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Par Eric Ruiz
Il y a des mots que l’on emploie aujourd’hui à tort et à travers, alors qu’ils ont un sens profond voire glorieux. « Admirable », fait partie de ce genre de mot : Qu’est-ce qui est admirable sur cette terre ?
La nature, la beauté humaine, le jeu d’un acteur d’exception, battre des records, atteindre des sommets, rouler dans une magnifique voiture de course, ou bien encore être célébré par les foules?
Tout cela projette certes de la lumière, et
fait partie des choses d’exception, mais est-ce pour autant admirable ?
La réussite des hommes est devenue le
principal sujet d’admiration. On loue la réussite sociale comme si cela était
le but de chacun ici-bas.
On loue aussi la position religieuse. Y
aurait-il des consécrations plus admirables que d’autres ? Un ministère
plus élogieux ?
En tous les cas, les prophètes, ces nombreux devins, ceux qui n’ont à la bouche que des flatteries sont très admirés.
Mais admiré ne vous rend pas nécessairement admirable.
Nombreux sont les héros qui ont obtenus leur couronne et leur gloire par la corruption. Sont-ils toujours aussi admirable, alors ?
Si on essaye d’être un peu moins superficiel, ce qui
est admirable est d’exercer la loi de Christ : d’aimer son prochain comme soi-même ;
de s’oublier soi-même pour les autres ; De ne pas
regarder au temps passé, à la sueur dépensée, à l’argent que cela demande, ni
au qu’en dira-t-on.
Bref le sacrifice, son propre sacrifice devient alors secondaire, sans importance.
Par conséquent, ce qui est admirable se fait bien, cela se fait pour les autres, sans arrière-pensée et sans le crier sur les toits.
Ce qui est admirable n’est alors que très peu admiré par le plus grand nombre…Puisque combien d’actes admirables se sont faits dans l’anonymat le plus complet, sans même qu’on en ait parlé, où que seule la mort de celui qui les exerçait ait réveillé son histoire.
Jésus de Nazareth, lui aussi n’ameutait pas les foules pour qu’elles l’admirent lors d’une guérison.
1er exemple : Le centenier romain
Un jour, l’homme admirable vient l’aborder
sans qu’il puisse se préparer à l’avance à cette rencontre.
L’admirable entra dans Capharnaüm. Jésus ne
s’attendait surement pas à ce qu’il prenne la forme d’un chef militaire romain
venant le supplier. Encore moins un
officier s’humiliant à la façon d’un serviteur.
Jésus trouva admirable la foi d’un tel chef
romain pour son serviteur malade qui vint le trouver en se mettant lui-même dans
la situation de serviteur ; on aurait dit que c’était lui le malade, lui l’infirme,
lui le mourant.
Son serviteur ne pouvait plus bougé, il était
alité et paralysé.
L’estime, qu’avait ce centenier était
admirable. La souffrance de son serviteur ne le laissait pas du tout indifférent.
Sa compassion lui avait ôté toute convenance
sociale.
On aurait pu lui rappeler qu’un soldat de son
rang a d’autres chats à fouetter que de s’occuper du simple bidasse.
Mais cet homme de cœur était bien trop préoccupé
à chercher le meilleur pour que son serviteur guérisse, il pria Dieu. Et c’est
Jésus que le centenier trouva. « Un mot de Jésus est son serviteur serait
guéri ». C’est ce qu’il pensait et c’est ce qu’il fit dire à Jésus.
Lui, un commandant qui avait plus de cent
hommes sous ses ordres, se sentait misérable et pas assez saint pour recevoir
chez lui le fils de Dieu.
Lui, qui était habitué à donner des
commandements et qu’ils soient aussitôt exécutés, il savait qu’un seul mot
venant de Jésus suffirait à sa guérison.
Quelle foi véritable et admirable !
Pourquoi ? Parce qu’elle ne s’embarrasse pas de détails, de questions et de limitations. Elle va droit au but, droit au besoin.
Pourtant, c’est presque choquant de découvrir
Paul plus tard, écrivant aux Colossiens en les exhortant à être des maîtres justes,
à défaut d’être admirables.
Paul leur dira : « Maîtres, accordez à vos serviteurs ce qui est juste et équitable, sachant que vous aussi vous avez un maître dans le ciel. ».
Incroyable, à des hommes de foi, Paul se sent obliger de leur
rappeler la loi d’amour !
Alors que le centenier de surcroit romain et
non judéen connaissait le maître dans le ciel puisqu’il a fait de lui-même ce
qui est juste.
« Après l'avoir entendu (le
centenier), Jésus fut dans l'étonnement, et il dit à ceux qui le suivaient: Je
vous le dis en vérité, même en Israël je n'ai pas trouvé une aussi grande foi. ».
Alors, c’est vrai on peut savoir ce qui est juste mais ne rien faire pour de multiples raisons qui engagent bien souvent des intérêts obscurs.
On peut faire aussi ce qui est juste mais pour se servir soi-même.
Jésus rencontra en premier, quelques anciens
des juifs, envoyé par le centenier pour le prévenir de son besoin.
Voilà ce qu’ont annoncé ces religieux :
Ce centenier mérite qu’on lui accorde de l’intérêt « car il
aime notre nation, et c'est lui qui a bâti notre synagogue. »
(Luc 7 :5) ;
Vous voyez, où ces religieux ont mis la barre du
mérite ?
« Comme il s’est intéressé à nous, il mérite que l’on
s’intéresse à lui ». Ah, ils n’ont pas mis en avant l’amour qu’il a pour
son serviteur… mais ce que le centenier a fait pour eux.
Cet homme était totalement désintéressé contrairement à
eux.
Et c’est ce désintéressement qui a plu à Dieu.
Ce qui compte, c’est d’exercer la justice avec l’amour désintéressé.
Et ce genre d’amour se voit dans la bonté, qui
se voit à son tour dans le fruit du Saint-Esprit.
La bonté : c’est une disposition de cœur à être bienveillant, compatissant, charitable (Et pas seulement quand la situation est favorable). Et malheureusement pour l’esprit religieux, mais la bonté ne s’acquiert pas, elle s’attend ; elle vient d’en-haut ; sinon on ne fait que l’imiter et c’est une imposture ; En cela, la bonté rejoint bien entendu l’abnégation.
2ème exemple : Jonathan fils de Saül
Alors cette abnégation, Jonathan le fils du
roi Saül l’avait pour David. David disait de lui dans un cantique funèbre :
« Ton amour pour moi était admirable,
bien au-dessus de l’amour des femmes » (2 Samuel 1 :26).
David ne parlait pas uniquement d’un sentiment
d’amitié très fort qu’il avait pour Jonathan ; Jonathan avait fait des
choses exceptionnelles pour David, qui demandent une abnégation totale. David n’en a pas écrit des livres entiers,
mais Jonathan protégea autant qu’il en était capable, David, de la haine de son
père Saül.
Il l’avertissait dès qu’il le pouvait, des
conspirations maléfiques de Saül ; Et il faut le préciser : au péril de sa propre
réussite sociale ; Puisque son père connaissant sa complicité avec David,
lui faisait de moins en moins confiance. Jonathan aurait dû se préparer plutôt
à prendre la succession de son père sur le trône. C’est d’ailleurs ce que lui demandait Saül.
Mais Jonathan cherchait en premier la justice et n’avait d’ambition que de servir David. Ce qui était admirable, c’est que Jonathan savait qu’il se condamnait en faisant cela et qu’il préparait la voie royale pour David ; Et que lui n’aurait aucun héritage en agissant ainsi. Il s’est sacrifié pour que David devienne roi. Il était désintéressé car il y avait bien un lien indestructible entre eux deux comme une alliance divine : « Que l'Éternel soit à jamais entre moi et toi, entre ma postérité et ta postérité ! » (1 Samuel 20 :42)
La chose admirable par excellence est de faire pour autrui une chose désintéressée au point qu’elle pourrait mettre en péril son avenir, ou sa propre réussite sociale ou professionnelle.
On admire souvent des gens, mais rarement pour leurs faits admirables, en réalité, pour d’autres faits plus spectaculaires.
3ème exemple : Daniel et les sages de Babylone
Un exemple frappant est celui du prophète de
Juda, Daniel.
Qui n’admire pas le prophète Daniel pour sa
bravoure face aux lions ? Sa foi qui lui permis d’échapper à une mort
certaine ?
Ne l’admire-t-on pas aussi pour sa sagesse et
ses explications sur les visions et les songes ?
Mais Daniel devrait être admiré (je précise
sans tomber dans l’idolâtrie) pour d’autres faits plus admirables encore ;
des faits que l’on ne met jamais en avant et pourtant qui sont remarquables.
Voilà l’un d’eux :
« Après cela, Daniel se rendit auprès d'Arjoc, à qui le roi avait ordonné de faire périr les sages de Babylone; il alla, et lui parla ainsi: Ne fais pas périr les sages de Babylone! Conduis-moi devant le roi, et je donnerai au roi l'explication. » (Daniel 2 :24).
Daniel sachant ce que le roi avait ordonné aurait pu
laisser sa justice se faire sur les sages de Babylone en ne se rendant auprès du
commandant du roi, Arjoc, seulement qu’après l’exécution de leur sentence.
Mais, Daniel n’a pas méprisé les sages de Babylone, (astrologues,
magiciens, devins) il s’est empressé au contraire de prendre leur défense, pour
qu’ils ne soient pas tués.
Il a simplement dit au roi qu’ils ne pouvaient, eux,
connaitre et découvrir ce songe car seul l’Éternel qui est dans les cieux en
donne l’explication.
Daniel n’a jamais voulu tirer vengeance de sa captivité. Et
c’est naturellement qu’il a rendu gloire à Dieu sans écraser et anéantir les
faux prophètes, leur laissant le temps
de leur repentance et de leur conversion.
J’aime ce passage, car mine de rien, il montre pourquoi Esaïe
nomme « le fils qui sera donné, l’Admirable en premier. « Car un
enfant nous est né, un fils nous est donné, Et la domination reposera sur son
épaule; On l'appellera l’Admirable, »
Il est l’Admirable pour son salut. Christ a donné sa vie
pour nous sauver d’une sentence irrévocable.
Car ce n’est pas de juger qui est admirable mais bien de sauver.
Alors, j’aurai tendance à vous conseiller pour conclure : Ne cherchez pas à être admiré sinon vous n’aurez pas une foi admirable.
Et ne cherchez pas non plus des actes
admirables à faire, l’admirable frappe à votre porte sans que vous l’ayez
invité auparavant.
C’est la situation, le moment, la rencontre qui créé son fait admirable.
Chercher d’abord le royaume de Dieu (comme le centenier l’a fait, comme Jonathan
ou Daniel ont été inspirés à le faire) et tout vous sera donné par-dessus.
Amen
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