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Par Eric Ruiz
« Va vers les captifs, vers les enfants de ton peuple; tu leur parleras, et, qu'ils écoutent ou qu'ils n'écoutent pas, tu leur diras: Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel. » Ézéchiel 3 :11
Décidément c’est un drôle de sacerdoce que d’exercer la
mission de prophète. Ézéchiel comme Esaïe, comme bien autres aussi à l’instar
de Jean-Baptiste s’adressent tous à un peuple dont la majeure partie n’écoute
pas ce qu’ils ont à leur dire. Le prophète est comme son maître (Ézéchiel
3 :7) « Mais la maison d'Israël ne voudra pas
t'écouter, parce qu'elle ne veut pas
m'écouter; car toute la maison d'Israël a le front dur et le cœur
endurci. »
Les chrétiens, les juifs, tous les croyants en général sont
aujourd’hui dans cet état d’esprit hautain doublé d’un cœur endurci.
Quelle prétention de se vanter de tout connaitre et d’écouter
uniquement les anges qu’ils ont placés haut dans le ciel !
Leur
croyance est une doctrine d’archange.
Leur foi réside sur du merveilleux, du surnaturel. Ils n’ont de conseils et d’enseignements à ne recevoir de personne, uniquement ceux venant de l’ange (l’ange céleste comme l’ange terrestre) qu’ils ont eux-mêmes élus.
Alors pourquoi Dieu donne-t-il une telle mission à son prophète, s’il sait pertinemment qu’il ne sera pas écouté ? Parler à des sourds, cela ressemble à un coup pour rien, une voix qui crie dans le désert.
Parce qu’une minorité aura quand même un cœur travaillé,
brisé.
Quant à la majorité, c’est un jugement terrible qu’elle
reçoit, car ayant combattu la foi de Dieu, ils reçoivent leur salaire.
Le temple d’Ézéchiel est là, d’abord pour faire réaliser la tromperie d’un peuple qui a vécu la captivité, l’exil pour une juste cause : celle de son orgueil, de sa vanité (la dureté de son front) et à cause de son idolâtrie qui lui durcit le cœur.
La grande majorité regarde le temple d’Ézéchiel comme un
temple futur. Les croyants s’y voient recevoir des louanges, célébrer la gloire
de leur Dieu.
Il pense que ce temple correspond à ce qu’ils vivront lors
du millénium où le Messie régnera avec eux.
Ils n’ont les yeux rivés que sur la gloire à venir, que sur
les récompenses.
Or, quand L’Éternel demande à Ézéchiel que la maison d’Israël
soit entièrement connue, Dieu a une toute autre intention.
« Fais connaitre à la maison d’Israël
tout ce que tu verras…fais-leur connaître la forme de cette maison, sa
disposition, ses issues et ses entrées, tous ses dessins et toutes ses
ordonnances, tous ses dessins et toutes ses lois; mets-en la description sous
leurs yeux, afin qu'ils gardent tous ses dessins et toutes ses ordonnances, et
qu'ils s'y conforment dans l'exécution… (Mais aussi et
surtout) qu’ils rougissent de leurs iniquités.
Tout d’abord, il faut bien comprendre que la maison, c’est le temple dans son ensemble (sanctuaire, parvis intérieur, extérieur, chambres, salles, murs..), alors que le sanctuaire, c’est la petite partie comprenant uniquement le lieu très saint, le lieu saint et le portique qui y mène.
Alors, quand la
gloire de Dieu remplit toute la maison, ce n’est pas pour qu’on l’adore, c’est
pour éclairer le mensonge qui s’y répand (Ézéchiel 44 :4-6).
Dieu ne parle pas à des architectes, ni à des maçons. Il
parle à un peuple qui connait déjà le temple qui a été détruit auparavant puis
reconstruit et qui était sous les mêmes fondations et dimensions que celui de Salomon.
Mais ici, Ézéchiel donne des dimensions complètement irréalistes pour l’époque. Si on respecte les mesures donnée, il est inconcevable.
D’abord, il est impossible de le construire à Jérusalem
tellement sa superficie est importante.
Le mur extérieur qui entoure le temple est un carré de 1km
500 de côté. Le tour du temple représente environ 6kms (l’équivalent d’un
arrondissement de Paris).
Il y a largement la place pour accueillir tout le peuple
d’Israël de l’époque dans son intégralité et même l’ouvrir à de nombreux
étrangers.
Or, le mur du temple a une fonction bien définie : il
doit séparer ce qui saint de ce qui est profane (et par conséquent, il trie
pour ne pas laisser entrer tout le peuple.
Il y a déjà un sérieux avertissement ici avec cette dimension qui révèle que le profane a été mélangé avec ce qui est saint.
Le parallèle avec ce que nous vivons aujourd’hui est
frappant.
Il s’y trouve tellement de similitudes avec les dimensions
surréalistes de certaines assemblées qui n’ont de but que de faire entrer le
maximum de fidèles ; on parle de temples mormons , de temples
évangéliques, de temples orthodoxes, mais aussi de cathédrales gigantesques
avec des voutes situées à plus de 40 mètres de haut.
Le temple d’Ézéchiel ne serait pas du tout démesuré dans
notre panorama religieux contemporain.
Maintenant, la forme carrée du temple est identique à la
forme carrée du sanctuaire, à celle du lieu très saint, à celle de l’autel
aussi.
Ce qui signifie que la loi est identique n’importe où dans ce
temple, et aucun étranger ne devrait pouvoir y franchir les portes.
Or, nous l’avons vu, la porte septentrionale (celle du
nord) est un vrai boulevard. On y entre comme dans un hall de gare. C’est une
abomination, une désobéissance au plus haut point.
Or, en cas de désobéissance, nous connaissons les
conséquences pour l’étranger. Car Moise en a déjà été averti (Deutéronome
28 :43-44)
« L'étranger qui
sera au milieu de toi s'élèvera toujours plus au-dessus de toi, et toi, tu
descendras toujours plus bas; il te
prêtera, et tu ne lui prêteras pas; il sera la tête, et tu seras la queue. ».
L’écrasante
et humiliante domination de l’étranger n’est pas un fait provisoire, destiné à une époque ancienne
et révolue ensuite.
C’est une loi perpétuelle : « Elles seront à jamais pour toi et pour tes descendants comme des signes et des prodiges » ;
Des prodiges ?
Oui, l’aveuglement a inversé la bénédiction. L’étranger
avec ses richesses, est perçu comme une bénédiction (tout comme le temple
d’Ézéchiel est perçu exclusivement comme une bénédiction future).
Or l’étranger forme un joug terrible : « L’Éternel
ton Dieu te mettra un joug de fer sur ton cou, jusqu'à ce qu'il t'ait
détruit. ».
Toutes les dimensions et les lois de la
vision du prophète vont dans le même sens :
Le temple
est devenu un lieu étranger, un lieu de destruction au même titre que les
temples babyloniens ou (plus récent) les temples maçonniques.
Les sacrifices s’y pratiquent de la même façon : d’une manière rituelle et continue, rythmée selon un calendrier de fêtes à célébrer.
Pour donner une image de la vénération qui
s’y fait, Jésus dit que le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour
le sabbat ; eh bien ce temple montre encore l’inverse : L’homme serait fait pour le temple.
Comment ?
Dans le temple d’Ézéchiel, 30 chambres sont
disposées autour du temple près des portes, des entrées.
C’est là qu’on y stocke tous les animaux
destinés à être sacrifiés sur l’autel.
Le stockage est considérable (plus de 6 fois
la superficie du sanctuaire, lieu saint et très saint et portique compris).
Ce sacerdoce montre à quel point le rituel du
sacrifice des péchés est devenu la pratique la plus importante (le commerce le
plus lucratif devrais-je dire).
Jésus chassant les vendeurs du temple, ne chasserait pas quelques dizaines de personnes… mais ici, c’est une ville entière qu’il mettrait dehors.
Ah pourtant, le fait que l’autel des
sacrifices figure encore sur le parvis intérieur de ce « futur temple
saint » du millénium, trouble les théologiens qui ne comprennent pas le
but de ce retour en arrière.
Pourquoi ? Quel est son utilité, sa vocation, alors que le Messie est venu, le oint de Dieu a triomphé du péché ? N’est-il pas le seul agneau immolé pour nos péchés ?
Quels types de réponses, les théologiens, ont-ils
trouvé ?
Des réponses comme : le parvis intérieur, l’autel et sa cuve forment comme un mausolée, au même titre qu’un monument funéraire, qui garde en lui les sacrifices d’antan, en l’honneur et en mémoire du passé.
En fait, ils ne font pas l’analogie avec la porte de l’orient, fermée et condamnée par Dieu, qui confirme bien que Christ est à l’extérieur du temple. ; Et qu’il n’y reviendra pas tant que celui-ci restera profané.
N’oublions pas que le temple n’est plus fait
de mains d’homme en Christ, mais qu’il est vivant à l’intérieur du croyant.
Ce temple, cette âme montre pour le commun des croyants une infection: il est infesté d’étrangers, c’est-à-dire de démons, d’esprits impurs sept fois plus nombreux que ceux qui ont été chassés à l’origine.
Matthieu 12 :44 « Alors il dit (l’esprit impur sorti d’un homme): Je
retournerai dans ma maison d'où je suis sorti; et, quand il arrive, il la
trouve vide, balayée et ornée. 45Il s'en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus
méchants que lui; ils entrent dans la maison, s'y établissent, et la dernière
condition de cet homme est pire que la première. Il en sera de même pour cette
génération méchante ».
La génération méchante a été exilée parce qu’elle a changé les lois du temple. Elle
a laissé la maison vide pour y faire entrer les esprits impurs, les étrangers
d’autrefois.
Voilà aussi les raisons de la dimension démesurée du cœur de l’homme. Un cœur dur qui accueille une foule d’idoles prêt à être servi, revendiquant un catalogue gros comme un pavé, d’actes religieux.
Alors, les étrangers ont élu domicile dans
le temple, plus rien ne les retient ; et quoi de surprenant alors, qu’ils
aient aussi pris la place des sacrificateurs.
Dieu,
par Ézéchiel le dit lui-même (Ézéchiel 44 :7)
« Vous avez introduit dans mon sanctuaire des étrangers incirconcis de cœur et incirconcis de chair, pour profaner ma maison; … Vous n'avez pas fait le service de mon sanctuaire, mais vous les avez mis (les étrangers) à votre place pour faire le service dans mon sanctuaire. ».
De quel service parle-t-on ici ?
Alors, là aussi, la vision d’Ézéchiel fournit avec précisions les dimensions du sanctuaire, mais rien sur le service des sacrificateurs qui y sont attachés.
Que font-ils dans le lieu saint et le lieu très
saint ? Rien là-dessus.
Le seul service qui est décrit est celui fait à l’extérieur
du sanctuaire, dans les chambres extérieures.
Un oubli ? Non une information de taille.
Lisons Ézéchiel 42 :13-14 : « Les chambres du septentrion et les chambres du midi, qui sont devant la place vide, ce sont les chambres saintes, où les sacrificateurs qui s'approchent de l'Éternel mangeront les choses très saintes; ils y déposeront les choses très saintes, les offrandes, les victimes présentées dans les sacrifices d'expiation et de culpabilité; car le lieu est saint. 14Quand les sacrificateurs seront entrés, ils ne sortiront pas du sanctuaire pour aller dans le parvis extérieur, mais ils déposeront là les vêtements avec lesquels ils font le service, car ces vêtements sont saints; ils en mettront d'autres pour s'approcher du peuple ».
Si la vision insiste tant sur ce sacerdoce et
le rappelle, c’est bien qu’il n’est pas réalisé en conformité.
N’oublions pas que ce sont des étrangers (les non convertis ou les faux convertis) qui maintenant mangent les choses très saintes (les viandes destinées à l’offrande ou les aliments destinés à expier les péchés). « vous avez offert mon pain, la graisse et le sang à toutes vos abominations, vous avez rompu mon alliance »(Ézéchiel 44 :7)
Ce qui a été brulé sur l’autel dégage une
odeur nauséabonde.
Dans les faits, ces sacrificateurs se
contentent d’un sacrifice superficiel du moment que cela les nourrit. Ils ne
sont pas regardant aux actes de justice du peuple.
Je pense même qu’ils ne se soucient plus de leur vraie piété… puisqu’ils ne changent plus leurs vêtements sacerdotaux pour s’approcher du peuple. En gardant sur eux les vêtements saints (sans doute pour impressionner davantage et paraitre plus pieux), ils se trahissent eux-mêmes. Ils sanctifient le peuple à la légère. Celui qui est incirconcis de cœur et de chair, n’a plus de soucis à se faire, il peut s’approcher des choses saintes sans en éprouver de la crainte.
Aujourd’hui on fait de même dans les assemblées en imposant les mains à n’importe qui, systématiquement, sans discernement, en partageant la coupe avec les démons ; en bénissant ceux qui calomnient leurs frères, en faisant offrandes sur offrandes pour ne les redistribuer qu’a une petite élite, une caste de privilégiés.
Alors, il y a bien un revirement ; mais
il faut attendre trois chapitres pour voir apparaître les prémices d’un nouveau temple.
Dès le début du chapitre 40 la vision du
temple commence.
Mais, c’est à partir d’Ézéchiel 43 :13,
que la vision change radicalement lorsqu’elle insiste sur l’autel et sa
consécration. « Voici les mesures de l'autel… et les endroits par où on y montera
regarderont l'Orient.(version Martin). »
L’autel pointe vers l’orient, la porte orientale. Ceux qui monteront vers l’autel auront nécessairement les yeux pointés sur cette porte.
C’est aussi, un autel plus imposant, plus
élevé que celui d’origine.
« Voici les mesures de l'autel, d'après les coudées dont chacune était d'un palme plus longue que la coudée ordinaire » (Ézéchiel 43 :13).
L’accent est mis sur ce qu’il y a à sacrifier
comme autrefois pour être de nouveau agréable à Dieu.
Et l’ordre divin est clair : changer les sacrificateurs (les lévites) pour les remplacer exclusivement ceux restés fidèles, ceux qui autrefois étaient de la postérité de Tsadok.
Mais comment reconnaître les descendants de Tsadok ? Par une étude généalogique ? en ayant des racines juives dans sa famille ?
Non, ces sacrificateurs, sont de tout temps
reconnaissables au fait qu’ils ont une foi intègre, qu’ils n’ont pas été
influençables au point de suivre la voie du mal. Ils sont restés fidèles à Dieu
malgré leur exil et l’égarement du peuple.
C’est seulement eux qui entreront dans le
sanctuaire.
C’est, avec eux seulement que se fera l’expiation, les sacrifices, qui dureront comme autrefois, sept jours, et au huitième jour, (dans le texte à la fin du chapitre 43) la repentance sera à nouveau effective. Cette loi est perpétuelle. Et le chapitre fini ainsi : « Lorsque ces jours seront accomplis… je vous serai favorable, dit le Seigneur l’Éternel ».
Alors, le temple d’Ézéchiel devient un nouveau temple à
partir de la restauration de l’autel des sacrifices en premier.
À notre époque, il ne s’agit évidemment plus
d’y brûler des animaux, mais d’y brûler (spirituellement) sa propre chair, avec
ses idoles, ses désirs, son caractère égocentrique, ses rêves de gloire…).
Et Dieu replace d’abord dans leur fonction les
sacrificateurs intègres et fidèles (la lignée de Tsadok). C’est à eux de
préparer le retour du Seigneur en amenant un peuple vers une vraie repentance
de sept jours.
« Mais les sacrificateurs, les
Lévites, fils de Tsadok, qui ont fait le service de mon sanctuaire quand les
enfants d'Israël s'égaraient loin de moi, ceux-là s'approcheront de moi pour me
servir, et se tiendront devant moi pour m'offrir la graisse et le sang, dit le
Seigneur, l'Eternel…ils revêtiront des habits de lin…Ils
enseigneront à mon peuple à distinguer ce qui est saint de ce qui est profane,
ils lui feront connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est
pur. 24Ils seront juges dans les contestations, et ils jugeront
d'après mes lois. »
Voilà comment commence les fondations du
nouveau temple.
Une vraie repentance qui montre que l’on s’est
vraiment séparé de ce qui est impur.
Ce temple, est-il si différent du
premier ?
Non, c’est un véritable retour en arrière. Et
la grâce de Dieu est au prix d’un retour par l’autel des sacrifices (n’en
déplaise aux puristes de la grâce) ;
C’est un renoncement qui plait à Dieu et qui
est approuvé par les seuls sacrificateurs élus.
Ce sont les seuls à avoir reçu Dieu en
héritage (Ézéchiel 44 :28) son esprit.
C’est donc, par eux que la loi de Dieu est ici marquée au fer rouge.
Je m’arrête là pour le moment. Mais il y a
encore tellement de choses à dire sur ce temple. Sa renaissance montre encore
bien des choses.
Notamment qu’il existe un sanctuaire caché, un
sanctuaire dans le sanctuaire. J’y reviendrais prochainement si Dieu le veut.
Mais pour le moment, gardons en mémoire le
fait que le temple d’Ézéchiel montre un cœur étranger, qui a besoin de chasser
ses démons et de repentance pour y exercer le vrai service divin.
Amen
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