529
Par Eric Ruiz
Le nombre 19… encore ce nombre qui arrive tellement de fois dans mes journées. Aujourd’hui 11mars, en conduisant ma voiture, je pense à ce nombre et en même temps je me mets à penser à quelle heure il est. Il est 18h19.
Et puis, je rentre et en ouvrant ma Bible, je lis Luc chapitre 19.
Et là, je suis étonné en relisant une histoire que j’avais déjà lu
tant de fois. Or, une autre chose attire mon attention sur cette histoire de
cet homme riche appelé Zachée, chef
des publicains.
Zachée, on me l’avait raconté par son côté miraculeux : le
miracle qui consiste pour Jésus à l’appeler par son nom alors qu’il ne le
connait pas. Jésus l’interpelle en le voyant sur le sommet d’un
Sycomore et lui demande de descendre rapidement car il va manger
chez lui, là aujourd’hui.
Les religieux comme à leur habitude insistent, dès qu’ils le
peuvent, sur le côté miraculeux. C’est vrai, Dieu connait Zachée de tout temps
et sait à l’avance ce qu’il fera avec lui. Mais cette histoire est une véritable
aubaine pour ceux qui considèrent l’élu comme une prédestination. L’élu est
connu de Dieu. Dieu sait où se trouve son peuple.
C’est vrai, mais l’élu répond à d’autres indices.
Car malheureusement, on ne voit que ce que l’on désire voir ;
nos désirs nous aveuglent ; et à notre insu, on occulte ainsi la vérité.
En fait, le plus important vient après.
À partir du verset 8 (chap. 19) : « Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: Voici,
Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de
mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque
chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. ».
Qui va dire que le témoignage de Zachée est celui d’un
Élu ? Qu’il est
certes sauvé par grâce mais que ses actes montrent la vérité, là où il a placé
son trésor ?
Peu de monde je pense
vont insister sur cette prédestination par les œuvres justes.
Car donner
ses biens, son argent pour aider son prochain c’est entrer dans la
prédestination d’un Élu de Dieu.
Je vous parlais dans mon
dernier message du cœur du riche qui dans la société occidentale s’endurcit et n’a
plus d’empathie pour aider son prochain dans la souffrance et le manque.
Mais chose incroyable, lui,
Zachée, riche donne aux pauvres jusqu’à l’équivalent de la moitié de ce qu’il possède ; lui
riche reconnait ses torts et rend quatre fois plus à celui qui lui réclame
justice se sentant volé, dépossédé injustement.
Jusqu’à maintenant quand
Jésus prenait l’exemple d’un publicain c’était en l’assimilant aux gens de mauvaises
vies, comme aux prostituées.
Par exemple on lit dans
Marc 2 :15 : « Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, beaucoup de
publicains et de gens de mauvaise vie se mirent aussi à table avec lui et
avec ses disciples ».
Le publicain parce qu’il est collecteur d’impôts, pour les Romains (et
que beaucoup en plus abusaient de leur position pour extorquer et corrompre) possède
une mauvaise réputation de la part de la population. Il est placé au sommet des
pécheurs. Et là ce publicain est chef. Sa réputation est plus ternie encore, il
est le traitre juif par excellence, une arme de malédiction contre les siens.
Mais, ce collecteur d’impôts
est tellement différent des autres. Il a ce cœur à aider son prochain plutôt
qu’à chercher des stratagèmes pour lui extorquer de l’argent.
Zachée, est un nom qui provient
de la racine Zaccaï en hébreu, et qui signifie « pur » ; « Pur, Être parfait » comme le dit
Jésus, c’est de tout vendre pour le donner aux pauvres.
Pourtant, une question
se pose sur Zachée. Ne serait-il pas quand même en train de se justifier pour
gagner la confiance de Jésus et obtenir de lui la bénédiction ?
N’est-ce pas un moyen
qu’il a trouvé pour se déculpabiliser de ses actes mauvais ?
Après tout, c’est
tellement humain de mettre en avant le côté positif de ses actes. Combien de
riches se gonflent la poitrine aujourd’hui parce qu’ils participent à de grands
fonds de solidarité ou parce qu’ils sont à l’origine de grandes actions humanitaires
(Qu’ils font au passage pour défiscaliser, payer moins d’impôts et redorer leur
image).
N’oublions pas que
Zachée a pour travail de prélever l’impôt pour les romains, pour l’envahisseur
ennemi. Il se trouve dans une position très délicate, parce que plus propice à donner
de la main droite ce qu’il va reprendre avec la main gauche.
Mais Jésus n’est pas
dupe. L’esprit de Dieu juge la vérité, pas l’apparence. Il met la lumière sur le
mensonge ou la vérité. D’ailleurs, Zachée, bien qu’il ait tout fait pour se
rapprocher de Jésus, pour qu’il puisse le voir de près (comme en montant dans
le sycomore parce que lui était trop petit pour le voir), c’est Jésus qui est
véritablement venu à lui. C’est Jésus-Christ qui le cherchait.
Et, Jésus n’a pas réagi
face aux actes de justice de Zachée ; Il n’attendait pas que cet homme
s’explique sur ces faits et gestes. Lui, il n’en avait que faire. Ce qui a attiré
Jésus vers Zachée c’est son caractère, son cœur.
Jésus a vu le caractère
de cet homme. Il n’a pas demandé aux uns et aux autres si ce péager agissait
toujours bien et qu’elle était sa réputation. Jésus connaissait son cœur.
La preuve dans le texte,
il lui affirme qu’il mangera chez lui et cela bien avant de l’entendre
témoigner.
J’insiste sur cet état
de fait car beaucoup de religieux qui s’avançaient vers Jésus mettaient en
avant leurs œuvres. Ils se vantaient de payer la dîme, d’enseigner leurs frères, de les exhorter. Mais
Jésus les traitent de « conducteurs
aveugles » ;
parce qu’ils ont les yeux sur la loi mais pas sur le cœur.
Sont-ils comme Zachée
qui donne quatre fois ce qu’on réclame de lui ? Jésus leur dit
pourtant : « Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique,
laisse-lui encore ton manteau » ou
encore : « Donne à
celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi. »(Matthieu 5 :40-42)
Alors, le Fils de Dieu
souhaite à l’évidence que nous soyons plus émus par le cœur et l’honnêteté de
ce publicain que par tout autre chose ou par le miracle de la prédestination.
D’ailleurs le verset 9
qui vient immédiatement après le témoignage verbal du collecteur d’impôt
repousse toute ambiguïté à ce sujet: « Jésus lui dit (à Zachée): Le salut est entré aujourd'hui
dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham. ».
Vous voyez, Jésus d’abord
s’adresse à tous puisqu’il ne tutoie pas le collecteur, mais il prend exemple
sur lui ; il dit « cette
maison ».
Jésus montre à la foule, qui s’était amassée et sans se perdre dans de longues
phrases, qui est véritablement Zachée, quelle est son identité : Il est fils d’Abraham.
Le salut est associé ici
à la confession de Zachée envers ses propres actes de justice, qui sont vrais. Jésus
ne s’invite pas dans la maison de Zachée parce que Zachée aurait prié depuis
des jours qu’il vienne chez lui. Non, Jésus faisant les œuvres du
Père entre chez celui qui s’est sacrifié pour ses frères, sans compter.
Une telle personne a ce
sceau divin sur lui.
Le fils de Dieu, frappe
à la porte du juste, il vient souper, il vient partager le pain et le vin avec
le serviteur bon et fidèle. Zachée est déjà ce serviteur ; il est même
davantage, il est l’ami de Dieu. Jésus ne lui dit pas (comme avec le jeune
homme riche) qu’il lui manque une chose pour le suivre. Pourquoi ?
Parce que Zachée
suivait déjà Jésus.
Parce que Jésus s’invite dans cette maison comme si c’était la sienne en y
venant manger.
Alors quand Jésus
dit : celui-ci est aussi
un fils d’Abraham »,
il ne le dis pas sans raison.
Un fils d’Abraham n’est pas un élu reconnaissable parce qu’il est d’une certaine confession religieuse, ou
d’une certaine lignée juive ; ni même parce qu’il confesse Christ, mais
parce qu’il confesse soutenir le
pauvre et qu’il engage son honneur ses biens et son argent pour porter secours.
Si Jésus déclare que Zachée vient d’Abraham c’est bien qu’Abraham
agissait comme Zachée, n’est-ce pas ?
Mais en est-il vraiment
ainsi d’Abraham ? Engageait-il lui aussi ses biens, sa richesse pour les
démunis ?
Le point de départ c’est Genèse 21:32:
l’alliance
d’Abraham avec Abimelec à Beer-Schéba.
Quelle est l’enjeu véritable de cette alliance?
À lire les commentaires bibliques, elle ne
serait qu’une alliance de paix entre Abimelec, roi de Guerar (peuple des
philistins) et Abraham. La paix, oui…Mais n’est-ce pas plus que cela ?
Rappelons le contexte. Autrefois Abimelec a été
trompé par Abraham au sujet de sa femme Sara la faisant passer pour sa sœur. Si
bien qu’Abimelec n’y voyant aucun mal s’est mis à la courtiser. Mais le
philistin a eu une excellente attitude en apprenant le mensonge d’Abraham. Plutôt
que de rentrer en conflit et de retenir Sara captive, il s’est au contraire
excusé du tort qu’il a fait à Abraham et en plus pour lui montrer l’authenticité
de ses excuses ; il lui fit d’importantes offrandes. Le chef philistins
lui offrit des brebis et des bœufs, des serviteurs et des servantes sans
oublier un don de milles pièces d’argent ; le bénissant (Abraham) plutôt
que le maudissant.
Quelques temps plus tard, Abimelec accompagné
de son chef d’armée Picol retrouve Abraham et décide de faire avec lui une
alliance au puits de Beer-Schéba.
Abimelec confirme d’emblée son statut de frère
avec le père de la foi. « Dieu est avec toi
dans tout ce que tu fais »
lui dira-t-il.
Et cette fois-ci c’est Abraham qui offre des
brebis et des bœufs à Abimelec comme pour montrer le juste retour des choses.
Que c’est 50 /50 entre eux.
Comme je le disais, cette alliance est plus qu’un traité de paix, c’est un partage des biens. C’est l’officialisation qu’ils sont tous deux des frères authentiques.
C’est une alliance fraternelle.
Le puits de Beer-Schéba appartient autant à
Abraham qu’à Abimelec ; tous les deux ont les mêmes droits sur ces terres.
Il n’y a aucune restriction, aucune limite vis-à-vis de l’utilisation du puits
et des terres. L’eau appartient aux deux peuples.
Ce qui me fait dire cela : ce sont les
reproches d’Abraham avant l’alliance, au sujet d'un puits d'eau, dont s'étaient
emparés de force les serviteurs d’Abimelec, sans que ce dernier le sache.
Verset 25.
Ce besoin d’éclaircissement justifie la volonté pour les deux parties que rien ne devienne la propriété d’un seul. D’ailleurs au final « Abraham séjourna longtemps dans le pays des Philistins » nous dit le verset 34.
Il n’y a pas de frontière établi ici comme
entre deux nations, mais bien un partage des richesses naturelles de la
région. Abimelec le demande ainsi à
Abraham « Jure-moi maintenant ici, par le nom de Dieu, que tu ne tromperas ni moi,
ni mes enfants, ni mes petits-enfants, et que tu auras pour moi et le pays où
tu séjournes la même bienveillance que j'ai eue pour toi ».
La fraternité et la fidélité s’expriment complètement dans cette perpétuelle bienveillance mutuelle.
Alors maintenant, pour en revenir à Zachée,
cela ne fait aucun doute que l’alliance Abrahamique se reflète dans les actions
de Zachée vis-à-vis des pauvres. La moitié de ses biens sont à eux comme la
moitié des biens d’Abraham étaient à Abimelec.
Et Abimelec est un authentique frère de foi. Il a agi au départ avec
Abraham comme Zachée l’a fait en rendant au quadruple celui qui se sentait
léser. Abimelec a rendu à Abraham Sara sa femme, mais pas seulement… plus une très grosse offrande d’argent,
d’animaux de serviteurs et de servantes.
Par conséquent, Jésus montrant Zachée en disant « celui-ci est le fils d’Abraham » ne fait que de confirmer la même alliance. Une alliance où ni l’un ni l’autre ne dit que ses biens lui appartient en propre mais ils ont un seul cœur et une seule âme en mettant tout en commun. Je fais référence bien-sûr au livre des Actes où les frères et les sœurs de Jérusalem agissaient ainsi dans cet amour parfait.
Alors maintenant ne soyons pas fataliste comme
le sont beaucoup de chrétiens qui aiment à répéter « Dieu
Pourvoira » parce qu’il l’a fait avec Abraham avec le nom de
Dieu : Yehovah yireh ( jiré)
[Ye-ho-vaw’yir-eh’] et qu’il s’est présenté ainsi
devant lui.
Oui, c’est
certain Dieu pourvoira à tous nos besoins, mais il y a une condition
essentielle : Si nous faisons alliance avec nos frères comme Abraham l’a fait avec Abimelec et Abimelec avec
Abraham.
Ainsi, si nous pourvoyons à leurs besoins alors
Dieu pourvoira en retour aux nôtres.
N’est-ce pas d’ailleurs ce contexte qu’explique
l’apôtre Paul lorsqu’il dit dans Philippiens 4 :19 : « Et mon Dieu pourvoira à tous vos
besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. » ?
Paul ici tarit d’éloges au sujet de l’assemblée des Philippiens.
Il écrit qu’ils sont sa joie et sa couronne. Durant ce chapitre 4, Paul affirme
qu’ils ont été la seule Église à pourvoir à ses besoins pas une seule fois mais
plusieurs fois… et au verset 18, l’apôtre, conclue ; « J'ai
tout reçu, et je suis dans l'abondance; j'ai été comblé de biens, en recevant
par Epaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un
sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable ».
Mes frères et sœurs accomplissons concrètement l’alliance
d’Abraham, cette alliance de l’amour fraternelle ; soyons ce peuple qui
bénit les autres en leur apportant tout le soutien que nous pouvons, au risque
même d’être soi-même dans le manque, sachant que Dieu pourvoira à nos besoins d’une
manière abondante et même surabondante.
Amen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire