qui s’était perdu avec le temps.
Avec l’arrivée de ce mouvement, l’expérience
des dons a dépoussiéré certains versets bibliques qui ont pris un relief jamais
vu jusqu’ici.
Même les élus pourraient être séduits puisque comme moi aussi j’ai cru que le baptême du Saint-Esprit était le parler en langues ou que la prière puissante créait des miracles de guérison en cascades.
Le miraculeux, le surnaturel régnait alors au même niveau qu’il a régné dans la société mésopotamienne, il y a trois mille ans environ.
Dans ces temps que nous vivons ou l’anxiété
et au summum, beaucoup trouve leur refuge dans la divination.
Mais Dieu ne nous oublie pas, il ramènera vers lui celles et ceux qui ne se contentent pas d’une paix superficielle, mais qui aspirent au vrai renouveau issu d’un esprit humble et soumis et d’un cœur brisé.
Mais auparavant, nous avons tous besoin de nous repentir d’avoir laissé entrer dans nos cœurs un culte ignoble et organisé par les mauvais esprits. Cette pensée charismatique qui est devenue avec le temps, les murailles de notre foi.
Détruisons ses murailles et cassons les
ouvrages de nos mains, forgés par la divination pour que notre temple soit fait
avec les vrais matériaux nobles de notre Dieu que le Saint-Esprit inspire afin
que nous le louions en esprit et en vérité.
Amen
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