dimanche 24 juillet 2022

LA BENEDICTION : UNE FAVEUR INDIVIDUELLE OU COLLECTIVE ?

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Par Eric Ruiz

 

Le religieux a toujours buté sur des incompréhensions. Qui est responsable ? A qui imputer le péché, au fils, au père, à tous les membres de la famille ? Qui doit payer des fautes commises : l’individu, la famille, le groupe, la tribu, la dénomination religieuse ?

Le religieux est perdu parce qu’il ne voit qu’une seule lignée. Un seul sang : celui des bénis. L’autre lignée c’est le sang impur, la race des perdants, celle des maudits.

L’extermination des premiers nés Égyptiens payant la faute de Pharaon lors de la 10ème plaie d’Égypte met de l’eau au moulin des partisans d’une malédiction collective.

Mais, il faut revenir au temps de Noé pour comprendre comment s’est réalisé ce dérapage.

Noé, après le déluge but le vin de sa nouvelle vigne jusqu’à s’enivrer. Il se dévêtit complètement et Cham le fils cadet vit la nudité de son père, alors que ses deux autres fils Sem et Japhet le recouvrir pour ne pas la voir.

A partir de là, Noé «  dit: Maudit soit Canaan! qu'il soit l'esclave des esclaves de ses frères!  Il dit encore: Béni soit l'Eternel, Dieu de Sem, et que Canaan soit leur esclave! Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu'il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave!».

A partir de cette prophétie de Noé, l’esprit religieux a généralisé la bénédiction la donnant à Sem le fils ainé et à ses descendants, puis à Japhet en second lieu. Et la malédiction fut sur Cham, le cadet, et plus précisément sur un de ses fils Canaan qui sera serviteur des serviteurs de ses frères.

Le peuple sémite était donc en premier loge pour dominer sur les autres peuples descendants de ses frères, «  Béni soit l'Eternel, Dieu de Sem ». Et de Sem est sorti Abram, père de la foi, Isaac, Israël, Juda, Jésus-Christ.

C’est vrai que les sémites seront appelés à être des maitres, des entrepreneurs, des hommes d’affaires, destinés à être à la tête et non à la queue.

Mais Dieu a-t-il décidé pour une faute (celle d’avoir vu la nudité de son père) de maudire à jamais la postérité de Cham, en refusant son pardon, et que ce peuple soit écrasé, humilié par ses frères ?

Ses descendants seront-ils voués à la perdition ?

L’alliance perpétuelle que Dieu fait avec Noé n’est pas du tout celle-là. Il faut revenir à quelques versets au-dessus pour s’apercevoir que c’est une alliance de paix et non de guerre avec tous les êtres humains que Dieu fait. Au chapitre 9 de la Genèse, Dieu établit un signe dans le ciel (l’arc en ciel) pour se souvenir qu’il ne détruira plus les hommes par le déluge.

Et voilà la même bénédiction qu’il donne aux trois fils verset 1: « Dieu bénit Noé et ses fils, et leur dit: Soyez féconds, multipliez, et remplissez la terre ».

La malédiction serait à contrario, de devenir stérile en tout point. Dieu aurait dû alors, bénir les fils de Noé, d’une toute autre manière.

En fait, Dieu, avec les trois fils de Noé ne fait que de répartir des rôles, (de la même manière qu’il le fera dans son temple en plaçant les sacrificateurs lévites puis dans son Église avec les évêques, les anciens ; Ces fonctions saintes sont-elles plus bénis que les autres ?... je vais y revenir plus tard)

Car, Dieu laisse planer un mystère : Une fois les rôles donnés, où dit-il comment se comporter avec les uns et avec les autres ?

Car c’est là que se trouve la clé principale.

La clé de la foi a toujours été cachée dans le cœur et non dans l’apparence. Avec Dieu, la loi, c’est que le plus petit est le plus grand dans le royaume. Je vous renvoie au message du 11juillet sur l’esclavage où Jésus se faisant appeler « maitre » met un point d’honneur à servir ses disciples comme si, lui, était leur esclave.

C’est lui, Christ qui était déjà avec Noé et ses fils et qui introduit le principe de maitre et d’esclave en l’inspirant à Noé ;

Bien-sûr, pas dans un but mauvais ; pas parce que Christ se plait à voir l’humiliation prendre le pouvoir ; Mais parce que cette relation de maitre-esclave va lui permettre de différencier les maitres dominateurs sans scrupules tout comme (au même niveau) les esclaves méprisants et revanchards.

C’est l’histoire de l’humanité qui s’écrit alors avec ces cœurs doux et humbles d’un côté, ces cœurs qui cherchent le bien d’autrui ; et de l’autre côté : ces cœurs durs et manipulateurs qui recherchent leur bien-être en premier ;

Ce sont ceux à qui Dieu ouvrira les yeux et ceux à qui Dieu fera perdre la vue afin qu’ils ne se convertissent pas (Évangile de Jean chapitre 9).

Ce détail du cœur qui n’en est pas un, mais qui au contraire dévoile le royaume de Dieu, fait perdre la tête aux esprits religieux.

Ils se noient alors dans les généalogies pour trouver les vrais sémites, les vrais hébreux, les vrais juifs, les vrais chrétiens, ceux qui descendent bien de la postérité d’Abraham ; Et les voilà qui ne savent quoi penser lorsque Dieu dit à Moïse

« je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, » (Exode 20 :6).

Dieu châtie bien jusqu’à la mort les  parents désobéissants et fait tomber la sanction aussi sur leurs enfants et sur les enfants de leurs enfants.

Mais (et c’est là que le religieux s’égare) quoi penser des cas concrets qui montrent que des enfants dès la première génération ont été épargnés et que cette loi ne les a pas touchées?

Le dilemme est là : la bénédiction comme la malédiction est-elle individuelle ou collective, ou un peu des deux ?

Pourquoi certains échapperaient à une malédiction collective à l’inverse des autres?

La réponse passe-partout est bien-sûr : « Dieu connait les siens, où il connait ses élus ». Mais on dit cela, quand on ne sait pas.

Revenons sur un exemple qui troublait et qui trouble toujours l’élite juive.

Au moment de la grande révolte de Koré face à Moïse, il résulte que les enfants des familles de Datan et d’Abiram furent engloutis avec leurs parents par une catastrophe naturelle.

Par contre il est dit que les fils de Koré ne moururent point.

Nombre 26 :10 : « La terre ouvrit sa bouche, et les engloutit avec Koré, quand moururent ceux qui s'étaient assemblés, et que le feu consuma les deux cent cinquante hommes: ils servirent au peuple d'avertissement. 11 Les fils de Koré ne moururent pas. »

Pourquoi ces fils-là ont-ils, eux, échappés à la loi divine à partir du moment où les fils de Datan et d’Abiram ont été tués ?

La loi n’est-elle pas la même pour tous ? Car à l’évidence Koré était de la lignée du malin, il devait être exterminé avec toute sa famille ?

Or avec Dieu, je ne cesserai de le répéter, il n’y a pas de lignée bénie dès le départ, que l’on peut identifier, et qui ne pourra pas être maudite.

La vérité, c’est que la lignée bénie se forme au fur et à mesure de l’obéissance des uns et des autres, et elle écarte les désobéissants.

Les esprits religieux n’ont pas compris que les lois de bénédiction  et de malédiction s’entremêlent pour n’en former qu’une seule.

Car Dieu dit (dans Exode 20 :6, à la suite de la loi sur la malédiction) « je fais miséricorde jusqu'à mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. »

Donc, même dans une famille où les séniors de Korè se sont révoltés contre les commandements de Dieu, la justice divine prend en compte l’enfant, le junior quand celui-ci contrairement à ses parents, garde les commandements divins.

Par conséquent, il faut comprendre que la loi collective ne peut rien face à une seule personne qui manifeste son amour pour Dieu.

Et que cette personne, même si elle provient de la lignée de Cham, cela ne changera rien, son obéissance entrainera la bénédiction pour sa descendance. Et si parmi les enfants de Sem certains se révoltent contre Dieu, leur sang ne fera rien, ils subiront la malédiction de la loi.

Pour confirmer la supériorité de l’obéissance individuelle : quel malheur pour Juda, fils d’Israël, ses deux premiers enfants, Er et Onan, périrent parce qu’ils agissaient contre Dieu. Leur père, l’homme de la tribu la plus prestigieuse d’Israël, ne put rien contre cette sentence irrévocable.

L’obéissance à Dieu est la seule puissance qui rompt la malédiction.

C’est pourquoi, « il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance ».

La brebis égarée et retrouvée a un prix bien plus grand qu’une tribu de justes.

Les plans divins sont clairs : Dieu ne protège aucun homme, même s’il est issu d’une famille « noble par le sang » ou « noble par sa croyance ».

Se dire : «  Je suis juif, donc je suis exclu de cette loi » est un non-sens ; c’est comme se dire : « Je suis chrétien, Christ a porté mes fautes, donc je suis exclu de cette loi…c’est un non-sens aussi ».

Toute la famille Koré provenait de la tribu des Lévites. Elle avait de grandes responsabilités divines. Elle servait au Temple. Elle était très considérée par les autres tribus. Et parmi les autres tribus ceux qui s’entêtèrent à les voir privilégiés, au-dessus des lois par leur fonction, ou par leur rang, tombèrent dans le même péché et connurent eux-aussi le même châtiment, non pas par un cataclysme géologique mais cette fois-ci par une épidémie foudroyante.

Nombre 16 : 49 : « Il y eut quatorze mille sept cents personnes qui moururent de cette plaie, outre ceux qui étaient morts à cause de Koré. ».

Deux cents cinquante personnes moururent chez Koré, Datan et Abiram. Mais, ce n’est rien comparé aux fléau qui toucha ceux qui les voyaient comme intouchables (pour eux, ce n’est pas 10 fois plus ; c’est presque 60 fois plus de morts avec 14700 personnes décédées par l’épidémie!).

Et de nos jours, c’est la même chose, les catastrophes climatiques comme les épidémies se multiplient à l’infini. Pensez-vous que l’histoire ne se répète pas ? Que l’apostasie n’est pas présente ?

Les rebelles à Dieu forment une petite élite dans les assemblées qui entraine un immense groupe de sympathisants et d’admirateurs.

Attention, nous avons affaire toujours à un groupe qui se réclame d’une bénédiction collective, qui pense avoir le chandelier en main ; Un groupe qui a trouvé un indice particulier pour se greffer à la lignée de Sem et faire d’eux les vrais sémites. 

Alors oui, il existe quand même une bénédiction collective, mais qui est totalement imprévisible et inattendue.

Juda, la tribu bénie par excellence, d’où sortira le messie, est-elle aussi pure que cela ?

Si on prend déjà Juda fils de Jacob Israël, après avoir perdu sa femme et ses deux fils, il se laissa séduire par une prostituée, qu’il voulut éliminer par la suite, en apprenant qu’elle portait au final des jumeaux venant de lui.

Mais c’était une ruse de Tamar une cananéenne, qui n’était pas prostituée, mais veuve des fils de Juda : Er et Onan.

En ayant des fils avec Juda, elle força ainsi la bénédiction pour elle et sa descendance. Elle enfanta Peretz (ou Pharès dans Matthieu1) C’est le mot hébreu qui signifie brèche. Peretz fut une brèche pour Tamar, lui permettant d’entrer dans la lignée Judaïte.

Et ce n’est pas tout.

D’autres brèches furent crées, de manière tout aussi inattendue ; D’autres étrangers, ou plutôt d’autres étrangères creusèrent elles aussi cette brèche.

Rahab la prostituée de Canaan devait subir le même châtiment mortel que tous les habitants de Jéricho. Aucun n’en a réchappé. Or, en sauvant les deux éclaireurs de Josué, elle fut épargnée. Et plus tard, elle se liera avec Salmon un Judaïte et mettra au monde Boaz, l’arrière-grand-père du roi David.

Et Ruth la Moabite, elle surgit elle aussi étonnamment dans la généalogie de Jésus-Christ. Elle n’avait aucune chance d’y figurer. Elle était étrangère, servante. Elle était l’esclave de Boaz. Or, son abnégation, son cœur fut plus important que son rang et que son sang aux yeux de son maitre. Elle mettra au monde Obed grand-père du roi David.

Pour une tribu sainte qui devait porter très haut l’étendard du sang. C’est un sang très mélangé qu’elle nous montre.

Alors quelle relation avec la bénédiction solidaire des parents et des enfants, vous me direz ?

Toutes ces brèches dans la généalogie de Jésus-Christ, nous enseigne que derrière la bénédiction collective, Dieu fait du cas par cas, sans regarder à la provenance, au sang, mais plutôt en regardant à l’obéissance.

La foi de ces femmes (Tamar, Rahab, Ruth) montrait un niveau de détermination tel, que rien, ni personne ne pouvait les empêcher de se joindre à cette tribu.

Beaucoup de Judaïtes devaient envier leur foi puisqu’eux-mêmes étaient loin d’être à leur niveau.

Notre Dieu est un Dieu d’adoption. Il greffe au figuier de Juda celles et ceux qui se qualifient par leur obéissance.

Maintenant, quand des parents accumulent des dettes et qu’ils meurent, l’héritage revient aux enfants. Ils héritent alors des biens personnels mais aussi des dettes de leurs parents.

C’est à eux, les enfants de rembourser alors jusqu’au dernier sou ce que devaient leurs parents. Il n’y a pas d’effacement.

Cette loi s’applique aussi spirituellement ; sauf  pour l’enfant qui obéit à Dieu. Il n’héritera d’aucune dette. Christ se charge alors de payer la dette à sa place.

Voilà le greffon réalisé.

La bénédiction individuelle sera toujours supérieure à la bénédiction collective.

Amen

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