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Par Eric Ruiz
Ce qui me frappe avec les gouvernements des sociétés modernes
d’aujourd’hui, ce sont leurs objectifs ratés.
Ils voulaient, par des mesures économiques et sociales améliorer les conditions d’existence ; Créer de véritables changements de conditions de vie.
Mais ces mesures n’ont eu pour résultat que de donner des pièces
d’argent à un pauvre, comme un simple geste de charité.
Les mendiants dans le métro parisien reçoivent la même chose en tendant la main aux passants.
-Prenons le cas de notre jeunesse.
Nos étudiants aujourd’hui ont droit à deux repas par jour
dans un restaurant universitaire pour 1 euro. C’est bien, c’est très bien, mais
cela reste de la charité.
Où sont passées les bourses d’études qui donnaient un revenu à l’étudiant afin qu’il ne soit pas obligé de vendre des pizzas le soir pour pouvoir payer ses études ?
L’étudiant est le nouveau mendiant de nos sociétés modernes.
Et s’il ne l’est pas encore, il va le devenir puisque
(dernière décision du gouvernement) l’étudiant, comme le jeune adulte va
pouvoir empreinter à un taux zéro jusqu’à dix mille euros.
Oui, c’est une belle et généreuse décision… mais à
condition seulement de pouvoir rembourser ce prêt.
Or, sans emploi, (c’est
hélas ce qui attend la majorité), comment vont-ils rembourser ?
La jeunesse va devenir captive, prisonnière d’un système politique
coercitif, rendant le jeune adulte
esclave et redevable dès sa majorité.
Fiodor Dostoïevski écrivit dans une de ces œuvres
littéraires : « La charité pervertit, et celui qui la fait
et celui qui la reçoit, et de surcroit elle n’atteint pas son but, parce
qu’elle ne fait qu’augmenter la mendicité ».
Heureusement que dans nos Eglises, nos temples, là où se retrouvent
les croyants, les choses sont bien différentes.
Ce fait, le croyez-vous sincèrement ?
Je pense qu’au mieux, un croyant nécessiteux peut recevoir
l’argent d’une collecte faite pour lui (et là si c’est fait, c’est déjà une
très bonne chose).
Mais est-ce suffisant ? Sa condition sociale va-t-elle
changer pour autant ?
Non.
Et si les prières en sa faveur sont nombreuses (ce que je ne doute pas) dans la
grande majorité des cas, elles ne vont rien changer, elles aussi.
Et pour encourager les frères et sœurs, on trouvera des versets pour expliquer que la foi c’est d’exercer la patience et d’attendre la bénédiction à venir, mais aussi de croire sans douter.
Tout cela est juste mais, il manque l’essentiel. On ne peut réduire Christ à des œuvres de
charité, à une association de bienfaisance.
Pourquoi ?
Car au départ les choses étaient différentes.
L’ordre dans l’Eglise c’est Actes 2 :45 ; Actes
4 :32 ; Actes 4 :34
Parce qu’il n’y avait aucun nécessiteux, aucun indigent,
parce que tout était répartis en fonction des besoins ; et pas seulement
la nourriture mais aussi l’habit, le logis, les moyens de transport… Tout était
décidé en commun pour le meilleur de tous et surtout de chacun.
Personne ne décidait en son nom propre (d’apôtre ou de
prophète) mais tous étaient serviteur les uns des autres. Les décisions étaient
collégiales, prises avec un cœur sans détour.
Il y
avait une solidarité bien au-delà de ce que la charité, la mendicité peut
recevoir.
L’apôtre Pierre dans sa première lettre exhortait déjà à une très
forte charité. Il disait :
« Mais surtout, ayez entre vous une ardente charité :
car la charité couvrira une multitude de péchés" (1 Pierre
4 :7-8).
La charité provient du mot « agapé » en grec. C’est dans les
faits : un acte d’amour profond qui va jusqu’au sacrifice, qui pardonne, qui
expie les fautes des autres et qui est prêt à tout abandonner pour l’autre
(jusqu’à « donner sa vie pour ses
amis »).
Nous devons aussi aller plus loin et exercer une charité pour nos ennemis ; Les aimer comme Christ, aima ses bourreaux, leur pardonnant le mal qu’ils avaient faits à son égard.
De nos jours, quand on parle de solidarité, on ne fait que
de répondre à la mendicité, en y ajoutant parfois un peu de réconfort, mais
rien de plus.
On ne change pas la pauvreté, ni les inégalités ainsi.
On ne fait que de donner à celui qui tend la main, mais le don reste limité puisque sa condition reste la même.
Où
est passé la
solidarité des disciples
de l’Eglise de Jérusalem qui mettait chacun sur le même pied d’égalité spirituellement comme socialement ?
Et quel sens alors doit-on donner à toute cette misère qui
dure et qui ne cesse de s’amplifier ?
Pourquoi Dieu est-il si long à répondre aux prières des uns et des autres ?
D’abord, c’est vrai la dégradation de la solidarité ne date
pas d’hier.
A peine convertis, déjà Paul reprochait aux Galates leur refroidissement : «Je m’étonne de la rapidité avec laquelle vous abandonnez celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour vous tourner vers un autre Evangile….Est-ce que je cherche à plaire aux hommes?... Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair … Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres».
L’amour du prochain se refroidit, la convoitise reprend ses
droits, parce que le péché ne tarde pas à mettre (quel que soit l’époque), une
séparation entre l’homme et Dieu. Parce que le péché est la loi de l’homme.
Quel péché ?
Oh, il n’y a pas un péché plus important qu’un autre. Là
aussi c’est une question de condition, un état d’esprit.
« Quiconque pèche transgresse la loi, et le péché est la transgression de la loi » (1 Jean 3 :4)
Il faut donc revenir à
la loi de Dieu. Cette loi que dit-elle ?
« Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. »
C’est la loi de l’amour qui a été anéantie.
Le péché
est d’avoir banni l’amour divin.
Ne cherchons pas à hiérarchiser quoi que ce soit, comme
savoir si l’adultère et supérieur à la fraude ou si certains crimes sont plus
crapuleux que d’autres. Car le mal concerne le cœur de l’homme attendri par
lui-même.
Sa condition première c’est celle-ci : « C’est lui d’abord ». Il est serviteur de lui-même bien avant d’être celui des autres.
Alors qui est à blâmer ? Celui qui donne ou celui qui tend la main pour recevoir ?
Fiodor Dostoïevski a vu la perversion et l’impasse liées à
la charité humaine ;
Jésus a vu
bien avant les mêmes choses, voyant
même dans cette charité un autre Evangile ; mais
il dirait en plus, que les deux sont fautifs de n’avoir pas aimé.
Comment ça pas aimé ?
Jean 14 :21 « celui
qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et
celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai, et me ferai connaître à
lui ».
Combien pense l’aimer alors qu’ils haïssent leurs frères
tout simplement parce que leur amour pour Dieu s’est refroidi.
« malheur à vous, pharisiens!... Parce que vous négligez la justice et l'amour de Dieu: c'est là ce qu'il fallait pratiquer, sans omettre les autres choses »
Alors, commençons par celui qui donne…Pourquoi est-il à blâmer ?
Parce que son acte est incomplet et qu’il masque une autre
intention.
Le vrai don est de donner comme on souhaiterai soi-même
recevoir.
Aimer son prochain comme soi-même serait alors de donner à l’autre ce que nous-même aimerions recevoir étant dans sa condition (vivant dans exactement la même condition que la sienne).
Par exemple : Si j’étais moi-même confronté à une
condition sans logis et sans travail, abandonné de tous, j’aspirais à recevoir
tout cela des autres et pas seulement quelques euros.
Alors, si j’ai de quoi offrir travail et logement et amitié pourquoi je me contente d’offrir que quelques pièces de monnaie ?
Judas Iscariote exerçait un type de charité très pratiqué.
Il souhaitait vendre le parfum qu’on mettait sur les pieds de Jésus pour le
donner aux pauvres.
Mais le texte biblique nous le montre clairement : il
n’avait pas à cœur de les aider (ces pauvres) mais de voler une partie de la
somme de la vente.
On
l’a bien compris, pour l’homme ce qu’il donne d’un côté, il veut le rependre de
l’autre.
Et la charité, cette sorte de charité : c’est l’humanitaire de
notre ère.
Le vingt unième siècle : c’est le siècle de
l’humanitaire où tout don suit un intéressement.(Ah oui, je donne parce que
c’est déductible des impôts, ou parce que je peux montrer ma générosité, par
exemple)
Et l’humanitaire, aussi bon soit-il, ne répond pas à l’amour agapé de notre Seigneur.
Maintenant, pour celui qui tend la main, il n’est pas lui aussi sans reproches.
Sa condition n’est pas une erreur.
Il lui manque un parfum.
Il y a un parfum qu’il n’a pas conservé.
Pourquoi j’insiste sur ce parfum ?
Parce que Jésus ne voulait pas qu’on le vende pour donner l’argent aux pauvres. Ce parfum avait bien trop de valeur.
« 7Mais Jésus dit (au sujet de Marie ayant pris un parfum de grand prix pour le verset sur les pieds de Jésus): Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture. 8Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours ».(Jean 12 :7-8)
Tiens une contradiction qui pointe avec ce
que dis Jésus là : « vous ne
m'avez pas toujours » alors qu’il dira dans Matthieu 28 :
« Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. »
Eh bien ici, il n’y a pas de contradiction entre ces deux
Evangiles, mais un mystère qui se révèle avec le contexte.
Dieu est en esprit jusqu’à la fin du monde…seulement
avec celui qui aime son prochain comme lui-même. Mais il ne peut
l’être avec celui qui s’aime plus que les autres.
Il n’est donc pas avec les douze disciples, mais avec
les onze jusqu’à la fin du monde dans Matthieu 28 « Les onze disciples allèrent en Galilée, sur
la montagne que Jésus leur avait désignée. ».
C’est là, après la résurrection qu’il leur donne rendez-vous
et aussi mission par le Saint-Esprit.
Comment sait-on, alors, que nous avons reçu la même mission
par le Saint-Esprit ?
Le
Saint-Esprit perdure car il est le parfum d’amour.
Et ce parfum d’amour n’est malheureusement pas rester sur tous. Judas Iscariote, pour ne montrer que lui, perdra ce parfum en s’aimant lui seul, et il finira par trahir Jésus.
Le fils de l’homme leur dira au sujet des gens des
nations: « enseignez-leur à observer
tout ce que je vous ai prescrit »
Cet ordre de mission n’est pas pour tous, je le redis. Ce n’est pas un commandement pour ceux qui ont rejeté le parfum de l’esprit. Alors, ils enseignent un faux Evangile, car Dieu ne les connaît pas.
-C’est pareil avec sa sépulture :
Jésus savait qu’une partie seulement de ses disciples serait à même de
s’occuper de sa sépulture, mais pas les autres.
Pour avoir à cœur de garder le parfum pour sa sépulture, il fallait aimer Jésus, aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, et de toute sa pensée ». L’aimer, je le redis, c’est dans sa forme divine :Agapé
C’est d’ailleurs ce que l’on remarque dans
Luc 23 :55
« Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé, et, s'en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums ».
Ces femmes et Joseph d'Arimathée « un homme bon et juste » sont attentionnées, aimants jusqu’à remarquer comment le corps
de Jésus a été déplacé et placé.
Leur regard comme leurs gestes de préparation
témoignent de leur amour pour lui. Aucun détail du sépulcre ne leur échappe.
Pour un croyant ayant reçu le Saint-Esprit, le parfum de son amour, c’est la même chose, aucun détail concernant ce qu’il a dit et enseigné ne lui échappe. Il a soif de tout pratiquer pour lui plaire. Il ne veut rien oublié de ce qu’il a enseigné et obéir scrupuleusement au Saint-Esprit.
Alors maintenant, un disciple de Christ peut
se sentir impuissant face aux besoins si important qui s’offre à lui.
Comment par exemple pourvoir au logement, au
travail, aux soins, à la solitude, à la famille parfois de celui qui est dans
le manque.
Il y a tant à faire et où trouver l’argent et
les moyens?
Comment peut-il changer la condition des autres, alors que lui n’a pas grand-chose à offrir non plus (quelques euros comme beaucoup).
Mais, un récit biblique nous dévoile LA
solution.
Pierre et Jean qui montait au Temple chaque
jour à la même heure (la neuvième) croisait un infirme de naissance à la porte
et qui faisait l’aumône.
Et le début de leur dialogue avec lui montre
leur condition sociale qui n’était pas meilleur que la plupart.
Mais
voilà, les deux disciples avaient quelque chose d’autres à offrir.
Actes 3 :6
« Alors Pierre lui dit: Je n'ai ni argent, ni or; mais ce que
j'ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche »
et je continue verset 7 :
« Et le prenant par la main droite, il le fit lever. Au même instant, ses pieds et ses chevilles devinrent fermes; d'un saut il fut debout, et il se mit à marcher. Il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant, et louant Dieu. »
Pierre et Jean offrir à l’infirme, des soins
miraculeux mais aussi, un travail, un logement et tout ce qu’il désirait.
Comment ?
En le guérissant au nom de Jésus. Par sa
guérison l’infirme allait pouvoir subvenir lui-même à ses besoins.
Alors que dans sa condition de paralytique, il ne pouvait prétendre que dépendre du bon vouloir des autres.
Vous voyez la charité avec Jésus n’est
pas superficielle. Elle change la condition spirituelle mais aussi sociale de
la personne.
Voilà à quoi est appelé à faire un disciple : Des miracles. Mais en ayant avant tout conservé le parfum de Christ : L’amour de son prochain.
Paul dans la lettre aux Romains conclue en affirmant que « l’amour agapé est donc l’accomplissement de la loi » et qu’il se fait sans hypocrisie.
Alors fuyons la charité hypocrite, celle qui a été pervertie,
qui plait au monde et qui donne parcimonieusement avec une main calculée.
Si nous sommes dans le besoin, fuyons aussi cette fausse communion, cet état de demi satisfaction, qui nous maintien dans un état de dépendance des autres, sans vouloir pour autant changer de route.
Avec Dieu, cela a toujours été et restera toujours tout ou rien. Soyons froid ou bouillant mais toute tiédeur restera vomissable.
Alors aspirons d’abord au parfum de l’amour, à celui du
Saint-Esprit qui lui seul change la condition de celui qui donne comme de celui
qui reçoit. Nous sommes bien arrivés ici à la gloire que Dieu partage, nous
sommes bien au septième tonnerre.
Amen
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