dimanche 17 mars 2024

ZACHEE, LE RICHE PUBLICAIN, FILS D'ABRAHAM

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Par Eric Ruiz

 

Le nombre 19… encore ce nombre qui arrive tellement de fois dans mes journées. Aujourd’hui 11mars, en conduisant ma voiture, je pense à ce nombre et en même temps je me mets à penser à quelle heure il est. Il est 18h19.


Et puis, je rentre et en ouvrant ma Bible, je lis Luc chapitre 19.


Et là, je suis étonné en relisant une histoire que j’avais déjà lu tant de fois. Or, une autre chose attire mon attention sur cette histoire de cet homme riche appelé Zachée, chef des publicains.


Zachée, on me l’avait raconté par son côté miraculeux : le miracle qui consiste pour Jésus à l’appeler par son nom alors qu’il ne le connait pas. Jésus l’interpelle en le voyant sur le sommet d’un 

Sycomore et lui demande de descendre rapidement car il va manger chez lui, là aujourd’hui.

Les religieux comme à leur habitude insistent, dès qu’ils le peuvent, sur le côté miraculeux. C’est vrai, Dieu connait Zachée de tout temps et sait à l’avance ce qu’il fera avec lui. Mais cette histoire est une véritable aubaine pour ceux qui considèrent l’élu comme une prédestination. L’élu est connu de Dieu. Dieu sait où se trouve son peuple.

C’est vrai, mais l’élu répond à d’autres indices.

Car malheureusement, on ne voit que ce que l’on désire voir ; nos désirs nous aveuglent ; et à notre insu, on occulte ainsi la vérité.


En fait, le plus important vient après.

À partir du verset 8 (chap. 19) : « Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. ».

Qui va dire que le témoignage de Zachée est celui d’un Élu ? Qu’il est certes sauvé par grâce mais que ses actes montrent la vérité, là où il a placé son trésor ?

Peu de monde je pense vont insister sur cette prédestination par les œuvres justes.

Car donner ses biens, son argent pour aider son prochain c’est entrer dans la prédestination d’un Élu de Dieu.

Je vous parlais dans mon dernier message du cœur du riche qui dans la société occidentale s’endurcit et n’a plus d’empathie pour aider son prochain dans la souffrance et le manque.

Mais chose incroyable, lui, Zachée, riche donne aux pauvres jusqu’à l’équivalent  de la moitié de ce qu’il possède ; lui riche reconnait ses torts et rend quatre fois plus à celui qui lui réclame justice se sentant volé, dépossédé injustement.

Jusqu’à maintenant quand Jésus prenait l’exemple d’un publicain c’était en l’assimilant aux gens de mauvaises vies, comme aux prostituées.

Par exemple on lit dans Marc 2 :15 : « Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie se mirent aussi à table avec lui et avec ses disciples ».

 

Le publicain parce qu’il est collecteur d’impôts, pour les Romains (et que beaucoup en plus abusaient de leur position pour extorquer et corrompre) possède une mauvaise réputation de la part de la population. Il est placé au sommet des pécheurs. Et là ce publicain est chef. Sa réputation est plus ternie encore, il est le traitre juif par excellence, une arme de malédiction contre les siens.


Mais, ce collecteur d’impôts est tellement différent des autres. Il a ce cœur à aider son prochain plutôt qu’à chercher des stratagèmes pour lui extorquer de l’argent.


Zachée, est un nom qui provient de la racine Zaccaï en hébreu, et qui signifie « pur » ;  « Pur,  Être parfait » comme le dit Jésus, c’est de tout vendre pour le donner aux pauvres.

Pourtant, une question se pose sur Zachée. Ne serait-il pas quand même en train de se justifier pour gagner la confiance de Jésus et obtenir de lui la bénédiction ?

N’est-ce pas un moyen qu’il a trouvé pour se déculpabiliser de ses actes mauvais ?

Après tout, c’est tellement humain de mettre en avant le côté positif de ses actes. Combien de riches se gonflent la poitrine aujourd’hui parce qu’ils participent à de grands fonds de solidarité ou parce qu’ils sont à l’origine de grandes actions humanitaires (Qu’ils font au passage pour défiscaliser, payer moins d’impôts et redorer leur image).


N’oublions pas que Zachée a pour travail de prélever l’impôt pour les romains, pour l’envahisseur ennemi. Il se trouve dans une position  très délicate, parce que plus propice à donner de la main droite ce qu’il va reprendre avec la main gauche.


Mais Jésus n’est pas dupe. L’esprit de Dieu juge la vérité, pas l’apparence. Il met la lumière sur le mensonge ou la vérité. D’ailleurs, Zachée, bien qu’il ait tout fait pour se rapprocher de Jésus, pour qu’il puisse le voir de près (comme en montant dans le sycomore parce que lui était trop petit pour le voir), c’est Jésus qui est véritablement venu à lui. C’est Jésus-Christ qui le cherchait.


Et, Jésus n’a pas réagi face aux actes de justice de Zachée ; Il n’attendait pas que cet homme s’explique sur ces faits et gestes. Lui, il n’en avait que faire. Ce qui a attiré Jésus vers Zachée c’est son caractère, son cœur.

Jésus a vu le caractère de cet homme. Il n’a pas demandé aux uns et aux autres si ce péager agissait toujours bien et qu’elle était sa réputation. Jésus connaissait son cœur.

La preuve dans le texte, il lui affirme qu’il mangera chez lui et cela bien avant de l’entendre témoigner.


J’insiste sur cet état de fait car beaucoup de religieux qui s’avançaient vers Jésus mettaient en avant leurs œuvres. Ils se vantaient de payer la dîme,  d’enseigner leurs frères, de les exhorter. Mais Jésus les traitent de « conducteurs aveugles » ; parce qu’ils ont les yeux sur la loi mais pas sur le cœur.


Sont-ils comme Zachée qui donne quatre fois ce qu’on réclame de lui ? Jésus leur dit pourtant : « Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau » ou encore : « Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi. »(Matthieu 5 :40-42)

 

Alors, le Fils de Dieu souhaite à l’évidence que nous soyons plus émus par le cœur et l’honnêteté de ce publicain que par tout autre chose ou par le miracle de la prédestination.

D’ailleurs le verset 9 qui vient immédiatement après le témoignage verbal du collecteur d’impôt repousse toute ambiguïté  à ce sujet: « Jésus lui dit (à Zachée): Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham. ».

Vous voyez, Jésus d’abord s’adresse à tous puisqu’il ne tutoie pas le collecteur, mais il prend exemple sur lui ; il dit « cette maison ». Jésus montre à la foule, qui s’était amassée et sans se perdre dans de longues phrases, qui est véritablement Zachée, quelle est son identité : Il est fils d’Abraham.


Le salut est associé ici à la confession de Zachée envers ses propres actes de justice, qui sont vrais. Jésus ne s’invite pas dans la maison de Zachée parce que Zachée aurait prié depuis des jours qu’il vienne chez lui. Non, Jésus faisant les œuvres du Père entre chez celui qui s’est sacrifié pour ses frères, sans compter.

Une telle personne a ce sceau divin sur lui.


Le fils de Dieu, frappe à la porte du juste, il vient souper, il vient partager le pain et le vin avec le serviteur bon et fidèle. Zachée est déjà ce serviteur ; il est même davantage, il est l’ami de Dieu. Jésus ne lui dit pas (comme avec le jeune homme riche) qu’il lui manque une chose pour le suivre. Pourquoi ?

Parce que Zachée suivait déjà Jésus. Parce que Jésus s’invite dans cette maison comme si c’était la sienne en y venant manger.

 

Alors quand Jésus dit : celui-ci est aussi un fils d’Abraham », il ne le dis pas sans raison.

Un fils d’Abraham n’est pas un élu reconnaissable parce qu’il  est d’une certaine confession religieuse, ou d’une certaine lignée juive ; ni même parce qu’il confesse Christ, mais parce qu’il confesse soutenir le pauvre et qu’il engage son honneur ses biens et son argent pour porter secours.

 

Si Jésus déclare que  Zachée vient d’Abraham c’est bien qu’Abraham agissait comme Zachée, n’est-ce pas ?

Mais en est-il vraiment ainsi d’Abraham ? Engageait-il lui aussi ses biens, sa richesse pour les démunis ?

 

Le point de départ c’est Genèse 21:32: l’alliance d’Abraham avec Abimelec  à Beer-Schéba. 

Quelle est l’enjeu véritable de cette alliance?

À lire les commentaires bibliques, elle ne serait qu’une alliance de paix entre Abimelec, roi de Guerar (peuple des philistins) et Abraham. La paix, oui…Mais n’est-ce pas plus que cela ?

Rappelons le contexte. Autrefois Abimelec a été trompé par Abraham au sujet de sa femme Sara la faisant passer pour sa sœur. Si bien qu’Abimelec n’y voyant aucun mal s’est mis à la courtiser. Mais le philistin a eu une excellente attitude en apprenant le mensonge d’Abraham. Plutôt que de rentrer en conflit et de retenir Sara captive, il s’est au contraire excusé du tort qu’il a fait à Abraham et en plus pour lui montrer l’authenticité de ses excuses ; il lui fit d’importantes offrandes. Le chef philistins lui offrit des brebis et des bœufs, des serviteurs et des servantes sans oublier un don de milles pièces d’argent ; le bénissant (Abraham) plutôt que le maudissant.

Quelques temps plus tard, Abimelec accompagné de son chef d’armée Picol retrouve Abraham et décide de faire avec lui une alliance au puits de  Beer-Schéba.

Abimelec confirme d’emblée son statut de frère avec le père de la foi. «  Dieu est avec toi dans tout ce que tu fais »  lui dira-t-il.

Et cette fois-ci c’est Abraham qui offre des brebis et des bœufs à Abimelec comme pour montrer le juste retour des choses. Que c’est 50 /50 entre eux.

Comme je le disais, cette alliance est plus qu’un traité de paix, c’est un partage des biens. C’est l’officialisation qu’ils sont tous deux des frères authentiques.

C’est une alliance fraternelle.

Le puits de Beer-Schéba appartient autant à Abraham qu’à Abimelec ; tous les deux ont les mêmes droits sur ces terres. Il n’y a aucune restriction, aucune limite vis-à-vis de l’utilisation du puits et des terres. L’eau appartient aux deux peuples.

Ce qui me fait dire cela : ce sont les reproches d’Abraham avant l’alliance, au sujet d'un puits d'eau, dont s'étaient emparés de force les serviteurs d’Abimelec, sans que ce dernier le sache. Verset 25.

Ce besoin d’éclaircissement justifie la volonté pour les deux parties que rien ne devienne la propriété d’un seul. D’ailleurs au final « Abraham séjourna longtemps dans le pays des Philistins » nous dit le verset 34.

Il n’y a pas de frontière établi ici comme entre deux nations, mais bien un partage des richesses naturelles de la région.  Abimelec le demande ainsi à Abraham « Jure-moi maintenant ici, par le nom de Dieu, que tu ne tromperas ni moi, ni mes enfants, ni mes petits-enfants, et que tu auras pour moi et le pays où tu séjournes la même bienveillance que j'ai eue pour toi ».

La fraternité et la fidélité s’expriment complètement dans cette perpétuelle bienveillance mutuelle.

Alors maintenant, pour en revenir à Zachée, cela ne fait aucun doute que l’alliance Abrahamique se reflète dans les actions de Zachée vis-à-vis des pauvres. La moitié de ses biens sont à eux comme la moitié des biens d’Abraham étaient à Abimelec.  Et Abimelec est un authentique frère de foi. Il a agi au départ avec Abraham comme Zachée l’a fait en rendant au quadruple celui qui se sentait léser. Abimelec a rendu à Abraham Sara sa femme, mais pas seulement…  plus une très grosse offrande d’argent, d’animaux de serviteurs et de servantes.

Par conséquent, Jésus montrant Zachée en disant « celui-ci est le fils d’Abraham » ne fait que de confirmer la même alliance. Une alliance où ni l’un ni l’autre ne dit que ses biens lui appartient en propre mais ils ont un seul cœur et une seule âme en mettant tout en commun. Je fais référence bien-sûr au livre des Actes où les frères et les sœurs de Jérusalem agissaient ainsi dans cet amour parfait.

Alors maintenant ne soyons pas fataliste comme le sont beaucoup de chrétiens qui aiment à répéter « Dieu Pourvoira » parce qu’il l’a fait avec Abraham avec le nom de Dieu : Yehovah yireh ( jiré) [Ye-ho-vaw’yir-eh’]  et qu’il s’est présenté ainsi devant lui.

Oui, c’est certain Dieu pourvoira à tous nos besoins, mais il y a une condition essentielle : Si nous faisons alliance avec nos frères comme Abraham l’a fait avec Abimelec et Abimelec avec Abraham.

Ainsi, si nous pourvoyons à leurs besoins alors Dieu pourvoira en retour aux nôtres.

N’est-ce pas d’ailleurs ce contexte qu’explique l’apôtre Paul lorsqu’il dit dans Philippiens 4 :19 : « Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. » ?

Paul ici tarit d’éloges au sujet de l’assemblée des Philippiens. Il écrit qu’ils sont sa joie et sa couronne. Durant ce chapitre 4, Paul affirme qu’ils ont été la seule Église à pourvoir à ses besoins pas une seule fois mais plusieurs fois… et au verset 18, l’apôtre, conclue ; « J'ai tout reçu, et je suis dans l'abondance; j'ai été comblé de biens, en recevant par Epaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable ».

Mes frères et sœurs accomplissons concrètement l’alliance d’Abraham, cette alliance de l’amour fraternelle ; soyons ce peuple qui bénit les autres en leur apportant tout le soutien que nous pouvons, au risque même d’être soi-même dans le manque, sachant que Dieu pourvoira à nos besoins d’une manière abondante et même surabondante.

Amen

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