dimanche 1 novembre 2020

LA PAROLE CONTROLÉE

 355


Par Eric Ruiz

 

Nous sommes dans un temps très spécial, où très bizarrement, la parole n’a jamais eu autant d’importance.


Je n’apprendrais rien à personne en disant que la communication est devenue un secteur d’activité très répandu et en vogue.

Dès que l’on devient populaire, ou que l’on rassemble un petit groupe de d’individus, on se doit de détenir des techniques élémentaires de communication : Des choses à ne pas dire, des choses à ne pas montrer, des choses à dire avec circonspection, et prudence, d’autres à dire avec force et conviction, bref tout doit être sous contrôle et dans la retenue.

Il faut contrôler son énergie, contrôler ses émotions, peser chaque mot, avoir le regard de circonstances, les gestes cohérents.

C’est l’opposé de la parole libérée qui elle, se fait dans la spontanéité.

Dieu parle dans la spontanéité, il n’est pas dans le contrôle et la retenue.

Quand il parle, comme avec Ezéchiel alors qu’il n’est qu’un enfant, il exclut toute excuse liée à l’apprentissage : 

« Et l'Eternel me dit: Ne dis pas: Je suis un enfant. Car tu iras vers tous ceux auprès de qui je t'enverrai, et tu diras tout ce que je t'ordonnerai.
Ne les crains point, car je suis avec toi 
»

La parole de Dieu est totale, sans compromis, sans excuse, sans peur des représailles ; et le prophète qui est sa bouche est pareil : déterminée à parler sans filtre au moment et avec qui, Dieu le décidera. Ce n’est pas à lui ou aux autres de juger de sa compétence. Donc il parle spontanément, sans calcul.

Aujourd’hui : Où est passé la spontanéité ? Existe-t-elle toujours ?

J’ai des doutes, oui elle existe…mais souvent comme une erreur, elle arrive au dépend de ceux qui la manifeste ; Nous la voyons lorsque ceux qui manient adroitement le discours se mettent alors, à perdre le contrôle.

D’un seul coup, la vérité se dévoile, ils se mettent en colère, disent des mots qui auraient dépassé leur pensée (mais en fait ce sont bien ce qu’ils ont dans le cœur qui débordent alors).

Au début ce sont de bonnes personnes qui veulent le bien pour les autres, mais dès leur parole libérée elles passent ensuite pour des prédateurs. Ou bien, de personnes réputées ouvertes, tolérantes et démocrates, elles franchissent la ligne blanche et se retrouvent parachutées dans le clan des gens sectaires, tyranniques et totalitaires.

Je me rappelle un homme politique français, très connu, qui a l’habitude de critiquer violemment la position du chef de l’Etat, la jugeant antirépublicaine, dérivant vers l’autoritarisme et la dictature ;

Mais, lorsqu’il fut pris à parti, lui, alors qu’une perquisition se faisait dans ses bureaux : il sortit de ses gonds et lâcha instantanément ces mots : «  Laissez-moi passer, enfoncez-moi cette porte, la république : c’est moi ». Je pense que vous voyez de qui je veux parler, mais mon propos n’est pas là.

Le propos c’est que Jésus, insiste sur notre position qui ne doit pas être contrôlée.

Le contrôle, celui qui est aux commandes, c’est à notre Père céleste de l’avoir.

D’ailleurs, il nous dit  à travers Jésus: » Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y ajoute vient du malin. »

Quand on essaye de se justifier sur son oui ou sur son non, c’est que la vérité est cachée, et nos intentions dissimulées.

Alors, une parole contrôlée, va sous-entendre obligatoirement une intention masquée, dissimulée.

Il faut en convenir, notre Dieu exerce son jugement mais avec beaucoup d’humour. Parce qu’aujourd’hui avec les masques chirurgicaux sur toutes les bouches, on assiste à un grand spectacle où tous ceux qui ont une parole masquée, eh bien parlent dans un masque.

C’est comme si on mettait autour du cou d’un menteur, une grande pancarte sur laquelle est écrit menteur.

Oh la grande mascarade dévoilée !…et le pire c’est qu’ils n’en ont pas honte.

La parole contrôlée, bref le mensonge s’est professionnalisé, médiatisé, Youtubisé, facebookisé…

 

En fait, celui qui est « naturel » sans artifice, sans plan prévu d’avance, passe aujourd’hui pour un ignare, pour un imbécile sans instruction.

On ne l’écoute même pas, on ne l’ignore pas… non, on le méprise.

Je regardais une émission de télévision où on avait invité une personne qui avait sauvé une jeune enfant de cinq ans dans un accident de voiture.

On lui posa alors une question héroïque : Dans le Titanic, auriez-vous été dans la première chaloupe de sauvetage ou auriez-vous laissé votre place pour prendre la dernière ?

J’ai aimé la simplicité et la spontanéité de la personne, qui a répondu en toute franchise : « je ne sais pas du tout ce que j’aurai fait».

Elle aurait pu contrôler sa réponse, bomber le torse ou au contraire courber le dos pour paraître plus humble et se mettre en avant en répondant qu’elle aurait attendu la dernière chaloupe.

C’est la réponse qu’aurait certainement proposée un expert en communication, pour montrer que son acte héroïque du départ n’était pas un acte isolé, mais qu’on avait là devant nous, un véritable héro au grand cœur.

Non, il n’a pas cherché à se vendre comme on dit, à valoriser son image, car il avait agi spontanément, sans réfléchir.

Le bilan est accablant : pour l’image de soi on est prêt à contrôler sans cesse sa parole, la masquer : Notre société a rejeté le bien et elle a officialisée le mal.

Pourquoi ?

Parce qu’elle a décidé de faire l’inverse de ce que Jésus-Christ demande, c’est ça les vrais effets de l’apostasie (renier Christ) ;

Renier Christ, ce n’est pas dire: "je ne crois pas en Dieu", c’est plus parlant que ça :

 

-On veut se venger soi-même et on réclame rendre œil pour œil et dent pour dent (ça c’est renier Christ).

-On veut résister au méchant et surtout ne pas tendre l’autre joue quand on nous agresse (ça c’est renier Christ).

-On protège ses biens, et son argent (sans oublier son smartphone, bien-sûr) mieux que ses enfants (ça c’est renier Christ) ;

-On ne veut pas faire d’efforts pour les autres (ça c’est renier Christ).

-Et quand quelqu’un demande de l’aide, on prétexte qu’on n’a pas le temps.

 C’est ce que dit Jésus dans Matthieu 5 des versets 38 à 42 soit pendant 5 versets, mais, lui, avec l’intention contraire.

 

Alors pour ceux qui rendent témoignage de leur foi, c’est la même chose (l’apostasie touche tout le monde) :

Comme on veut contrôler son témoignage, alors en premier, on cherche à connaitre la personne en face de soi pour lui coller une étiquette (celle d’athée, de catholique, d’orthodoxe, d’évangélique, de juif, de musulman, de bouddhiste, de franc-maçon…) dans le seul but d’anticiper ses réponses.

On n’a plus alors en face de soi une personne, mais une doctrine, à qui on répondra par une autre doctrine.

Et on montrera l’intention contraire de Mathieu 5 :38

-Si elle me dit ça, alors en retour je lui répondrais cela (œil pour œil)

-Si elle me fait la morale, devient agressive ou intrusive, je ne l’a laisserai pas faire, je résisterais au méchant et je ne lui tendrais pas l’autre joue, je lui répondrais : "C’est mon Dieu le seul vrai Dieu, ce n’est pas le tien".

-Si elle me demande de l’argent ou que je l’aide, je lui dirais que nous ne sommes pas du même bord et que soit sa religion peut l’aider, soit qu’elle se convertisse à la mienne, et alors, Dieu pourvoira à ses besoins.

-Et puis, si elle insiste pour que je prenne du temps pour l’aider, je lui répondrais que n’ai pas de temps à consacrer avec quelqu’un qui ne croit pas comme moi. Si elle veut vraiment de l’aide, c’est à elle de me suivre à la réunion de mon Eglise, où de commencer à faire ce que je lui demande.

Voilà pourquoi Jésus dit juste avant au verset 36 : « Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu. ».

Eh oui, en jurant dire la vérité, le mensonge ferait alors blanchir tout le monde.

Voilà les fruits de la parole contrôlée : les ténèbres.

Notre société est ténébreuse, pas parce qu’il y a des complots sataniques, mais surtout parce que la parole est contrôlée.

« La vérité vous affranchira ».

La vérité rime avec la liberté. Donc sans liberté de parole, notre parole est mensongère.

Un homme politique, qui était à la fois artiste et grand homme d’affaire, patron d’un grand club sportif a dit récemment lors d’une émission de TV, alors qu’il se sait sur la fin de sa vie :

« Maintenant ma parole est libre ; Maintenant je peux dire les choses sans être tout le temps obligé de contrôler. Quand vous êtes en politique, vous ne devez dire que les choses qui ne contredisent pas les idées de votre parti, c’est fatiguant ! »

La politique, les affaires, la religion (la science aussi) bref pour tout groupe idéologique, c’est pareil. Il ne faut pas que nos paroles contredisent ce que notre groupe pense. C’est de l’auto censure, mais c’est fatigant à la longue.

Voilà aussi pourquoi autant de croyants se disent fatigués, exténués, au bout du rouleau…

Parce qu’en temps de ténèbres comme le nôtre, le mensonge coule comme l’eau courante. Et par conséquent dans les discours, il y a tellement trop à contrôlé, qu’on est sans cesse sur le point de déraper et de dire le contraire de la théorie bien-pensante.

Un croyant doit libérer sa parole. Il doit lâcher prise, lâcher les rênes du contrôle ; il doit se surprendre lui-même à dire des choses qui dépassent sa pensée ; Pas pour se trahir mais pour que l’Esprit saint parle au travers de lui.

Combien de fois m’est-il arrivé de prier en moi-même que le Saint-Esprit vienne à mon secours ne sachant quoi répondre à une personne, en me sentant dépourvu d’arguments. Et là instantanément m’est venu la réponse qui m’a surpris moi-même, mais qui répondait (je le voyais bien) au besoin de mon interlocuteur ; comme à d’autres moments je me suis surpris à ne rien dire ou à couper court à la conversation. Après coup j’ai su le pourquoi de la chose, mais sur le moment, j’étais un peu étonné.

Jésus de Nazareth, envisageait les choses ainsi. Il avait appris cette obéissance d’avoir une parole contrôlée par son Père céleste.

Croire qu’il connaissait tout d’avance et qu’il n’avait plus qu’à réciter un texte qu’il avait appris est une erreur grotesque que beaucoup font. Cela rassure celui qui a peur de dire des choses négatives parce qu’elles  nuisent à son image. Mais Jésus n’avait pas peur de sa spontanéité, car sa connaissance ne provenait pas de lui mais de son Père.

C’est pourquoi, il faut revenir à la source, c’est-à-dire à l’esprit de Dieu manifesté par la parole.

Dieu est parole, et il contrôle par sa parole.

Il contrôle quoi ?

Il nous rappelle sa présence, sa loi, sa justice, son amour, il vient nous consoler, nous encourager, nous secouer aussi.

Comment ?

Prenons l’exemple très controversé des visions. Bon nombre de croyants ou non d’ailleurs ont des visions.

Comment savoir si elles viennent de Dieu et surtout que signifient-t-elles ?

Il est donné au prophète ou à une personne ayant l’esprit de prophétie de révéler comment la parole de Dieu contrôle cette vision.

Son interprétation fera alors office de parole de Dieu.

Ce qui important alors ce n’est pas la vision elle-même, c’est la parole de Dieu qui la révèle.

Prenons par exemple une vision que l’apôtre Jean a eue à Patmos sur les 4 cavaliers de l’Apocalypse.

Sa vision est vraie, mais ce qu’il décrit n’est pas la parole de Dieu révélée. C’est une parole de Dieu reçue, à l’état brut ; C’est l’interprétation en parole qui est parole de Dieu révélée.

Or, le problème est qu’il y a des dizaines voire des centaines d’interprétations différentes de cette vision. Et que certains diront : les sceaux ont déjà été ouverts par l’agneau, d’autres qu’ils ne peuvent l’être qu’à la fin des temps, lorsque Christ sera revenu puisqu’ils sont scellés et donc ininterprétables par personne d’autres ; d’autres encore diront que c’est pour maintenant, car les fléaux qui y sont décrits correspondent à notre époque très troublée…

Certains expliqueront aussi que ces cavaliers représentent des nations actuelles, d’autres diront que ces cavaliers représentent des personnes réelles (le cavalier blanc serait Jésus, le cavalier noir l’antichrist), pour d’autres encore ces cavaliers ne sont que des esprits, etc..

Qui a raison ? Peut-être plusieurs même…sans doute plusieurs détiennent une partie de la vérité. Pourquoi ?

Parce qu’il y a une résonance à travers les siècles. Et je crois que Dieu parle pour chaque époque, pour chaque Eglise, et pour chaque croyant.

En tous les cas ce qui est évident pour tout le monde, dans ces sceaux, c’est l’épreuve qui révèlera la vérité ;

Chaque sceau montre un combat et un déséquilibre dû à un ou plusieurs phénomènes. Et la stratégie du mal suit toujours la même ligne. Ici, il y a quatre sceaux  avec un cavalier qui montre un cheval de couleur de plus en plus sombre ; il y a donc 4 stratégies du mal. Et chacun dans l’épreuve peut y reconnaitre une stratégie qui va l’aider à se sortir de son épreuve ; Parce qu’il est là le but : vous aidez à sortir de votre propre épreuve.

Si je me réfère au premier sceau : Les forces en présences sont ; un cheval blanc, un cavalier qui est avec un arc et à qui on a donné une couronne et un but : il part en vainqueur pour vaincre.

Maintenant si vous vous posez la question, n’est-ce pas moi ce cavalier, qui me croit sur un cheval blanc, qui court au galop affichant ma sainteté et dont ma religion m’a couronnée d’une couronne en forme de ministère ? Je me suis investi ou on m’a investi d’un rôle celui d’apôtre, ou celui de prophète, de docteur ou encore d’évangéliste, et je pars avec ce pouvoir pour combattre, c’est mon arc qui me donne cette intention : faire des disciples, pour conquérir les âmes et faire naitre la foi.

Ce premier sceau ne m’est-il pas destiné à moi qui crois être juste et saint alors que je me suis donné moi-même ce titre ? Ne me suis-je pas illusionné en me projetant comme l’image « d’un justicier de Dieu » ?

Dieu contrôle l’interprétation parce qu’il veut surtout qu’elle fasse office de jugement, c’est-à-dire que l’on puisse distinguer aussi le vrai prophète du faux prophète, qui est en soi d’abord. Or en tout temps, la vérité a été salie par le mensonge. Ce mensonge qui arrive comme ce cavalier du premier sceau sur son cheval blanc. Il a l’air vrai. Il a l’air d’être revêtu d’intention bonnes et louables. Il n’a même pas de flèches, la preuve qu’il veut la paix.

Mais l'aveuglement est là. C’est pour cela que nous devons mettre à l’épreuve toute parole pour savoir si elle vient de Dieu.

Mais à l’épreuve de quoi ?

De notre savoir, d’une théologie quelconque ?

A l’épreuve du feu, le feu de l’épreuve.

C’est exactement ce qu’a fait Nebucadnestsar, roi de Babylone, quand il a eu une vision pendant qu’il dormait et que personne mis à part Daniel n’a pu donner l’interprétation juste (Daniel 2).

Mais ce qui est le plus intrigant, c’est : comment ce roi a-t-il pu reconnaitre la parole de Vérité émise par Daniel (c’était un prisonnier… et un prisonnier étranger de surcroît, soumis à un dieu étranger ; alors comment un roi peut-il faire confiance à un tel homme, c’est plus qu’étrange ?)

Eh bien, c’est qu’il devait recevoir dans son cœur quelque chose de différent.

Mais quoi ?

Ce roi était tourmenté, accablé, fatigué par sa vision. « Il avait l'esprit agité, et ne pouvait dormir. » (Daniel 2 :1)

En conséquence : pour savoir si cette vision était juste, elle devait tout simplement lui ôter ce tourment et lui redonner la paix et le sommeil.

Ses magiciens, astrologues, enchanteurs, n’ont pu lui amener cette paix de l’âme (d’ailleurs il voulait tous les tuer).

Or, Daniel avec sa parole révélée lui donna cette puissance, cette paix.

Dieu contrôle sa parole par la paix ;

Une paix que le monde ne peut donner.

Voilà l’intérêt de recevoir l’interprétation d’une vision…pas pour en avoir la connaissance en premier, mais pour en recevoir la paix qu’elle contient.

La connaissance vient avec la paix, ce qui explique pourquoi cette connaissance est surnaturelle.

Reconnaissons-là, c’est la clé du royaume, cette clé donnée à Pierre est qui est si reconnaissable parce qu’impossible à imiter : c’est la paix.

Donc la parole contrôlée par l’homme est source de tourments et de malheurs ; tandis que le contrôle de Dieu par sa parole procure la paix et la plénitude…A nous de choisir ce que nous voulons vivre : La paix ou les tourments, tout est une question de parole et de contrôle.

Amen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire