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Par Eric
Ruiz
« Et ce sont ici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon Nom; » (Marc 16 :17)
Ah, ce fameux don de chasser les démons. Ce don tellement convoité dans certains milieux religieux avec tout ce lot de mystères et d’émerveillement que cela procure.
S’agit-il d’exorciser le mal par des moyens spectaculaires
et de braver le danger ?
En tous les cas, Jésus parle au même niveau des démons et
des maladies. Lui, ne met pas un don supérieur de guérison à l’un plus qu’à l’autre,
ni une action plus dangereuse pour l’un et moins pour l’autre. Le mal s’exprime
par toutes sortes de maladies (mentales, corporelles), c’est tout.
Y voir des démons plus forts qui nécessitent un protocole
plus long et plus contraignant, ce n’est que de la poudre aux yeux qui sert
dans la majorité des cas à impressionner l’auditoire pour que les dons de celui
qui exerce l’exorcisme soient magnifiés.
Alors qu’est-ce qu’une personne liée par des démons ?
Il y a bien plusieurs niveaux, c’est vrai. Mais ce n’est pas des niveaux d’envoutement. Ce sont des niveaux d’enchaînement. Ce
sont les chaînes qui lient la
personne et ce sont ces mêmes chaînes qui doivent être brisées.
Premier
niveau : (c’est un exemple que je prends, parce qu’il est
fréquent) Avoir des envies ou des pulsions violentes envers une
personne.
Ce niveau est juste une simple tentation, rien d’autre. On
s’énerve après quelqu’un et on rêve de lui faire du mal. Ces pensées peuvent
s’évaporer et ne plus avoir de conséquences si, on ne se couche pas sur
la colère et si on ne rumine pas tout le tort qu’elle nous a causée.
Le
deuxième niveau : montre un lien avec un ou plusieurs
démons. C’est celui de passer à l’acte, d’agir violemment sur la personne visée.
Mais dans la plupart des cas, ce deuxième niveau n’est pas
atteint, pourquoi ?
Parce que la violence envers l’autre est un délit dans nos
sociétés. Agir en s’en prenant à
l’intégrité physique et même morale de son prochain entraine déjà un trouble
moral d’abord puis une infraction juridique ensuite, parce que selon les
blessures causées, l’agresseur sera punit d’amendes et d’emprisonnement.
Alors ce deuxième niveau va être franchit mais
différemment.
Cette violence contenue va s’exercer, mais indirectement par
celui qui voulait l’exercer. Il va être violent envers lui-même. Cet acte s’explique
par ce que la psychologie appelle : l’inhibition. L’acte ne pouvant se
faire sur l’autre, il est inhibé et la pulsion violente se tourne alors vers
celui qui a des envies violentes.
Son corps ressent alors le mal qu’il voulait faire à
autrui. Il a mal à l’estomac par exemple, ou il est pris de vertiges, de
palpitations, de vomissements, de perte de mémoire et de connaissance. Il n’a
plus faim, tombe dans l’anorexie.
Ou encore, il se met à boire de l’alcool, ou à prendre des anxiolytiques
pour lui permettre de retrouver son calme et sa paix.
Passons
maintenant au troisième stade. C’est le stade compulsif ou obsessionnel. A
ce stade l’enchainement est terrible. Les liens sont très serrés. Les mauvaises pensées
sont devenues récurrentes. Elles hantent la personne de jour comme de nuit. Elle est obsédée par l’injustice
qu’elle pense vivre. Elle tourne et retourne dans sa tête des pensées négatives.
Elle se sent constamment lésée et une irritation violente vient la perturbée
sans même qu’elle y pense ou qu’elle cherche à y penser. Et cette pensée devient compulsive parce qu’elle
échappe au contrôle de la personne. Contrôler ses émotions devient alors
impossible.
À ce niveau, l’emprise des démons est très active. La
destruction de la personne est en marche.
Nous avons un exemple concret de ces démons qui attaquait
le roi d’Israël Saül. Au départ Saül jalousait David. Il jalousait ses
victoires, son assurance et sa foi en Dieu. Il voyait en lui un concurrent au
trône. Puis cette tentation de jalousie se transforma en haine violente. Saül
était obsédé par David. Il en voulait à sa vie de manière compulsive. Il
marchait chaque jour les armes à la main, prêt à le débusquer pour
l’exterminer. Il n’avait plus qu’une seule idée : assouvir cette pulsion
de meurtre envers David. Il y a mis tous les moyens, toutes ses forces, allant
même, jusqu’à consulter ce qu’il avait chassé d’Israël : la divination.
Alors
que faire pour chasser ce démon ?
Dans le cas de Saül comme dans le cas de beaucoup, on ne
peut rien faire, car les démons leur permettent une élévation sociale ou
humaine. Les démons participent activement à la réussite de la personne.
Et comme le dit Jésus : « il est
plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche
d'entrer dans le royaume de Dieu. ».
Donc se corrompre pour réussir, amène à « s’asseoir
à la table des démons ».
Mais si
cette personne aspire et réclame une délivrance, alors il y a quelque chose à
faire.
Suffit-il de prier dans le nom de Jésus pour que le possédé
n’ait plus cette envie obsessionnelle de meurtre ou de violence ?
De nos jours, les prières de délivrance s’accumulent dans
les assemblées, sans qu’elles soient pour autant efficaces.
Pourquoi ?
Parce que ces prières s’occupent de chasser ce qui est
obsessionnel et compulsif.
Oui, le démon est de cette nature. Il rend le trouble
compulsif et obsessionnel. Mais ces prières chasse-t-elles pour autant ce qui
tourmente la personne ?
Non, pas du tout.
Prier pour que la personne n’ait plus de malaise, qu’elle arrête
d’être tourmentée, ou qu’elle ne prenne plus de drogue, ne chasse pas le démon.
Vous aurez beau dire : «
Démon sort de ce corps au nom de Jésus ! », Il partira un instant
mais reviendra, parce que la cause est toujours vivante.
La personne se croira guérit parce que les symptômes
obsessionnels et convulsifs auront disparu et que le trouble n’est plus là.
Mais le trouble reviendra et souvent différemment.
Prenons cette maladie mentale très connue de nos jours appelé
par les médecins : TOC, c’est-à-dire
T comme trouble, O comme obsessionnel et C comme compulsif.
Cette maladie est la même pour tous au niveau des deux
dernières lettres Obsessionnelle et Compulsive. Mais, en ce qui concerne le
trouble, celui-ci prends mille formes possibles.
Cela va de la maniaquerie (comme se laver les mains dix
fois par jour), en passant par l’utilisation abusive de drogues (pour diminuer
l’apparition des obsessions), jusqu’à la folie avec des idées fixes, ou la
perte de lucidité et de contrôle mental.
Mais là aussi, le trouble reste et restera encore
mystérieux quant à sa cause.
Revenons à notre exemple. Pourquoi la personne a-t-elle des malaises fréquents ?
Parce
qu’elle a une aversion prononcée envers une tierce personne.
Voilà la raison de vivre du démon. Le cœur de la personne s’est emmuré par une
haine compulsive envers l’autre.
Que doit-elle faire ?
Arrêter de combattre et pardonner à cette personne.
Pardonner de tout son cœur. Comme Jésus-Christ crucifié,
abandonné de tous, a pardonné à ses bourreaux et à ses moqueurs cruels.
Vous voyez la prière de délivrance doit commencer avant tout par ce que dit l’apôtre Jacques : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres, reconnaissez vos péchés les uns devant les autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. »(Jacques 5 :16).
Dans notre cas, la personne doit reconnaitre que sa haine,
son aversion pour l’autre est un péché. Et le dire ne suffit pas. Elle doit le confesser.
C’est-à-dire qu’elle doit rebrousser chemin, pardonner à celle qui lui a causé
du tort. Et si c’est possible lui communiquer son pardon.
A ce moment-là, la prière des croyants pourra être
efficace.
Or le pardon arrivé à un stade d’endurcicement est difficilement possible. Alors, si la personne ne parvient pas profondément à pardonner, que faire ?
Eh bien cette personne doit jeûner. Pourquoi ? Parce que
le jeûne va permettre que l’influence de sa chair diminue, qu’elle ait de moins
en moins d’emprise sur elle et pour finir qu’elle puisse laisser grandir
l’esprit du Seigneur en elle qui l’a convaincra qu’elle pèche.
Dans tous les cas, il est primordial de prendre du temps pour
parler avec le malade qui est tourmenté, afin qu’il puisse confesser son péché.
Ce n’est pas le nombre de chaines et la dureté d’emprisonnement par ces chaines
qui comptent.
Parler de ses différentes souffrances, de sa maladie, de ses multiples addictions ne mettra jamais le malade sur la voie de la guérison et la vérité. Mais qu’elle parle de ce qui hante son cœur est le plus important.
Chasser les démons nécessite trois réconciliations. D’abord
se réconcilier avec Dieu, puis se réconcilier avec soi-même et enfin se
réconcilier avec la tierce personne.
Les confessions et les prières doivent aller dans ce sens.
-Se réconcilier avec Dieu, c’est reconnaitre que sans lui il
n’y a pas de délivrance possible, puisqu’au début c’est lui qui met la lumière
sur le mal et à la fin c’est lui qui purifie.
-Se réconcilier avec soi-même signifie arrêter de se faire du
mal. Arrêter de se punir, de s’en vouloir de son état et de l’injustice qu’à
causer l’autre.
Se pardonner à soi-même signifie que nous sommes trop faible,
trop orgueilleux pour chercher ce qui est juste pas nous-même. Nous devons
arrêter de nous combattre ainsi, car c’est un faux combat. Nous n’avons pas à
nous châtier parce que l’objet de notre souffrance reste encore en vie. Reconnaissez
que vous n’avez aucune raison à vous en vouloir de vous être rendu esclave de
vos fautes. C’est le pouvoir de la chair qui étant faible et fourbe vous a
entrainé dans ses turpitudes.
-Enfin se réconcilier avec l’autre qui nous a blessé et meurtri, c’est reconnaitre qu’il ne sait pas ce qu’il fait, qu’il est lui-même sous une emprise mauvaise ou reconnaitre qu’il avait raison d’agir comme il l’a fait et qu’au bout du compte la vengeance et la justice appartiennent à Dieu le Père.
Alors face à cette manière de chasser les démons, on peut me
rétorquer que jamais Jésus n’a parlé de cela dans les Évangiles et que sa
manière de faire était beaucoup plus expéditive. Il voyait une personne
possédée, il chassait les démons et poursuivait son chemin.
Je répondrais d’abord que tout n’a pas été dit dans les
Évangiles.
Pour illustrer ce propos je pose juste une question :
Que voulait dire Jésus par force et pouvoir lorsqu’il
dit : « Jésus, ayant assemblé les douze, leur
donna force et pouvoir sur tous les démons, avec la puissance de guérir les
maladies. » ?
Par conséquent tout n’a pas été dit pour plusieurs raisons.
La plus flagrante est de laisser l’interprétation possible.
Chacun doit penser et faire en son âme et conscience,
derrière les mots force, pouvoir et puissance.
Par exemple, quand on chasse les démons pour impressionner l’autre, ou par un intérêt trompeur, ce mal doit s’exprimer aussi.
Comment chasser les démons ?
Eh bien, Christ peut nous l’insuffler par son Esprit.
Pourquoi avoir besoin d’une lettre pour nous l’expliquer ?
Je préfère croire à cette possibilité qui nous rend libre en
Jésus-Christ.
Pour ceux qui s’attendent à une loi, des théologiens leur trouveront une loi sur la délivrance. Et la loi nous met sous l’emprise de démons en nous rendant dure de cœur. Car des démons peuvent-ils chasser d’autres démons ? Pourtant, c’est bien le cas en général.
Pour Christ, sa volonté, je le crois est de nous présenter un
cadre incomplet, pour nous laisser libre choix avec son esprit afin d’agir
selon les circonstances.
Le cadre qu’il nous présente, c’est en premier : Que celui qui veut être délivré s’approche
de Dieu, qu’il prenne lui-même les devant pour aller vers des croyants.
Deuxièmement, le cadre insiste sur la communion.
Tout se fera à plusieurs, là ou deux ou trois sont en accord
avec Dieu pour délivrer son prochain.
Les disciples étaient envoyés par deux dans l’intention que
la gloire ne retombe pas sur une personne en particulier.
Nous devons éviter de prier seul pour une délivrance. Pourquoi ?
Parce que c’est se garder soi-même et garder les autres de l’idolâtrie.
Enfin, troisièmement le cadre insiste sur la prière, le jeûne, la confession des péchés.
Mes frères et sœurs, vous qui écoutez ce message, et qui êtes
troublé, sachez que celui qui s’abaisse sera toujours élevé par notre Seigneur.
Alors ne cherchez pas un acte magique, qui ne fera que vous troubler encore
plus, mais chercher la vérité qui elle seule vous rendra libre.
Amen.
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