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Par Eric
Ruiz
L’homme naturel aime la vengeance. Il n’envisage pas la justice autrement. Le mal qu’on lui a fait subir doit retourner à celui qui la provoqué.
D’ailleurs
le Dieu de la Bible, lui, emploie souvent le terme « de vengeance », «
je me vengerai de mes ennemis »
Esaïe1 :24
« A moi la vengeance et la rétribution »
dans le livre du Deutéronome repris dans la lettre aux Romains.
Cela-veut-il
dire que Dieu serait après tout, comme sa créature, comme l’homme, avec des
intentions mauvaises ?
Cette
croyance, cachée le plus souvent, révèle que beaucoup mettent une frontière
entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Il y aurait un Dieu cruel pour les uns, brandissant la loi et un Dieu miséricordieux pour les autres plein de grâce et de pardon.
Mais ont-ils raison de penser ainsi ?
Allons
plus en profondeur des choses. Ce mot vengeance cache à l’origine un autre mot…
celui de rachat.
Dieu ne se
venge pas comme nous humains en complotant un plan dévastateur, ou criminel
(comme voulait le faire Esaü envers son frère Jacob après qu’il lui eut échangé
sa bénédiction) non, il vient délivrer racheter.
Il vient reprendre ceux qui ont été répudiés, capturés, liés, prisonniers, déportés, abandonnés, exilés mais en utilisant une tactique pacifiste et non guerrière.
Plus de 100 fois le mot hébreu Ga’al est employé pour venger, vengeur,
« Le
vengeur du sang (Ga’al) fera mourir le meurtrier; quand il le rencontrera, il
le tuera. » ;
Mais ga’al
est employé aussi pour acheter, racheter, affranchir, délivré…Sauvé même,
Ga’al veut dire sauveur aussi :
« Et le saint d’Israël est ton sauveur (Ga’al) »
(Esaïe 41 :14)
Par conséquent, on pourrait dire aussi qu’il est ton vengeur du sang (il est les deux vengeur et sauveur).
Dieu est
sauveur même dans sa loi puisqu’il a prévu un droit de rachat ; un esclave
peut racheter sa liberté (au moment du jubilé) ; Et Dieu vient racheter,
délivrer les prisonniers au jour qu’il a décidé.
Psaume
107 :2 : « qu’ainsi
disent les rachetés (Ga’al) de l’Eternel, ceux qu’il a délivrés (Ga’al) de la
main de l’ennemi ».
La rédemption : c’est
la vengeance de Dieu et cela a toujours été son plat principal, pas un plat qui
viendrait remplacer un autre, car trop utilisé.
Donc, cela n’a rien à voir avec cette vengeance définie comme un acte de punition, de représailles envers ceux qui nous ont fait du mal. Car c’est ainsi que beaucoup aiment voir souffrir leurs ennemis ; Et on leur concocte alors un plat de souffrances plus raffiné, plus cruel que celui qu’on nous a fait manger.
Non, Dieu ne
se venge pas ainsi.
Je le
disais dans mon message précédent sur la haine, Dieu hait en livrant son ennemi
au diable, pas pour exterminer son âme, mais pour le sauver en fait ;
Eh bien,
c’est la même chose avec la vengeance : la rédemption c’est son plaisir
premier.
Sa vengeance s’exerce en venant reprendre ce qui est à lui : ses enfants ; Et en plus, en les reprenant devant les yeux déroutés de l’ennemi qui en a les bras qui tombent. L’ennemi est décontenancé face à un tel amour et un tel retour des choses ; Lui qui croyait vaincre, dominer assujettir, le voilà dans l’obligation de laisser partir ceux qu’il oppressait et qu’il gardait captif, idolâtre et serviteur.
Alors, il
y a bien deux vengeances.
Une
vengeance d’un aspect dur, un châtiment, mais c’est un juste retour es choses,
puisqu’elle figure dans la loi de Moïse, c’est une punition pour celui qui
transgresse ;
Et il y a
une autre vengeance, elle, en forme de grâce.
D’ailleurs
l’hébreu montre bien dans le texte biblique cette différence avec le mot naquam
Naquam, c’est un des mots hébreux employé pour montrer une vengeance plutôt légaliste Œil pour œil et dent pour dent, et qui se fait dans le sang.
Et je vous
l’accorde, cela peut paraitre aussi très contradictoire et cela en a troublé bien
des lecteurs en voyant deux vengeances opposées côte à côte : l’une
sanglante et l’autre pleine de grâce.
Lisons
pour l’exemple :
Esaïe 61 qui est quand même la référence de la grâce dans l’A.T « Car l'Eternel m'a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux…Pour publier une année de grâce de l'Eternel, Et un jour de vengeance (Naquam, la loi) de notre Dieu; Pour consoler tous les affligés; »
Pourquoi Dieu utilise-t-il aussi la vengeance naquam (la loi) au milieu de ses affligés qu’il console par la grâce ?
Parce que là aussi, je l’ai expliqué dans un message
précédent, celui sur la haine, Dieu est obligé de faire peur, d’effrayer ceux
qui commettent des atrocités, ceux qui se vautrent dans la luxure, le vice, le
mensonge, jusqu’à même se proclamer saint et juste.
Alors, il utilise la loi mosaïque, c’est-à-dire, qu’il arme
son bras pour faire trembler, et pour tuer aussi ;
Il livre à satan ses ennemis…mais au bout du compte, c’est aussi et surtout pour les sauver.
C’est vrai qu’il peut faire périr l’âme, mais (posons-nous réellement
la question) en a-t-il vraiment l’intention ?
Il y a un verset très évocateur, où Jésus dit:
« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais qui ne peuvent pas tuer l'âme; craignez plutôt Dieu qui peut faire périr à la fois le corps et l'âme dans l'enfer ». (Matthieu 10:28)
Jésus ici à une intention précise : impressionner, faire éprouver
de la crainte et en même temps il réaffirme la puissance du Père : Il n’y
a que Dieu seul qui peut faire périr l’âme. Mais deux verbes
s’affrontent ici : pouvoir et vouloir. Il le peut, mais le veut-il ?
Un Dieu qui ne serait que vengeur légaliste, le voudrait (faire périr l’âme). Mais la grâce de Dieu s’y oppose.
Naquam est très particulier. D’un côté la vengeance prend des allures cruelles (il exerce une violence exterminatrice envers l’homme) mais d’un autre coté c’est une vengeance rédemptrice puisque Naquam a aussi le sens de consolateur, se repentir, avoir compassion et miséricorde.
Et là, j’entends et je comprends la question qui pointe, parce
qu’il y a une contradiction supplémentaire qui se dessine.
Comment Dieu peut-il sauver un peuple excité et déterminé, qui part à la guerre pour détruire et se détruire?
Oui, il va bien sauver Saul le pharisien persécuteur en le
projetant au sol et en l’aveuglant… mais les autres qui meurent dans leur
combat, ou qui remontent sur leurs chevaux pour finir l’œuvre de destruction
qu’ils ont commencé (comme ce quatrième cavalier de l’Apocalypse), comment les
sauvera-t-il ?
Tous ceux qui se retrouveront dans l’enfer du séjour des morts, comment fera-t-il pour les sauver ? Et Judas-Iscariote : a-t-il été conçu pour la perdition ?
N’oublions pas que ce jour de vengeance se voit humainement
par de nombreuses pertes humaines, mais il y a simultanément une autre
vengeance appelant à la rédemption qui, elle, ne se voit pas.
Jésus est mort, certes, mais pendant trois jours, sans
qu’on puisse le voir, il est descendu en enfer pour prendre des captifs et les
ramener à la vie.
C’est écrit, c’est vrai… mais qui a vu ces captifs revenir
à la vie ? Vous en avez-vu, vous ?
Il faut la foi pour accepter et comprendre…
Dieu aurait pu nous les montrer publiquement, mais où
serait la foi de croire en sa rédemption ?
Et puis cette résurrection-là est moins glorieuse que la première résurrection, celle des justes, des saints. Sa justice fait qu’il ne va pas montrer la moins glorieuse en premier.
Alors beaucoup, rejettent le salut des âmes mortes, ils rejettent une autre résurrection, préférant une vengeance beaucoup plus cruelle, plus expéditive.
Je
suis frappé par la foi qui règne aujourd’hui, cette foi de croire dans la
perdition éternelle des âmes.
Certains même se durcissent le cœur au point d’être insensible au départ de leurs proches encore non-croyants.
D’autres ont trouvé un nouveau rite religieux avec la
prière pour les morts, le purgatoire, le baptême pour les morts.
D’autres encore préfèrent une foi aveugle (noyant leur peur
dans le déni) et se persuadent que Dieu reconnaîtra les siens.
La foi véritable est
rédemptrice :
Dieu
permet à tous ceux qui se sont endurcis, égarés de revenir vivre une nouvelle
expérience de rachat, de rédemption sur cette terre.
C’est ce
que la bible nomme la seconde mort.
S’il y a
une seconde mort c’est qu’il a une vie possible après la première mort. Il y a
une autre vengeance, une autre résurrection que la première résurrection, que
la première vengeance.
La vengeance est orientée
toujours vers le même ennemi, LA mort.
C’est la mort qui doit être
exterminée et non pas LE mort.
D’où aussi
cette seconde résurrection faite dans la réincarnation. C’est un pied de nez
encore à la mort.
La mort
n’a jamais été une victoire, et elle ne le sera jamais.
Paul parle
du dernier ennemi qui sera vaincu en parlant d’elle.
Par
conséquent la mort n’a jamais été une fin en soi, ni un objectif final. Cela
reste un passage.
Jonas, le prophète qui se noie et se retrouve dans le ventre du gros poisson, en enfer, ne finit pas son histoire ici. Il revient trois jours après, à la vie pour la terminer.
Cette réincarnation,
donc qui redonne un espoir pour les déchus de la grâce, Jésus l’a incarné
aussi.
Jésus
apparait réincarné sur le chemin d’Emmaüs marchant et discutant avec deux
disciples qui ne le reconnaissent pas. Ils le reconnaîtront, mais bien plus
tard et pas sur son apparence physique mais sur la manifestation de son âme.
Car Jésus nous à laisser un modèle
unique qui n’est pas visuel, mais qui est son âme.
C’est un indice de taille : l’âme qui meurt et qui ressuscite.
Il existe par-ci
par-là quelques témoignages de personnes montrant des signes de réincarnation,
et les signes les plus troublants se situent au niveau de la mémoire mais aussi
au niveau de l’âme (les mêmes goûts, les mêmes aspirations, le même rapport aux
autres ; ou alors ce même sentiment de Jonas, celui de finir ce que l’on
n’a pas terminé avant...)
C’est donc
uniquement l’âme qui nous révèle ou révèlera le ressuscité.
En nous
quittant, Jésus a simplement réaffirmé que notre âme devrait être comme la
sienne, pas proche d’elle…non, exactement comme la sienne : une âme sœur.
« Soyez parfait comme votre Père céleste est
parfait ».
Il voulait dire : « Ayez la même âme que celle du fils de Dieu ».
Jésus ne
montrait pas son corps, quand il disait : « celui qui m’a vu a vu le père » ; il ne parle pas de son
apparence physique, il parle de son âme. Voir son âme, c’est voir le Père.
Il n’y a que cette âme-là qui sera rachetée par la première résurrection, la première vengeance, la plus glorieuse.
L’autre âme encore souillée ne disparaitra pas totalement, elle mourra puis viendra revivre telle qu’elle est, dans cet état inachevé, impure, non glorifiée, car il n’y a rien de souillé et d’impur qui ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
L’âme qui pèche mourra… puis elle repassera au creuset, dans les épreuves brûlantes
d’une condition humaine déchue et cela autant de fois qu’il faudra pour que
toutes scories soient brûlées.
Par conséquent, achever sa course en Christ c’est tout simplement avoir son âme rachetée, purifiée, achevée.
Alors oui,
j’aime toutes les formes de vengeance de Dieu. Elles servent la même cause :
celle de la rédemption.
Elles sont justes et tellement appropriées à chacun.
-Quand
Notre Sauveur vient nous délivrés de nos ennemis, c’est pour notre rédemption
-Quand il
châtie c’est pour notre rédemption,
-quand il
fait mourir le corps, c’est pour notre rédemption, aussi.
-Quand il
vient en enfer pour ressusciter l’âme, c’est pour notre rédemption
-Quand son
esprit nous baptise puis nous adopte comme fils, c’est notre rédemption, nous entrons
alors dans notre héritage.
Que le nom de rédemption de notre Seigneur soit béni, parce qu’il n’y a qu’un seul nom par lequel nous sommes sauvés, par lequel nous sommes rachetés.
Je
pourrais finir mon message là maintenant en disant Amen, mais une chose
importante me retient.
Oui, car
certains diront : « Ok d’accord, il y a un enfer sur terre, mais un
enfer sur terre, n’est pas un enfer réel, puisqu’il y a une fin, puisqu’il
n’est pas éternel.
L’étang de
feu ne peut être ce châtiment si clément. La vengeance de Dieu ne peut être si
permissive.
S’il en est ainsi, alors continuons à pécher car au bout du compte, après quelques réincarnations nous serons tous sauvés. Alors buvons et jouissons de la vie sans limite car demain nous mourrons et nous recommencerons ».
La réincarnation n’est-ce pas alors une incitation à la débauche ?
Penser
ainsi (excusez-moi le ton direct) c’est très puéril.
Je vais prendre un exemple : faire ce que l’on veut de sa vie et de celle de ses proches a-t-elle son équivalent avec le fait de se retrouver infirme, clouer dans un lit plusieurs années, à souffrir le martyr dans un corps épuisé par le combat de longues maladies incurables ; ou perdre ses facultés comme la vue, ou se retrouver avec une incapacité à communiquer ses pensées, bafouiller en parlant et se voir humilié toute sa vie par des gens qui vous regarderons toujours comme un simple d’esprit, un demeuré et seuls viendront vous aider, quelques-uns qui auront pitié de vous;
Ou encore trouvez-vous
vivable le fait de se retrouver dans une famille dont les parents plutôt que
d’être protecteur, useront de violence envers vous et que votre seule
échappatoire arrivée à l’âge adulte sera la drogue, la prostitution et la
délinquance, et pour finir votre vie, vous serez amené à purger des années
d’emprisonnement.
Sans
oublier tous ces gens qui subissent injustice sur injustice au point où on a
l’impression qu’ils ont invoqué les ténèbres sur leur vie tellement les malheurs
se succèdent à l’infini.
Ils n’ont
pas le temps de reprendre leur souffle qu’un nouvel évènement traumatisant leur
tombe dessus. Ils perdent tour à tour leur honneur, leur santé, leur emploi, leur
maison, puis les membres de leur famille et pour finir on les exile loin de
leur pays natal sans plus rien en poche.
Dire
qu’ils ont un mauvais karma, mais c’est un constat bien (bien) doux.
Et dire
que le monde est cruel est rien comparé au péché qui l’est plus encore.
Le fruit
du péché de vies antérieures se mange encore aujourd’hui et son goût c’est
l’amertume, qui comme l’acide brûle lentement (très lentement) notre intérieur.
Dieu ne
cherche pas à ce que nous vivions cela, mais il ne cesse de nous mettre en
garde des fruits du péché.
Réfléchissons bien sur ce qu’on appelle enfer et paradis, car là aussi le déni est si facile.
L’étendu
de « l’étang de feu » est
une dimension si subjective. Nous devons réaliser qu’un seul jour en enfer
et comme mille ans.
Quand on
aime on ne voit pas le temps passé, mais la souffrance, elle, multiplie les
heures, elle allonge indéfiniment les jours.
Vous le
savez très bien : tout ce qu’on n’a pas vécu ne peut être évalué
objectivement.
Et notre
corps, allié à notre esprit et à notre âme peuvent se mettre en accord tous les
trois, pour nous amener dans un lieu de morts.
Ils
peuvent le jour et la nuit nous tourmenter pendant des années, nous amenant à
supplier que la mort vienne adoucir notre existence si insoutenable.
Vous
pensez que Dieu ne peut pas nous briser sur cette terre, dans ce corps de
chair ?
Il laisse
simplement agir le péché.
Ou vous vous sentez plus fort que Job ?
Alors s’il
en est ainsi, votre prétention vous a complètement aveuglé.
Ce n’est
pas seulement vous faire peur que de vous le dire, c’est surtout avoir de l’amour
et de la compassion. L’apôtre Jacques le disait aussi en son temps « si
quelqu'un parmi vous s'est égaré loin de la vérité, et qu'un autre l'y ramène,
celui qui ramènera un pécheur de la voie
où il s'était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. ».
Nous devons c’est vrai racheter le temps, mais dans le
concret n’est-ce pas essayer de réduire le temps de peine de ceux qui
s’endurcissent en leur faisant prendre conscience que Dieu ne cesse de les
appeler à la repentance.
Dieu
ne cesse d’utiliser sa main qui gracie, beaucoup plus que sa main qui châtie.
Mais sachez que quoi qu’il fasse, il le fera toujours dans un seul but :
la rédemption de votre âme, c’est sa plus grande vengeance et c’est sa première
intention.
Amen
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