dimanche 20 mars 2022

La VEILLESSE : Malédiction ou bénédiction ?

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Par Eric Ruiz

 

Vieillir fait toujours partie des sujets tabous. On évite d’en parler ; ou on en parle pour évacuer ses peurs. Mais il faut l’aborder parce que c’est une période importante de la vie, même si tous n’y parviennent pas ou peu.

Je regardais mon père âgé de bientôt 88 ans, qui se demande tous les jours pourquoi il est obligé de continuer de vivre ainsi, dans un corps qui lui fait honte et qui le diminue sans cesse (lui un ancien sportif obligé de se déplacer avec un déambulateur ; ou de passer du lit au fauteuil et du fauteuil au lit).

Et je me disais : « à quoi sert la vieillesse ? »


C’est vrai, pour beaucoup une période très difficile, pénible, voire invivable s’annonce à eux (aller disons-le, une période comme l’enfer !).

La déprime des séniors n’est pas un fait rare.

Isolés par les deuils de leur entourage, ils perdent l’envie de vivre ; N’ayant plus le travail qui rythmait leur journée, ils se sentent inutiles.

Même avec les progrès actuels de la médecine, la vieillesse traine avec elle la perte de la force physique, on est aussi plus vulnérable, invalide parfois, dépendant, fatigué, diminué physiquement mais mentalement aussi,(parce que beaucoup perdent la mémoire à court terme) ; sans oublier aussi que cette vieillesse permet de mesurer, surtout de nos jours, son décalage avec les plus jeunes générations. Par conséquent, vieillir est souvent synonyme de s’aigrir encore plus avec la vie.

Alors à quoi sert de vieillir ? Pourquoi le Seigneur notre Dieu ne prend pas le croyant avant qu’il atteigne un âge avancé ?

D’ailleurs, un bon nombre de croyants  redoutent la vieillesse et prient dans ce sens. Ils prient pour qu’un enlèvement ait lieu avant qu’ils aient à vivre ce moment-là.

Mais Dieu a fait une promesse à Abraham que nous lisons dans Genèse 15 :15, et ce n’est pas de vieillir qu’il lui a promis ; il lui a dit : «  Toi tu iras en paix vers tes pères, tu seras enterré, après une heureuse vieillesse ».

S’il a promis une vieillesse heureuse aux hommes de foi, c’est que cette vie-là doit l’être ainsi.

Mon propre père, quand il me voit chaque semaine, me dit : « je ne suis pas comme toi, je crois qu’il n’y a rien après la mort »

Mon père vit sans l’espérance du salut, et sans la paix dans l’âme. C’est ce désespoir, ce malheur qui le mine dans ses vieux jours. Il ne comprend pas pourquoi je reste là, moi, calme et serein alors que lui se retrouve seul à se battre avec sa souffrance qu’il trouve injuste et humiliante.

Je réalise le cadeau que notre Seigneur nous fait en vivant tout ce qui nous arrive, dans la paix.

Parce que le plus important je le répète, ce n’est pas l’épreuve que nous traversons c’est « comment » nous la traversons.

D’où provient la lumière ? De notre corps ? Ne serait-ce pas plutôt de notre esprit ou de notre âme ?

Le handicap n’est un handicap que pour celle ou celui qui le voit ainsi.

J’ai connu un champion de monde de triathlon handicapé, qui me disait que la plus belle chose qui lui soit arrivée est celle d’avoir perdu sa jambe accidentellement.

Il s’est trouvé alors de nouveaux combats, de nouveaux challenges qui ont changé sa vie, qui lui ont donné des buts beaucoup plus élevé qu’avant.

Un homme de foi, lui, voit dans les aléas de la vie, des moyens différents de rendre gloire à Dieu.

Ses faiblesses, ses limites, ses petites douleurs, ses handicaps du moment lui servent à s’abaisser encore plus, à grandir dans l’humilité. Il devient dépendant encore plus….peut-être des autres, oui mais de Dieu en premier.

Perdre sa force en vieillissant c’est une bénédiction…Mais attention pour ceux qui cherchent un moyen d’agir différemment. « Que le faible dise je suis fort », fort par celui qui me fortifie. Moins on comptera sur soi plus le ciel s’ouvrira alors.

Et puis, on ne le dit pas assez, mais l’attitude de la personne âgée est un modèle pour les jeunes générations. Le papy, la mamie, c’est le confident, c’est la personne qui montre l’écoute, le cœur, qui donne le conseil sage. C’est le point lumineux de la tendresse.

La tendresse mais aussi, l’honneur.

« Les cheveux blancs sont une couronne d'honneur; C'est dans le chemin de la justice qu'on la trouve. », nous dit Proverbes 16 :31

Marcher sur le chemin de la justice nous fait réaliser que nous avons une couronne d’honneur pour nos vieux jours.

Et si on parle d’honneur ; Dieu, lui, met un point d’honneur à bénir celui qui marche devant lui dans l’intégrité ;

C’est-à-dire, celui qui use de transparence avec lui, qui a su faire tomber son masque d’hypocrisie pour laisser apparaitre ce qu’il est réellement.

Par contre, il existe une ancienne croyance dans le fait que vieillir est une bénédiction accordée seulement à celles et ceux qui font le bien et que pour les autres, ils sont repris avant, rattrapés par leurs méchancetés. On cite le Proverbe 3 :1 pour étayer son raisonnement : « Mon fils, n'oublie pas mes enseignements, Et que ton cœur garde mes préceptes; Car ils prolongeront les jours et les années de ta vie, Et ils augmenteront ta paix. »

Ce sont les jours de paix qui augmenteront dans la vieillesse, alors que pour les autres, les jours pourront augmenter…mais la paix ne sera pas au rendez-vous.

Shalom, le mot hébreu employé dans le texte a un sens plus large que la paix du cœur, c’est aussi un corps en bonne santé, un bien être général de la personne.

Et à l’inverse si des jours de tourments, de souffrance augmentent, je ne suis pas certain que beaucoup rêvent alors de prolonger leurs jours pour vieillir.

Le troisième âge : c’est encore un temps de jugement. Un temps qui montre notre passé et qui fait le bilan avec ce que l’on a semé dans notre vie.

Alors : Vieillit-on comme on a vécu ?

Je l’crois vraiment, oui.

Vieillir devrait montrer que nous nous sommes dépouillés du vieil homme (de notre veille nature) ; que nous avons vaincu le mal.

Il n’est qu’une seule manière de bien vieillir, c’est de mourir auparavant.

Si nous sommes morts de notre vivant alors nous vivrons parfaitement notre vieillesse.

Pour le roi Salomon, vieillir ne fut pas pour lui un havre de paix. 1 Roi 11 nous dévoile l’irritation de Dieu qu’il a eu pour le roi d’Israël, à la fin de sa vie, à cause de ses transgressions.

Le royaume du fils de David vécut certainement dans la paix ; mais pour lui ?

Salomon finit sa vie dans la guerre, la tourmente, la dépression (c’est ce que nous renvoie aussi les écrits de l’Ecclésiaste) .

1 Roi 11 : 14 : « L'Éternel suscita un ennemi à Salomon: Hadad, l'Édomite,…23 « Dieu suscita un autre ennemi à Salomon: RezonIl fut un ennemi d'Israël pendant toute la vie de Salomon 26 « Jéroboam aussi, serviteur de Salomon, leva la main contre le roi. »

Trois ennemis assaillirent le trône de Salomon et le dernier, Jéroboam fut un peu le coup de grâce, car c’est lui le serviteur faisant office de traite qui prendra la succession du royaume d’Israël et qui fera la guerre au royaume de Juda.

Mais, qui sont véritablement les ennemis de Salomon ? Ces ennemis qui montrent aussi les nôtres ?

Hadad signifie en hébreu « puissance ». Rezon nous montre par la racine razan le chef, le souverain, le monarque et enfin Jéroboam nous renvoie au peuple nombreux, à l’abondance.

Ce qui a rendu une vieillesse malédiction pour Salomon fut la convoitise ; ses désirs de puissance, de règne et d’abondance.

Eh bien ses trois désirs sont ce qui forment les trois 6 du 666 : La marque de la bête ; La puissance par la sagesse, le règne et la richesse sont attachés à l’être animal, le 6;

Et des esprits souverains, avide de pouvoir et de domination comme Salomon, il en existe pléthore aujourd’hui. Ces êtres maléfiques sont l’image, la représentation de la bête ; et ils sont adorés vénérés.

Ne vivent-ils pas ou ne vivront-ils pas l’enfer avec cette marque de la bête sur eux ?

Et le roi de Juda Ozias; lui aussi maltraita à sa façon le temple. Son cœur hautain, ivre de puissance l’amena à profaner le temple en brûlant lui-même les parfums sur l’autel, se moquant par la même de la fonction des lévites.

Sa vieillesse fut une véritable calamité puisque en plus d’être retranché de son peuple, la lèpre ne le quitta pas jusqu’à son lit de mort.

Cela veut dire que : celles et ceux qui se rebellent à un moment donné contre Dieu alors qu’ils ont été missionnés se retrouveront à finir leur vie, marqué par l’esprit de la bête.

Ils seront dans la tourmente, à combattre contre des ennemis ou des maladies terribles ; à être retranchés, plutôt que de vivre une « heureuse vieillesse» au milieu des siens, (cette vieillesse promis aux gens de foi, promis aux descendants d’Abraham).

Alors, avons-nous marché sur le bon chemin ? Ou notre vieillesse montre-t-elle le contraire, que nous nous sommes détournés du chemin de la vérité ?

Si les ronces et les mauvaises herbes ont poussé en majorité, c’est que nous nous sommes faits notre propre dieu et que la bête y a fait une marque profonde.

Si l’amertume, les regrets, la jalousie, la lassitude fait partie de notre quotidien, c’est que le temple de l’Esprit saint n’est pas ou n’est plus au milieu de nous. Quel temple y règne alors ?

Par contre, si notre jardin intérieur possède toujours des fruits abondants tels que la patience, la bienveillance, la bonté, la douceur, c’est que Dieu continue à y faire croître ses atouts.

Ce beau jardin intérieur est visible chez l’apôtre Paul dans sa lettre à Philémon. Il le dit au verset 9 qu’il est âgé, vieillard (presbutes en grec) et par surcroit en prison.

Eh bien même limité, cela n’empêche pas l’apôtre d’être bienveillant auprès de ses frères et de les encourager à agir avec bonté et patience, en s’honorant les uns les autres.

La vieillesse a cette qualité, c’est que l’on parvient de moins en moins à cacher ce que l’on dissimulait autrefois.

Pourquoi ? Parce que tout simplement les forces manquent et on s’épuise vite dans les combats avec soi-même… et puis tout remonte à la surface.

Les souvenirs de notre enfance comme l’enfance elle-même remonte.

Et si des évènements, des personnes ont troublé notre enfance, c’est le moment de faire le deuil de tout son passé.

Comment faire le deuil ?

En effaçant son passé, en pardonnant à son passé, en le laissant là où il est ; et en faisant que rien de ce qui remonte ne soit un moyen d’ouvrir les vieilles blessures ni d’additionner à nouveau les dettes.

Stephen King le célèbre écrivain américain a écrit une chose intéressante concernant le fait de vieillir : « c’est peut-être ça vieillir, apprendre à ne plus tricher avec la vie » je rajouterai, pour être précis : à ne plus tricher avec soi et avec les autres.

Parce que, refuser de vieillir en gardant son masque du passé c’est encore vieillir plus vite.

Pour conclure je voudrais citer cette  citation de Jacques Salomé  qui résume contient tellement de vérité: « Vieillir, ce n’est pas ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années ».

Jésus est la vie et vieillir revient à laisser croitre Christ en soi, année après année.

Je crois vraiment que notre Seigneur a fait la vieillesse comme il a fait la vigne ;  pour les mêmes raisons, pour que le temps bonifie un bon vin pas pour le rendre meilleur, pour le rendre exceptionnel.

Alors Dieu nous a donné des jours à accomplir, mais lesquels ?

Sa volonté et que nous, fils d’Abraham, nous vivions longtemps et heureux. Mais nous avons les moyens de raccourcir notre vie ou de rallonger nos souffrances. Ne faisons pas de calcul insensé : marcher sur le chemin de la justice en Christ nous permettra de vivre dans une plénitude de paix, de joie, de bonheur quel que soit notre âge.

Amen

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