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Par Éric
Ruiz
TYPOLOGIE DE LA TERRE PROMISE
Ephésiens 6 :19 : « Priez pour moi, afin qu'il me soit donné, quand j'ouvre la bouche, de faire connaître hardiment et librement le mystère de l'Evangile, ».
Annoncer l’Evangile n’est pas un acte si simple et si
évident que cela puisse paraître. Les obstacles sont nombreux puisque une foule
de docteurs des Ecritures ont changé la vérité.
Des mythes sont devenus de la nourriture sacrée.
Mais pourquoi l’Evangile possède-t-il un tel
mystère ? Pourquoi est-il resté voilé aux sages et aux intelligents ?
Parce que, parmi ceux qui mettent leur confiance dans la Bible, tous ne le font
pas avec de bonnes intentions.
Apercevoir une personne avec la Bible à la main ne fait
pas forcément d’elle une personne sainte à qui on peut se fier les yeux fermés ;
Sinon Jésus-Christ n’aurait pas dit à
ses disciples d’être prudent comme des serpents et ils ne les auraient pas
prévenus qu’il les enverrait comme des brebis au milieu des loups.
Les démons se promènent en habit de sainteté et qui plus est, ils n’ont que des louanges pour Dieu sur les lèvres et que des versets bibliques à la bouche. Ce genre de croyants n’ont pas échappé à Jésus de Nazareth. Il s’est arrêté sur leur chemin pour démasquer leur imposture, pour dévoiler leurs mensonges et pire que ça : pour révéler leur crime.
L’histoire avec un grand H nous a montré comment des
groupes opprimés au départ se sont exilés à la manière des Hébreux pour former
un nouveau peuple ailleurs sur une nouvelle terre. Ce groupe a fait son Exode.
Ce groupe a traversé sa mer rouge puis a subi de nombreux affronts de la part
des autochtones, démontrant ainsi sa pénible traversée du désert et pour finir
ce groupe a pris possession des lieux dans lesquels il s’était arrêté. A partir
de là le désert a commencé à fleurir et au bout de quelques années, le désert
est devenu un magnifique jardin où coula le lait et le miel.
Quand on explique les choses ainsi, l’histoire est belle.
L’histoire est belle pour ce groupe qui a su mettre sa confiance en Dieu et qui
a vaincu le mal. C’est un groupe de vainqueurs. Ils ont triomphés par la foi.
Dieu leur a donné une terre, une nation, et l’abondance qui va avec.
Ce groupe est devenu alors une source d’inspiration pour
d’autres qui lorsqu’ils ont été à leur tour opprimés ont pu rééditer le même
plan et manifester la même foi.
Il y a alors un modèle, une démarche méthodique dans ce
chemin qu’a vécu Moïse. C’est une typologie biblique.
Cette typologie c’est vrai peut se remarquer dans ce que
vive les croyants ; Mais en faire une théologie, ou un objectif de
foi ; c’est dangereux. Cela abouti à créer de nouveaux dogmes, des
passages obligés, bref cela rajoute à l’évangile. Imaginez les conséquences possibles,
c’est comme si le sacrifice d’Isaac par Abraham était devenu un passage obligé
pour tout croyant de la Bible. Prendre son fils pour l’amener systématiquement
sur une montagne un couteau à la main afin de le sacrifier. Ce serait une drôle
de typologie qui aboutirait à de nombreux crimes. On assisterait à la théologie
du sacrifice d’Abraham.
Non, aujourd’hui, c’est une autre théologie
qui est en vogue : la théologie de l’exil. Elle saute aux yeux par le
fait qu’elle s’est annoncée il y a plusieurs siècles déjà et propagée. Car cette
histoire ressemble à ce que les Hébreux ont vécu en fuyant l’Egypte pour aller
en Canaan et cela force le respect et l’admiration.
Et si on ne creuse pas un peu plus, si on ne va pas plus
loin, on se dit que la Bible a inspiré à de nombreux enfants de Dieu les mêmes
chemins que ceux de Moïse et du peuple hébreux ; et que Dieu finalement
rassemble ses enfants de la même manière et leur donne pareillement leur
Canaan, leur « Terre promise ». Parmi ses peuples qui se sont
émancipés, beaucoup d’entre eux ont entendu la même voix de Dieu : « je suis descendu pour te délivrer de la main
des Egyptiens pour te faire monter dans un bon et vaste pays. C’est vous qui
posséderais leur pays, je vous en donnerai la possession, c’est un pays où
coule le lait et le miel. ».
On entend des chrétiens dirent : je suis sorti de la
main des Egyptiens (c’était là où je vivais dans le péché) et maintenant, c’est
Ma maison, ou c’est Mon église, ou c’est Mon temple. Ce que j’ai acquis là a
beaucoup plus de valeur que tout autre chose. Dieu me l’a promis comme il l’a
fait auparavant pour d’autres. Il me l’a donné, et la meilleur preuve et que ce
cadeau divin a pris de la valeur et qu’il y pousse dans mon jardin de
magnifique plantations, et toutes portent du fruit en abondance.
Cette terre nouvelle sert alors de témoignage pour ces chrétiens qui ont hérité des mêmes promesses divines que leurs ancêtres. Pour exemple : combien d’Assemblées dans le monde ont pris les noms d’Eglise de Canaan ou Eglise de la promesse, ou Eglise de la terre promise? Ce n’est pas juste pour rappeler le passé, mais c’est pour identifier un présent, un projet abouti.
Pourquoi je dis les choses ainsi ? Ce n’est pas par volonté
de salir la Bible ou par plaisir de salir ceux qui veulent s’en inspirer, mais
par souci de vérité. Uniquement par vérité ; La vérité est souvent une
histoire belle et émouvante en apparence pour les vainqueurs. Mais pour les
vaincus, il s’y trouve des passages horribles et sanglants cachés par ci par
là. Des passages qu’on oubli de raconter ou qu’on raconte à sa manière, pour se
placer du bon côté, du côté, des libérateurs ou de ceux qui ont élevé les
indigènes au même rang culturel et spirituel qu’eux. L’habit blanc,
soigneusement lavé ne l’est qu’en apparence, car l’intérieur est sale et répugnant.
Combien de peuples sont partis Bible à la main conquérir
une terre nouvelle pensant que Dieu leur disait la même chose qu’à Moïse ?
Ils sont arrivés conquérant, méprisant les habitants en
venant prendre ce qu’il estime être à eux.
LE COLONIALISME AMERICAIN et CHRETIEN
La première puissance mondiale actuelle, les Etats-Unis
d’Amériques ont vécu cette aventure biblique. C’est un peuple de protestants
puritains en majorité qui ont fui les persécutions en Europe, qui ont traversé
l’océan atlantique pour venir s’exiler sur une nouvelle terre : la Nouvelle
Angleterre. Ces missionnaires se sont sentis supérieurs aux autochtones parce qu’eux
étaient guidés par le Dieu de Moïse… Et parce qu’ils étaient élus, prêcher la
bonne nouvelle leur ouvrait toutes les frontières. Donc la colonisation qu’ils
ont fait subir était juste et bonne, puisqu’elle était biblique. Les
Amérindiens, peuple d’origine étaient comparés aux Amalécites (peuple ennemi
des Hébreux). Alors ils n’avaient plus qu’à se soumettre eux aussi, à se
laisser pillé, dépossédé de leur terre ou à être exterminés.
Ces premiers américains, ce peuple conquérant colonisateur, s’est-il repenti de ses crimes ? Non, il s’est même donné d’autres objectifs, d’autres territoires ou d’autres pays à conquérir. Certes le colonialisme américain ne s’est pas exprimé aussi clairement que les Européens. Mais les nord-américains, ont placé des « citadelles impériales » dans de très nombreux endroits sur la planète comme au Moyen Orient ou plus précisément en Israël. Ils n’ont pas remplacé les populations, c’est plus subtil que cela, ils ont rendu le pays dépendant de leur puissance. Les pays colonisés sont devenus dépendant économiquement (obligation de services et de commerce), dépendant politiquement (en copiant le même système libéral républicain et démocratique), dépendant culturellement (en adoptant les coutumes et leur langue) et sans oublier dépendant de la religion (en y enseignant un évangile bourré de mythes, de fables bibliques comme celle de la terre promise tout en ayant les mêmes cultes charismatiques et évangéliques). Ce qui me fait dire que la France (même si elle s’en défend) est une des nombreuses colonies américaines (comme Israël l’est aussi).
Avec le Dieu de la Bible, devenir les maitres du monde
c’est un objectif à priori louable, puisque c’est répandre la Bonne Nouvelle de
l’Evangile partout. Mais l’Evangile n’y est pas annoncé, pourquoi ? Parce
que l’évangélisation se nourrit de l’impérialisme politique tout comme
l’impérialisme politique se nourrit de l’évangélisation. Les deux phénomènes :
politique et religieux font très bon ménage puisqu’ils fonctionnent avec la
même convoitise, donc le même carburant celui de la conquête et de la
domination, en un mot du colonialisme.
Alors, l’impérialiste, le colonisateur, cherche à gagner le monde. Or, le message de l’Évangile n’est-il pas diamétralement opposé ? N’est-ce pas le comportement inverse de ce que Jésus demande ? Ne demande-t-il pas à ses disciples de renoncer, de perdre et non de gagner ou d’accroitre leur pouvoir et leurs bien ? Ne leur demande-t-il pas de se contenter de ce qu’ils ont ?
Marc
8 :34-36 :« Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur
dit: Si quelqu'un veut venir après moi (veut me suivre), qu'il renonce à lui-même (qu’il
renonce à ses projets, à ses conquêtes), qu'il
se charge de sa croix (qu’il courbe le dos quand il est attaqué,
amoindri, humilié rejeté, trahi), et qu'il me suive. 35Car celui qui voudra sauver sa vie
la perdra (celui qui refusera l’humiliation,
l’injustice, et qui combattra ceux qui cause tout cet opprobre se perdront), mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la
bonne nouvelle la sauvera. 36Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde s'il perd
son âme? (ou de conquérir le monde, puisque le monde c’est le mot
grec Kosmos) ».
Nous devons le reconnaître, cette théologie de conquête de la terre promise ne provient pas d’une inspiration divine, mais d’une interprétation démoniaque et extrêmement fallacieuse de la Bible. Les conséquences sont dangereuses et toujours terribles pour les vaincus en premier. Gagner le monde c’est faire perdre aux autres leur vie ou dans le meilleur des cas : leur faire perdre leur droit d’origine, leur liberté, leur culture et même leur honneur. A la théologie de la conquête, se joint obligatoirement celle de l’expulsion, du bien-fondé de la cruauté et de la dureté d’actes religieux et politiques.
LE PHANTASME DU ROYAUME
Jésus a-t-il montré une
terre qui lui aurait été promise à lui et à ses disciples ?
Jésus répond à un scribe
qui a dans le cœur cette attachement à la terre puisqu’il dit à Jésus :
« je te suivrai partout où tu iras ».
Mais Jésus discerna le fond de ses pensées et donc que derrière
« partout » se trouvait un endroit précis, une terre sainte qu’il
espérait.
« Jésus lui répondit: Les
renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa
tête. ». (Matthieu
8 :20) Jésus n’a aucune terre sainte en vue. Il va dans le même
sens qu’Abraham, qu’Isaac et Jacob, il est étranger sur cette terre et son
royaume n’est pas de ce monde. Alors le fils de l’homme, ici, ce n’est pas
l’homme déchu, fils de l’homme déchu, c’est l’homme, fils de la grâce, qui sera
gracié et sauvé. Ce fils de l’homme-là suit le même désintérêt pour la terre.
Alors qu’est-ce qui
motive un croyant à chercher une terre comme s’il cherchait un royaume ?
Le mot royaume évoque
plus qu’une idée, c’est un véritable phantasme. Et le phantasme fait appel à
des mythes. Donc le désir refoulé du royaume c’est une pensée démoniaque.
Cette pensée revient
sans cesse en boucle et tourne en obsession. Lorsqu’un projet de puissance et
de gloire tourne en nous comme une idée fixe, l’acte spirituel est une
prosternation. On loue alors la puissance, on loue la gloire pour se
l’accaparer.
Alors, Jésus jeûnant dans le désert fut lui aussi tenté par la
conquête des royaumes « Le diable, l'ayant élevé, lui montra en un instant tous les
royaumes de la terre, 6et lui dit: Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes;
car elle m'a été donnée, et je la donne à qui je veux. 7Si donc tu te prosternes devant
moi, elle sera toute à toi. 8Jésus lui répondit: Il est écrit:
Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul ? » (Luc 4 : 5-8).
Tous
ces juifs, ces chrétiens partis Bible à la main conquérir des royaumes nouveaux,
en recréant un mythe de la terre promise se sont en réalité prosternés devant
le diable et l’on servi à la place de Dieu. Tous ces juifs, ces chrétiens qui voient
leur assemblée comme un royaume, (leur royaume) font de même, c’est le même
démon impérialiste qui les inspire. Ils servent ce démon jour et nuit
puisqu’ils rêvent, ont des visions de leur royaume. Un royaume missionnaire qui
ne fait que de s’étendre et de gagner des âmes pour Dieu.
Un disciple de Christ,
un croyant qui aime les commandements de Dieu ne peut s’attacher bien longtemps
à ce genre de théologie. Il aura sans cesse cette odeur de mort qui le suivra.
Ce désir inavoué de génocide d’un peuple ennemi de Dieu. Il ne peut alors
condamner l’impérialisme américain, comme le mouvement sioniste, comme les mythes
des églises réformées sans se condamner lui-même.
Si nous sommes animés d’un
esprit de conquête, arrêtons de nous croire l’Israël de Dieu et manifestons les
fruits de l’esprit que nous avons reçu. Cet esprit paisible qui n’impose pas sa
théologie aux autres et qui ne fait aucune différence entre une personne et une
autre si ce n’est par le besoin d’aide qui se fait ressentir.
Amen
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