485
Par Eric
Ruiz
« Le jugement tombe ou commence en premier sur la maison
de Dieu. ».
Voici encore un verset bien connu et prononcé tellement de fois par les chrétiens ;
Mais
aussitôt dit, les voilà qui tournent les
talons et passent à toute autre chose, en affirmant que cela ne les concerne pas,
puisque le juste ne passera jamais en jugement, car Christ est leur sauveur…
Que le jugement ne concerne que les païens, les incrédules et les méchants ; pour les élus, pour le peuple de Dieu des Églises, ils sont déjà jugés.
Oui, le peuple de Dieu fidèle et intègre est déjà jugé. Mais pourquoi au moment où le jugement arrive, les croyants sont affolés par la lumière forte de Dieu qui dévoile alors ce qu’ils ont gardé cacher et secret ?
Si bien
que fuir consiste pour beaucoup à passer du temps à ressasser toutes les
prophéties bibliques. D’abord celles qui montrent un homme nommé Emmanuel, le
Messie, l’agneau de Dieu venu donner sa vie pour un peuple élu, sanctifié dès
le départ.
Ensuite,
d’autres prophéties les rassurent parce qu’elles montrent le jugement de
l’impie. Ils voient les temples d’Orient s’écrouler ; ils constatent les
régions de l’ancienne Mésopotamie être devenu un désert alors qu’elles
abritaient des villes luxuriantes. Cela
les ravit parce que la Bible évoquait déjà à l’époque où elle a été écrite, cette
désolation.
Ils voient
aussi les grandes religions se donner la main dans un grand élan de fraternité,
ils se sentent alors sanctifiés en ne s’associant pas à leur péché œcuménique. Ils
ne veulent pas tomber avec Babylone la grande qui est
devenue « une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur ».
Ils sont bénis, et la preuve c’est qu’ils sont dans la confidence divine, Dieu leur montre que les prophéties d’autrefois se réalisent là maintenant sous leurs yeux.
Je ne remets absolument pas en cause ces prophéties. Elles sont bien réelles. Mais avoir le regard toujours tourné vers l’extérieur, n’est-ce pas chercher à se rassurer sans cesse en constatant les conséquences du péché chez les autres (cela évite de les voir sur soi-même)?
Qui serait assez insensé pour leur dire qu’ils se trompent et que la destruction les concerne eux-aussi ? Et qu’en premier c’est la maison de Dieu au sens générale qui est jugée (et la leur aussi par conséquent).
Béthel, cette fameuse « maison de Dieu »,
comme son nom hébraïque en témoigne, a elle aussi déjà reçu son jugement
autrefois
(Amos 5 :5) « Ne cherchez pas Bethel…Bethel sera anéanti. Cherchez l’Eternel et vous vivrez ».
Mais
aujourd’hui je ne vais pas parler d’elle (j’en avais parlé sur un message à
l’occasion de la vaccination Covid « vaccin pas vaccin ? »), non je vais vous parler d’une
autre maison : Beth Aven.
Beth Aven,
géographiquement est très proche de Bethel. Elle est située sur le territoire
de la tribu de Benjamin, une région aride, à l’est de Bethel.
Beth-Aven
est tout ce qu’un croyant fuit ou combat par nature :
En hébreu maison de la vanité, maison d’iniquité ou d’idolâtrie ;
Or cette maison, c’est aussi avec elle qu’on est jugé.
La
maison a une identité. Elle montre toujours ceux qui la fréquente,
ceux qui la construise, la rénove. Mais et c’est là ce qui est surprenant, la
maison montre aussi et surtout ceux
qui lui font obstacle, comme ceux qui y habitent.
C’est l’état
général, l’état de leur cœur à tous, c’est leur Dieu que l’on voit alors.
Ah, Beth Aven ! Ce lieu ferait fuir plus d’un
superstitieux. Aven, en hébreu, c’est la douleur, la méchanceté, l’idolâtrie, le
deuil ; les calamités, les crimes,
le néant bref la maison
de la malédiction. Alors, il existe plein de légendes
rapportées aux lieux hantés ou aux
maisons hantées.
Comme si une maison, dans ses vieilles pierres, dans ses
caves, dans son grenier, dans ses vieilles armoires pourrait abriter des
fantômes, des démons, des âmes errantes ; ou comme si des esprits de morts
pouvaient encore y demeurer.
Mais
ce sont des fables, des histoires à faire peur.
Il n’existe aucun lieu, aucun objet qui peut générer une
malédiction, aucune maison envoutée par le diable. Il n’y a aucun démon qui
pourra vous attaquer si vous y pénétrer. Vous ne risquez aucune possession
démoniaque, si vous passer le pas de la porte.
Dans ces maisons démoniaques on y rencontre qui ? Uniquement que soi-même.
Jésus (Matthieu 12 :43-45) a pris l’exemple de la
maison pour expliquer que l’esprit impur qui sort d’un homme peut retourner
dans sa maison, là où il en est sorti, c’est-à-dire en lui-même.
Et ce démon peut revenir dans cette maison, à l’intérieur
de cet homme avec sept esprits plus méchants qu’avant. Et c’est pourquoi sa
condition devient pire qu’autrefois. Ce n’est
pas la maison qui a changée, c’est la condition de la personne. La
maison, elle n’est qu’un reflet de l’âme de ceux qui y entrent.
Et l’âme est à ce moment-là soumis à ses démons.
Il faut bien comprendre que les esprits n’habitent pas des
pierres mais des corps en vie ; et c’est en acceptant les mêmes idées véhiculées par les habitants ou les
locataires de la maison, ou de ceux qui s’y regroupent régulièrement que l’on
peut devenir possédé.
Alors une porte qui claque, des voies qui parlent, des
verres qui tombent, des choses qui disparaissent, des apparitions
soudaines; ce sont la manifestation des esprits impurs d’une personne vivant en
communion avec d’autres esprits impurs.
Nous devons être prudent avec celles et ceux que nous
rencontrons ou avec qui nous échangeons dans un « lieu saint ».
S’associer à leur dieux peut être très dangereux voire désastreux.
Par
exemple, si nous cachons des péchés comme eux le font aussi, nous sommes alors en
accord avec eux, avec leurs mauvaises pensées. C’est que leurs
obsessions, leurs façon d’agir sont identiques aux nôtres. Nous avons alors adopté et pris l’esprit de la
maison.
C’est exactement ce qu’a vécu Josué et les israélites lorsqu’ils
ont voulu attaquer la région de Beth-Aven.
Ils ne se sont pas emparés d’elle, c’est elle qui s’est emparée d’eux. C’est comme s’ils s’étaient attaqués eux-mêmes.
Ils se sont attaqués à leur propre fantôme en s’en prenant aux Amoréens de la région ; Parce que leur esprit avait changé. Et c’est Beth Aven qui a révélé ce changement.
Quel était l’esprit de la maison de Josué, la maison d’Israël à ce moment-là?
On le lit dans le livre de Josué, chapitre 7 aux versets 11 et
12. « Israël a péché; ils ont transgressé mon
alliance que je leur ai prescrite, ils ont pris des choses dévouées par
interdit, ils les ont dérobées et ont dissimulé, et ils les ont cachées parmi
leurs bagages. ».
L’esprit de corruption était entré dans la maison d’Israël,
devenant par ce fait, la maison de Beth Aven. Ce péché du verset 12 leur fut
révélé seulement après leur
défaite cinglante contre les Amoréens qui étaient à Aï, près de Beth Aven. Tous
les israélites alors, furent dans la consternation et perdirent courage. Ils
avaient perdus des hommes devant des combattants peu nombreux.
La gloire, les prodiges qu’ils avaient vécus précédemment à Jéricho se sont soudainement volatilisés, pire : ces prodiges se sont retournés contre eux. Mais surtout, où était cette victoire que Dieu leur avait promis sur tous leurs ennemis ?
De nos jours, les esprits sont les mêmes. Les croyants se croient
bénis, dans toutes leurs voies. Les prophéties
bibliques sont là, élevées comme des puissances éternelles définitivement
acquises. Deutéronome 28 : « Si tu obéis à la voix de ton Dieu… Ta corbeille et ta huche seront bénies.
6Tu seras béni à ton arrivée, et tu seras béni à ton départ.
7L'Eternel te donnera la victoire sur tes ennemis qui
s'élèveront contre toi…».
Comment Bethel, la maison de Dieu peut-elle si vite devenir
une maison hantée, remplie de démons ?
D’abord, les éclaireurs envoyés par Josué ont fait comme
beaucoup de croyants aujourd’hui : ils ont sous-estimé la puissance de cet
endroit.
Aï, cette ville proche de Beth Aven
signifie : « tas de ruines ». C’est exactement de cette
façon-là qu’ils ont considéré cette ville : aussi forte qu’un tas de
ruines.
Une parfaite réplique des croyants qui ne se sentent pas concernés par le jugement de la maison de Dieu. Ils continuent à croire qu’avec leur connaissances théologiques, ils pourront être victorieux aisément de n’importe quel ennemi, sans s’examiner auparavant. Ils ont la Barak (la bénédiction comme étendard).
Josué 7 :2 « Josué envoya de Jéricho des hommes vers Aï, qui est près de Beth-Aven, à l'orient de Béthel. Il leur dit: Montez, et explorez le pays. Et ces hommes montèrent, et explorèrent Aï. 3Ils revinrent auprès de Josué, et lui dirent: Il est inutile de faire marcher tout le peuple; deux ou trois mille hommes suffiront pour battre Aï; ne donne pas cette fatigue à tout le peuple, car ils sont en petit nombre. ».
Comment peut-on croire que Josué serviteur de
Moïse et de Dieu dont la mission était de franchir le Jourdain et d’entrer en
terre promise pouvait être un tant soit peu perdant dans l’affaire ? Un
homme que Dieu a missionné ne peut pas être battu par l’ennemi, il est béni
quoi qu’il arrive.
Sa mission n’est-elle pas plus importante que
lui ?
Et puis, il est trop proche de Dieu pour se
laisser berner par son peuple. Dieu l’aurait (c’est sûr) éclairer sur leurs
mauvais agissements, avant de s’engager dans un combat voué à l’échec.
Çà c’est ce qu’un croyant vaniteux et
idolâtre pense, quand lui-même va au combat.
Il s’appuie sur ses bénédictions acquises, sur
les prophéties bibliques ou sur l’onction de son dirigeant.
Mais le verset 6 prouve le contraire : « Josué déchira ses vêtements, et se prosterna jusqu'au soir le visage contre terre devant l'arche de l'Eternel, lui et les anciens d'Israël, et ils se couvrirent la tête de poussière. 7Josué dit: Ah! Seigneur Eternel, pourquoi as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple, pour nous livrer entre les mains des Amoréens et nous faire périr? ».
C’est toujours ainsi avec Dieu.
L’ennemi devient fort parce Dieu retire sa bénédiction à un peuple désobéissant et qui refuse de se repentir vraiment.
Et le peuple d’Israël n’aurait jamais su pourquoi les
choses en étaient arrivées là, si Josué n’avait pas eu une
très bonne attitude. Il s’est remis en cause directement ; il a déchiré
ses vêtements en signe de repentance. Il ne s’est pas posé les mauvaises
questions comme :
« Peut-être n’ai-je pas assez de foi, n’ai-je pas assez
prié, et pas assez demandé à Dieu de me fortifier ? Pourquoi n’ai-je pas
pu chasser les démons Amoréens? ».
Non, L’Éternel lui a dit « fortifies-toi et prends courage ».
Décidément les réflexes de foi appris ne servent à rien. De
la même manière que cela s’est fait et se fera encore, Dieu averti son peuple par des échecs, alors
qu’il lui avait promis le succès.
Il projette ce qu’il est, en face de lui, pour le faire réagir. Les fantômes, les démons qui s’agitent : c’est ce qu’il a en lui.
Je me souviens d’une expérience personnelle.
Il y maintenant 19 ans, en 2004, l’esprit de Dieu m’avait
mis à cœur de préparer l’agrégation, (un concours très difficile, une haute
valorisation dans mon métier d’enseignant).
Pour moi, alors, ma victoire était déjà acquise. Ma
nomination allait se faire d’elle-même, valorisant ma foi. Mon travail de
préparation allait me donner c’est sûr, j’en étais absolument convaincu :
la victoire, comme il me l’avait donné précédemment avec le concours du CAPES
en 1992.
J’étais rempli de la même assurance.
Eh bien, 12 ans après, ce fut un véritable échec, la
révélation du mal. Même pendant l’épreuve je me suis senti abandonné, sans
force, avec juste mon inspiration limité. Je passais les épreuves écrites,
diminué en étant à moitié malade. Je m’attendais tellement à revivre les mêmes
prodiges que j’avais connus auparavant. Mais là c’était le vide, rien. Et il en
fut ainsi aussi lors des résultats du concours. Pas de miracle, recalé.
Eh bien pendant pas mal de temps je n’ai pas compris ce qui
m’arrivait. Durant des années, j’ai posé maintes fois la question à Dieu sans
avoir de réponse : « pourquoi m’as-tu fais passer ce concours sachant
que j’allais échouer ? »
Aujourd’hui, j’ai eu ma réponse : C’est moi qui ai fait échouer le projet divin. Dieu n’a rien à voir dans cet échec. C’était ma fidélité qui était en cause. Je sais que toute ma maison était hantée et que je n’ai pas eu l’attitude de Josué pour le comprendre.
Je terminerai par le prophète osée : S’il y a une
morale à tirer de l’histoire, c’est Osée qui nous la donne : » Si tu
te livres à la prostitution, ô Israël, Que Juda ne se rende pas coupable;
N'allez pas à Guilgal, ne montez pas à Beth-Aven, Et ne jurez pas: L'Éternel
est vivant! ».
Osée nous dit, de la part de Dieu, de ne pas avoir de
projets, de ne pas témoigner que Jésus est vivant, sans avoir au préalablement
examiner ses voies et se repentir de sa prostitution en ayant été vers d’autres
dieux.
Car avec un cœur incirconcis, nous emmènerons en plus de
nous-même, d’autres avec nous à Guilgal comme à Beth Aven pour nous faire
battre, pour vivre l’échec et l’humiliation.
Amen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire