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Par Eric Ruiz
Quel est le véritable sacrifice pour un croyant ? Que devons-nous sacrifier pour plaire à Dieu ?N’a-t-il pas lui donné son fils unique pour que nous ayons la vie et que nous ressuscitions au dernier jour ?
En fait, devons-nous avoir la foi
d’Abraham ?
Si oui, (ce que je crois) alors, doit-on
passer par la même mise à l’épreuve que celle qu’il a connue avec son fils
Isaac ?
Je vous rappelle le contexte.
Genèse 22 :1-2 « Après ces choses, Dieu mit Abraham à l'épreuve, et lui dit:
Abraham! Et il répondit: Me voici! 2Dieu dit: Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes,
Isaac; va-t'en au pays de Morija,[Moriah] et là offre-le en holocauste
sur l'une des montagnes que je te dirai. ».
1)
LA FOI ACTIVE D’ABRAHAM
Abraham fit tout ce que Dieu lui dit de
faire. Il partit avec deux serviteurs, un âne et le matériel pour faire l’autel
du sacrifice. L’épreuve fut longue : trois jours pour atteindre le sommet
de la montagne. Il dû aussi tout mettre en place : son fils attaché sur
l’autel, le bois à ses pieds près à être brulé.
Abraham avait le couteau dans sa main et il s’apprêtait à passer à l’action ; c’est là à ce moment précis qu’un ange lui dit verset 12 : «… N'avance pas ta main sur l'enfant, et ne lui fais rien; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique ».
Ce passage est très controversé, car il est à la fois beau
et terrifiant.
Tout croyant de la Bible admire la foi d’Abraham qui manifeste une confiance à Dieu à ce point, mais il redouterait une telle mise à l’épreuve pour lui-même.
Alors, j’insiste sur l’essentiel : sa foi ne reposait pas juste sur une simple réponse à une question divine comme : « Es-tu prêts à sacrifier ton fils unique pour moi, si je te le demandais ? ».
La mise à l’épreuve était réelle.
Et posons-nous la question : Dieu a-t-il réellement besoin d’une telle mise à l’épreuve pour connaître notre foi ?
Lui qui sonde les cœurs, lui qui connait notre intention la
plus cachée, ne sait-il pas si on le craint vraiment, si notre crainte est
arrivée au point où se séparer de ce que nous avons de plus cher ici-bas, n’est
pas un problème ?
Oui, je suis convaincu qu’il connait notre foi à chacun…
Alors, quel est le but d’une telle démonstration de foi ?
Parlons d’abord de certains groupes Chrétiens qui s’attachent
au fait que Jésus de Nazareth, fils de Dieu, soit crucifié pour nous et nos
péchés.
Ils pensent alors que cela suffit à nous dispenser d’un tel
sacrifice.
Dieu ayant donné son fils unique, nous n’aurions pas à
montrer que nous sommes aussi capables que lui. Les rites suffiraient à rendre
ce sacrifice vivant.
Ces groupes s’appuient aussi sur le fait qu’Abraham donna à
ce lieu le nom de Jehova-Jiré qui signifie : Dieu a vu ou Dieu a pourvu.
Dieu a pourvu en sacrifiant son fils, l’agneau de Dieu, le
seul agneau immolé…
Alors, oui Dieu a pourvu à nos péchés en sacrifiant son
fils : l’agneau purificateur.
Mais ici, le contexte est un peu différent. C’est la foi l’enjeu principal, ce n’est pas directement le péché. C’est la crainte de Dieu. C’est notre intégrité dans le rôle de sacrificateur qui est mis en avant.
Si Dieu avait pourvu totalement à notre foi, il n’aurait surement
pas donné les paroles que Jésus-Christ a prononcé dans Luc 14 : 26-27
« Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. 27Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple ».
Jésus montre qu’un croyant en Christ a la
même détermination, la même foi qu’Abraham. Bref qu’il est aussi sacrificateur
de Dieu.
Son état spirituel fait que rien, ni personne
ne peut l’arrêter dans son sacrifice pour Dieu.
Ce qui veut dire, que Dieu ne nous demande
pas une confession de foi. Il ne nous demande pas juste de dire à haute voix
que nous le préférons en premier à tout être humain sur cette terre.
Avec le sacrifice d’Abraham, comme avec le
disciple de Christ, Dieu nous montre un état de fait qui se traduira dans la
réalité de nos épreuves.
Nous aurons concrètement à vivre un sentiment de haine et à porter sa croix.
Porter sa propre croix, c’est bien vivre l’épreuve,
le sacrifice, celui de haïr son père, sa mère ; ses enfants, ses frères,
ses sœurs et même sa propre vie. Haïr celle ou celui que tu aimes.
Cela se fera pendant notre vie terrestre. Dieu verra alors notre foi dans un contexte de réalité.
Mais nous aussi, nous serons alors confrontés
avec notre attitude (bonne ou mauvaise).
Quel sera notre état d’âme ? Jusqu’où irons-nous
dans la séparation, dans le fait de haïr celle ou celui que nous aimons le
plus ? Comment nous comporterons nous face à la personne qui est la plus
importante à nos yeux ?
La
haine, mot rarement employé par Jésus, doit nous
faire réagir sur l’impossibilité pour
nous être humain de manifester un tel sentiment envers nos êtres les plus chers.
Alors, il est vrai qu’avec la foi, nous
sommes devenus une nouvelle créature ; mais là, la marche est haute.
Dieu s’adresse à un disciple devenu mature (du grec Teleios),
parfait, accompli ;
Cela veut dire que Dieu ne va pas nous faire vivre un tel sacrifice au début de notre foi.
Un tel niveau de maturité demande du temps. Il va attendre que nous ayons vécus des tribulations.
Pour Abraham, le chapitre 22 de la Genèse
commence par : « Après
ces choses… Dieu mit Abraham à l'épreuve… ».
Ici, le début du verset 1 est clair, il marque une nouvelle épreuve, mais surtout une nouvelle étape avec l’appel à Moriah.
Dieu n’a pas attendu seulement qu’Isaac son
fils grandisse ; Il a attendu qu’Abraham grandisse en âge, certes (puisqu’il
avait alors dépassé cent ans), mais
surtout que sa foi grandisse.
N’oublions pas que quelques années auparavant
Abraham, séjournant chez les Philistins avait eu peur qu’Abimelec le tue à
cause de sa femme et il préféra mentir alors en faisant passer Sara sa femme,
pour sa sœur.
Abraham n’était pas encore prêt à sacrifier sa vie, ni celle de son futur fils, qu’il chérirait par-dessus tout.
Alors je reviens à la question : Dans quel
but, Dieu nous demande-t-il le même sacrifice que celui d’Abraham ?
Et par-là aussi bien-sûr pourquoi Abraham a-t-il dû aller si loin dans la démonstration de haine vis-à-vis de son fils préféré ?
Le lieu fut appelé Jehova Jihré. Dieu a
vu ; il devait voir ; mais, Dieu a vu quoi sur le mont Moriah ?
2)
MORIJA [Moriah] :
L’ALLIANCE D’ADOPTION
Moriah est le mot clé. Il nous donne l’explication.
Moriah a le sens de « choisi par l’Eternel ».
Ce Mont du sacrifice, cette montagne (souvent
associé à Sion) sur lequel a été, par la suite, construit le temple de Salomon a
une importance capitale.
C’est à Moriah que notre Temple, celui du Saint-Esprit, se construit.
Dieu voit et choisit plus qu’un lieu, il
choisit l’homme, la femme de foi. Il choisit, dans le sens où, il a prédestiné
un lieu, un moment pour pourvoir au besoin du croyant.
Ce besoin c’est une adoption. Dieu le Père
adopte son fils.
Il voit par ses actes son fils bien aimé,
celui qu’il veut adopter.
Abraham, est devenu son fils au moment où
l’ange lui a demandé de retenir son bras.
Nous touchons là, une étape de gloire du
disciple, celui de se faire adopter par son Père céleste.
Dieu a prédestiné ce moment, ce lieu Moriah, pour que ses fils puissent hériter de son royaume.
Dans Éphésiens 1 :5 Paul nous dit que « Dieu nous a prédestiné dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, ».
L’adoption est prévue, mais elle vient tard
parce que c’est un fruit.
Elle vient dans une saison ensoleillée, après
avoir traversé notamment l’hiver, une saison rude.
Le fruit de la purification, c’est
l’adoption. C’est le sixième tonnerre, qui tonne après six autres tonnerres.
Je rappelle que le mystère des sept tonnerres d’Apocalypse 10 est maintenant révélé et qu’il permet de comprendre les sept étapes de la gloire de Dieu.
Parce qu’être adopté par notre Seigneur, c’est
une couronne de gloire pour l’homme. « A
celui qui vaincra… je lui donnerai un caillou blanc… où est écrit un nom
nouveau que lui seul connaît ».
Celui qui a vaincu on le reconnaît dans Apocalypse 3 :14 : c’est le témoin fidèle et véritable. Il faut que ce témoin soit complet en nous, qu’il prenne toute la place, que la vérité soit totale ; Que Christ en nous ait établi son trône.
On est loin, très loin du croyant qui
s’inquiète pour ses proches lorsqu’ils sont dans la souffrance.
On est loin aussi du croyant qui ne cesse de
prier lorsqu’il voit sa famille se diviser.
Son attachement à sa famille montre qu’il est encore à un stade mineur de sa foi.
Je ne suis pas en train de me moquer de
celles et ceux qui sont timorés, attachés à leurs habitudes et qui ont peur de
perdre un être cher.
Je suis en train d’aider chacun à y voir plus
clair sur son intimité, son niveau de foi avec son Dieu.
3)
LES 3 RELATIONS D’ABRAHAM AVEC DIEU
En fait, au début de notre foi nous sommes
dans une relation de « serviteur-maître »
avec Dieu.
Nous obéissons à Dieu comme un serviteur,
comme un enfant obéit à son père.
Puis nous passons à un autre stade, à celui
« d’ami-ami » avec
Dieu.
Il ne nous appelle plus serviteur parce le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, alors que si nous sommes son ami, nous savons ce qu’il fait.
Abraham savait ce que faisait Dieu parce qu’il est passé à cette relation
amicale à Beer-Schéba.
Il fit une alliance d’ami-ami avec Abimelec. Il ne pria pas pour demander l’avis de Dieu.
Il savait que cette alliance était juste puisque Dieu l’avait amené pour y
vivre en paix et qu’il avait béni Abimelec, le guérissant lui et toute sa
famille. Donc, Abraham prit l’initiative de creuser un puit et de sacrifier
sept brebis. Là aussi, sa connaissance de Dieu lui donnait de l’assurance. Il
avait acquis l’intime conviction que cela était juste et que l’union avec
Abimelec était de nature pure et durable.
Abraham planta des tamaris, un
arbre dont les feuilles souvent blanches et en grappes évoquent la
purification, comme son bois aussi, qui sert à la construction et qui montre
l’union durable.
Le père d’Isaac invoqua à ce moment-là son Dieu.
Toutes ses actions, elles permises à Abraham de séjourner au pays des Philistins dans la confiance et la paix (Genèse 21).
Mais auparavant, Abraham avait-il cette relation avec
Dieu ?
Non, il était serviteur du très haut. « …
Abram âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l'Eternel lui apparut et lui dit: Je suis le Dieu
tout-puissant. Marche devant ma face, et sois intègre ».
Nous sommes alors au chapitre 17 et Dieu commande à Abram d’obéir en tout point.
C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’il a reçu l’ordre de circoncire les garçons,
dès le huitième jour après leur naissance, pour qu’ils servent Dieu à leur tour.
Ensuite, la hiérarchie maitre-serviteur s’exprime encore au
verset 22 : « Lorsqu'il eut achevé de lui parler, Dieu s'éleva
au-dessus d'Abraham ».
Même au chapitre 18, Abraham a toujours cette relation lorsqu’il rencontre
Dieu parmi les chênes de Mamré.
Il a cette réaction au verset 3 :
« Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point, je te prie, loin de ton serviteur ».
Après cette alliance et l’alliance d’ami-ami, c’est alors
que peut s’effectuer l’alliance de Père
à fils.
L’alliance qu’Abraham fit à la montagne de Moriah (Genèses
22) marque une nouvelle relation.
D’ailleurs, quand Dieu l’appelle, Abraham ne dit pas :
« parle ton serviteur écoute », « il répondit: Me voici! ».
L’histoire d’Abraham confirme une chose essentielle : La relation que nous avons avec les hommes montrent la relation que nous avons avec Dieu et l’alliance qui a été faite avec lui.
Et cela démontre bien souvent que nous devons évoluer dans
nos relations les uns avec les autres et ne pas regarder en arrière.
La religion vous fera toujours rester à une relation de
maitre-serviteur. Vous serez toujours soumis à leurs rites, leurs traditions, leurs
hiérarchies injustes.
Atteindre Moriah demandera
toujours à passer par Beer-Schéba en premier.
Cette
étape permet de reconsidérer sa vision et ses croyances.
Contre toute attente, Abraham changea sa manière de
considérer le philistin Abimelec.
Ayant au départ peur de lui, il reconnut qu’il n’était pas
son ennemi, mais plutôt son égal. Le chef Philistins ne voulait pas se venger
non plus du mensonge d’Abraham, lorsqu’il lui présenta sa femme comme sa sœur.
Abimelec respectait au plus haut Abraham, le considérant
comme un envoyé de Dieu et contre toute attente, lui-même faisait la volonté du
Seigneur :
« J'ai agi avec un cœur pur (dit-il) et avec des mains innocentes. Dieu lui dit en songe: Je sais que tu as agi avec un cœur pur… ».
Pour terminer, je dirais que la mise à
l’épreuve est comme la révélation : progressive, mais indispensable à
notre consécration.
Ne redoutons pas les épreuves à venir mais
plutôt préparons-nous à les vivre en ayant pris l’habitude d’obéir à Dieu en
tout point.
Amen
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