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Par Eric Ruiz
Qui ne s’est jamais permis des conseils en affirmant avec force et conviction : « si j’étais à votre place je ferai telle chose et j’éviterais telle autre » ?
Or, se poser des questions, comme émettre des réponses sur des choses à faire où à ne pas faire, ce n’est pas du tout la même chose que de se poser les mêmes questions… mais dans une situation désespérée où on joue sa vie, on joue sa peau. Nous ne sommes pas dans un film hollywoodien, où à tout instant peut surgir une pensée étincelle. Là vous pouvez reprendre vos conseils et en faire des confettis.
Le livre de Jonas dans la Bible, nous met en
face de la situation effroyable.
Jonas 1 :11 BFC: (et je le
rappelle avec le nombre 11, c’est l’heure du grand jugement)
« Que devons-nous faire de toi pour que la mer s'apaise autour de nous? La mer était en effet de plus en plus démontée.»
Ici, le contexte est poussé à l’extrême. La
tempête est d’une telle violence que d’un moment à l’autre le bateau risque de
se briser par la puissance des vagues.
Les marins prient pour que la tempête se
calme. Mais ils se posent la question véritable. Ils savent que la tempête se calmera
si eux, prennent la bonne décision. Et c’est terrible ! Puisque la réponse
concerne l’un d’entre eux qui doit être sacrifié pour la vie des autres.
Le malheur qu’ils vivent provient de la
responsabilité de l’un d’entre eux.
Jonas sait que le malheur vient de lui, et il incite les marins à se débarrasser de lui, à le jeter par-dessus-bord.
Mais la décision est très dure à prendre et des
plus pénibles. Tuer un homme de sang-froid, c’est une décision effroyable, même
si c’est apparemment la seule et unique solution dans le cas présent.
Il est très difficile de tuer un homme qui ne nous a rien fait directement. Et qui plus est, Jonas semble honnête vis-à-vis d’eux, son témoignage inspirerait plutôt une forme de pitié.
Dave Grossman, lieutenant-colonel de l’armée américaine, explique dans son livre « On Killing »( donner la mort), qu’il est extrêmement difficile pour l’homme de tuer un de ses semblables. Seuls 15 à 20% des soldats d’infanterie cherchaient vraiment à ouvrir le feu sur leur adversaires ; et plus l’ennemi est dans un espace proche, plus l’acte est difficile. Avoir recours à un conditionnement est par conséquent indispensable pour déshumaniser, diaboliser celui qui doit être éliminé.
Si bien que les marins face à Jonas ne passent
pas à l’acte directement, ils essaient quand même d’aller au bout de leurs
forces et font tout pour regagner le rivage à la rame (verset 13) ; mais
leurs efforts sont inutiles et ils ne démontrent que leur impuissance face à
une mer qui se déchaîne encore plus.
Ils doivent se rendre à l’évidence qu’il ne leur
reste que la solution qu’ils redoutent le plus.
Alors, les voilà pris de repentance, les voilà qu’ils se tournent vers l’Éternel et qui prient : « Ah, Seigneur, ne nous laisse pas perdre la vie à cause de cet homme. Ne nous rends pas non plus responsables de la mort de quelqu'un qui ne nous a rien fait » (verset 14).
Puis, ils passent à l’acte et jettent Jonas par-dessus bord, « et la tempête cessa de faire rage» (verset 15).
Ce passage est très significatif de nos prises
de décisions.
Quand rien ne presse vraiment, quand rien ne
nous pousse à réagir au plus vite, nous ne sommes pas prêts à prendre des
décisions radicales qui ont des conséquences lourdes, et disons-le, définitives
sur les autres, mais aussi et surtout sur nous-mêmes.
Tant que notre maison n’est pas en péril et qu’il
n’y a pas le feu, nous allons, entrant et sortant, d’un pas léger.
Mais, attention, avec une maison en feu, nous prenons nos jambes à notre cou et nous mettons toutes nos forces pour en ressortir le plus rapidement possible.
La tribulation que nous vivons actuellement,
c’est un temps qui ressemble à la tempête redoutable de Jonas.
Ce qui nous arrive nous met dans un état extrême pour prendre une décision.
Si nous n’avons pas jeté à la mer ce qui nous
a occasionné autant de malheur dans notre vie, alors nous périrons.
Pour reprendre l’attitude des marins et de
Jonas, nous aurons beau trouver des circonstances atténuantes, des excuses
légitimes et utiliser toutes nos forces dans la bataille, cela ne servira à
rien.
Il nous faudra opter pour la seule réponse, le seul sacrifice qui nous sauvera de la grande détresse dans laquelle nous sommes placés.
Mais quel est ce sacrifice ?
Jonas est comme le diable en personne, alors
que devons-nous faire ?
Devons-nous, nous aussi nous en prendre à un
ennemi physique potentiel ? Devons-nous éliminer la ou les personnes qui
nous ont causé du chagrin ? Est-ce un appel au meurtre ?
Les religieux cherchent partout l’homme impie, l’antichrist, le diable, le mal incarné qui devrait imposer sa domination sur la planète. La vérité est qu’ils ont sans doute besoin d’un miroir.
Revenons au récit de Jonas ;
Les marins ont tout tenté. Ils ont d’abord
jeté par-dessus bords toute la cargaison qui alourdissait le navire (verset 5).
Mais cela n’a servi à rien. Ce n’était sûrement
pas dans le fait de se délester du chargement de matériel qui aurait pu les
sauver de la tempête.
Et dans nos vies, nous aurons beau nous débarrasser de nos symboles lourds de richesses (l’excès d’argent, les grosses voitures, les biens superflus, les diplômes, les décorations, les médailles, les habits de fêtes et mêmes des objets de culte, ou encore l’amertume accumulé par un passé peu glorieux) rien ne fera changer la situation désastreuse.
Les marins à bout de force sortirent Jonas de la cale dans laquelle il se cachait et dormait et lui sommèrent de crier à son Dieu pour les épargner, et ils lui demandèrent de s’identifier : d’où venait-il, qui était-il réellement, quel Dieu louait-il ?
La peur de périr rapidement nous force à nous poser les bonnes questions sur les autres mais surtout sur nous-mêmes.
Et la question tombe sur cette identité que
nous pensions avoir acquise et elle tombe aussi sur nos prières que nous
pensions justes et qui sont des chimères, des paroles sans consistances ;
Car là, c’est la fin, il n’y a plus d’alternatives, la mer est prête à engloutir ses victimes. Il n’y a plus de temps pour rester cacher.
Alors Jonas, lui, se met à nu, il reconnait ses fautes vis-à-vis de Dieu. Il avoue l’avoir fui au bout du monde pour ne pas lui obéir.
Donc notre ennemi, ce n’est pas une personne,
un vis-à-vis diabolique, c’est cette vielle nature qui n’a pas été tuée. Elle
doit être comme Jonas, mise à nue et dévoilée, là, devant nous.
Jonas était prophète de l’Éternel mais c’est
son imposture qui est jugée.
Car c’est bien cette mauvaise personne, qui se cachait au fond de la cale du navire, qui bien que priant, bien qu’appelée par Dieu, bien qu’ayant les apparences d’être élue est celle qui se cache au fond de notre âme et qui est responsable de notre malheur.
Jonas, homme de Dieu, désobéissant, arrogant,
se permettant de dire « non » au projet de Dieu, ne montre pas une
espèce rare de faux prophètes.
C’est ce croyant lambda qui reçoit sa mission
auprès de ses semblables, qui en est fier dans un premier temps, qui
l’accomplit avec zèle ; mais qui, dès que la mission se tourne vers un
autre peuple rebelle, préfère s’en détourner parce qu’il ne veut pas aller vers
un peuple qu’il considère comme méprisable, inutile, qui ternirait sa
réputation.
Ce qui n’a pas été jeté par-dessus-bord, sacrifié, c’est l’arrogance, c’est sa propre idolâtrie et c’est la convoitise de briller avec des croyants qu’on s’est choisi personnellement.
Jonas a (c’est vrai) travaillé dans la vigne
du Seigneur en Israël. Il a porté secours aux opprimés, à qui il prédit que les
frontières du pays seront rétablies (2 Rois 14 :23-27).
Mais quand il a vu que Dieu lui demandait
d’aller à Ninive en Syrie pour délivrer ce peuple, il a trouvé injuste de le
faire.
Ces travailleurs de la dernière heure ne méritaient
pas selon lui le salaire que leur donnerait notre Seigneur. Le même salaire que
lui a reçu ! Vous n’y pensez pas, cette mission il l’a considère comme
indigne de lui…indigne de Dieu.
Mais Dieu ne nous demande pas d’aimer ceux qui
sont aimables, de nous rapprocher que de ceux de notre « espèces ». Il
nous demande d’aller même vers ceux qui ne nous aime pas, qui nous dénigrent,
qui nous combattent, comme Jonas devait le faire avec les habitants de Ninive.
Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a plus de races, plus de
nations en lui, plus d’hommes et de femmes, de juifs et de grecs. Il n’y a plus
que sa volonté qui brise toutes les sectes, toutes les limites.
Le reste n’est que vanité et poursuite du vent comme le disait l’Ecclésiaste.
Alors, je vous l’accorde, le récit de Jonas
est tragique, tragique pour celui, qui, dans le moment où la mort vient frapper
à sa porte, doit prendre la décision la plus importante.
Il n’y a pas deux possibilités avec Jésus-Christ,
deux chemins parallèles. Le seul chemin c’est celui-ci :« Celui qui voudra sauver sa vie la perdra mais
celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.».
Tout est résumé dans ces paroles de Jésus. Le
naufrage de Jonas comme le naufrage de
celui qui persévère dans ses mensonges jusqu’au bout.
Il y a un grand sacrifice à faire pour rester en vie. Les marins, qui avaient tous un dieu différent et qui le priait, en étaient convaincus. Ils savaient que ce sacrifice humain était la seule réponse ;
Et leur repentance joint à leur crie vers Dieu doit être mis en avant dans nos messages sur Christ. Au verset 16, il s’agit là d’un véritable baptême de repentance : « Alors ils furent remplis de crainte à l'égard du Seigneur; ils lui offrirent un sacrifice et lui firent des promesses solennelles. »
Pour l’homme et la femme du 21ème siècle, nous
voilà revenu à Genèse 6 :11, ce 11 où « La
terre était corrompue devant
Dieu, la terre était pleine de violence. ».
C’est exactement la même époque qu’au temps de Noé. Et Jésus nous
avertit qu’à la fin il en sera comme du temps de Noé.
La seule réponse face à cette violence contre
Dieu d’abord, c’est le sacrifice d’un être vil, mais pas une tierce personne, celui
de notre vielle nature.
Cette femme infidèle, perverse qui dort en nous ; et qui voyant
arriver sa dernière heure, fait encore davantage semblant de ne plus exister.
Oui, elle fait semblant.
Avez-vous remarqué, dès que les choses deviennent
difficiles, une fausse humilité tombe sur celui ou celle qui est éprouvé. Et cette humilité a tendance à tromper tout le monde et en particulier la
personne qui l’exprime.
Or, il n’est plus question de continuer à
mentir ni de simuler, pour sauver sa peau.
Dieu, n’est pas un homme que l’on dupe.
Il ne s’agit pas non plus d’être inventif, non, mais tout
simplement d’être enfin VERITABLE.
Jonas l’était-il quand il a témoigné de son
imposture aux marins ?
On aurait envie d’être affirmatif. Or,
avait-il décidé de repartir vers Ninive pour obéir à son Seigneur ?
Ses intentions n’avaient en réalité pas changé
d’un iota.
Par cette fausse humilité, Jonas ou plutôt son être naturel voulait juste échapper à cette mort certaine en attendrissant le cœur de l’équipage.
Le jugement tombe au verset 11 du premier
chapitre de Jonas, celui que nous avons lu (à ce verset, la question de la
mort de Jonas est posée); et au deuxième
chapitre selon les versions nous avons un verset 10 ou un verset 11, qui nous
indique que Jonas est recraché, vomit par le poisson, sur la terre par un
commandement de Dieu.
Voilà le jugement du verset 11, qui a été
prononcé pour l’homme impie. Il doit réparer son imposture, finir sa mission en
écrasant ses préjugés.
Mais ce verset qui est aussi le 10, indique un fléau, une coupe de colère à boire, un retour dans le feu de l’épreuve.
Pour conclure, je dirais qu’au vu du récit de Jonas, mettre à
mort sa chair est un acte aussi difficile à faire que de réaliser un meurtre.
Par nature, nous sommes attachés très
fortement à notre être primitif et il nous faut dépasser les limites de ce
qu’un homme peut supporter pour trouver la force de s’opposer à ce vieux démon.
Et ce
n’est pas en diabolisant mentalement ou par la parole cette chair, que nous y
arriverons.
La prise de conscience salutaire, nécessite une rencontre avec la mort, la voir en face.
Maintenant, on pourrait se poser la
question : À quel moment Christ vient nous libérer et nous purifier de ce
fardeau ?
Le récit de Jonas est encore très significatif à ce sujet : la mer se calme, une fois que la prière des marins est faite et que s’en suit l’acte qui va les libérer.
Pour vous donner une autre image : Dieu
répond à notre prière : « Père, délivre-nous
du mal », après nous avoir amené au bord d’une falaise.
Et là, ce n’est pas nous qui allons sauter,
c’est la falaise, c’est la falaise qui va disparaitre.
Amen.
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