dimanche 28 juillet 2024

Le piège du « TEMPS DE LA GRACE »

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Par Eric Ruiz

Lorsque nous lisons dans la Bible que Dieu est un Dieu d’ordre et non de désordre, nous avons à l’idée une certaine organisation des choses.


C’est vrai, Dieu est un Dieu d’ordre, mais c’est un organisateur qui organise bien souvent de manière très différente de celles des humains.

Car les voies de Dieu sont insondables et les voies des humains, elles, sont tellement tortueuses.

Alors, on est bien souvent victimes de sa religion. Elle, depuis longtemps a organisé les évènements divins selon son plan. Et la religion part d’un principe, plus même, elle part d’un postulat. Une parenthèse pour préciser qu’un postulat, c’est un principe que l’on admet comme vrai sans aucune démonstration.  Donc, la religion place le postulat suivant : son plan suit celui de Dieu.

Les dispensations bibliques par exemple, sont de véritables postulats admis par le plus grand nombre comme des piliers de connaissances, et qui aident à la compréhension des Saintes Écritures.

Une dispensation, qu’est-ce que c’est au juste ?

C’est comme dans nos livres d’histoire, où nous voyons les ères, les âges, les périodes se succéder les uns aux autres : l’époque contemporaine qui succède aux temps moderne. Puis les temps modernes qui succèdent au Moyen-âge, et enfin le Moyen-âge qui succède à l’antiquité.

Et là ? la Bible nous montrerait non pas cinq mais sept périodes bien distinctes où Dieu va agir différemment avec les hommes selon des principes et des lois différentes.

Les notes de la Bible Scofield nous disent en plus : « une dispensation devient un âge pendant lequel un certain régime prévaut ».

Je vous cite ces régimes:

La dispensation de 

1-l’Innocence,

 2-la Conscience

3-Le Gouvernement humain,

4-La Promesse

5-La Loi

6-La Grâce ou l’Église,

7-le Royaume.

Ce découpage historique est séduisant puisqu’il classe les choses par temps ou par ère en s’appuyant sur les sept jours de la création.

Mais Dieu a-t-il fait les choses ainsi ? A-t-il tout fait sur le modèle des sept jours ?

Ce qui signifierait que nous sommes à la veille du dernier jour et que notre génération, elle seule aura le privilège de renter dans son repos, qui est celui du dimanche. Nous serions rendu au samedi, au temps de la grâce et nous nous préparons au dimanche : au Royaume.

Les choses sont-elles ainsi faites ? Certainement pas. Ce postulat, bien qu’il frôle la vérité ne part absolument pas d’une révélation, mais d’un échafaudage de principes.

D’abord de qui est venue cette « boussole biblique » ?

Tiens, elle est apparue au 19ème siècle avec la doctrine de l’enlèvement, et en particulier par les théologiens Darby et Scofield, dès le début de l’époque contemporaine.

Darby est un prédicateur anglais et traducteur biblique. Il est très cultivé. Il est avocat.  Cet homme de loi est par conséquent très influencé par les valeurs de progrès technologiques et scientifiques de son époque. C’est cette même époque qui succèdera à celle des lumières et au début de l’industrialisation. C’est là où les idées progressistes émergent et se diffusent.

Pourquoi je vous dis cela ?

Parce que ce n’est pas anodin qu’un tel découpage biblique naisse à ce moment-là par les théologiens du moment qui ont ce même désir d’exposer et de transmettre leur savoir et leur connaissance.  Ils voient alors l’histoire biblique comme une évolution de l’homme vers Dieu ; donc un être humain plus perfectionné et agréable à Dieu qui s’améliore avec le temps. L’humanité progresse et passe de l’homo erectus à l’homo sapiens moderne, plus évolué.

Ce découpage a comme but de montrer que la Bible comme la révélation, est progressive.

 

Alors, vous pourrez sous-estimer l’importance des dispensations en disant mais après tout, les conséquences ne sont pas si terribles que cela, il y aurait même une exagération à en dire du mal.

Laisser-moi vous dire une chose : la religion, ne vous montre jamais une prison au départ. Elle vous montre un lieu agréable où l’on se sent à l’abri, protéger des méfaits de l’extérieur, le tout agrémentée d’une assistance et d’une nourriture régulière. Or, c’est bien après que vous y verrez les barreaux aux fenêtres, les cadenas aux portes, la nourriture fade et sans consistance, la saleté et les odeurs nauséabondes et pour finir la désolation de ce lieu enténébré.

Pourquoi les dispensations sont-elles si hérétiques que cela ?

Parce qu’elles dressent des murs, posent des scellées entre chaque périodes et elles surestiment la grâce dans notre période.

La grâce par exemple, serait surtout un attribut fondamentale pour l’époque de Jésus-Christ et celles qui vont suivre.

J’ai montré dans un précédent message que la grâce commence dès la Genèse. C’est Dieu lui-même qui fait le sacrifice d’un animal pour couvrir Adam et Ève d’une peau de bête (Genèse 3 :21). Ce sacrifice permet à nos deux désobéissants d’échapper à la mort.

De même l’onction du Saint-Esprit, si l’on suit la logique des dispensations ne pourrait véritablement être apportée qu’avec la résurrection de Jésus-Christ.

Or, Abel qui signifie souffle respiration manifestait déjà les fruits de l’Esprit saint en présentant une offrande agréable à Dieu, c’est-à-dire en essayant par tous les moyens de ramener le cœur de son frère Caïn vers son père céleste. Abel est mort persécuté par son frère comme le seront longtemps après lui, les disciples de Christ, persécutés eux aussi par ceux qui se réclament de Dieu.

Quand à Joseph fils du grand patriarche Israël, ne manifestait-il pas lui aussi le Esprit saint ? N’a-t-il pas gracié ses frères qui l’avaient condamné à mort, puis vendu comme esclave. Ne les a-t-il pas couvert de bénédictions, eux ses ennemis ? N’a-t-il pas tout simplement agit en vrai disciple de Christ ?

Et que dire de cette première dispensation de l’Innocence ? Adam n’est pas né vierge de toute connaissance. Il devait obéir certes à Dieu. Mais sa désobéissance était déjà gravée dans son cœur.

Comme je l’ai expliqué dans mon dernier message, son âme avait une cartographie. Des autoroutes étaient déjà tracées dans son coeur, dont la voie de l’amour propre (s’aimer plus que Dieu). Le serpent n’a fait que de révéler cette désobéissance qu’Adam et Ève avaient en eux.

J’aurai plutôt appelé ce temps-là : la révélation des ténèbres de l’homme.  La lumière créée le premier jour a révélé les ténèbres d’Adam et Ève. Parce qu’au fond toutes ces dispensations ne sont que des révélations du bien et du mal et de leurs conséquences : la grâce divine ou le châtiment.

« Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, » (2Timothée 3 :16).

Dieu nous permet d’avoir la Bible, dans le but de nous enseigner sa sagesse. Et la première étape, c’est de ne pas se considérer comme meilleur que les autres. Pourquoi voir ceux qui vivaient sous la loi de Moïse, moins aboutis que nous. Moins aboutis, sous prétexte que nous avons la grâce venue par Jésus-Christ ?

Nous ne sommes pas meilleurs qu’Abel, que les frères de Joseph,  que l’entourage d’Abraham,  que les Hébreux qui suivaient Moïse… parce que Christ nous a gracié. Il n’y a pas un salut historique, qui ferait que nous avons de la chance d’être né à la bonne époque.

Le fils de Dieu, certes s’est manifesté dans un corps pour porter le péché du monde, mais il a toujours été avec celles et ceux qui se sacrifiaient par amour pour leur prochain. Christ et l’Alpha et l’Omega, le premier et le dernier. De la Genèse à l’Apocalypse, il n’y a toujours eu qu’un seul nom qui sauve.

Et ne réduisons pas sa volonté : sa mort et sa résurrection ont été au bénéfice des croyants morts avant sa venue sur terre.

Sinon, la transfiguration avec Elie et Moïse ne serait qu’une farce.

Dieu est venue en chair réconcilier tout en lui : ceux d’avant comme ceux d’après mais aussi il est venu réconcilier les temps, les époques, les régimes en lui.

Le fait d’insister sur leur époque qui est la dispensation de la grâce, permet aux prédicateurs quel qu’ils soient, deux sortes d’excès :

Le premier excès est de dire à leurs ouailles de se montrer encore plus reconnaissant à Dieu de les avoir fait naitre par l’eau et l’esprit, afin d’être chrétien. Et donc d’accepter les injustices et les brimades venant de l’Église, car elles ne sont rien comparées à celles qui existaient sous la loi.

« Si un frère te persécute en disant du mal sur toi, ce n’est rien comparé aux excès de violence des Hébreux qui violaient et tuaient leurs frères sous une autre dispensation ».

La deuxième chose est qu’un prédicateur se permet  d’affirmer que la grâce est une purification supérieure, qu’elle permet un état privilégié. Nous serions plus facilement purifiés de nos péchés et par conséquent moins atteint par le péché que ceux de la loi.

La grâce aurait en supprimant certains rites, supprimer aussi une partie des conséquences de nos fautes.

Dieu nous verrait purs, alors que nous péchons encore.

 

Que dire, puisqu’à ce moment-là, l’Écriture ne nous corrige plus, elle ne nous instruit plus dans la justice. La foi d’Abraham ne serait plus la même que celle de l’apôtre Paul. Une hérésie de plus.

 

Le problème de la dispensation c’est qu’il produit une justice de Dieu différente, parce le régime était différent.

La foudre qui tombait autrefois sur un peuple infidèle et cruel, ne tomberait plus aujourd’hui sur un même peuple parce que la grâce oblige Dieu à agir différemment ?!!!

Pensez-vous réellement que Dieu a changé sa justice ?

« Jésus-Christ est le même hier aujourd’hui et éternellement », mais il aurait changé sa justice pour ceux qui sont chrétiens ? Quel non-sens. Et pourtant combien croient que ce temps nouveau de la grâce à changer la justice de Dieu, et qu’il est plus clément qu’avant.

Combien pensent que Sodome et Gomorrhe c’était pour une autre dispensation, pour des gens bien plus cruels, mais qu’aujourd’hui la grâce protège les habitants des villes. Ils pensent que l’Église, leur temple, au centre du village reste un signe de la protection divine.

Ils ont oublié que cette forme de pensée était celles des Babyloniens, puis des grecs païens, pour devenir un dogme chrétien.

 Dieu ne s’est jamais plu au milieu des pierres, au milieu des cœurs de pierre mais au milieu d’un peuple soumis,  se sacrifiant pour les autres.

Cette justice-là n’a jamais changé.

 

Reprenons cette classification à partir des dispensations. Et voilà ce qu’écrit Scofield dans ses notes bibliques : « Ainsi l’objectif de toute dispensation est de placer l’homme sous une règle de conduite particulière. »

Vous voyez l’objectif a été confondu avec les moyens. Scofield pensait que l’homme  devait se soumette à une loi divine différente selon les régimes.

Est-ce réellement l’objectif de Dieu ?

N’est-ce pas ce que je crois plus : Que les différentes règles et lois ne sont que des moyens, qui vont permettre de révéler la conduite de l’homme ? Que ces règles et lois révèlent si cette conduite est pure ou impure ou si elle est faite par soumission à la loi ou qu’elle aspire de l’amour de Dieu ?

De tout temps, de toute dispensation, c’est la conduite de l’homme qui a été jugée, et non s’il suivait scrupuleusement les traditions.  Quand Jésus brise le Sabbat en laissant ses disciples se nourrir, il va bien au-delà de la règle qu’il a établie sous Moïse.

Par conséquent, celui qui était circoncis de cœur avait beaucoup plus de valeur que celui qui était circoncis dans sa chair.

Joseph, fils d’Israël et de Rachel ne connaissait pas la loi de Moïse, il ne connaissait pas l’Évangile de Christ et pourtant sa conduite n’avait rien à voir avec sa dispensation. Son cœur était circoncis et les 10 commandements déjà gravées dans son être intérieur.

Alors le progrès que notre génération cherche à s’octroyer, (comme Darby aussi) existe bien. Mais ce progrès n’est pas historique ou raciale, ce progrès est d’ordre spirituel. Chacun doit progresser dans sa soumission à Christ.

Nous n’avons pas à suivre les lois de la grâce, mais à avoir un cœur qui puisse être gracié.

Alors, je garderais uniquement ce chiffre 7 comme indicateur ainsi que les sept jours de la création Pourquoi ?

Parce que la croissance du disciple se fait en 7 étapes. Chaque jour nouveau fera que Christ régnera davantage en lui. Je rappelle ses 7 coups de tonnerre.

Premier coup de tonnerre : LE JUGEMENT

      Deuxième coup de tonnerre : LA REPENTANCE

      Troisième coup de tonnerre : LA JUSTICE, (le pardon)

      Quatrième coup de tonnerre : LE RENONCEMENT, LE SACRIFICE

      Cinquième coup de tonnerre : LA PURIFICATION(le Saint-Esprit et son baptême)

      Sixième coup de tonnerre :    L’ADOPTION par notre Père en tant que Fils

      Septième coup de tonnerre : LA GLOIRE PARTAGÉE

 

 En 7 tonnerres notre être spirituel prend une maturité supérieure quel que soit son époque.

Et la finalité est pour ce septième jour, ou ce septième tonnerre, qu’il soit un jour de sabbat c’est-à-dire une journée de repos complet, un jour où les œuvres sont faites en Dieu et aucune autre œuvre ne soit faite en dehors de lui (c’est-à-dire, que tout soit fait par lui et pour lui). Voilà le Royaume de Dieu.

Amen.

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