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Par Eric Ruiz
En préambule, je voudrais vous avertir que je vais toucher un sujet sensible très controversé et tabou : la maladie du croyant. Mais Dieu rétablit les choses qui ont été enfouis au plus profond. Il nous donne de la manne cachée en son temps.
Nous prions souvent pour chasser le mal ou pour l’éviter. « Père délivre-nous du mal, protège-nous du mal ».
Un serviteur de Dieu pense toujours qu’il est
protégé des attaques adverses et que toute arme forgée contre lui sera sans
effet.
Certes, les armes seront sans effets contre lui, mais cela ne repousse pas forcément le tireur, le rival. L’arme et l’opposant sont toujours très présents, voire très provoquants.
Paul va dans le même sens et semble donner un commandement du Seigneur lorsqu’il affirme que : « …tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Timothée 3 :12).
Maintenant quelle est l’attitude à avoir face à la persécution ?
David, alors qu’il était roi d’Israël et que
Saül était mort, vit arriver vers lui « un
homme de la maison de Saül, nommé Schimeï, fils de Guéra ».
Schimeï venait à lui en proférant des
malédictions, en jetant des pierres sur lui et sur ses serviteurs. Il le
traitait d’homme cruel et criminel. « Il faisait
voler la poussière », en le
maudissant et ne quittait pas David des yeux, en marchant en parallèle, sur le
flanc de la montagne.
Abischaï, un des hommes de David ne
supportant plus la situation dit au roi : « Laisse-moi je te prie couper la tête de ce chien ».
Abischaï, était, comme la plupart des croyants aujourd’hui : radical, sans pitié avec ceux qui font le mal.
Insulter un roi, c’est comme insulter un serviteur de Dieu, c’est intolérable et méprisable au plus haut point. Cela demande une réaction et une sanction des plus radicales.
David, oint par l’esprit saint ne fut pas du tout de cet avis. « Laissez-le, et qu'il maudisse, car l'Eternel le lui a dit. 12Peut-être l'Eternel regardera-t-il mon affliction, et me fera-t-il du bien en retour des malédictions d'aujourd'hui. » (2Samuel 16 :11-12)
David avait été enseigné par l’esprit à ne
pas anéantir le persécuteur. Il avait compris que le laisser agir, c’était une
attitude juste.
Car, c’est l’Eternel Dieu qui permet lui-même
que cet homme puisse agir ainsi.
David à bien des niveaux manifestait la grâce de Dieu. Pas parce qu’il était meilleur que les autres, mais parce que son état d’âme et son onction le permettaient tous deux.
Dans les faits, pour nous, nous aimons prier
Dieu pour faire sa volonté, nous prions pour qu’il puisse agir à travers
nous ;
Mais paradoxalement, nous pensons que nous
devons faire taire les ennemis, ceux qui nous veulent du mal.
Comme si leurs injures allaient entacher notre beau vêtement de sainteté.
Ah ! On peut tout nous faire, sauf une chose : toucher à ce vêtement de sainteté qui est le nôtre !
En fait, c’est l’humiliation que cela
provoque, qui est insupportable.
S’il y a toujours de l’orgueil en nous, notre réaction sera évidemment comme celle d’Abischaï : une envie forte de couper la langue à celui qui nous couvre d’injures et d’outrages.
Mais voilà, la persécution est indispensable à notre vêtement de sainteté.
Je vais poser une question surprenante sans doute : La persécution, est-elle seulement humaine ?
N’existe-il pas d’autres formes de
persécutions ?
La
maladie par exemple, n’est-elle pas, elle aussi, une persécution pour le
croyant ?
Nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang mais contre les esprits mauvais dans les lieux célestes.
La maladie : n’est-elle pas elle aussi
l’expression d’un esprit impur ?
Je rappelle qu’il n’y a pas qu’une seule sorte
de maladie, mais 5.
J’avais développé cette doctrine dans le
message « la maladie
vient-elle du diable ? » Il
y a :
1. La " maladie-malédiction " transmise avec
l’hérédité
2. La "maladie-provoquée" une conséquence
directe du péché (le cancer du fumeur par exemple)
3. La "maladie-fatalité" qui peut être
une destinée finale.
4. La "maladie-châtiment" créé par notre
désobéissance
5. La "maladie-bénédiction" une mise à part comme une consécration, où se trouve, nous l’avons vu aussi la maladie révélation ; mais il y a aussi dans ce registre de maladie bénédiction : la maladie persécution, celle dont je vais vous parler ici.
J’en avais fait part récemment, un croyant
qui est malade ressent de la honte, une forme d’indignité, de déshonneur même.
Cela lui occasionne la même humiliation que
des calomnies à son égard. Il sent qu’il vit une terrible injustice.
D’un côté, c’est vrai, il prie pour les malades et constate des guérisons chez les non croyants ; et d’un autre côté lui, croyant, est atteint de maladie durable, chronique, menant parfois à la mort.
Pourquoi un tel opprobre ? Pourquoi sommes-nous si peu épargnés des afflictions ?
D’abord, si nous tombons malade, il est juste
de prier pour sa guérison et de l’attendre avec foi.
Mais si le mal persiste, doit-on continuer à
supplier Dieu, de nous en délivrer ?
Car, après-tout et si Dieu avait un projet ?
Voyez-vous,
il y a aussi une maladie qui agit comme le ferait un persécuteur.
Pourquoi
alors, s’acharner tous les jours à prier pour sa guérison ?
Si nous
rentrons en combat contre nos persécuteurs, nous rentrons en combat contre
notre propre consécration.
Je reprends quelques passages d’Esaïe
53 :
« Qui a reconnu le bras de l'Eternel?
…Homme de douleur et habitué à la souffrance, Et nous l'avons
considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié… Il a été maltraité et
opprimé, Et il n'a point ouvert la bouche, Semblable
à un agneau qu'on mène à la boucherie… Il a plu à l'Eternel de le briser
par la souffrance…C'est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands».
Vous avez vu les mots chocs employés dans le chapitre 53 :
« souffrance, douleur, humilié, maltraité, opprimé, briser… » ; Là
aussi, on se plait à louer le fils de Dieu pour son sacrifice ; (en se
disant à voix basse) qu’on l’a échappé belle quand même en ne vivant pas sa
souffrance à lui.
Mais attention, on nous a promis à nous aussi
une part avec les grands et Jésus est le chemin.
Ce qui veut dire aussi qu’il nous montre le
chemin sur lequel nous devons nous aussi marcher.
L’héritage, le sien est pour nous, si nous
marchons dans ses pas.
Ce n’est pas notre salut qui est en jeu ici,
mais c’est « notre part avec les
grands, notre butin avec les puissants », comme lui.
Voulons-nous aussi être le bras de
l’Eternel ?
Alors,(et là notre chair n’a pas fini de grincer
des dents et de crier le plus fort possible en nous NON !) il y a une couronne de gloire à obtenir par
la souffrance.
Jésus-Christ ne nous a-t-il pas prévenu qu’il
y aurait un chemin de souffrance?
« Je vous ai dit ces choses, afin que
vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde;
mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. »
(Jean 16 :33)
Je dois vous confesser (et je ne me place évidemment
pas en maître en vous disant tout cela). Vous avez pu le constater, depuis plus
d’un mois je suis affaibli par un nez bouché, jour et nuit.
Je me suis habitué aux inconvénients de la
sinusite, par exemple, aucune envie de manger, ni aucun goût pour les aliments.
J’ai prié, j’ai demandé à Dieu de m’ouvrir
les yeux sur mes fautes … et j’ai été voir le médecin, j’ai pris des
antibiotiques (des années que je n’en avais pris) ? J’en suis à la
troisième ordonnance, mais la guérison n’est toujours pas là.
Je ne me plains pas. Mais la maladie agit comme
une maîtresse maltraitante. Elle nous humilie, elle nous brise en nous
infligeant de mauvais traitement.
C’est vrai aussi que je connais parmi mes proches, des croyants plus affectés que moi par la maladie, des maladies qui mènent à la mort. Eux, ils n’ouvrent pas la bouche, ils ne se plaignent pas ; et je me sens bien petit vis-à-vis de leur consécration.
Nous devons être avec cette sorte de maladie, comme David l’était avec Schimeï ; une attitude de confiance, de foi, de lâcher prise et de louange.
Je reprends le verset où David confesse sa
foi et je vais y introduire les mots maladie et souffrance à la place de
maudire, de malédiction :
« Laissez-la, la maladie, et qu'elle fasse son œuvre, car l'Eternel le lui a demandé. Peut-être l'Eternel regardera-t-il ma souffrance, et me fera-t-il du bien en retour des maladies d'aujourd'hui ».
Mes frères, mes sœurs, mes amis :
N’ayons surtout aucune rancœur, aucun sentiment d’injustice : il a plu à Dieu de nous briser par la souffrance (et pourquoi pas par la maladie aussi ?).
De la même manière, j’ai vu ma mère croyante,
vivre ses dernières années dans un corps qui lui rappelait à chaque instant, qu’il était vieillissant,
impotent et douloureux.
Une croyante, peu de temps avant son décès, l’avait vu en vision avec une couronne sur la tête.
C’est à ce prix que notre nom sera changé en
Nikao (victoire) comme pour l’Eglise de Pergame « A
celui qui vaincra (qui
aura la victoire, Nikao) je donnerai de la manne cachée, et je lui
donnerai un caillou blanc; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que
personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit.
Pourquoi est-il le seul à le connaître, ce
nom ?
Parce qu’il a vaincu la maladie et la souffrance sans se plaindre comme un agneau qu’on amène à la boucherie.
Mais dans les faits, qui aime souffrir ?
Qui aime la maladie ? Qui se complait dans cette situation ? Je pense
comme je le suis aussi, bien peu de croyants… Nous pensions pour la plupart, ne
pas en être débarrassée, mais au moins : en être souvent dispensée.
Nous pensions être comme Abischaï face à
toute maladie, prêt à lui couper la tête.
« Au nom de Jésus esprit de maladie
quitte ce corps ! »
Oui, mais quand le diable se présent à nous,
c’est d’abord par la convoitise qu’il pointe son nez.
A Jésus qui a faim, « Le diable lui dit: Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette
pierre qu'elle devienne du pain. Jésus
lui répondit: Il est écrit: L'Homme ne vivra pas de pain seulement mais de
toute parole qui sort de la bouche de Dieu »
Le diable nous dit à nous qui avons soif de guérison: « si tu es un fils de Dieu, commande à cette maladie de sortir de ton corps ; Et le Saint-Esprit en nous, nous fait répondre : la parole de Dieu est mieux que la guérison »
Ce que dit Dieu est mieux que de vouloir être
guéri.
Pourquoi ?
Parce que notre Dieu ne souhaite pas
forcément nous guérir comme nous le pensons, il souhaite avant tout que nous
nous habituons à la souffrance.
Il y a un apprentissage dans la souffrance.
Regardez les sportifs, en traitant durement leur corps, ils apprennent à la gérer, à la dépasser, à la sublimer ; est-ce la même chose pour un disciple de Christ ?
J’ai regardé le week-end dernier la neuvième
étape du tour de France.
C’était une étape exécrable pour un cycliste.
Certains coureurs ont dit qu’ils avaient vécus
« l’enfer comme jamais sur leur vélo ». Le froid, la pluie
incessante, la grêle, le tout sur 144kms avec 4 cols à grimper et une arrivée à
plus de 2000mètres d’altitude.
12 coureurs ont dû abandonner.
Des visages grimaçants, blêmes, parfois
déformés par la souffrance physique, d’autres pleuraient à l’arrivée.
Ceux qui ont « survécu » à cette
épreuve, les journalistes les ont appelés : « brave chez les braves »
ou « héros ».
Vous voyez, ceux qui surmontent les
difficultés et les souffrances obtiennent déjà ici-bas des médailles, des
couronnes, des louanges.
Qu’en sera-t-il alors pour les fils de Dieu ?
« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux! ».
Oui, le fait d’être atteint d’une maladie pour la justice
nous ouvre le royaume des cieux, d’autant que, souvent avec la maladie vient un
persécuteur humain ;
vous savez ce genre de personne qui se veut pieuse et moralisatrice et qui n’hésite pas à vous calomnier, vous accusant d’avoir engendré vous-mêmes, par votre impureté une maladie châtiment.
En signe d’encouragements, elle vous maudira et vous
lancera des pierres comme Schimeï l’a fait à David.
« Mais si vous supportez la souffrance
lorsque vous faites ce qui est bien, c'est une grâce devant Dieu. »(1 Pierre 2 :20)
Maintenant, il y a le cas d’Epaphrodite, compagnon de Paul qui pourvoyait à ses besoins. Son
« compagnon d'œuvre
et de combat » comme Paul le nomme dans le chapitre 2 de la lettre aux
Philippiens.
Epaphrodite a été malade et sur le point de
mourir. Sa maladie a d’ailleurs rempli le cœur de Paul, de tristesse. Et l’apôtre
s’est confondu en remerciement à Dieu de l’avoir gardé en vie pour lui et pour
les Philippiens à qui il écrit la lettre.
. « 29Recevez-le donc dans le Seigneur avec une joie entière, et
honorez de tels hommes. 30Car c'est pour l'œuvre de Christ qu'il a été près de la
mort, ayant exposé sa vie afin de suppléer à votre absence dans le service que
vous me rendiez. »
La maladie d’Epaphrodite a eu plusieurs
conséquences :
Premièrement, la joie de Paul et des
Philippiens ; ensuite la reconnaissance de sa consécration et bien-sûr la
prise de conscience que son absence crée un vide dans le corps de Christ dans
lequel il a toute sa place.
La grâce renforce les liens entre disciples dans le corps de Christ et la maladie et la souffrance sont utiles à cette œuvre (voilà ce que voulait dire Paul).
Mais, le chapitre 2 de l’épitre aux Philippiens, nous révèle des choses plus profondes encore autour d’Epaphrodite, d’abord dont le nom grec signifie « beau et aimable » ; et de la maladie d’Epaphrodite, qui arrive en fin de chapitre comme un témoignage à ce qu’écrit Paul plus haut.
Paul parle de compassion en ayant tous un
même sentiment, une même âme et une même pensée envers ceux qui souffrent dans le corps de Christ et qui ont besoin de
consolation. Il nous rappelle que « l’humilité
nous fasse regarder les autres comme au-dessus de nous-mêmes », car c’est ainsi que nous pouvons discerner que
nous avons bien « les mêmes sentiments que ceux qui
étaient en Jésus-Christ ».
Et en parlant de sentiment, le but étant de s’humilier comme lui Christ, s’est humilié.
Comment ?
« Il s’est humilié lui-même se rendant obéissant jusqu’à la mort ».
Obéir : ce n’est pas juste dire en parole que nous lui restons fidèles, alors que notre cœur réclame justice.
Obéir :
c’est pour celle ou celui qui est dans la maladie et la souffrance n’avoir
aucune crainte, aucune hésitation sur la volonté de Dieu ;
Et pour ceux qui constatent la maladie chez leurs frères et sœurs, obéir, c’est les entourer de compassion, d’amour sans les juger sur leur état mais en voyant que leur souffrance les rends bien supérieurs à nous qui sommes bien portants.
Non, la maladie persécution ne touche pas
notre vêtement de sainteté.
Elle ne crée pas de nouvelles tâches, mais
elle procure une gloire que seuls ceux qui sont obéissants, comme Christ,
peuvent recevoir.
C’est cela le sens du renoncement, de
renoncer à tout pour Christ.
La maladie du croyant révèle notre niveau de renoncement pour lui.
Rappelons-nous que c’est la foi et l’amour qui ensemble vont construire notre espérance. L’espérance qui n’est pas comme l’espoir : un sentiment, mais un état d’âme.
Alors, oui la maladie persécution est une bénédiction, car
elle fait croître la foi, l’amour et pour finir l’espérance chez le disciple.
La maladie accomplit ce qui manque au disciple pour être
parfait : son corps céleste est bien supérieur à son corps terrestre..
Amen
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