samedi 24 janvier 2015

L’ÉGLISE DOIT–ELLE ETRE HUMANITAIRE ET POLITIQUE ?

Par Eric Ruiz

L’hypocrisie sociale et religieuse
Nous vivons dans un monde où l’apparence, ce qui frappe et attire le regard, est la norme numéro un.
Dans nos sociétés modernes, montrer sa générosité, se traduit souvent par donner aux nécessiteux.
Malheureusement, cet acte de cœur s’est transformé en calcul. 
L’intention première est détournée au profit d’une retombée souvent financière, pour les entreprises premièrement, mais aussi pour les personnes de notoriétés publiques. 
Pour d’autres, le but est de se dédouaner de leurs mauvaises actions, comme d’une purification religieuse. 
D’autres encore agissent quand l’émotion alimentée par les média, fait vibrer leur cœur.
Quoiqu’il en soit, l’hypocrisie mais aussi la superficialité, sont "la marque" de notre époque, comme elle était déjà celle du temps de Jésus.

Le cœur d’enfants comme unique solution
Il n’y a plus que les enfants qui sont réellement sensibilisés par la pauvreté et la misère. 
Ils sont encore pour un temps seulement, épargnés par les souillures du monde. 
Ils réagissent innocemment, sans arrières pensées.
Le Seigneur montre qu’un cœur d’enfant est ce qu’il faut rechercher premièrement pour s’approcher de lui.
"Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d'eux, et dit : Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, Vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux". (Matthieu 18: 2-4)

L’humaniste face à l’hypocrite
L’adulte désireux de soigner son image, tombe souvent dans l’orgueil et l’hypocrisie.  
Le cœur devient dur et insensible.  
On fait les choses d’abord pour soi. 
Et on pense aux autres pour en être récompensé (admiration, reconnaissance, argent…).
Le second commandement de Jésus est controversé.  "Aime ton prochain comme toi-même"  devient : "Aime-toi d’abord, puis ton prochain, dans la mesure où il te rapporte un bénéfice".
Le caractère humain est très changeant et influençable. 
Selon les rencontres, les épreuves de la vie, l’homme ou la femme développe une particularité plutôt qu’une autre. 
Tantôt rebelle, à d’autres moments soumis, puis enfin résigné. 
La bonne volonté humaine est inefficace face aux besoins de la société. 
Elle a depuis longtemps montré ses limites : La preuve, les 2/3 de notre planète manque dramatiquement de nourriture et d’hygiène.

Ce que je veux démontrer par là: c’est qu’être humaniste, c’est faire de l’humanitaire et donc croire que la société peut être changée par les gens. Que leurs mentalités peuvent être changées en les sensibilisant, en les instruisant.

Mes amis croyants, si vous pensez comme cela, vous pensez encore comme les païens !

Seule une réelle conversion permet de changer de cœur et donc de mentalité. Sans l’aide de Dieu, et du Saint-Esprit, aucun cœur ne peut être humble et contrit.

Nous vivons dans un monde d’esprits. Les mauvais esprits sont les plus nombreux. 
C’est satan qui mène ce monde. 
Son but est, d’un côté favoriser l’appauvrissement, la maladie, le deuil, de l’autre, l’enrichissement, l’accomplissement par le bien-être, pour finalement retomber dans le même écueil : la maladie et le deuil.

Jésus-Christ et la politique
Pour nous chrétiens, notre position est sans équivoque. 
Occupons-nous des affaires de notre Père, comme Jésus de Nazareth le faisait aussi, en Galilée, en Judée et en Samarie.
Jésus ne faisait pas de politique. 
Il ne s’occupait pas des affaires de la cité. La seule fois où Jésus s’est présenté devant les gouverneurs romains, c’était pour répondre aux fausses accusations des religieux. 
Il rencontra Pilate en premier, puis le roi Hérode ensuite. 
A aucun moment Jésus ne remit en cause l’autorité politique établi; A aucun moment il ne parla des mauvaises conditions de vie des juifs.
Devant Pilate, il prit simplement position pour son royaume, en précisant qu’il n’était pas de ce monde. "Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi"
Jésus voulait montrer que son royaume n’était pas visible, mais caché ; qu’il viendrait établir son règne dans le cœur des croyants et non dans un palais ou dans un gouvernement humain.
C’est d’ailleurs le principal reproche que le peuple juif, lui fit. 
Il attendait un Messie  puissant et vainqueur, chassant l’occupant romain et prenant le pouvoir à Jérusalem comme le roi David, jadis.
Or, au lieu d’imposer un nouveau régime politique, Jésus ordonne à ses disciples : "Rendez à César ce qui appartient à César"
En d’autres termes, "soyez-soumis à vos gouvernants et ne cherchez pas à rentrer en conflits avec eux".

Jésus s’occupait-il alors de tous les nécessiteux, les malades, les handicapés, ou les pauvres ?
Avez-vous remarqué qu’il ne fit aucun miracle à Nazareth, malgré les grands besoins qui s’y trouvait (Luc 4 :16 ). 
Pourtant, il annonça dans la synagogue, qu’il était venu délivrer les captifs, rendre la vue aux aveugles et qu’il accomplissait aujourd’hui-même cette écriture du prophète Esaïe. 
Les juifs se sont sentis fortement provoqués et même insultés, lorsqu’il prit exemple sur Elie, qui ne fit aucun miracle pendant les trois ans et demi de famine. 
Il ne s’occupa que d’une veuve et de son fils, et en plus, ailleurs qu’en Israël, A Sarepta (qui correspond au Liban actuel). 
Il raconta aussi la vie d’Elisée, qui ne se préoccupa d’aucun lépreux mis à part Naaman le Syrien.

S’ils étaient tous trois (Elie, Elisée et Jésus) des "humanitaires", leurs actions témoignent à l’évidence contre eux.

Non seulement ils pourvoient aux besoins d’un nombre restreint de personnes alors que leur pays est en deuil, affamé ou rempli de lépreux. 
Plus encore, ils ne s’occupent uniquement de gens qui les accueillent favorablement et qui plus est, au-delà des frontières.
Dieu serait-il élitiste? 
A en juger par ses actions, il serait plutôt sélectif.
Avec ces trois témoignages, que cherche à nous transmettre comme message, le Seigneur ?
Regardez d’abord au contexte. Les prophètes ne rencontrèrent que des incrédules, des cœurs endurcis, des esprits critiques, des ennemis.  
Face à ces mauvais esprits, Jésus s’est abstenu de toutes délivrances. 
Impossible pour lui d'appliquer le second commandement: "tu aimeras ton prochain comme toi-même". 
Ce qui lui a valu d’ailleurs une forte persécution. 
Ils le chassèrent de la ville et voulaient le pousser dans un précipice (Luc 4 :29). Elie et Elisée eux, se trouvaient envahit par des rois idolâtres et des faux prophètes, qui avaient mis le peuple dans l’incrédulité. 
Il est à noter que le Seigneur n’a jamais guéri de religieux
Il sondait leur cœur et dévoilait leur attitude dure, hautaine et méprisante à son égard et face aux pêcheurs. 
Il a fait de même avec toutes les personnes qui ne venaient pas à lui. 

Celles qui n’avaient pas assez soif de guérison, il les laissait là, au bord du chemin.

Jésus ne s’occupe que de ceux qui le cherchent avec force et sincérité.
C’est pour connaître leur réel besoin que le Seigneur demandait au malade : ‘’Que veux-tu que je te fasse ?’’. 
Pourquoi demander une telle chose à un aveugle ?
Parce qu’un malade peut préférer qu’un membre de sa famille soit guéri plutôt que lui ; ou paradoxalement désirer garder sa maladie pour ne pas être redevable à Dieu; ou encore être orgueilleux au point de mettre Jésus à l'épreuve.
Le témoignage de l’aveugle Bartimée est éloquent à ce propos. 
Malgré les gens qui voulaient le faire taire, il hurlait : "fils de David aie pitié de moi". Sans ces cris répétés, Jésus ne se serait pas arrêté.
Pourtant le passage biblique (Matthieu 14 :13-16) sur la multiplication des pains est souvent repris par les religieux pour montrer le coté ‘’humanitaire‘’ de Jésus, nourrissant une foule entière de quatre mille personnes.

Mais alors, pourquoi le Seigneur n’a t-il pas multiplié la nourriture sur tout Israël ?
Là aussi, il faut comprendre le contexte.
Jésus sort de la ville dans une barque pour se mettre à part. 
La foule le suit à pieds. 
Toutes ces personnes ont dû contourner le lac de Tibériade, puis gravir une colline, pour le rejoindre et parcourir beaucoup de kilomètres. 
Après trois jours de marche, sans nourriture, ils devaient tous être dans un état de fatigue très avancé ( surtout les malades parmi eux), car le Seigneur fut "ému de compassion"
Face à leur grande détermination à le suivre coûte que coûte, Jésus fit des miracles de guérison et une multiplication des pains et des poissons, pour que tous puissent manger.
Cette épopée des évangiles, montre que, la mise à l'épreuve est la première étape à franchir, pour recevoir de Jésus. 
Il teste notre renoncement. 
Ensuite, il est indispensable d’avoir la foi, et d’aller vers lui, à sa rencontre. 
L’action prime sur la passivité. "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos".
De même : "demander et l’on vous donnera…frapper, et l’on vous ouvrira" (Matthieu 7 :7).
Un acte humanitaire ne demande pas une action. 
C’est souvent un constat, une tierce personne ou un organisme  qui voit le besoin et cherche à y pourvoir.
Pour un croyant c’est différent.  
Le déclenchement de l’aide se fait à partir de la volonté déclarée et manifestée du nécessiteux. 
Il vient vers le croyant oint (Messie), il demande, il insiste pour recevoir.  
Cela va même plus loin, le pauvre, donne de son nécessaire, voire de ce qu’il lui reste
La veuve de Sarepta fit un gâteau à Elie avec tout ce qu'elle avait de farine et d’huile.  Après quoi, il ne lui restait plus rien pour se nourrir, elle et son fils. Son acte de foi assimilé à un acte de folie, a déclenché le miracle. 

Pour un incroyant, cela parait intolérable et même insupportable, de solliciter à ce point la personne démunie, avant de répondre à son besoin.

En fait, l’action du Saint-Esprit va beaucoup plus en profondeur qu’une action humanitaire. 
Jésus veut subvenir au besoin vital. 
Il délivre complètement l’opprimé, aussi bien dans sa maladie, dans son handicap, que dans sa détresse morale. 
Il le relève et en fait une personne digne et respectable. 
La contre-partie s’est de le suivre comme Seigneur et Sauveur. 
Il y a toujours un renoncement pour le croyant. 
Une fois délivré de ses bourreaux, Jésus dit à la femme adultère: "va et ne pèche plus"; soit en d'autres termes: "continue ta vie en renonçant aux œuvres du péché".

En conclusion:
Comme nous l’avons vu, plus haut, il est indispensable de retrouver un cœur d’enfant, humble et crédule.
L’esprit d’Elie doit revenir dans les derniers temps pour ramener le cœur des pères vers leurs fils. Chacun a besoin de cette reconversion, pour ne pas évangéliser comme le monde, en faisant de la politique et de l’humanitaire, mais en imitant Jésus, qui regardait si la personne avait un cœur d’enfant, avant de prier pour elle.

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